
même des vaches du pays de Bray , comparées
avec celles des autres Provinces & même de la
jrajcure partie de la Normandie, dont les vaches
ne parquent pas. Les fromages excellera
de Neuf-Châtel & le beurre de Gournai, un des
meilleurs qu’on conneiffe, font des témoignages
non équivoques de l’influence de cette pratique
fur la qualité du laitage.
D e l’in flu e n c e d e c e tte p ra tiq u e f u r la q u a lité
d u laitage, il ré fu i ce d e ce p a rc ag e u n e é c o n om ie de
» r a n fp o rts d ’engrais & u n e m a n iè re d e fum e r
affe z ég a le -, m o y e n n a n t la d iflrib u tio n d e la
fie n te dans les e n d ro its o ù il n ’y e n a p a s , &
les b o n s effets de la tra n fp ira tio n des va ches fu r
l e fo l des p ra irie s q u ’elle s p a rq u e n t ; o n n e
p e u t a p p ré c ie r c e d e rn ie r av an tag e . -
Ufage de toutes les parties des bêtes h cornes.
L e u r c h a ir è fl, a p rè s le p a in , u n des a lim èn s le
p lu s em p lo y é p o u r la n o u r r itu r e des h om m e s
e n E u ro p e . Ce lle d e la -v ach e & d u ta u re a u n e
f o n t pas e fiim é e s , mais la c h a ir de b oe u f , engraiffé
f o i t à l’h e r b e ,1 fo it de p o u tu r e , f a it la b a fe des
m e ille u rs p otage s & fe f e r t- f u r -les meilleu res
tab le s .'C e lle d e s 'v e a u x , m o in s fu c c u le n te & m oins
iu b f la n tie lle , eft trè s-a g ré a b le , f u r - to u t fi ce fo n t
d e s v e a u x engraiffés *, e lle eft reg a rd é e Gomme
r a f r a îc h i fiance ; & p a r c e tte ra ifo n , o n la p ré f
è r e p o u r le b o u illo n des malades. O n em b a rq u e
d e s boeufs Vivans f u r les v a iffeaux , a fin de
d o n n e r q u e lq u e tem s d e la v ian d e fra îc h e a
l ’éq u ip a g e . O n em b a rq u e u n e p lu s g ran d e
q u a n tité d e b oe u f falé. -
• E n I rla n d e ,, ë n A n g le te r re , e n H o lla n d e , e n
S u iffe & dans le N o rd d e l ’E u ro p e , o n fale &
o n e n fum e la c h a ir d e boe u f , fo it p o u r l’ufage de
ta m a rin e ,, fo it c om m e o b je t de c om m e rc e .
L a p e a u d u boe u f , de la v a c h e & d u v e a u ,
f e r v e n t à u n e in fin ité d e c h o fe s ; u n g ran d n om —
fcre d ’o u v rie rs les p ré p a re n t-, u n g ran d n om b re
d ’h om m e .e n fo n t ufage p o u r le u rs chauffures &
p o u r d iffé re ra’A rts:
O n em p lo ie la graiffe p o u r d e s 'c h a n d e lle s ,
l e s pieds p o u r fa ire de l’h u ile , les c o rn e s p o u r- des
p e ig n e s j des la n te rn e s , des v itre s , . des b o îte s , &c.
L e ’ p o il fo rm e la b o u r r e p o u r les c o lliers dés
c h e v a u x , p o u r les p la fo n d s & les c ré p is , dits
c r é p is e n b la n c e n b o u r re . .
L e s e x c rém en s f o rm e n t des engrais & fe dé lié s
e b e n t dans l’In d e & e n E u ro p e p o u r b rû le r dans
le s pays o ù il n ’y a p o in t de b o is ; ils f e rv e n t
m êm e d ’o n g u e n t p o u r les bleffu re s des "arbres.
