
du poids qu'on defire. On les marque avec ;
de l’ocre, félon leur piaffe.
Toute la laine-, qui fort d’Efpagne , eft dé-
graiffée, comme je viens de le dire, avec de
l ’eau chaude feulement, fans addition de fevon,
ni d’urine. A Guadalaxara, Ori aiguife d’urine
l ’eau, qui fert à laver les laines de la Manu-
faélure feulement-, on y procède mal dans le
dégraiffage.
En France, la plupart des Propriétaires de
troupeaux vendent leurs laines en luint. D autres
tes lavent après la tonte, ou attendent les
grandes chaleurs,- parce qn’albrs l’eau lés dëcraffe
mieux). On les bat, comme en Efpagnè, pour
en faire for,rir la pouffière, on en ôte les plus
groffes ordures. On lave dans une eau courante,
& mêlrie dans une eau dormante , pourvu
qu’elle, foit propre. La laine eft mife dans
de grandes mânnes, qü’ôé enfonce dans l’eau,
on la remue bien, avec un bâtôn , oh la
laiffe égoutter, & on la fait Lécher à l’ombre |
plutôt qu’au foieil. Lé lavage à l’èau froide
fuffit pour dëbarràffer les laines de la plupart
des ordures qu’elles contiennent ; mais il rie lui
enlève pas cette graiffê naturelle .produit de
là tranlpiration des animaux, qiiori appelle
fuint. Là laine e'rt fo nt, ou la laine furge eft
la laine non dégràiffée, -
On fépare unè partie du fu in t, en laiffant
.dégorger la laine dans l’eau tiède. Cette fùbf-
tàrice huileufe, plus légère que ï; eau, s élève
à la furface -, on la ramüffe ,'on l'a fait égoutter
à travèrs un linge, Dans Cet état , on
donne au fuint le nom à'gjipe. Il peut férvir
d’origîtent âdouciffant.
Pour enlever aux laines, fur-tôtit à celles
qui font fines , frifées & ferrées ,■ le furphis du
-fuint, on les lave en outre au bain ffuriue.
On emploie un tiers d’urine, & .deirac tiers
d’eau • on augmenté la quantité d’urine , à proportion
de la difficulté qui fe rencontre à dé-
graiffer entièrement les laines. Ata fortir de ce
bain, ‘ on les lave encore à l’eau claire, & on
les fait fécher fur des claies, ou fur une herbe
qui n’ait pas de faleté.
Je rapporterai enfin un troifième procédé,
qu’employé en Berry M. de Barbancdîs, qui
ÿ des Bêtes à laine/ d’Efpagne, pour laver convenablement,
& à peu de frais, lés laines de
ces animaux. Lorfque les Bêtes forit tondues,
On étend les toifons fur une plaie, pour ôter
fout ce qui les. faljt ; on fépare la laine , qui
eft autour dés oreilles., au Bas des èuiffes, de
îà queue, & près du derrière. Cette féparar
tâon s’appelle ebourgeùnner. On vend cette mau-
vaife laine à des fabriques communes. Chaque
toifon en eû diminuée de trois onces.
On plie ce qui relie de la toifon Comme
des mouchoirs, de manière que lès flocons ne
fe féparent pas-, oh les fait tremper dattè Peau de
rivière, en les mettant dans des baquets fervan^
la leffive de linge ; on les frotte, on les retire
on les lave enfuite, à la rivière même, dans
des paniers, afin qu’il ne s’en perde- pas ; on
les prefle-, ton les;remue, jufqu’à ce que l’eau
forte claire des paniers ; on les fait fécher j
fur des draps, au foieil,
Cela fait, il faut faire chauffer, dans des!
chaudefpris, i la première eau, dans laquelle
toifons ahrorit trempées. Quand elle fera chaude,
à' y pouvoir tenir la’ main , on prendra fix toi-,
feras, qft’ôri mettra dans un baquet, On ver-
fera demis Teau chaude ; on preffera, on re-1
muera , de 'manière cependant que les toifons
ne fe Confondent pas. Elles'doivent fe tenir
comme des écheVaux de fil, La laine étant!
pyopre, on tordra chaque toifon, qu’on entortillera
bien ferrée, comme un peloton de fil,.
On fe fer vira toujours dé cette eau grafie, pour
. dégraifferf on y ajoutera de l’eau de rivière,
fi on en a befoin.
