
pays aufli froid , elle a cependant befoin des
fecours de l’orangerie pour fe conferver l’Hiver
dans notre climat, fuivant M. Aélon qui la cultive
en Angleterre. Elle fleurit depuis fe mois ce
Juin jufqu’au mois d’Août.
Obfervation. Les Calcéolaires font en général
plus fingulières qu’agréables. On ne les cultive que
dans les Jardins de Botanique, (Af. Tnoviv. )
CALCUL. Il y a trois manières de calculer
en Agriculture, ou plutôt, il y a trois objets de
Calcul, favoir, l’agrément lëul, l’agrément &
l’utilité réunis, & l’utilité feule.
Les gens riches peuvent ne calculer que leur
agrément, dans ce qu’ils font -, on en voit qui
n’épargnent rien pour faire élever & foigner
des fleurs ; d'autres ne veulent que de beaux
gazons -, l’éducation, ou la plantation des arbufles,
eft l’occupation de ceux-ci -, ceux-là fe plaifent
dans quelque autre branche de culture, qui n’a
pas plus de valeur réelle. Les Amateurs de Jardins
Anglois, qui dépenfent beaucoup pour changer le
fite naturel d’un pays, & le couvrir de plantes
étrangères > font dans la même claffe. Leur Calcul
eft tout Ample, ils ont voulu s’amufer -, s’ils
y ontréufli, en ne dérangeant pas leur fortune,
leur Calcul eft bon.
On Calcule fon agrément & fon utilité, quand
on fait quelque opération, dans la vue de découvrir
une vérité qui intéreffe , ou d’en retirer
un produit quelconque. Par exemple, une expérience
,_qu’on a conçue & dont on efpère
que le fuccès fera un moyen d’acçroiffement
de fortune, fuppofe un Calcul ^d’agrément &
d’utilité. Un propriétaire aifé, qui pour rendre
■ fer vice à de pauvres ouvriers, les occupe à des.
confections de chemins , capables d’améliorer les
pofleflions , on à des plantations, qui ne profiteront
que dans l’avenir, pour lui, ou pour les en-
fans , mais qui ne le dédommageront pas de fes
frais, travaille en partie pour fetisfaire fon coeur
. & ne lai fiera pas que d’en rètirer quelque chofe.
On auroit tort de blâmer fes opérations: il faut
connoître fes motifs.Pans fes Calculs,s’il a fait en-
trer la bienfaifançe , il a rempli'fon but.
L’entretien des potagers coûte fans doute plus
que fi on achetoit les fruits & les légumes au
marché. Il en eft dç même de cç qu’on fait
venir dans les ferrçs chaudes, fous les chaffis,
&c. mais à l’avantage d’avoir abondamment des
produCHops de fa pofleflion fe joignent le plaifir
des yeux , un amour de propriété, qui eft dans
le cceur de tous les hdmmes, & une forte de
fatisfaélion qui naît de voir orner fes appar-
temens, & couvrir fa table des fleurs & des fruits
de fes jardins, Cet agrément doit faire partie des
Calculs.
Enfin, le Calcul le plus ordinaire & le plus
raifonnable eft celui, qui a pour objet l’utilité
feule. C’eftdans celui-ci que les erreurs peuvent
déranger les combinaîfons. S’il y a des Cultivateurs!
qui calculent bien, il s’en trouve aufli, quinçl
favent pas calculer. Je fais bien que les intempéJ
ries du ciel, les fléaux qui défolent les récoltes I
les incendies, les mortalités de beftiaux, accidcnjl
indépendans du foin & de la vigilance du cultwi-l
leur renverfent quelquefois la fpéculation hl
mieux fondée ; mais ces accidens font rares, M
l’on ne voit que trop fouvent des Fermiers-oui
Météyers, d’ailleurs foigneux , fe ruiner fanil
éprouver ces accidens, dans des exploitations,1
ou fie font enrichis leurs prédéceffeurs. C’eftfiauttl
de favoir calculer, c’eft faute de faire desavanJ
ces, ou des facrifices à propos, & de bien jugel
des rentrées poflibles par les mifes en-dehorsi
Beaucoup de Fermiers font affçz mauvais culti-l
vateurs, pour comparer feulemenr le profit d’uncl
récolte dans une terre améliorée avec les fraisl
quelles a coûtés. Ils ne penfent pas quecettl
terre rapportant davantage les années fuivantesl
une partie du furplus de ce produit doit entre«
en compenfation avec les premiers frais. Un Fer-!
