
droits par les armes, & à l’exemple des califes
Abbaflides , leurs ancêtres, ils firent la guerre par
leurs lientenans. Almamon confia le commandement
de ion armée à Taher, le plus grand capitaine
de ion fiècle. Ce fut lui qui donna, quelque
temps après, ion nom à la dinaftie des Taifites.
Ce général, vainqueur dans plufieurs combats, fe
préienta devant Bagdad; Amin abandonné des habi-
tans & de la milice, tomba au pouvoir de fes ennemis
qui lui tranchèrent la tête, l’an de l’hégire 108.
Il avoit régné ou plutôt fommeillé fur le trône
pendant fegt ans & huit mois : il étoit, comme
fes ancêtres , magnifique & libéral ; mais comme
il n’avo'it que l’abus des vertus , fa libéralité ne
fut qu’une profufion funefte. ( T-n . )
AMIN AD AB , ( Hïjl. facrêe. ) Lévite demeurant
à Cariathiarim, & chez lequel on dépofa
1 arche, après qu’elle eut été ramenée du pays des
Philiftins ; Amïnadab en confia le foin à fon fils
Eiéazar , qui la garda jusqu’au temps-où David la
fit venir à Jérulalem.
AMIOT ,ou Amyot, précepteur de Charles IX,
qui le fit évêque d’Auxerre & grand - aumônier de
France, connu par fes traduâions de Plutarque , de
Diodore de Sicile, d’Héüodore, & fur-tout de Lon-
gus, eft un des auteurs qui font le plus goûter l’ancien
langage françois. Né à Melun le 30 octobre
1540 d’un père fi obfcur , qu’on ne fait pas bien
qu’elle étoit fa profeifion, Mort le 6 février 1593,
AM-KAS, f. m. ( Hift. mod. ) vafte falle dans
le palais du grand-mogol, où il donne audience à
fes fujets, & où il paroît les jours folennels avec
une magnificence extraordinaire. Son trône eft
foutenu par fix gros piés d’or maflif, & tout fe-
més de rubis, d’émeraudes & de diamans; on l’ef-
time foixante millions. Ce fut Cha-Gean, père
d’Aurengzeb, qui le fit faire pour y expofer en public
toutes les pierreries de fon tréfor, qui s’y étoient
amafifées des dépouilles des anciens Patas & Rajas,
& des préfens que les Ombras font obligés de taire
au grand-mogol, tous les ans à certaines fêtes. Les
auteurs qui nous apprennent ces particularités, conviennent
que tous ces ouvrages fi riches, pour la
matière, f ont travaillés ians goût, à l’exception de
deux paons couverts de pierreries & de perles,-qui
fervent d’ornement à ce trône, & qui ont été faits
par un François. Afiez près de' cette falle on voit
dans la cour une tente qu’on nomme Vafpek, qui
a autant d’étendue que la falle ou dm *kas, & qui
eft renfermée dans un grand baluftre couvert de
lames d’argent ; elle eft foutenue par des piliers
revêtus de lames de même métal : le dehors eft
rouge, & le dedans doublé de toiles peintes au
pinceau, dont les couleurs font fi vives & les
fleurs fi naturelles , qu’elles paroifiènt comme un
parterre fufpendu, Berruer, (Hift, du ^rand-mogol. )
AMLETH ou Hamlet , ( Hift. de Danemarck. )
roi de Jutland. Hordenwil, père de ce prince,
régnoit glorieufement fur cette partie du Panemarck
> jorfqu’il fut afiafliné par fon frère Feggon.
Le per-hde s’empara de fes états , & pour fortifier
Ion parti, ne rougit pas d’offrir une main encore
dégoûtante du fang de fon frère & de fon roi, à
1 P a? i ’ *arveuve- La reine l’accepta, vaincue par la
necemte. Hordenwil laiflbit un fils, dont l’éduça-
confiée à Tafiafiin de fon père. L’enfance
cl Amleth avoh d’abord défarmé le farouche Feg-
gon ; mais^ il ne le vit pas fans ombrage, atteindre
a cet âge où le defir de la vengeance eft d’au-
tant plus impérieux que le fentiment des peines
eft plus vif. Il fe fut bientôt laffé d’élever dans fa
cour un prince dont la vue, en retraçant aux peuples
la mémoire d’Hordenwil, pouvoit fournir
chaque jour un prétexte à la révolte, fi Amleth,
en qui la prudence avoit devancé les années ,
P p}}* conjure cet orage. Il vit bien qu’on ne lui
laifleroit point en paix développer fes talents , &
que chaque pas qu’il faifoit vers la raifon , étoit un
pas vers la ^mort. Le defir de conferver fa v ie ,
oc fur-tout l’efpoir de fe venger un jour, lui firent
imaginer un artifice qui , en le rendant l’objet du
mépris des Danois, devoit calmer les inquiétudes
de ion oncle. Il feignit d’être infenfé, & s’acquitta
fi bien de ce nouveau rôle, que toute la cour y
frit trompée. Nous refpeélons trop nos leâeurs
pour entrer dans le détail des expédions dont on
dit que s’avifa Feggon pour s’aflùrer fi la folie de
fon neveu étoit feinte ou, réelle. Amleth eut le
bonheur d’éviter tous les pièges qu’on lui tendit.
