
poffédée par les defcendans des princes d’Afca-
n ie , qui dans le douzième fièele , figuroient parmi
les plus grands princes de l’Europe.. Il poffédè'rent
fucceffivement le marquifat de Brandebourg , le
duché de Saxe & plufieurs autres grandes principautés.
La marche de Brandebourg a effuyé de
fréquentes révolutions, & a fouvent changé de
maîtres. Elle ed enfin pafTée fous la domination des
defcendans de Frédéric, margrave de Nuremberg,
qui font maîtres de la Pruffe 8c de beaucoup de
pays qui forment aujourd’hui le royaume de Prude
royaume guidant & devenu redoutable à l’Europe
par le génie de fes derniers rois. L’éleâeur de
Brandebourg , roi de Prude, ne le cède qu’à la
maifon d’Autriche par l’étendue de fes podedions.
La multitude de fes principautés lui donne rang
& droit de fuffrage dans plufieurs cercles. C ’ed ce
qui établit fon crédit dans tout l’empire.
Le cercle de la Bade-Saxe comprend les duchés
de Meckelbourg, de Holdein, de Brunfvick, de
Hanovre , les principautés d’Hildesheim & d’Hal-
berdadt, avee le duché de Magdebourg. La maifon
de Brunfvick 3 partagée en deux branches , la ducale
& l’éleâorale, y a fon plus riche patrimoine.
» . Prjnc*Paut^i d’Halberdadt, qui étoit un riche
evêche, a pade dans la maifon de Brandebourg,
aind que l’archevêché de Magdebourg qui a été
fécularifé. Le duché de Meckelbourg eft un démembrement
de l’ancien royaume des Vandales.
Les princes de cette maifon font divifés en deux
branches , qui partagent le duché. Le Holdein,
qui dans fon origine n étoit qu’un comté , fut érigé i
en duché en faveur de Chridiern , roi de Dane-
marck , dont les defcendans le partagent aujourd’hui.
Lubec, ville libre 8c impériale, tient
le premier rang parmi les villes Anféatiques.
L évêché ed héréditaire dans la maifon d’Holf-
tein.
t L e cercle de Wcdphalie ed divifé en treize
états principaux , l’évêque de Liège en ed le fou -
verain , & fa qualité de prince de l’empire lui
donne féance & droit de fuffrage dans les diètes.
Les duchés de Juliers & de Bergue font devenus le
patrimoine des éleâeurs palatins, héritiers des ducs
de Clèves. Le roi de Prude poffède dans ce cercle ,
-la Marck, Clèves & Ravenfperg , l’évêché de
Menden qui fut fécularifé en 1648, Emden & la
principauté d’Oodfrife. Les comtés d’Oldenbourg
& de Delmenhord appartiennent au roi de Dane-
marck.
Le cercle du Bas-Rhin ed appelle cercle électoral,
parce qu’il renferme les trois éleéforats eccléfiaf-
tiques & les palatinats du Rhin qu’il ne faut pas
confondre avec le palatinat de Bavière ; & le cercle
du Haut-Rhin ed compofo des évêchés de
Wormes, de Spire & de Bade, des duchés de
deux Ponts & de Simmeren, des landgraviats de
Hede & de Darmdadt; du comté de Naffau, de
la principauté de Naffau.
Les difputes fur la religion ont excité de frés
quentes révolutions dans' Y Allemagne. C’ed le fer
à la main qu’on y a prétendu décider les quedions
théologiques. La religion catholique ed profeffée
dans tous les pays de la domination Autrichienne,
dans les états des électeurs 8c des princes eccléfiaf-
tiques, 8c dans le cercle de Bavière. Le luthéra-
nifme domine dans les cercles de la haute 8c bade-
Saxe, de la Wèdphalie, de la Franconie, de la
Souabe, & dans les villes impériales. Le calvi-
nifme ed fuivi dans les états de l’éleâeur de Brandebourg,
du landgrave de Héffe-Caffel & de plu-
fxeurs autres provinces: Les fureurs religieufes
font éteintes. Les catholiques, en plaignant l’aveuglement
des protedans , vivent en paix avec
eux ; -8c quelquefois le même temple fert à des
cultes diderens.