mier intelligent eft comme un Négociant. 11 doit!
former fes combinaifons d’après de bonnes bafesl
&. mettre en ligne de compte les frais & touslej
profits préfens .& à venir. {M. VAbbe j£ssirs.|
CALE. On appelle ainfi en Jardinage, ul
morceau de bois mince, un fragment de tuilêl
d’ardoife, de brique , une pierre plate, &c. Onffl
fert de Cales pour mettre de niveau, les pots!
les caifîes &les gradins, lorfqu’étant placés fu«
des terrains irréguliers, à leur furface, ils peu«
chent & produifent un effet aulfi défagréable al
l’oeil, que nuifible aux végétaux qu’ils contien«
nent ou qu’ils fupportent. , ^ r
Les Cales ont un inconvénient , quandol
s’en fert pour *.aler des gradins en plein airi
ïorfqu’il pleut & que la terre eft détrempée!
la pefanteur dés fardeaux quelles fupportent le!
fait enfoncer en terre , & les caiffes ne fon!
plus de niveau. Il faut en remettre d’autres & rj
pérer cette opération chaque fois qu’il tomba
de l’eau. On peut remédier à cet inconvénient!
en plaçant des dez quarrés en pierre, fçell« I
niveau fur lefquels pofent fes pieds des cailles oui
des gradins. En tenant ces dez de,douze à quinze*
lignes plus élevés, que le niveau du terrain j
les pieds des caiflesfe confervent beaucoup P11!
Jong-tems que s’ils pofoient fur terre, &• °!
économifedutems. Voyei C a l e r . (M. Teovii^
CA LÉ A . C a l e a .
Genre déplantés de la famille desCoRYjJ
bif.ères, à fleurs conjointes de la divifion. J
floffculeufes, quia beaucoup de rapportai l
Santolines. Il comprend des plantes berna ■
& de petits arbriffeaux «rui fe trouvent J
Jamaïque, dont les feuilles font °PP° é^jjl
dont les fleurs font renfermées dans un ^1
mimnini, embriqué d’écailles oblongues & un
eu lâches. '
Les fleurons, quicompofent la fleur,font portés
Ifur un réceptacle-commun; chargé de paillettes.
Ils font tous hermaphrodites, en forme d’en-
lonnoir, réguliers, & ont leur limbe divifé en
Binq parties. ' • *
Les femences qui leur fuccèdent font obloh-
g™es & entourées par le calice commun.
iLe peu d’apparence de ces plantes dédommage
faiblement des foins qu’exigent leur eul-
■ ure. On n’en connoît encore que quatre efpèces.
Efpèces.
î i Caléa de la Jamaïque.
Cals A Jamaïcenjis.. L. ï) de la Jamaïque.
i . Caléa corymbifère.
Cals A oppofitifolia. L. de la Jamaïque.
3'. Caléa paniculé.
' Calea amellusL. ï> de la Jamaïque,
Caléa à balais.
Cal s a feoparia. L. ï> de la Jaraaïqife.
i. Caléa de la Jamaïque. Cette efpèce offre
Jne nouvelle preuve des inconvéniens qui ré~
|iltent d’une mauvaife nomenclature. L’épithète
Jamaïcenjis, par laquelle on la déligne, ne
[ui convient pas plus particulièrement qu’aux
lois autres efpèces, puifqu’elles fe trouvent
Butes à la Jamaïque, où elles croîflent natu-
ellêment. |$*
[Quoi qu’il en foit, cette efpèce s’élève à fix
lu fept pieds, & même davantage. Ses tiges
■ ont ligneufes, menues, cylindriques & légère-
çnt cotonneufes.
