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partie, de boutons à fruits, fonvent dès la première
année. Si l’effet de ce procédé n’eft pas
affez confidèrable à la fin de la première année,
il faut réitérer l’opération au commencement
du Primeras fuivant, foit fur un autre point
du tronc, ou de la branche, foit fur le même
point. Et en cas de néceffité, on la répète au
commencement de chaque Primeras fubféquent,
jufqu’à ce qu’on trouve l’arbre ou la branche
fumfamment chargés de boutons à fruits. Mais
ordinairement il en fera chargé fufhlamment
avam la fin de la deuxième année. Chaque
fois qu’on réitère cette plaie fur un même tronc,
ou fur une même branche , il faut la faire beaucoup
plus étroite que celle de l’année précédente,
li cette dernière n’a été cicatrifée qu’à
la fin de l’Automne. Ce procédé, employé de
la manière, & avec les précautions que je viens
d’indiquer, eft immanquable, très-prompt dans
fes effets, & fans aucun inconvénient.
L’enlèvement d’une lanière d’écorce, en fpi •
raie, autour du tronc, produit à-peu-près les
mêmes effets que la plaie annulaire. Il le produit,
fus toute la longueur de la lèvre fupé-
rieure de cette plaie fpirale, un Bourrelet qu’on
peut comparer au Bourrelet fupérieur de la
plaie annulaire. Et dans le cas où cette plaie
fpirale feroit trop large, on pourroit être en
rifque de voir tomber dans la langueur , ou
même périr toute la partie de l’arbre , ou de
la branche, qui feroit au-deffus de cette plaie.
Il convient donc, lorfqtfon opère une telle
plaie en fpirale, pour mettre à fruit, de lui
donner la même largeur qu’on donnerait à une
Î>laie annulaire, opérée au même endroit, dans
a même intention. Et la longueur d’une telle
plaie en fpirale, fera plus que fuffifante, fi elle
embraffe une fois & demie la circonférence de
l’arbre.
Ce que j’ai dit jufqu’à préfent contient, &
au-delà, à-peu-près tout ce qu’on trouve d’exaét
dans les Auteurs fur les phénomènes de la production
des Bourrelets- des plaies annulaires -,
fur les autres phénomènes qui accompagnent
cette production, & en font une fuite; fur les
procédés utiles qu’afuggérés I’obfervation attentive
de ces phénomènes; & enfin fur la lumière
que ces phénomènes, font de nature à répandre
lur la phyfiquè végétale. Ce qui fuit, dans ce
chapitre, contient ce que nous penfons qu’on
peut ajouter utilement à tous ces égards.
En l’année mil fept cent quatre-vingt-un ,
je lifois, dans le mémoire de Buffon, ci-deffus
cité, l’expofé de ce moyen, découvert par lui,
& aufîi ci-deffus mentionné, d’avancer la fécondité
des arbres. Mes réflexions, fur cette
leClure, jointes à celles-des expériences analogues
, faites par Duhamel du Monceau , me
portèrent à effayer fi ce procédé, dé jà plaie
annulaire r par lequel on arrête fi entièrement
b o u
fè cours dë la fève defeendante, ne feroit to.
auffi efficace pour avancer la maturité desfrj
qu’il l’eft , d’après les expériences citées ; n0i
hâter la fécondité des arbres. Il eft vrai
ce Mémoire de Buffon, dont le principal
eft l’augmentation de la folidité & de la for|
des bois, & la eonverfion de l’aubier en bol
parfait, contient, relativement à l’influence i
cet arrêt du cours de la fève defeendante,
la maturité des fruits, plufieurs phrafes qui ^
font pas propres à encourager, pour tenterdt
nouvelles expériences à cet égard, & qui w
font, au contraire, propres qu’à perfuader <J
la pratique de cet arrêt ne pouvoit avance!
