
22 BL A B LÀ
les pièces qui fervent feulement cl’ornemens extérieurs
de Vécu , telles que les tenans, les -fup-
)orts, les manteaux , les cafques, les couronnes ,
es mortiers, les volets & lambrequins , les cimiers,
&c. Dans ce fens, les anges , les hommes , les
animaux, les plantes, les aftres, les édifices, tout
enfin eft ou peut être meuble d’écu, & lorfqu’un
même objet peut indifféremment entrer dansl’écu ou
l’accompagner à l’extérieur, on dit qu’il eft employé
dans le Blafon, & comme meuble de l’écu , &
comme ornement extérieur. Nous nous fervirons
fpuvent du mot meuble dans ce premier fens général.
La fécondé fignification du mot meuble eft particulière
& reftreinte à de certaines pièces qui accompagnent
ou chargent ordinairement les pièces
honorables : ces meubles font les befans, tourteaux,
billettes , alérions , merlettes , canettes , étoiles ,
croiffans , croifettês, molettes d’éperons, & généralement
toutes les pièces qui parciflènt ordinairement
en nombre pour remplir ôç meubler l’écu.
Pofition des pièces & meubles.
Les pièces & meubles fe pofent ainfi:
Un , au centre de l’écu. %
Deux, l’un fur l’autre,
T rois, deux en chef, un en pointe.
Quatre , deux en chef,-deux en pointe,
Cinq , en fautoir.
S ix , trois, deux & un.
Sept, trois , trois & un.
Huit, en orle. î
Neuf, trois, trois, & trois.
Ces pofitions peuvent indifféremment s’exprimer
ou ne pas s’exprimer, parce qu’elles ont été ainfi
réglées par les hérauts d’armes ; mais fi ces pièces
ou meubles étoient pofés autrement, il faudroit en
défigner la pofition en blafon nant.
BLASONNER, verbe aétif.Teindre des armoiries
avec les émaux qui leur conviennent; repré-
fenter un blafon en gravure avec des points &
hachures ? qui en marquent les émaux ; defiiner des
armoiries dans le goût de la gravure. Blasonner eft auffi expliquer les pièces & meubles
de l’écu en termes propres & convenables.
Manière de blafonner par* principes.
i° . On nomme l’émail du champ de l’ecu, en-
fuite la pièce ou meuble qui fe trouvé au centre
& fon émail ; fi cetté pièce ou meuble eft accompagnée
de quelques autres'', on les nomme, Sç on
nommé enfüite leurs émaux.
2°. Une famille porte d’azur au lion d’or.
3°. Une autre, à la fafce d’azur, accompagnée
de trois étoiles de gueules.
4°. S’il y a trois pièces ou meubles femblables
dans un écu, ce qui arrive fouvent „ après avoir
nommé l’émail du champ, on nomme les trois pièces
& leur émail. Exemple : telle famille porte d'or
à trois annelets d'azur.
t», "S’il fe trouve dans un écu plufieurs pièces
l’une fur l’autre, la première eft la plus proche
du haut de l’écu, la dernière celle qui approche le
plus de la pointe.
6°. S’il y a plufieurs pièces longues & debout à
côté l’une de lautre ,1a première eft à la droite de
l’écù, la dernière à-la gauche.
7°. On doit éviter de nommer un émail déjà
nommé ; une famille porte d’azur, à la fafce d’o r ,
accompagnée de trois lofanges d’or : on dit, accompagnée
de trois lofanges DE m e m e : ce mot de
même fignifie l’émail que l’on vient de nommer.
8°. Une autre famille porte "d’argent , à l’aigle
d’azur, accompagnée en chef de trois befans d’azur
, & en pointe de trois molettes d’éperons auffi,
d’azur : on blafonne , d'argent 3 à l'aigle accompagnée
en chef de trois befans , & en pointe de trois mollettes
d'éperonsy le tout d 'a z u r .
9°. Une famille porte d’o r , à la fafce d’azur
chargée de trois croiffans d’or ; il faut dire : char-,
gée de trois croiffans d e l 'É m a i l d u c h a m p .
Cet article blafonner, qui eft tout entier de l’Auteur
du Supplément, contient à peu près les principales
règles générales de l’art de blafonner 3 c’eft-.