L e fan g de b oe u f f e r t e n c o re de d é p u ra n t d ans
les raffineries d e f u c r e , & p o u r d o n n e r de la
fo lid ité a u x aires des granges. O n fa it q u e c ’efl
av e c c e tte fu b flan ce q u e la C h im ie f o rm e le
b le u d e îP ru iiè . '
. On connoît l’ufage & les avantages du lait ; cet
»liment fi précieux, fi doux, fi analogue aux
fucs de l’enfance, & dont on tire un fi granj I
parti, foit pour nous nourrir, foit pour aflaifonner
nos mets, &c. &c.
Des Lieux de France oh i l fis fait le plus d’Elèva
en Bêtes a cornes, & d'où les principales Villa
du Royaume en tirent pour leurs Bouchent
Le Traité de la Police du Commiffaiie Lamarre
offre le tableau des p.ays de France où l’on élève
des Bêtes à cornes pour les befoins des provinces
, & où on en engraifle pour l’approvifion-
nement des principales boucheries du Royaume.
J’en donnerai un précis qui ne me paroît pas
déplacé ici.
Le Traité de la Police a été imprimé en iyio,
Il feroit poflible que quelques-unes des Provin.
ces n’élevât pas maintenant autant de Bêtes à
cornes qu’avant cette époque, ou que d’autres
provinces qui élevoient peu d’animaux alors, fe
fuient déterminées à en élever davantage. Les
changemens, à cet égard, ne doivent pas être con.
fidérables, ni empêcher l’intérêt du tableau que
je vais offrir.
La Brie.
Les grandes & belles prairies fituées le long
de la Seine & de la Marne, les communes de
plufieurs paroiffes & l’abondance des fourrages
que produifent les terres labourables, donnent
la facilité de nourrir des beftiaux, fur^tout aux
environs de Meaüx & de Melun. On n’y élève
j pas de boeufs, mais beaucoup de vaches. Paris
i tire de çes pays une grande quantité de veaux
qui y font eftimés.
Aux environs de Montereau, petite ville limitrophe
de la Brie, du Gâtinois & de la Bourgogne,
il y a de bons pâturages le long des rivières de
Seine & d’Yonne, où l’on fait des nourriture*
de gros bétail pour Paris.
La Beauce & le pays Chartrain,
Il y a beaucoup de pâturages aux environs de
Dreux. Prefque toutes les paroiffes s’occupent
d’élever des beftiaux. Il y en a aufü aux environs
! d’Eftampes dans les paroiffes d’Iteville, Maiffe &
t de Bourray, qui ont des c o m m u n e s propres à
cette éducation.
Les fermiers de pfgfque toute la Beauce achètent
, pour garnir leurs fermes", des vaches
tone;s, Normandes ou Percheronnes.
Le Perche.
On voit dahs le Perche des terres incultes#
en brûyères fur les hauteurs. On y fait des élève?
en geniffes, qui fe vendent aux foires & SM*“ **
du pays K
B E T
I Quelques paroiffes engraiffent des boeufs &
Ides vaches, qui font conduits aux marchés de
^Sceaux & de Poiflÿ pour Paris.
Le Sênonois.
I j] fe fait des nourritures de gros bétail dans
les paroiffes de Jaulnes & de Villenaux, du côté
jde Bray-fur-Seine & dans d’autres paroiffes de
Rays montueux, ainfi que dans les prairies & pà-
purages qui font le long de la rivière d’Yonne,
aux environs de Joigny & de Saint-Florentin. Le
Commerce s’en fait pour Paris.
B E T a Sl
rendent pour prix du “fermage, u*e certaine
quantité dé beurre, de Fromage & de veaux , &
quelquefois de l’argent.
VAlfdce.
Dans cettô province, la plus riche & la plus
fertile du Royaume, on nourrit beaucoup de
beftiaux qui fe confomment dans la province. En
iy c o , on y comptoir cinquante-un mille boeufs
& vaches.
Le Hainault.
Champagne.
■ Outre la quantité de prairies qui font dans
!ïétendue du bailliage de Troyes, fur la rivière de
Ée Seine, dont les foins font conduits à Paris,
il y a plufieurs villages qui ont des. pâturages
communs, où ils nourriffent des Bêtes à cornes
•feulement pour les engrais des terres & pour les
|rovifions du pays.