utilement cette maturité. Car, après avoir
qu’en enlevant une ceinture d’écorce fur
tronc d’arbres fruitiers, il a obtenu , dès lap|
mière année , des fruits hâtifs; affez bons, I
qu’un poirier, fur le tronc duquel il avoit ôté
outre une ceinture d’écorce, tout l’aubier qmj
cette plaie avoit mis à nud, lui a donné dej
fruits prématurés auffi bon que les autres ; ij
ajoute qu’il a fait auffi la même opération liï
le tronc de gros pommiers, & de pruniers vigonf
reux : que cette opération a fait périr, dès I
première année, les moins gros de ces arbres
que les autres, qui ont. réfifté pendant deiixo
trois ans, fleuriffoient, la fécondé ou troifièm
année, trois femàines avant les autres arbres d
même efpèce, mais que le fruit qui fuccédoit
ces fleurs, ne parvenoit jamais à maturité I
jamais même à une groflèur confidèrable. L’en;
femble de ces phrafes ne pouvoit faire attendre
que deftruètion, de la part de la pnM
de cet arrêt de là fève defeendante, parra
aux fruits : n’en pouvoit faire efpérer d’;
réfultat que la perte certaine des arbres, oudes
la première année, ou dans deux ou trois i l
au plus tard, & ne préfentoit, pour toute cJ
penfation de cette deftruétion, que l’efpéra
très-incertaine d’une récolte de fruits prénw
turés, feulement affez bons, pendant la prej
mière année feulement. En conféquence, cel
Auteur n’a, dans les expériences qu'il rapportj
avoir faites au fujet de cet 'arrêt de la fève dei_
cendante, trouvé d’autre pratique qur lui par”
utile à tenter, outre le changement de^ I aubierv
bois parfait,& l'augmentation delà folidité&del
force dubois, que le moyen ci-deflusexpofé,
mettre promptement à fruit les arbres fruitiers
pépins. Néanmoins, en y réfléchiffant, je me JJ
perfuadé qu’il y avoit encore des tentatives a raf
au fujet de l’avancement de la maturité ^.
fruits, & qu’il étoit poffible de tirer, à cet éga i
un parti utile de l’arrêt de la fève
J’ai donc choifi, la même année a' J
la fève, fur un abricotier en efpalier, unebrjj ,
de nature à être retranchée^ lors de la tai jy
au lieu de l’ôter, j’ai enlevé, à fa
anneau entier d’écorce. Il ne manqua pas 1
»■ odirir®
Etre pla
chf
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9
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un Bourrelet à la lèvre fupérieure de
laie. Cette branche a. produit fept abri-
jFe deuf Juillet, j’ai cueilli, fur cette
Enche Ie prem‘er abricot, fi parfaitement
I gû’il n’y avoit aucun point de fa fur-
b & de fa fubftance qui fût dur, ou qui
n la moindre teinte de verd. Le fix*duillet,
■ fix autres abricots de la même branche étoient
*même point de maturité. Alors tous les auges
abricots du même arbre étoient encore en-
■ rement verds, & cet arbre en étoft fort
Iiarçé. Le feize Juillet , il n’y avoit que deux
■ ricots de mûrs fur tout le refte de l’arbre,
& le vingt-quatre du même, mois, la moitié
bes fruits du même refte d’arbre n’étoit pas
Mcore en état de maturité. Ces fept abricots,
lancés, étoient très-fenfiblement plus gros que
lux du refte de l’arbre.
■ J’ai répété, plufieurs fois depuis, la même
Ipérience, tant fur abricotiers que fur pruniers,
■ toujours avec un . fuccès pareil à tous égards.
DeIforte qu’on peut conclure, avec fûreté, de
lus les réfultats que j’ai obtenus, que l’opé-
Ition de la plaie annulaire avance, de quinze
purs au moins, la maturité des fruits qui prominent
au-deffus de cette plaie, & augmente,
en même-tems, la groffeur de ces fruits.
■ J’ai encore répété cette expérience en cette
Béfcnte année mil fept cent quatre-vingt-dix.
Au ; commencement de la fève du Printems-,
[j’aftchoili, fur un abricotier en plein vent ,
raie branche d’environ un pouce de diamètre à
■ bafe, & qui, par fa pofition trop baffe,.étoit
JS le cas d’être élaguée. Aü lieu de la retran-
Ir, j’ai enlevé à fa bafe un anneau entier d’écorce
pnviron trois' lignes de largeur, en prenant
^précaution de ne ïaiffer fur le bois, que cette
m découvrait, aucune parcelle du liber.
