
Les brebis ne font ordinairement qu’un agneau ;
quelquefois elles en font deux, & même trois,
j ’ai vu des brebis artéfiennes, de race flandrine,
donner prefque toujours deux agneaux, à chaque
portée. Suivant M. Daubenton, les brebis
des Comtés de Juliers & de .Clèves aguèlent
deux fois par an, & , à chaque agnèlement,
donnent deux ou trois agneaux. Cinq brebis, en
un an, produifent jufqu’à vingt-cinq agneaux,
j e préfuitie quelles font d’une race flandrine,
c’eft-à-dire, de celle des Bêtes Indiennes-, importées
par les Hollandois. M. Maçquart prétend
quen Rulîie, les brebis deviennent en
chaleur en toute faifonj & qu’elles peuvent
avoir chacune deux agneaux, en deux agnèle- :
mens.
Quand la mère eft en bon état, on peut
lui laiffer deux agneaux, mais jamais leuroifiè^-
me, qu’on fait allaiter par une brebis qui a
perdu le lien. On ne doit en laiffer qu’un à
une mère foible. Si l’on ne pouvoit donner le
fécond à une autre brebis , il vaudroit mieux
s’en défaire. Les brebis qu’on nourrit bien ,
ou qui paiffent dans* de bons pâturages, ont
toujours beaucoup de lait.
C’efl aux dépens des agneaux qu’on trait
les brebis. 11 n’y a nul inconvénient, lqff-
qu’elles ont perdu leurs agneaux. Les brebis à
laine jarreufe, dont on veut détruire la race;
celles qui nourriffent depuis long-tems, &
qui vivent dans de gras pâturages • celles enfin
dont on lèvre les agneaux au bout de fix fe -
maines, comme font les Bergers allemand^ ,
peuvent être traités:, fans faire tort à l ’accroif-
fementdu troupeau. Mais, danstoùtautre cas, c’eft
aine pratique nuifible que de traire les brebis.
Dans les Provinces méridionales de France ,
on eft dans l’ufage de traire lés brebis, pour
frire des fromages, parmi lefquels il y en a
de renommés, , mais ce neft qu’au fevrage des
agneaux qui ont alors quatre mois. On les fé-
pare chaque foir de leufr mère, pour ne les
leur rendre que le lendemain., vers le milieu
du jour, & après que celles-ci ont été traites,
au retour du pâturage. Ils tettentle lait qui refte,
■ & on les laifle enfcmble jufqu’au foir. On rie.
doit, pendant quelque tems, traire les brebis
qu’une fois par jour, & ne févrer les agneaux
que peu-à-peu , de peur de nuire à leur ac-
croiffement; on a remarqué, qu’en faifànt bien
tetter la mère, par l’agneau, la quantité de lait
dévenoit plus corifidérable;
Dans un bon troupeau de ioo mères, il doit
naître de 90 à 100 agneaux.
Allaitement, nourriture & fevrage des agneaux.
Voyei les mots A gneau & B er g e r .
Les Efpagnols ont une manière de corriger
les brebis marâtres, qui refufent leur lait â
leurs agneaux. Ils leur attachent une jambe ÿ
un piquet, enfuite ils leur paffènt fous les jam.
bes de devant une fourchette de bois, façonnée
en Y , & enfoncée en terre. Cette fourchette
eft affez élevée, pour qu’une brebis s’y trouve
comme iufpendue. Dans cette pofture , onap.
proche d’elle fon agneau, qui la tette. On affile
qu’il n’eft pas befoin de mettre les mères pjj
de deux ou trois fois à cette torture, pour le
forcer à adopter leurs agneaux. Les moyens que
j’ai indiqués au mot Berger, me paroiffent beaucoup
plus doux ; néanmoins il eft bon défaire
connoîrre celui-ci.
Cafiration des agneaux mâles & femelles, <jï
manière de faire des moutons & des moutonnes.
