
tilles, des Ifles de la Sonde, des Ifles Molu-
qucs, &c. lorfque ces nombreufes gouffes fèchês
font agitées par les vents violens, heurtées,
choquées, frappées les unes contre les autres ,
elles font un tel cliquetis , un tel bruit, un
tel tapage que tous les oifcaux, tous les animaux
épouvantés prennent la fuite, que les hbmmes
' mêmes qui entendent ce fracas pour la première
fois, quoique fouvent de fort loin , font
fajfis d’e ffroi, s’imaginent entendre un orage
for mer, ou l’approche d’une armée. Suivant
Rumphius, à Java & 'à Baleya, ce bruit fait
raffembler les finges de diverfes^ efpèces, qui
habitent en grand nombre fur & parmi ces arbres.
Le bois de cet arbre eft folide, dur &
pefant : l’aubier eft de couleur pâle ; le coeur
ou bois parfait eft jaune dans les jeunes arbres-,
roux dans ceux qui font plus âgés, noirâtre
dans les vieux, & enfin dans les plus vieux il
eft quelquefois auflî noir que du bois de gaÿac.
Suivant Geoffroi , d’après Plùmier, cet arbre
fleurit principalement en Avril & Mai, dansles
Ifles d’Amérique, & alors il eft fans feuilles,
tomme cela arrive au pêcher, au pommier, &
à plufieurs autres efpèces d’arbres en Europe.
Suivant Profper Alpin, il fleurit principalement
pendant les mois de Juin & Juillet à Alexandrie
& au Caire : cet Auteur l’a aufti vu en fleurs
pendant le mois de Décembre , à Dàmiète» Les
gonfles mûriffent pendant toute l’année.
Cet arbre croît naturellement dans la haute
Ethiopie , autrement nommée l’Abyflinie, dans
l’Egypte & prefqtie dans tous les pays chauds
des Indes orientales. Il croît aufti en grande quantité
dans les Antilles où il fe multiplie de lui-
même rrès-abondamment*, mais il n’eft pas proprement
naturel à l’Amérique •, il y a été franfporté
par les hommes, & s’y eft naturalisé. Rumphius
penfe qu’il n’eft même pas proprement naturel aux
Indes orientales ni à l’Egypte, & qu’il n’eft originaire
que de l’Abyflinie feulement, & principalement
de la côte d’Abex, d’oùfl a été transporté
en Egypte & dans tous les autres pays
où il s’eft naturalisé depuis. Il fonde cette opinion
fur ce que ce bel arbre, trop remarquable,
trop'biaiyant pour nôtre pas connu paf -tout
où il fe trouve , étoit entièrement inconnu aux
Anciens. Il trouve d’ailleurs un veftige de cette
origine dans un jdes noms fous lefquels cet
arbre eft connu dansl’Inde:,favoir, Bava Sanguia ;
nom qtii lui femble indiquer que cet arbre eft
originaire du pays nommé Sahgi ou Zangi ou
Zirîgi, par les Arabes, c’eft-à-dire de l’Abyffinie ,
& principalement de la côte d’Abex. Il y a une
-autre circonftance à l’appui de cette opinion,
c ’eft qu’enr Egypte, fuivant Profper Alpin, celles
des gouffesde cette efpèce de Cftffe, qui y font
regardées comme de la meilleure qualité, y font
nommées Abes ou Abyjjïaes. Quoi qu’il en foit,
et arbre croit & fe multiplie maintenant trèsabondamment
de. lui - même, & fans aucune
culture dans nombre de Provinces & d’Jfles des
Indes orientales, comme par exemple,' à Cam-
baye, dans l’Iflede Java, dans celle de Baleya, &c.
On le trouve dans le Malabar, dans la Perfe,
dans les Ifles de Ceylan, de Banda , de Macaflar,
de Makian , dans d’autres Ifles Moluques, dans
le Royaume de Malacca, &c. Suivant Rumphius,
cet arbre le plaît dans un io l argiileux ; c’eft
pourquoi, à Amboine, il croît beaucoup plus
vigoureufement dans le quartier deHitoë, où les
terreins font de cette nature , que dans celui de
Leytimore dont les terres font fablonneufes.