[Ses feuilles font ovales, un peu dentées,
amies de poils qui les rendent rudes au toucher,
là trois nervures.
[Les fleurs font terminales. Elles naifîent fou-
Int trois enfemble, fur des pédoncules aufli
ings qu’elles. Leur calice, & les paillettes qui
Iparent les fleurons, font colorés, & la corolle
d’un jaune teint de fang.
Les femences font couronnées d’aigrettes rudes,
p longues que la fleur.
Jïliflorique. Cette plante croît naturellement
■ h Jamaïque. Elle fe trouve principalement
T*ns les bois qui garniflent l’intérieur de l’Ifle.
fown qui l’y a obfervée, la défignée fous le
im de grande Santoline cotonneuje.
p Caléa corymbifèje. Cette efpèce eft her-
Kéei Sa tige s’élève à deux pieds & demi &
|me plus. Elle eft droite, légèrement velue,
Fej & un peu roide.
JLes feuilles font oppofées, & quelquefois
pes,lancéolées, entières & à trois nervures.
P fleurs naiffent de l’extrémité de la tige, ou
[ s *es aiffelles des feuilles fupérieures. Elles
culture Tome IL
font blanches, & forment des corimbes ferrés,
portés fur de longs pédoncules.
Les femences font dépourvues d’aigrettes, &
les paillettes intérieures du réceptacle, font plus
longues que celles qui garniflent les bords.
Uiftorique. Cette plante eft également originaire
de la Jamaïque. Elle croît ordinairement
fur les montagnes peu élevées de Linguenca.
Brown l’appelle petite Santolinc droite, à feuilles
étroites.
3. C aléa paniculé. Cette efpèce ligneufe
ne s’élève ordinairement qu’à deux ou trois pieds ;
mais ,lorfque fes branches atteignent celles de
quelque arbre voifin, elles montent jufqu’à huit
à dix.jpieds. Elle a le port de l’eupatoire.
Ses feuilles font lancéolées , épaifles & glabres.
Les branches font terminées par des panicules
de fleurs jaunes, dont le calice eft très-court.
Les femences font fans aigrettes.
Hijlorique. Cette plante, qui croît aufli à la
Jamaïque, eft très-commune aux environs dç
la rivière Bull-Bay, & fur le revers des collines
de la paroifle du Port-royal. Brown lui a donné"
le nom de Amellus fuleris longis.
4. Caléa à balais. Cette efpèce, qui fe trouve
aufli à la Jamaïque, eft un petit arbriflèau donc
le porta quelques reflemblances avec celui du
Spartium Jcoparium de Linnée.
Ses branches font anguleufes ; oppofées,
fouvent ternées , fous - divifées en rameaux
alternes., très-nombreux , & prefque égaux en
longueur. Les feuilles font très-petites, glabres,
prefque linéaires & obtufes. Les fleurs font
aufli très-petites. Elles font blanches, folitaires,
fefliles, & naiflent à l’extrémité des rameaux.
Culture. Ces plantes n’ont point encore été
cultivées en France ; mais elles le font en Angleterre
; voici de quelle manière Miller dit
qu’on doit les élever* Elles fe multiplient de
graines que l’on fème dans les premiers jours
du Printems, fur une couche chaude, fous
un chaflis vitré. Lorfqu’elles commencent à
pouffer, on les traite délicatement. Il faut
avoir foin de renouveller l’air tous les jours,
à proportion de la chaleur extérieure, & de
les arrofer fouvent, mais légèrement.
Ce premier traitement convient à toutes les
efpèces. Mais, lorfqu’elles ont acquis plus de
force, elles exigent un régime différent. Le
jeune plant des efpèces 1, 3, 4, doit être mis
féparément dans de petits pots que l’on enterre
dans la couche de tan de la ferre chaude, en
obfervant de les tenir à l’ombre, jufqu’à ce
qu elles aient formé de nouvelles racines. Oa
les traite enfuite comme les autres plantes exotiques
des mêmes climats. On les arrofe fouvenc
pendant les chaleurs, & chaque jour on leiur
donne de Pair frais.
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