« Ori fait des moutons pour rendre la chair
\ de 'l’animal plus tendre, & pour lui ôter un
mauvais gôut, qu’elle auroit naturellement, |j
; on le laîffoit dans l’état de • bélier, pour le
difpofer à prendre plus de graiffe', pour rendre
la laine plus fine & plus abondante yen même-
tems on rend l’animal plus doux à conduire.»
f « On fait des moutons en châtrant des agneaux,
lorsqu’ils font âgés d’un an.
' « On les châtre huit'ou quinze jours après
leur naiflance.. On eft aufli. dans l’ufage de ne
les châtrer qu’à l’âge de trois femaines, ou de
cinq ou fix mois. Mais leur chair n’eft jamais
fi bonne, que s’ils avoient été châtrés à,huit
jours. Plus on retârde .cette opération, plus
elle fait périr d’agneaux. Ceux qui ont été châtrés
n’ont pas la tête aufli belle, .& ne deviennent
pas aufli gros que les autres.«
En Ruflie, fuivant M. Maçquart, les payfans
ne coupent pas les agneaux mâles. Si on veut
garder , ceux qu?ils. amènent à Mofcow, on b
coupe. Ils font aufli coupés dans les grands
troupeaux. On attend qu’ils aient cinq mois,
’. pour leur faire cette opération. Elle confiûei
leur enlever les tefticuîes, & à mettre dans 11
plaie parties égales de fel & de cendre. On
les envoie aufli-tôt aux champs. M. Maçquart
n’a pas obfervé s’il en périffoit beaucoup.
Les Gonaquois, peuples d’Afrique, qui,21
rapjport de M. le Vaillant, facrifient rarement
leurs beftiaux pour les manger, font des mon-
- tons d’une manière inconnue en Europe ; f
î écrafent, entre deux pierres plates, la ParDÎ
que nous leur retranchons •, ainlî compn®*1
ait-il, elle acquiert, avec le tems, un yoluu*
prodigieux, & devient un mets très-délicat.
Voyei, pour la manière de châtrer les agnea^
mâles, le mot Cafiration, Je ne parlera* 1°
|jue de cellè de châtrer les agneaux femelles,
Eour en faire des moutonnes, parce quelle eft
Particulière aux Bêtes à laine.
1 « Les moutonnes font des brebis auxquelles
Ion a ôté les ovaires, dans leur premier âge ,
Pour les empêcher d’engendrer. A caufe de cette
ïàflration, ori les appelle brebis châtrices ; mais
il vaut mieux leur donner le nom de moutonnes,
parce qu’elles font dans le même cas que les
gnou tons. » '
On fait des moutonnes pour rendre les
Irebis aiifll utiles que les moutons, par le profuit
de la laine, & par la qualité de la chair.
B ,» On attend que les agneaux femelles aient
Environ fix femaines, parce qu’il faut que les
fwairesdoient à-peu-près gros comme des fèves
haricot, afin qu’on puiffe les reconnoître
âifément, en • les cherchant avec le doigt.
K » Le Bergen qui fait l’opération, commence par
toucher l’agneau, fur le côté droit près le bord d’une
jfeble , afin que là tête foit pendante hors de la table.
