
*B L E
de M. de Voltaire & de fes amis quelques traits de
Xfatyre, un entre autres *ù on l’appelloit :
, J aiifénifte lignant la b a lle t
parcequ’on prétendoit que la couiv avoit éxigé de
lui pour l’admettre à l’académie françoife, un aile
de fou million à la bulle unigénitus, & qu’elle avoit
eu enfuite le machiavellifme de l’exclure,après s’étre
donné le plaifir de le forcer à une démarche qui
démentoit les fentimens dont il faifoit profeflion.
L ’abbé de la Bletterie fe refpe&a du moins affez pour
ne pas répondre à ces. fatyres.
En général il n’écrivoit contre perfonne , pas
même contre les jéfuites, dont il craignoit le retour
' dans le temps de leur expulfion, & auxquels il appli-
tjuoit ce vers de Phèdre en les faifant parler ;
IUis revertorhofiis.qui ma laferunt»
Une fois cependant fon zèle favant s’échauffa fur
Quelque paradoxe de M. Linguet ,= & il fe permit de
\îe maltraiter.un peu dans la préface de fon Tibère.
! M. Lin guet lui répondit, & fe mocqua de l’érudition
comme iLfe mocqua depuis du mjdtre 6* de.la fcience',
lies rieurs,rfelon l’ufage, furent pour- le bel-efprit qui
avoit toft, mais qui plâifantoit contre le favant qui
avoit raifon, mais qui fe fâchoit. Cette réponfe de
M. Linguet; fut accueillie , même par ceux qui dans
'la fuite lui ont été le plus contraires , mais ils le haïf-
' foient beaucoup moins alors que M. l’abbé de la
Bletterie.
' Au momçnt ou. l’abbé de la Bletterie.venoit d’ap-
prendred’évènpment du 5 janvier 17 5 7 , & où il fe
retitpit chez lui , faifi d’horreur, une fille publique
3’arrêta auvçoin d’une rue, pour lui faire les propo-
'fitions accoutumées. '.Quoi J màlheureûfe, s’écria
,1’abbé, dans ce moment au milieu d’une telle calamité;
'tu mourras cette nuit. Dans>le bon temps,.on n’e.ût
,pas manqué d’ajouter à ce récit que la fille mourut
ïTa nuit même.; mais nous devons avouer que personne
n’a ,fu ce qui en étoit arrivé.
On attribue à l’abbé de la BÏetteriefies lettres au
fujet dé la relation du quïétifne de M. Phelippeaux,
•*'3:733 sJgifJÜ brochure devenue rare, elle renferme
une juftification des mqeurs de madame Guyon.
M. i’abbé de la Bletterie joignoit à fon profond
favoir les grâces du bel-efprit; on a de lui des vers
'de foçiété qui prouvent qu’il auroit pu fe faire un
nom'par la poéfie. On en peut juger par ceux qu’il
adreffaaù nom de madame la ducheffe d’Aiguillon, à
M. le duc de faint Aignan, partant pour l’ambaffade
de Rome. .Cette pièce accompagnoit un peloton de
'fil que cette dame envoyoit au duc par allufion au
dédale politique, où il s’engageoit loin de fes amis
fk. de fa patrie» ‘ ;
Jadis i'auftère ho n n e g r& la nqblc.fr an çbîÇe
^Regnoient aux bords du Tibre , & feuls donnoient la loi ;
Y9.11S partez bien pourvu de cette marchandise ,
tB L E
Mais aujourd’ hui dans Rome e lle eft (fart mince allai.
Vous n’ y verrez » feigueur , n i Ca ton n i Fabrice ,
Vous méritiez pourtant de tra iter a v e c e u x ;
. L a fourberie & • l ’artifice
. jSont les vertus de leurs neveux.’
. Dans le dédale tortueux
D e votre,.oblique miniftère
/ JJn pelo ton vous e ft-il néceflaire-?1
.Non fans, doute , votre oeil fubtil
A travers ces détours vqus guide s .
N’importe , l’ amitié timide
À tout hazard vous préfente ce fil ï
Ses chattes mains ont fa i t l’ouvrage *
.T h éfé e en e u t autant de c e lles de l'amour.
A lle z , preux ch e v a lie r , imitez fon courage 4
P a r te z , 8c revenez u n jou r
Aulfi fidèle ami qu’il- fu t amant vo lag e.
On croiroit plufieurs de ces vers, & fur-tout le«
quatre derniers , de M. de Voltaire ou de M. de
Saint-Lambert, tant ils ont de grâce & d’aifancel
C’eft cette union de fefprit Sc du goût, avec le
rfavoir, quidiftingue M. l’abbé de la Bletterie parmi
vies gens de lettres, fient plufieurs^ont eu autant ou
’•plus d’érudition que lui, quelques-uns plus de talent*
fort peu l ’un & l’autre dans le même dégré.