Le corps germanique ed compofé de pièces
de rapport qui doivent en affoiblir la conditution
par la difficulté d’en entretenir l’harmonie. Il feroit
difficile de décider quelle ed fa conditution politique
, tant elle varie dans les différens états qui
le compofent. Ici la puiffimce fouveraine ed héréditaire
, là elle ed éleâive. Dans certains états
le pouvoir du prince ed abfolu , dans d’autres il
ed limité par des capitulations & par la loi. Les
villes libres ont un fénat compofé des principaux
citoyens, & l’éleélion en ed confiée aux féna-
teurs mêmes. Le gouvernèment ed aridocratique ;
dans d’autres ce font les tribus qui élifent les
fenateurs qui peuvent abfoudre ou flétrir de leurs
cenfures. C ’ed une véritable démocratie.
Le gouvernement- ne peut y être regardé
comme- aridocratique. Un pareil gouvernement
fuppofe un fénat fixe & permanent, dont l’autorité
fouveraine délibère fans oppofition fur tout
ce qui concerne la république , & qui confie
à des officiers fubalternes 8c à des magidrats
l’exécution de- fes ordres 8c de fes délibérations.
La chambre de Spire & le confeil aulique ne
font qu’une image imparfaite de ce fénat fouve-
rain : on n’y porte les affaires que par appel ;
aind ce tribunal rederoit fans fonâion fi les parties
jugées étoient fatisfaites du premier arrêt. Les
diètes ne doivent point être regardées comme un
fénat permanent & abfolu, quoique tout s’y décide
à la pluralité des voix. L’Angleterre & la
Suède ont leurs parlemens où les affaires font
réglées par les fuffràges des députés des provinces.,
fans que le gouvernement prenne le nom d'arif- ■
Socratique. Les biens de chaque fénateur , dans *
l’aridocratie, dépendent abfolument dès loix &
du fénat qui peut en prendre une portion pour
les befoins de l’état. En Allemagne tous les états
enfemble n’ont point de droit fur les biens des
particuliers.
On a fouvent agité fi Y Allemagne pouvoit être
mife dans la claffe des monarchies. La quedion
ne peut fe décider qu’en en didinguant de deux
eipèces. Dans les unes le monarque ed abfolu,
dans les autres fon pouvoir eft limité, par la loi.
Il ed certain que l’exercice de la puiffance impériale
ed réglé par des capitulations , & que 1 empereur
n’a pas plus dé pouvoir fur les princes ,
qu’un canton Suide n’en a fur les autres. Les
titres fadueux dont il fe pare font des fons fans
idée , des fantômes fans réalité. Les états en lui
prêtant ferment de fidélité fe réfervent leur indépendance
& leurs privilèges. Quelques jurifoon-
fultes , ennemis de la puiffance ^ impériale, ont
.avancé que celui qui en étoit revêtu n’étoit qu’un
magidrat chargé de titres pompeux & dériles ,
& que la fouveraineté réfidoit dansé les états.
Il faut convenir que dans la capitulation que 1 empereur
jure d’obferver, les électeurs lui pref-
crivenc ce qu’il doit faire, & quil fe refervent
le droit de lui défobéir s’il viole fes engagemens.
Cette capitulation prouve fimplement que fa puif-
fance n’ed pas abfolu®, 8c qu’il ed des cas où la
dèfobéiffance ne peut être regardée comme criminelle.
Le chef de l’empire ne déroge point
au droit de fouveraineté lorfqu’il s’engage à ob-
ferver les loix fondamentales, à demander le confeil
des états dans les affaires publiques, à ne point
changer les lègiflations 3 à .n’introduire aucune
nouveauté dans le culte , à ne faire ni l a . paix
ni la guerre fans le confentement de la nation.
C ’ed en conféquence de ces engagemens que
les états de l’empire promettent de confacrer
leur fortune 8c leurs vies pour la caufe commune
;
La puidance impériale ed beaucoup moins étendue
que dans les monarchies, où là puidance du
monarque ed redreinté par la loi. Dans celles-ci
les premiers de l’état lui doivent compte de leurs
- aérions, & il ne peut être cité à aucun tribunal,
il lève des tributs 8c des armées, & par la raifon
ou fous le prétexte du bien publié , il peut fou-
mettrela fortunje.de fesfujets à fes volontés pour
foutenir des guerres judes ou d’ambition. L empereur
d'Allemagne ne jouit point de ces privilèges.