Cet arbre étant très-connu dans un grand
nombre de pays, & étant très - ufité, a reçu un
grand nombre de noms dont voici les princi-
panx. En Europe, on a nommé fa goufle en
François, Cafte jolutive, Cafte noire, Silique d'Egypte,
Cafte purgative, Canne fiftule , Cafte fiftule ;
en latin ,• Cajjia jolutiva , Cajjia nigra , Siliqua
Ægyptiaca, Cajjia purgatrix, Canna Fiftula, Caf-
Jîa Fiftula', &c. Sérapion la nomme Eiarxainber ;
Aètuarius & les' Grecs modernes jufiwu«t •
Avicenne, les Arabes & les Egyptiens nomment
cet arbre & fa goufle, fuivant Profper Alpin &
Rumphius, Chaïar Xambar, xm proprement,
dit Rumphius Chyar Xambat, nom qui indique
un fruit long de plufieurs empans ; en Perfe &
en Egypte, on le nomme aujourd’hui, fuivant
Rumphius Hyar Xambar, en prononçant la fil—
laht Xam comme-on prononce celle ,Cham en
françois. Les Arabes le nomment Caftaat falust
& Mal, Gùjat falus , noms qui viennent,
par corruption ,*d e Cajfia Fiftula. Ses noms
indiens font , dans le Guzarate , Gramàla,
fur la . côte de Malabar jufqu’au Cap Como-
rin , Condoca, Hafunguia, Bava Sanguia ; dans
le Canara, Bahoo, &c. fuivant Rhéede, dans le
Malabar, en langage vulgaire, Connu, & par
les Brames, Bajo\ fuivant Rumphius, en langage
Malais & de Macaflar, Cajuradja ; à Baleya,
Caju dulang ; à Amboine, les Hollandois le nomment
Trommel ftokken , ce qui fignifie bâton
de tambour ; dans le quartier de Hativé de la
même Ifle, Uttamanu ; dans celui de Hitoë, Pap-
pe pauna, ce qui a rapport à fa goufle & fignifie
quelque chofe avec quoi l’on bat le dûs de quelqu’un;
à Java, Bongoàalas&-Tangkuli ; dans fille
de Ceylan, (Ebcela] ou QZhoelajk c. Suivant le même
Rumphius, le nom Arabe & Perfan , Chyar
eft tiré de la figure alongée de la goufle, & fignifie
aufti un concombre. Le nom latin & grec,
Cajjia, lui a été donné à caufe de la forme de
fa goufle qui reflemble à la forme de la carielie du
commerce dont le nom grec ou latin eft aufti Çaf-
Jîay & vient de fon nom hébreu Ketjîa, qui
eft tiré du mot Ka\ar, qui fignifie écorçer,
Burmann, dans fes Notes fur Rumphius, remarque
qu’il y a tant de différence entre les
différentes figures que les Auteurs ont données
M
de l’arbre qui porte la Cafte du commerce, qu’il
y a lieu d’en conclure qu’on recueille cette Cafte
flir plufieurs efpèces d’arbres, très - différentes
les unes des-autres.
a 1. C asse ( atomifère) à feuilles quin te-juguées,
ovées, prefque cotonneufes, à pétioles cyün-.
driques, fans glandes. Linnoeus, c’eft une plante
de la hauteur d’un homme. Les pétioles de fes
feuilles font parfemés d’atômes ou corpufcules
ferrugineux, d’où lui vient fon nom.
22. Casse de la Jamaïque. ( Caffe poilue ) à
feuilles quinte - juguées, fans glandes ; à ftipules
en demi - coeur , pointues ; à tige étroite, poilue.
Linnoeus. Les folioles de cette plante font glabres;
les fleurs n’ont que cinq étamines; les gonfles
font oblongues & comprimées.
15. Casse (lancéolée) à feuilles quinte-juguées,
à folioles lancéolées égales, à glande fur la
bafe des pétioles. M. La Marck : fuivant Forskal-,
Flora Ægyptiaco Arabica , p. 85, n.° ' 58. Séné
d’Alexandrie ou à feuilles aigues. C. Bauhin.
Tourmfort. Les deux bords des folioles de cette
éfpèce font égaux: c’eft ainfi qu’il faut entendre
ces, mors, à folioles lancéolées égales ; car, fuivant
le même Forskal, hts folioles de chaque
feuille ne font pas-égales les unes aux autres;
mais celles du fommet font plus grandes que celles
delà bafe de la même feuille : les plus grandes ont
environ un pouce de longueur: elles ont toutes un
pétiole propre très- court : la glandé qui eft fur
la bafe de chaque pétiole commun eft feflible.
Les fleurs font difpofées en grappes longues,
terminales, & font de couleur jaune pâle. Forskal
n’a point vu les gouffes mûres : celles qu’il
a vues n’étoient pas parvenues à leur grandeur
naturelle : elles étoient linéaires, velues, courbes,
comprimées. Cette plante croît naturellement
dans l’Arabie heureufe ou l’Yémen : Forskal l’y,
a trouvée abondamment, autour de la Ville
de Môr, à peu de diftance du port deLohéia.