'•«Enfuite il place, à fa gauche, un Aide, qui
fen d la jambe gauche de derrière de l’agneau,
& qui l’empoigne, avec la main gauche, à
{’endroit du canon, c’eft-à-dire, au-deffus des
|*ïgots, pour la tenir en place. Un fécond Aide,
placé à la droite de l’Opérateur, raffemble les
; «Jeux jambes 'd e devant de l’agnean avec la
ïambe droite de derrière, & les contient, en
les empoignant toutes les trois de la main droite,
à fendroit des, canons; L ’agneau étant ainfï
Æjfpofé, l’Opérateur foulève la peau du flanc
« gauche avec les deux premiers doigts de la main
Jauche, pour former un pli, à égale diflance,
3e la partie la plus* haute de l’os de la han-
pie & du nombril. L’Aide du côté gauche
Songe ce pli aufli avec la main gauche, jufqu’à
{endroit des, fauffes-côtes. Alors l’Opérateur
j ? uPe le pli avec un couteau, de façon que
^nncifion n’ait qu’un pouce & demi de longueur,
P fiiiye une ligne qui iroit depuis la partie
<!a plûs haute de l’os : de la hanche julqu’au
®ombril. L’ouverture étant faite, en coupant,
|eu-à-peu, toute l’épaiffeur de la chair, jufqu’à
IHpdroit dès boyaux , fans les toucher, l’Opé-
fateur introduit le doigt index, c’efl —à-dire ,
|elui qui eft près du pouce, dans le ventre
al? e,au> pour chercher l’ovaire gauche ;
» ^ent*> il l’attire doucement au-de-
rs de 1 ouverture. Les deux ligamens larges,
T mat_n,ce & l’autre ovaire fortent en même-
ï ? 18- L Opérateur enlève les deux ovaires. &
les .HgarPens & la matrice. Ën-
j . ^ *ait tr°ls points de couture à l’endroit
L i J n VertUre k Pour la former ; il ne paffe
16 M ^ans la Peau > fans qu’elle entre
E î v ^ e^air : fl laifle fortir au-dehors les
JH® 0llts du fil, ^ il met un peu de graiffe
fur la plaie. Après dix ou douze jours, lorf-
que la peau eft cicatrifée, on coupe le fil au
point de couture du milieu , & on tire les
deux bouts qui paffent au-dehors, pour enle«
ver le fil, afin d’empêcher qu’il ne caufe une
fuppuration. Lorfque cette opération eft bien
faite, les agneaux ne s’en fentent que le premier
jour; ils ont les jambes un peu roides ils ne
tertenr pas, mais*, dès le fécond jo u r , ils font
comme à l’ordinaire.«
Manière de couper la queue aux agneaux t &
motifs qui déterminent a. la couper.
Au mot Agneau, on trouvera la manière
de couper la queue, & une partie des motifs
qui déterminent cette opération. J ’ajouterai ici
feulement ceux ’qui ont été omis ; ils regardent
particulièrement les femelles.
Dans la plaine du Rouflillon, on coupe la
que\ie aux brebis, dans la crainte qu’étant trop
longue, elle ne les gêne en agnelant. Le cordon
Ombilical s’y entortille quelquefois. Le Berger,
quand il efl obligé d’extraire le placenta, a plus
de facilité, fi la brebis a la queue courte.
Pendant l’allaitement, les brebis, en certains
pays, ne fe nourriffent que d’herbes fur pied,
qui font très-tendres, & leur caufent des diarrhées,
Leur queue fe falit, & communique au
pis une partie dés ordures qui s’y attachent.
L ’agneau fe dégoûte, & contrarie du niai aux
lèvres. Le pis diftendu , pâr le lait, & fenfible„
devient douloureux, quand il a été frappé par
une queue chargée de crottes. Dans ce cas, la
brebis refufe fon agneau.
Enfin l’accouplement efl plus facile , li les
brebis ont la queue courte, & on diftingue
mieux les fexes.
Nourriture des Bêtes à laine.
Les Bêtes trafumantes, en Efpagne ; celles q u i
paiffent en Hiver dans la Crau, en Provence,
& en Eté fur les alpes du Dauphiné ; celles
qui habitent, dans cette dernièrefaifon, fu r ie
lommet des Pyrénées, & defeendent enfuite dans
les landes de Bordeaux, jufqu’à Dax, & même
jufqu’aux portes de Bordeaux ; & beaucoup
d’autres ne vivent que des herbes des champs,
qu’elles broutent fur pied. Ces animaux n’entrent
point dans des bergeries. Le droit de libre
pâture étant regardé comme une loi fondamen-
taie en Efpagne, les Propriétaires des troupeaux
ne paient rien, pour les nourrir, pendant prefque
toute l’année.
En France, on n’obtient la permiflion de faire
paître les troupeaux ambulans, qu’au moyen