Quant à fon çaradère dans la focièté , ce Yer$
d’Horace :
tïrafci çelerem , .tameti ut placabilis effem.
auroit pu Ufifervir de devife. Un jour il s’emi
portoit avec quelque violence, contre un homme
.qui venoit de s emporter lui-même avec affez cfindécence
contre un homme de mérite, ami de l’abbé
de la Bletteriequelqu’un dit tout Has à l’abbé : Prenez
garde 9 vou^tombe^ dans la même faute dont vous vous
: plaigne^ juflement. L’abbé fe tut & parut confus d’être
pris ainfi fur fie fait. A près une minute de filence ,
il prit la main deçelui qui,l’avoit .averti, & lui dit,
les larmes aux y e u x d ’un ton pénétré,: Je n oublierai
jamais cette utile leçon & cet important fervice :
il ejl honteux pour un homme de mon âge d’avoir f i
peu d’empire fur lui-même 6e de retomber toujours. Ce
trait eft certainement d’un homme qui doit infpirer
de l’intérêt aux honnêtes gens ; auffi M. l’abbé de
la Bletterie, malgré fon humeur , & malgré fes
talens, avoit-il des amis, & ces amis étoient les
h hommes les plus eflimables de la littérature. Il étoit
de Rennes. Il mourut en 1772.
BLOMBERG, (Barbe.) (Hifi. //W.) fille de
qualité de Ratisbonne , voulut bien paffer- pour la
mère de don Juan d’Autriche ; « mais, dit M. le
préfident Hénault , » la calomnie n’avoit pas
» épargné Marié d’Autriche , ( foeur de Charfes-
» Quint, père de don Juan ; ) on prétendoit que
» don Juan n’étoit pas fils de Barbe Blomberg».
' Calomnie tant qu’on voudra ; c’efi FamienStrada
qui fait la calomnie; il racolée dans fes guerre
db Flandre, "Décade première, liv. toi, que îe cardinal
de la Cuéva lui avoit révélé ce fecret,
qu’il tenoit de l ’infante Claire Ifabelle Eugénie, à
qui Philippe ÏI, fon père, qui n’avoit point de fecret
pour elle, en avoit fait confidence. Mais Bayle ne
renonce point à croire que Barbe Blomberg, fans
avoir été mère de don Juan , ait été la maîtreffe
de Charles-Quint. C ’eft peut-être là la calomnie;
M. de Fontenelle a pris plus à!la lettre’, la vertu
de Barbe Blomberg, & fon indifférence pour fa
gloire ; il l’a mife en oppofition fur ce point avec
Lucrèce , dans fon fixieme dialogué dés morts anciens
avec lés modernes. Il l’appelle Plomberg.
B LON DEAU, ( C l a u d e ) avoeàt, auteur dû
Journal du Palais, en fociété avec un autre avocat
nommé Gueret, eft aufli l’éditeur dé là Jomme
bénéficiale de Bouchel, qu’il donna fous le nom de
Bibliothèque canonique. Mort au commencement
du dix-huitième fiècle;
^BLONDEL. ( Hifi. litt. mod.\C ’eft le nom dè
divers perfonnages qui fe font fàit un nom dans lès
lettres.
• 1 ®. David Blo n d e l . C ’eft lui qui a complet-
tément défabufé le monde , des faunes décrétales ;
un auteur proteftant devoir être porté à enlever
aux papes cette armé' dont quelques-uns d’entre
eux avoient àbufé ; il faut peut-être fâvoir plus de
gré à ce même proteftant d’aVoir aulfi détruit la
fàble dé la papeffe Jeanne , fi agréable aux pro-
tëftans", & il faut aulfi favoir gré à un proteftant
françois, retiré en Hollande pour caufe de religion,
d’être refié affez bon françois pour avoir mis quelque
zèle à combattre contre Chifflet fur la généalogie
dès rois de France , & à rejétter l’hiftoire du
mariage de Blitilde , fille de Clotaire , avec le fé-
nàteur Ansbert, -mariage fies fùités duquel on pré-
féndoit'tirer des induéfions contre la loi faliqiié, la
plus utile de toutes les loix, que toutes les nations
monarchiques devroient adopter pour le bonheur
du monde , & qui tariroit pour jamais la fourcé
fiés guerres de fuccelfion fi fréquentes dans les pays
où les femmes héritent de la couronne. Tels lont
lés trois principaux ouvrages de Blondel. On a en-
.fcôre de lui un Traité de la prïhiàuté de l’égtife, un
fur les Sibylles, un furies écrits de controverfe, &e.