Un des plus difficiles fans doute à fuir, fut lorf-
qu on lui prefenta une jeune fille d’une rare beauté.
On efperoit que fe trouvant feiil avec e lle , il ne
pourroit s empêcher de lui témoigner l’impreffion
que fes atraits faifoient fur lu i, & qu’il démenti-
roit un moment le perfonnage qu’il s’étoit finpofé.
Mais la voix de la nature parloit trop haut dans
le coeur d'Amleth , pour que celle des fens s’y fit
entendre. Le fouvenir de fon père, mort fans yen-?
geance, le fit fortir vainqueur de cette épreuve
périlleufe.
Ce prince renfermoit fes ehagrins dans fon
coeur 8c les dévoroit en filence. Ifolé dans le
palais de Feggon , objet des mépris d’une cour
auquel il auroit dû commander,, il pafloit dans
l’obfcurité des jours dus à la vengeance. Enfin,
le fort lui offrit une occafion de punir le meurtrier
de fon père. Feggon donna un banquet folemnël
aux grands de fa cour, Amleth, à la faveur du
tumulte & du défordre qui fuivent ces fortes de
fêtes, trouva le moyen de fe gibier dans l’appartement
de Feggon, & de l’immoler de fa propre
main. Enfuite il met le feu au palais & fe rend
à la place publique ; il fe préfente aux Danois,
tenant encore en main le glaive dont, il s’étoit
feryi pour tuer le tyran. Il leur rappelle la mémoire
d’Hordenwil, de fes vertus, de la douceur
de fon règne. A ce tableau, il oppofe la peinture
des cruautés de Feggon & de fes exaélions,
v J’ai tué l’afîaffin de mon père, ajoute-t-il, je
.Surdus loquens, Harlem , 1692 in-$n. ; l’autre,
Deloquela , Amftelodami, 1700 in-12.
» votis ai délivré d’un tyran. J’ai vengé d’un coup I
3) ma patrie & la nature : c’eft à vous de juger fi | 33 je fuis digne de récompenfe ou de punition. La f
33 mort de l’ufurpateur laifie le trône vacant, ma J
33 naiflance m’y donne des droits ; mais ces titres 8
33 font vains pour moi, & je renonce pour jamais |
33 à ce trône ou régnoient mes ancêtres, fi ce |
33 n’eft votre amour qui m’y élève u. Les Danois j
furent anfli étonnés du courage à'Amleth , que |
charmés de fon éloquence. lié ne pouvoient con- !
cevoir qu’un prince qu’ils avoient jufqu’alors tant
méprifé, eût pu former une entreprife aufli hardie :
ils fe hâtèrent de réparër l’injure ^qu’ils lui avoient
faite, & le proclamèrent à haute voix roi de Jutland.
Le Jutland étoit un démembrement de la cou-, !
ronne de Danemarck; il étoit arrivé par rapport a
•cette contrée , ce qui eft arrivé fi fouvent dans
tous les royaumes du nord. Les rois de Danemarck
11e pouvant Veiller par eux-mêmes fur cette province,
y avoient envoyé des gouverneurs ou dès
vice-rois. Ces dignités d’abord amovibles, étoient
devenues héréditaires par l’énorme crédit des fei-
gneurs qui les poffédoient. Ces vafiâux orgueilleux
firent fouvent trembler leurs maîtres. Le leul droit
que les rois de Danemarck' avoient confervé fur
le Jutland, étoit que fes fouverains ne pouvoient
fe faire couronner fans leur confentement. Amleth
, redevable de fa couronne à l’amour de fes
fujets, négligea de faire confirmer fon éleélion par
Wigleth, roi de Danemarck. Ce prince prétendit
que la majefté de fa couronne étoit bleflee par ce
manque de déférence. Il fe jetta dans le Jutland
feptentrional, qu’il ravagea. Amleth tâcha d’abord
de le fléchir par fes prières & fes foumiffions ; {
enfin voyant qu’il ne pouvoit calmer la colère |
de Wigleth, il marcha contre lu i, & le repouflà |
au-delà des frontières de fes états. Wigleth raf- S
fembla de nouvelles forces, & reparut une fécondé I
fois dans le Jutland, à la tête d’une armée encore
plus forte que la première , Amleth fuçcomba 1'
cette fois : il fut vaincu & tué dans le combat. ■
Le champ qu’il illuftra par fa défaite, s’appelle
encore maintenant Amleths-hede , c’eft - à - dire,
fépiilture $ Amleth. ( M. d é S a c y.')