Ses intérêts font abfolument didingués de ceux des
états. Les princes qui compofent le corps, germanique
, font des alliances avec les autres puiflances,
fans fa participation ; & lorfqu’ils fe croient lezes,
ils lui déclarent la guerre. Il y a encore une autre
différence dans les prérogatives des empereurs 8c
des rois. Un monarque peut difpofer des forces
de l’état, il ed général né de fes armées, il en
dirige, à fon gré, les opérations, il ed l’ame &
l’efprit qui font mouvoir tout le corps. L’empereur,
quoique chef d’une nation nombreufe, n’a
pas le même privilège ; c’ed avec fes propres revenus
qu’il foutient l’éclat de fa dignité ; il n’y a
point de tréfor public ; les états ne lui entretiennent
point d’armées ; chaque prince difpofe à fon
gré de fes troupes 8c du revenu de fa fouveraineté.
Lorfquïl ed preffé par des guerres,, il ed
obligé de mendier des fecôurs d’hommes 8ç d’argent
que fouvent on lui refü'fe ou qu’on lui fournit
avec épargne. Il ed une autre efpèce de fervitude
qui lé met au-deffous des rois. Une ancienne coutume
, confirmée par la bulle d’o r , affujettiffoit
l’empereur dans de certains cas à comparaître
devant le comte palatin pour rendre compte de fes
aérions. Les trois éleâeurs eccléfiadiques citèrent
Albert I à ce tribunal, mais il étoit trop puiffant
pour obéir ; & au lieu de répondre il prit les
armes contre fes accufateurs : c’ed le foui exemple
que l’hidoire noufc fourniffe de l’exercice de cette
loi. •
Quelques écrivains Allemands ont prétendu
que leur gouvernement étoit populaire, oc qu’eux
fouis jouiffoient du droit dè citoyens , qui confide
à être admis dans les délibérations, 8c à donner
fa voix dans les affaires publiques. Il faut en conclure
que les états font les fouis citoyens qui, tous
en général 8c en particulier , décident de l’admi-
nidration publique. La conditution politique d'Allemagne
, n’a aucun trait de conformité avec les
républiques populaires de l’ancienne Grece ; 011
ed forcé d’avouer que ce gouvernement, qui n’eft
formé .dur aucun modèle, n’en fervira jamais à
d’autres. C ’ed un corps m.ondrueux qu’on ne peut
réformer fans le détruire ; fes membres font trop
inégaux pour en faire un tout régulier ; c’en:
une confédération de peuples libres, femblable à
celle qui étoit entre les Romains 8c les Latins.
Les Allemands, fous leur empereur, reffem-
blent aux Grecs, qui fe réunirent fous Àgamem-
non pour venger fur Troie, l’injure de Mé-
nélas.
On peut juger des forces de Y Allemagne, par le
nombre de fes villes, de fes bourgs 8c de fes villages
, où l’on voit par-tout briller l’indudrie commerçante.
Une nobleffe riche 8c magnifique y
répand l’abondance ; les guerres dont elle a tou-
• jours été agitée , ont enlevé beaucoup de cultivateurs
à la terre. Le goût décidé des Allemands
pour les arts méchaniques',, les éloigne des travaux
champêtres, 8c dès qu’ils font affez fortunés
pour apprendre un métier, ils quittent leurs villages
, 8c fe retirent dans les villes dont la mol-
leffe énerve leur vigueur naturelle : on compte
dans les dix cercles dix-neuf cents cinquante-fept
villes 8c bourgs , fans y comprendre la Bohême,
où l’on trouve deux cents deux villes , trois cents
huit, bourgs 8c trente mille trois cents foixante 8c
trois villages. Quoique Y Allemagne s’étende depuis
le pays de Liège , jufqu’aux frontières de la Pologne,
8c depuis le Holdein, jufqu’aux extrémités
de la Hongrie, il n’y a point de contrée qui ne
fourniffe des fubfidances fuffifantes à fes habitans.
L’exportation de fes denrées excède l’importation.
C ’ed l’introduâion du luxe qui leur a fait un be-
foin dès vins de France 8c d’Efpagne, des draps
étrangers dont ils ont la matière première. Les
bords du Rhin font couverts de mûriers , qui donnent
la facilité de nourrir des vers à foie. Plufieurs
villes, fituées fur le Mein 8c la mer Baltique , fa-
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