à-dire de nommer les pièces & meubles de l’écu
dans les tçrmes & dans l’brdre convenables. Quant
au mot blafonner y pris dans le fens de drefler des
armoiries & de compofer un écu, quoique la né-
ceflité d’inventer des dsftinéfions particulières n’ait
pas dû s’accorder avec l’établifTement d’une règle
générale, il s’en eft établi une dans le Blafon, c’eft
de ne point mettre métal fur métal ni couleur fur
couleur; ce n’eft pas que cette règle n’ait été plufieurs
fois violée , mais on fuppofe qu’il y a eu
chaque foisdes raifons particulières ; on cherche ces
raifons , & ces fortes d’armes s’appellent à enquepe
ou à enquérir, De même , quoique dans la pofition
des pièces & meubles qui fe trouvent en nombre
dans l’é cu , le plus grand nombre doive fe trouver
en chef, & le moindre nombre en pointe, il
arrive fouvent que cet ordre eft interverti, & alors
ces pièces s’appellent mal ordonnéescar le Blafon
a des termes même pour les dérogeances & les
exceptions au peu de loix qu’il a pu admettre , 6c
ces exceptions mêmes rentrent dans l’objet général
de l’a r t, qui eft de diftinguef, & dont l’unique
règle auroit dû être de n’admettre point de règles.
Nous avons obfervé dans le difcours préliminaire
, que le Blafon a non-feulement une langue ,
mais une fyntaxe particulière ; cette fyntaxe pa-
roît avec raifon à quelques perfonnes un peu barbare.
L’Auteur d’un traité manufcrit de Blafon'qui
nous a été communiqué, propofe quelques change-
mens pour rapprocher cette fyntaxe de la fyntaxe
ordinaire , & fes idées paroifient mériter qu’on y
fafle attention.
i °. Il propofe des doutes fur l’ufage & for la
règle de nommer le champ de l’écu avant la pièce
principale. C ’eft la méthode Françoife ; mais elle
ne lui paroît conforme ni à la raifon ni aux règles
du langage. La figure repréfentée eft, félon lui, la
BOG
fcfiofe principale, l’émail n’eft qu’un acceffoire employé
pour lui donner du relief; & que veut dire
cette expreflion : De gueules au lion d’argent3 d a-
zur à une haméide d'or? Quand on demande quelles
font les armes d’une famille, laréponfelapins
fimple & qui fe préfente le plus naturellement, eft
celle-ci : C’efl un lion d.'argent en champ de gueules,
c'efl une haméide d'or en champ d a^ur. Les Etrangers
nous donnent l’exemple de cette manière de
blafonner. Albero d'oro in campo nero 3 difent les Italiens;
leon de plata en campo a%ul 3 difent. leS Efpa-
gnols. Ne pourroit-on pas dire cependant que cette
correction ne peut guères avoir lieu que pour les armes
très-fimples, & ne fauroit s’appliquer à celles
qui font un peu chargées de pièces , ce qui
exige que ces pièces foient nommées dans un certain
ordre lequel feroit interverti, fi le champn’étoit
nommé le premier & à part.
: 2°. Le même Auteur propofe la correction fui- .
Vante. L’ufage de prefque tous les Armoriftes,
comme il l’obferve, eft de nommer l’émail d’une
pièce après l’adjeétif qui la qualifie ; d’ou il fuit que
cet émail peut fe rapporter à l’adjeétif, quand il
doit fe rapporter à la pièce. Par exemple, dans
cette phrafe, un ciboire couvert d’or, l’idée qui fe
préfente d’abord eft que le ciboire eft Couvert d’o r ,
mais l’idée héraldique eft que le ciboire eft d’or ,
& qu’il eft couvert : pourquoi donc ne pas ^’exprimer
dans cet ordre ? De même : Trois épées
appointées en abîme d’or ; une fleur de lis au pied
coupé d’argent : on doit dire, félon l’Auteur, trois
tpées d'or appointées en abîme ÿ une fleur de lis d argent
au pied coupé. Il en eft de même de beaucoup
d’autres phrafes, dont la conftruétion préfente un
fens different de. celui qu’on doit y attacher. 1
3°. Enfin l’Auteur dont nous parlons ne vou-
itfroit point qu’on défignât par un adjeâif les pièces
«qui peuvent être conçues plus facilement par le
ïiom même de la chofe que l’adje&if défigne. Par
exemple, un écu chappé d’or9 au lieu d?un écu à la
chappe d'or; bïlletè 3 befanté d'or 3 pour dire, femé ou
-chargé de billettes 3 de befans. N’eft-il pas plus fimple
de diré qu’une bordure eft chargée. de huit befans
que de dire qu’elle eft befantee d’or de huit
pièces , & la première expreflion n’efbelle pas plus
claire que la fécondé ? Sans adopter ni rejetter ces
corre&ions, & fan S prétendre avoir le droit de changer
en conféquence l’ufage de prefque tous leshé-
raldiftes, nous avons cru devoir mettre fous les
• J^eux du lefteur des idées raifonnables , propofées
par un homme fort inftruit & fort éclairé.