AMMAN (Hift. mod.) C’eft le nom de deux
fâvans utiles, tous deux médecins, l’un principalement
a donné trois ouvrages relatifs à la fcience qu’il
AMMIEN - MARCELLIN , ( Hiß. anc. ) natif
d’Antioche, mort vers l’an 390, eft célèbre par
fon hiftoire romaine , qui commence à la fin du
règne de Domitien , &. qu’il a pouftee jufqu a fon
temps. De 32 livres dont elle étoit compofée.,
il ne nous en refte que 18. On a fu gré à cet
auteur païen d’avoir traité les chrétiens & leur
religion avec afiez de ménagement, comme on
a jP gré à M. l’abbé de la Bletterie , qui a écrit
principalement d’après cet a-ueur, d’avoir rendu
juftice à l’empereur Julien. Cet empereur eft le
héros à'Ammïen-Marcellin. L’édition de cet auteur
qui paffe pour la meilleure, eft celle de Gronovius,
Leyde, 1693, in-folio. Celle de Paris, 1681, eft
auïfi afiez eftimée. L’abbé de Marolles a traduit
Ammien-Marcellm en 3 volumes in- 12. Il y en a
une autre traduèlion plus nouvelle, imprimée à
Berlin , auïfi en 3 volumes i/z-12.
AMMIRATO (S c ip io n ) {Hiß. mod.) célèbre
par fon hiftoire de Florence, par fes'généalogies
des familles, nobles,-de Florence & du royaume
de Naples , par des difcours fur Tacite & par,
divers autres ouvrages en profe & en vers , étoit
né à Lecee , . ville du royaume de Naples, &
avoit été fixé à Florence par les bienfaits du
grand duc Ferdinand I , qui lui donna ira cano-
nicat de cette ville & l’engagea fortement à en
écrire rhiftoire-; la meilleure édition de cet 011-
,vrage eft celle qui fut faite, à Florence de 1641 à
1647 en 3 volumes in-folio.
profeflbit 1<?. Enumeraûo plantarum hortï hipfienfis.
Lipfiæ 1675 in-8°. i ° . Charatier plantarum , 1676
in-12. 30. Hortus Bofianus qvoad èxotiça deferip-
tus, 1686 i/z-40. Il fe nommoit Paul , il étoit de ;
Breflau , enfeignoit à Leipfick, & mourût en
1600.
L ’autre, nommé Jean Conrard, médecin fuifle ,
plus connu que le premier, s’eft acquis une grande
réputation dans cet art utile, exercé depuis avec
tant d’éclat & de fuccès, par M. l’abbé de l’Epée ,
& par quelques autres, c’eft-à-dire dans l’inftitu-
tion des fourds & muets ; il a même compofé
fur cette matière > deux écrits, intitulés ; l’un , »
Scipion Ammlrato. le jeune, qui donna cette édition
, fe nommoit Chriftôphe Del-Bianco , & n’a-
voit droit au nom de Scipion Ammirato , que ,
parce que le véritable Scipion Ammirato , fon
ami, lui avoit laiffé tout fon bien par teftament
à condition d.e prendre fon nom & fes armes.
Scipion Ammirato, l’ancien , mourut à Florence
le 30 janvier 1600 dans fa foixante - neuvième
année.
AMMON , ( Hiß. Jacrée. ) né de l’incefte de
Loth avec fa fécondé fille , lorfqu’au fortir de
Sodome , il fe retira dans une caverne avec fes
deux filles , fut père des Ammonites , peuple
puiflant & toujours ennemi des lira eûtes. Il
naquit l’àn du monde 2107; mais on ne fait
aucune particularité de fa vie. {A . R. )
AMMONIUS. Il y a plufieurs perfonnages connus
, de ce nom.
i° . Ammonius, philofophe d’Alexandrie au 3e.
fiècle, furnommé Sacsas, parce que fön premier
métier étoit de porter du bled dans des facs. Devenu
philofophe de la feéie ecleéiique ou des nouveaux
platoniciens, il eut pour difciples Origène & Plo-
tin ; il eft moins connu par fa concorde des évan-
géliftes , quoique louée par faint Jérôme , que
par le talent ou le bonheur qu’il eut de fe concilier
également l’eftime des auteurs païens &
chrétiens, Plotin , Porphyre Longin -, Hiéro