On ira enfuite laver chaque toifon à la rivière,
une à une , dans un grand panier. On la tordra
, quand il n’en fortira plus d’eau grafie,
& on la pelotonnera en paqiiet.
On la fera fé*cher au grand air, fur des cordes
tendues un peu -bas.,& on foignera les toifon»
commè on foigne cfii linge, Chaque toifon fej
tiendra toujours comme un écheveau de fil. |
Ce procédé a beaucoup de rapport avec celiit
des Efpagnols. Il en diffère , i .° Parce que M.|
Barbancois c.onfery.e toujours fes toifons entières.
2.0 Parce qu’il fe fert de l’eau, dans te
quelle il a d’abord fait tremper, à froid, la laine,
pour en laver à chaud les toifons. Ce procédé n exige
ni grands infiniment-, ni grands préparatifs, &
convient mieux à de petites quantités de laine
En Efpagne , il faut néceffairemenf de grandi
étàbliffemens en ce genre.
Le ’ déche t , que les lamés ' éprouvent au lavage,
varié, félon les années , la qualité dfi
laines, & T état des animaux. S’il n’a pas plu ven
le tems de la tonte , fi on n’a pas lavé*à dos,
fi on a niai nourri, fi les laines lont
elles perdent plus que dans lès cas contrairs
Les laines, communes non lavées à dos, diminue0
de moitié; les plus’ fines du Rouffillon, ®
Languedoc, du Dauphiné & du Berry foup0,
un déchet de plus des deux tiers.
, Des Chenilles teignes.
Les laines font fujettès à- être gâtées par *
infectes ; cès infeétes font des teignes.
« On donne ce nom à des chemUô'Fi
dujtes par. des papillons, que bon appelle ^
des teignes. Pour les diftinguer des » ÎÇ J
feétes du même nom , on les nomme Jjr
communes. La plupart des geüs^rennenties
Rfileî-teignes pour des vers, quoiqu’elles aient
■ L jambes comme les autres chenilles, tandis
Jme "les vers n’en ont point. Les papilions-
Kignes fe trouvent dans les maifons où il y
a dès meubles pu des magafins de laine f ils ont
I-peu-près trois lignes de longueur ; ils font dé
Couleur jaunâtre luifante. On les voit voltiger
fflepuis || fin d’Avril jufqu’au commencement
■ ’Qélobre, un peu plus tôt ou plus tard fui-
®ant que la faifon eft plus ou moins chaude,
pendant tout ce terrn les papillons - teignes pon-
Sent fur la laine de petits oeufs que l’on apper-
loir difficilement. C’eft de ces oeufs que fortent
les chenilles qui rongéht la laine. Elles éclo-
■ fent pendant les mois d’O élobre, de Novembre
Â'de Décembre. Elles font très-petites , & prennent
peu d’acçroiffement pendant tout ce tems y
& même elles font engourdie^ lorfqii’il fait de
irands froids. Mais,. pendant le mois de Mars &
le: commencement" d’A vr il, elles -grandiffent
promptement ;. c ’eft alors qu’elles coupent un
frànd nombre dp filamens de laine pour fe
nourrir & fe vêfir. » .
B u On eonnoît des chenilles - teignes quand
pin voit fur les toifons de laine ou dans d’au—.
«es endroits , de petits fourreaux .d’environ une
figne de diamètre fur quatre ou cinq lignes .de
Rngueur & rarement fix ; ils font un peu ren -
lé s dans te milieu & évafés par les deux-bouts.
Il y a, dans chacùn de ,ces fourreaux , une che-
flilîe qui s’y tient à- couvertr parce qu’elle n’efi
îevêrue que d’une peau blanche, mince, tranf-
Éprenté ’& .délicate. L a cheifille-teigne avance !