On lui a affuré que c’étoit je vrai Séné de la
Mecque, connu & employé en Médecine dans
toute l’Europe , fous le nom de Séné d}Alexandrie
; & les feuilles du Séné de la Mecque qu’il
a vues expofées en vente à Kahira eu au Caire,
étoient parfaitement femblables à celles de la
plante dont il s’agit ic i, & n’étoient aucunement
ové«s comme le dit la phrafe fpéçifique de Linnoeus.
On lui a,affuré que i’on franfpor-tè chaque
année du territoire d’Abu Arifch, à Djidda ou
Jedda, une grande quantité de ce Séné de la
Mecque, qui fevend enfuite à Kahira, d’où il
pafle enfuite en Europe. La defeription que
Geoffroy dqnne du Séné d’Alexandrie, fe rapporte
à cevque dit Forskal. Geoffroy ajoute ce qui
fuit : cette efpèce de Caffe que l’on nomme aufti
en France Séné de Seyde, parce qu’il vient aufti
«e ce port de Syrie, ou Séné dt la Balte, du
tom de l’impôt mis fur cette denrée par le
grand Sultan de Turquie, s’élève à fa hauteur
de trois pieds ; les pétioles communs des feuille8
ont plus d’tme palme ou de huit pouces de
longueur, & portent chacun depuis quatre juf—
quà'fix paires de folioles qui ont moins d’un
pouce de longueur fur trois- lignes de largeur
font d une faveur glutineufe, légèrement amère,
un peir nauféabonde : la goufle eft très - comprimée
. oblongue, le plus fouvent courbe, mem-
braneufe ; partagée dans fa longueur en plufieurs
loges par autant de cloifons tranfverfales fines ;
chaque loee contient une graine prefque fem—
blableà celle du raifin, applatie , longue de deux
lignes, pointue d’unbout, obtufe de l’autre bout:
cette efpèce fe cultive en Perfe, en Syrie, en
Arabie, d’où on la rranfporte en Egypte au-
Caire & à Alexandrie , puis de-là en Europe,
23, B. Casse lancéolée linéaire. Forskal rapporte
avoir trouvé à Lohéia, dans l’Arabie heureufe,
un autre Séné du commerce, nommé Séné
| "de la Mecque, dont les feuilles ont jnfqu’à fept
paires de folioles linéaires-lancéolées. Suivant
Geoffroy, on rencontre quelquefois dans le commerce
en Europe, un Séné,' nommé Séné de la
Mecque, dont les feuilles font plus étroites- plus
longues , plus pointues & moins eftimées que
! celles du Séné d’Alexandrie. Eft-ce une variété
J de ce, dernier Séné , ou bien une efpèce dif-
j tinfte *
24. Casse d’Italie. Cafte (S én é ) à feuilles
fexjuguées, prefque ovales, à pétioles fans glandes.
[ Linnoeus. Séné d’Italie ou à feuilles obtufes.
j C. Bauhin. 1 ournefort. Cette efpèce eft fort dif-
[ tinéle de la précédente, n.° 23. Elle s’élève
• à la hauteur d’un pied Si demi. Ses folioles font
; plus grandes & plus larges que celles de l’efpèce
précédente, elles font très-obtufes, & les deux
côtés de chacune font inégaux à leur bafe. Les
fleurs font difoofées en grappes axillaires &
terminales, & fuivant Miller , font plus grandes
& d’un plus beau jaune que celles de l’efpèce
précédente. Les gouffes reftcmbleht à celles de
l’efpèce précédente , font membraneufes, comprimées
& arquées, mais font plus étroites. Les
femences font comprimées en forme de coeur
& noirâtres : il y a une variété à femences
blanches. Dans le climat de Paris, lorfque l’ac-
croiffement de cette efpèce eft hâté au Prin-
tems , elle fleurit en Juillet , & l’on peut en
obtenir de bonnes femences. Cette efpèce eft
employée en, Médecine fous les noms de^ Séné
d’ Italie 8l Séné de Tripoli ; mais elle eft bien
inférieure en propriétés à l’efpèee précédente.
On la cultive dans les champs^ en plufieurs
Provinces d’Italie , comme par exemple, dans
la Pouille, dans les environs de Rome, dans la
Tofcane , dans le Florentin , dans Fétat de
Gênes, &c. On la cultive encore en pleine terre
dans d’autres pays chauds de l’Europe. C ’eft une
plante annuelle.
F f f f f i j