■ Les prairies des environs de Lan grès nourriffent
lufli des bêtes à cornes, dont il vient quelques
unes à Paris.
■ On en nourrit beaucoup dans le Rhételois
four alimenter les villes voinnes. Malgré la bonté
& la quantité des pâturages des environs de
Sainte - Menehould, principalement le long des
rivières de Meufe & d’Aifne, il s’y fait peu de
nourriture, foit par la négligence des habitans,
foit à caufe d’un droit’ de tirage que les Seigneurs
fevoient fur les terres ou fur les pâturages. Ce
droit étant ou fupprimé ou déclaré rachetable,
il y a lieu de croire que, fi les habitans ont
un peu d’énergie, ils augmenteront leurs befliaux
& profiteront de cette branche d’économie.
I Lorraine.
RLes montagnes des Voîges compofent une
grande partie de la Lorraine. Elles féparentcette
province de la Franche-Comté, & s’étendent
depuis la plaine d’Alface jufqu’à l’extrémité de
« Champagne. Ceft un pays abondant en bêtes
âprnes, qui y trouvent leur nourriture dans les
jwontagnés pendant une grande partie de l’année.
Le lent particulièrement des vaches qu’on y entretient
pour faire du beurre & des fromages. On
- e a.u^ quelques boeufs pour Strasbourg,
JBpe, Nanci, Metz & Toul; mais le plus grand
afmmerce fe fait avec les Allemands & les Suiffes
I f Vlennent y acheter de jeunes boeufs pour le
«courage, de jeunes taureaux & des vaches.
01f me a Lorraine produit beaucoup de foin,
Jaffr e ,cuufommer on élève & on entretient
coupde bétail dans des habitations, nommées
Shifil‘ïrenfSî e*P^ces de fermes tenues par des
ou des Allemands, appelés Marc as f qui
Les pâturages font communément affez bons
dans le Hainault , parce qu’il eft arrofé d’un grand
nombre de ruiffeaux. Les habitans y nourriffent
beaucoup de b|giaiix, & fur-tout des vaches.
En 165)7 > 11 fe^Ébuva foixante & quinze mille
vaches dans la partie du Hainault, qui tient à.
la prairie. Les Bêtes à cernes du petit,canton de1
Marville font les feules qui forcent du pays par
le commerce -, le refte n’en fort pas, mais four-',
nit du lait & du fromage aux habitans!
La Flandre.
Il yavoit aufli,en 1710, dans la dépendance de
la ville de Lille , 5000c vaches.
Les pâturages de la Flandre font excellens.
On ne/en contente pas, mais on donne en outre
à manger aux Bêtes à cornes dans les étables.
Le marc du grain qui a fervi à faire de la bière,
& des tourteaux de marc de colfat, des gros,
navets ronds & des féveroles ; on mène ces animaux
dans les regains de trèfle.
On élève en Flandre des geniffes. La partie
occidentale de cette province eft la plus fertile
en pâturages. Tous les ans, indépendamment des
bêtes à cornes du pays, on y amène des boeufs
& des vaches maigres de l’Artois & de la Picardie
qui s’y engraiflènt facilement. Les vaches y
donnent du lait en abondance, & particulièrement
dans le Furvembak.
Il fe lève en Flandre un droit de Vaclage fur
les beftiaux, qui fans doute eft maintenant ou
fupprimé , ou déclaré rachetable. D’après les
regiflres du vaclage de l’année 165)8 il y avoit en
Flandre 885)46 vaches.
Il y a fous les mois une foire pour les beftiaux
à Bourbourg, un marché à Bergues tous les Luncfis
à Fûmes tous les Samedis & à Ypres toutes les
femaines.
Le Vex in. ■ -i*
On voit de très-bons pâturages dans le pays
de Bray, où on nourrit beaucoup de vaches.
Il vient de ce pays à Paris une grande quantité
de veaux, de bon beurre & debons fromages.