.<n tiçrs de la longueur de. don corps au-rdehors
dekfon fourreau , par un bout ou par. fl’autre ,
èfer elle .peut' s’y retourner dans le milieu, à
iïpdroit où il eft le plus large : elle peut aufii
fPpbrfir prefque uuiièrement. Il n’y refie que !
la partie pqftérdeure du corps ■ & les .deux jamr i
fies (ie.derrière .qui s'attachent du fourreau, de *
que ila .i0heini]J;e peut L’entraîner, avec..elle j
tfriqu’elle marche par . le moyen de fes autres j
îaimses. Elle -n’a que le .tiers de fon corps au- j
®hors du fourreau iorfqu’elle coupe les fila-
;4feîls dé là lame ; .elle fe contourne en diftèrens
ff^s ,P°ur atteindre un plus grand nombre de
P | filamëhs. Elle fe nourrit de la fubfiance de
’ ^ J||lp l’emploie duffi pour former &
H grandir%n-fourreau, 'c^efi pourquoi-il
■ |de même couleur que là laine. On ne peut
JÉ < 0lLter n> ait eu , ou qu’il n’y ait
K 0Fe éhenillés-teignes clans la laine,: tori-
K n y v°ù,dc leurs excrémens-, ou lorfqu’ils
K rc.pand«s au-deffoüs. Ces excrémens font
^Epen^ graiiij arides & anguleux, -gris lorf-
K a aine, efi blanche noirâtre lorfqii’eire eft
«elcctte couleur, » H
leur j;or% t Je? chenilles -teignes ont pris tout
V ccî°^tiiient y la plupart (jiùttent
fons pour fe retirer dans de petits coins obf-
curs du magafin de laine, & s’y attachent par
les deux bouts de-leur fourreau,.ou fe fufpen—
dent au plancher par un feul. Alors elles ferment
les deux ouvertures du fourreau & changent
de forme & de nom ; on leur donne çe>-
lui de chryfalide. Elles reftent dans cet état pendant
environ trois femaines; ; enfuite ces infectes
percent Le bout de leur enveloppe qui eft
le plus près de leur tête, & ils fortent fous la
figure d’un papillon., n
« Jufqu’à préfent on n’a trouvé aucun moyen
de garantir entièrement la laine du dommage
des chenilles-teignes mais on peut l’éviter en
partie. Faites enduire en blanc les murs & plafonner
4e plancher du magafin où l’on garde-des
laines, afin que les papillons - teignes, qui fe pp-
fent fur ces murs & fur ce .plafond foient plqs
apparens. Placez les laines fur des claies, qui’
fuient foutenués à un. pied au-defiùs du carrelage.
Ayez un bâton terminé comme un fleuret
à lune dé fes extrémités par un houtpn rembourré,
Lorfque vous entrerez dans le magafin,
vous frapperez avèc rie bâton fur les lames
& fous jes, claies pour .faire fortir les papillons-
teignes ; ils s’envoleront ; ils iront fe pofer fur
les murs & fur le plafond r où il fera facile dp
les tuer en appliquant fur eux. l’extrémité du
bâton qui eft rembourrée. En répétant fouvent
cette recherche depuis la - fiç d’Avril jnfqu’au
commencement d’Ociobpè , pn détruit umgrânÿ
f.rmmbre de papillons-tpignes r on prévient leur
pbnte., 'ou pn ne ,1a laiffe pas achever: par
conféqùent il y.;a beaucoup moins de .chenilles
rongeufes dans la laine. Un enfant eft capable
de la foigner de cette manière. >r
On fait que la laine que l’on garde en fuint
eft moins fujette à- être gâtée par lès teignes ,
•que celle qui a été dégràiffée ou feulement, lavée.
Si on place dans un magafin .de laines en
fuint -quelques mauv-aifes Toifons lavées, des p apillons
teignes y feront leur ponte-p ar préfér*
rence. Si Ton braie ces toifons avant .-que les
chenilles en fortent pour prendre la forme de
chryfalides , on détruit les chenilles & l’on em-
pêfhe'; qu’elles ne-'t'deviennent des papillons-
teignes' qui produirpienr un grapd .nombre
d’oeufs, n’
a On a prétendu, que Fodèür du camphre ou
rôdeur de l’cfprit de térébenthine étoientâes pré-
fervatifs pour la laine contre les -teignes. Elles
peuvent être détournées par ces odeurs, fi elles
trouvent fi fe placer fur des raine» qui ne les'
aient pas ; mais, à leur défaut, .elles s’accoutument
à l’odeur du5 camphre & dé la térébenthijie. »•
. a. La yapefir du fpufre fait périr les chenilles--
-teignes; mqis il-faùt^que cette vapeur foit con-
pentrée dans.un , petit ,.efpape. Elle fie pourroitr
pas^ l’être dans .un magafin de làines y d’aiileurÿ