BO CQ U E T , f. m. mot qui, dans quelques auteurs
, fignifie un fer de pique.
BCEUF, f. m. Cet animal eft repréfenté de profil
& pafîant.
Bouhier, à- Dijon, d’azur au boeuf paflant.
Bouvet; dans le Barrois, d’azur .au boeuf d’or
paflant, furmonté de trois étoiles de même, mifes
en rang.
B O N 2 3
BONNETS A L’ANTIQUE , f. m. pl. s'employant
comme meubles dans quelques écus.
Hyltmair, en Ffancônie , de gueules , à trois
bonnets A l ’antique d’argent. ( Pl. IX. -fis 4S9- )
BORDÉ, ée , adj. fe dit du chef, de la bande,
du chevron, de la croix & autres pièces, qui ont
un filet ou une bordure, d’un autre émail que la
pièce.
Il fe dit auffi de l’écu qui a une bordure.
Hodefpan , d’o r , à la croix d’azur, bordée & dentelée
de fable. ( Pl. III. fig. /ƒ<?• )
BORDURE, f. f. efpèce de brifure en forme de
paffement plat, qui eft placé au bord de l’écu , &
qui l’environne comme une ceinture ; elle fort à distinguer
differentes branches d’une même famille.
La largeur de la Bordure doit être d’environ la
fixième partie de l’écu,
La bordure fimple & unie eft celle qui eft toute
d’une même,couleur ou d’un même métal; c’eft,
dans de certaines maifons , la première brifure des
puînés. Il y a des bordures componées, cantonnées ,
engrelées ,endentées, crenelèes, écartelées & chargées
d’autres pièces ; ce font autant de brifures différentes
pour les branches cadettes de différens degrés.
m - \ HBB
Si la ligne qui conftitue la bordure, eft droite,
& la bordure unie , on ne nomme que la couleur ou
le métal de la bordure. Si la bordure eft chargée de
plantes ou de fleurs, on dit qu’elle eft verdoyèe de
trèfles ; fi elle eft d’hermine , de vair , ou d’autre
pelleterie, on dit bordée d'hermine.
Holland, de gueules,à la bordure d’argent.
Brunet, d’o r , au levrier de gueules, colleté d’o r ,
à la bordure crenelée de fable.
Aubert, écartelé d’or & d’azur, à la bordure écartelée
de l’une en l’autre. (P/. IV. fig. 211-2-3. )
BO UC , f. m. meuble de l’écu. ( Pl. XII. fig. 616.')
\ BOUCLÉ, adj. fe dit du collier du levrier ou
d’un autre animal qui a une boucle. Bouclé fe dit auffi d’un anneau qui pend de la gueule du buffle ou boeuf fauvage, lorfque cet,an- neau eft d’un émail différent du refte du corps.
Nicolaï, d’azur, au levrier courant d’argent, accolé
de gueules^-boudé d’or. (P/. VI. fig. 283.)
La Vefve de Metieslelin de Sompfois, en Champagne,
d’argent, au rencontre de buffle de gueules,
bouclé de fable, chacune des cornes furmon-
tée .d’une étoile du fécond émail,
BOUCLIER, f. m. ( Voye^ Ecu. )
BOURBON ( l ’ordre de) , dit de Notre-Dame du
Chardon, fut inftitué par Louis ÏI , duc de Bourbon
, furnommé le Bon 3 qui donna le collier de
l’ordre à plufieurs feigneurs de fa cour dans l’églifo
de Moulins en Bourbonnois, le jour de la purification
de la fainte Vierge, l’an 1370.
Il falloit, pour être reçu dans cet ordre, faire
preuves de noblefie, de chevalerie , & être fans
reproche.
Le nombre des chevaliers fut fixé à vingt -fix ,