El s’eft formé, à l’ordinaire, un Bourrelet à
■ partie fupérieure de cette plaie. Et le dix-
jteuf Juillet , de' la même année, j’ai préfenré
Société- d’Agriculture, à Paris, cetté bran-
Ë dont je parle, portant, au-delà de ce
'Oitrrelet, vingt abricots mûrs parfaitement, &
Bît plufieurs étoient paffék, parce qu’ils étoient,
quatorze, en état dë maturité. Et cette
tmc branche-, préfentéë, 'portoit, en même-
P’s> en deçà, c’eft-à-dire, au-deffous du même
jràrrelet, quatre abricots très-verds, & plus
|s de beaucoup que les vingt abricots mûrs,
■ rvingt abricots murs étoient très-confidéra-
■ ent plus gras que tous les autres fruits du
■ e arbre, qui éroient tous alors encore très-'
F . cet arbre étoit très-chargé de fruits : il
fait ït01j.plufieur?-!ce.ntaines fur fa tête, qui
pns <e dlx ^ onze pieds de diamètre en tout
1 ^ m^me Société d’Agriculture,
pu J BB Juillet fuivant , une autre bran-
■ n Panier de Dauphine, en plein vent. :
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Lorfque çet arbre étoit en fleurs, j’ai enlevé,
à la bâfè d’un dés rameaux de "cette branche,
un anneau- entier d’éçorçe. Et aü moment que
cette braflche fut préfèntéé, lés onze fruits,
que ce rameau a produits, & portoit, étoient
tous mûrs, très-odorâns, très-bien colorés, &
très-notablement, & même deux fois plus gros
que tous ceux du refte de l’arbre, qui étoient
femblables à touségardsàdix-neuf fruits très-verds
& très-durs, que portoient, en même-tems, les
autres rameaux de la même branché préfen-
tée. Cet arbre étoit chargé de plufieurs centaines
de fruits pareils.
J’ai dit, dans le Mémoire que j’ai lu à la
Société d’Agriculture, le même jour, dix-neuf
Juillet 1790, auquel j’ai préfenté la branche
d’abricotiër ci-deffus mentionnée, qu’il me pa~
roîffoit que l’analogie autorifoit à préfumer que
ce moyen de précocité pourrait être employé
avec luccès ,* encore à l’égard d’autres fruits que;
ceux à noyau. Et j’ai ajouté que j’avois quelques
branches' en expérience à cet égard, &
que^ je me propofois de rendre compte' à cette
Société, du réfultat que j’en obtiendrais. En
effet, au Printems de la même année 1790*
avant que la vigne eût encore fait aucune production,
j’ai enlevé, fur une branche de vigne
un anneau entier d’écorce vers la bafe d’un rameau
de l’année précédente. Et j ’ai préfenté
à la Société d’Agriculiure le douze Août de la
même année, cette branche, portant fur ce rameau,
& au-deffus du très-gros Bourrelet qui eft provenu
à la partie ftipérieure de cette plaie , outre
une couple de grappillons , deux grappes de
raifin blanc, parfaitement mûres, & portant fur
un autre rameau, dont l’origine étoit au-defi-
fous de çé Bourrelet, une grappe, dont le
raifin étoit encore très-verd , très-opaque, &
très-notablement plus petit que celui des deux
grappes mures.
Sur Une autre branche, du même cep de vigne,
j’ai enlevé, avant la fleur, à la bafe d’un des
bourgéons, de là même préfente année 1790,
un anneau entier d’écorce. Il en eft réfulté que
la grappe du même raifin blanc, qu’a produit
ce bourgeon au-deffus du Bourrelet oeçafionné
par cette plaie , étoit parfaitement mûre le
même jour, douze Août; pendant que deux
autres grappes, portées par deux autres bourgeons
de 1a même branche, avoient, le même
jour, tous leurs grains fi éloignés de l’état de
maturité, qu’il s’en falloir de beaucoup qu’ils
panifient prêts à devenir clairs. Ils étoient alors
très-parfaitement opaques, très-durs, & trois
lou quatre fois plus petits que ceux de la grappe
mûre. Toutes, les grappes du même cep de vigne
étoient al©rs dans un état de verdeur, de dureté,
d’opacité, de petiteffe, exaélement pareil
à celui de ces deux grappes vertes, & étoient
en très-grand nombre. J’ai auffi préfenté cette