Il étoit de ChâlonS-fur-Marne. Il mourut en 1655!
Ecrivain peu agréable, mais bon critique.
François Blondel. C ’eft fur fes defteins qu’ont
été conftruites la porte Saint-Antoine, aujourd’hui
abattue, & la porte Saint-Denis qu’il ne faut point
abattre. Ses connoiftances dans l’architeéhire &
dans les mathématiques l’ont porté loin. Il fut de
^académie des fciences, direfteur de celle d’archi-
îéfture., maréchal-de-camp, il eut auffi un brevet
dé confeiller d’état. On a de lui un Cours d’architecture
in-folio. L ’art de jetter les bombes , in-12. La
manière de’ fortifier les places, in-40. & d’autres ou- '
Vfages utiles. Il eft encore l’auteur d’un ouvrage dans
genre purement agréable j c’eft une Comparaifon
B L O
de Pïndare avec Horace. Mort à Paris en 1686 ?'
âgé de 6S ans.
30. Jean-François Blondel, archite&e du ro i,
profefieur royal au Louvre, membre de l’académie
d’architechire, né à Rouen en 1705 , mort le
9 janvieV 1.774. On a dé lui différens ouvrages fur
fon art. 10. Un Difcours fur Varchitecturein-12»
z#. Un Traité de la décoration des édifices, 1738,
2 vol. in-40. 3°. Un Cours d’architecture ou Traité de
la décoration, difiribution & conftruCtion des bâtimens,
6 vol. in-8°. 1771— 1773. ^ n’en a donné que les
quatre premiers; les autres ont été publiés en
1777;, trois ans après fa mort, par M. Patte ,
d’après les manufe-rits d e Blondel. M. de Baftide a
aulfi donné (en 1774) un ouvrage poftume de
M. Blondel,'intitulé : L ’homme du monde éclairé
par les ans, in-8°. 2 vol. Cet ouvrage n’aprefque
aticun rapportavec fon titre. Ç ’eft un vrai roman ,
& un roman affez mal fait. Il contient cependant
quelques inftruélions utiles fur les arts ; on y trouve ’
une très-belle defeription de Marly. L’ouvrage eft
divifé par lettres ; il y eh a deux entre autres où
les plus grands maîtres des écoles romaine, flamande
& françoife, font jugés, leurs principaux
ouvrages appréciés, & les écoles même mifes en
parallèle. Il y en a plufieurs qui donnent des notion
« affez détaillées des principes de l’architeéfure ; ’
il y en a une entre autres, où plufieurs édifices
nouveaux font jugés d’après ces principes.
C ’eft M. Blondel qui eft Fauteur fies articles '
d’archite&ure inférés dans l’Encyclopédie.
Il y a- d’un Pierre-Jacques Blondel, mort eh '
2-730, un Mémoire contre les imprimeurs & leurs;-
gains exçejfifs.
Et d’un Laurent Blondel, fon parent, mort en
1740, une nouvelle Vie des S a in t s in-fol. Paris '
chez Defprez & Defeffarts, & d’autres ouvrages '
de piété. .
BLONDIN, ( Pierre ) botariifte habile , - dif-
ciple chéri & eftimé de M. de Tournefort., n éle ':
18 décembre 1682, dans le Vimeu en Picardie,
« avoit, dit*M. de Fontenelle, toute la candeur
” que l’opinion publique a . jamais attribuée à fa
” nation. » Il entra dans l’académie" dès fciences
en 1712 ; il mourut le 15 avril 1713. N’ayant pas'-
laiffé d’ouvrages publics, il n’eft connu que par
le court éloge qu’en a fait M; de Fontenelle.
BLONDUS, f Flavius) ( Hifi. litt. moi. )
hiftorien du quinzième fiècle , lecrétaire d’Eugène
IV & de quelques autres papes , auteur d’une-
Jtalia iliuflrata , Rome , 1474, in-fol. & d’un autre-’
ouvrage , intitulé : Ilijioriarum ab inclinatione Romani
imperii ad annum 1440", décades 3 , Venife
1484, in-fol. Ces deux ouvrages fe trouvent au fit*.
dans le Recueil des oeuvres de cet auteur, Bâle’,^
I 53SI i ln~f°U Mort à Rome en 1463 à 75 ans.- Le-
vrai nom de cet auteur eft Biondo.
BLOUNT. ( Hïfi. mod. ) C ’eft le nom cftine
ancienne & illuftre maifon d’Angleterre, d’origine'
normande, qui paffa en Angleterre avec Guillaume: