
Dans le climat de Paris, cette efpèce fe multiplie
& fe cultive àiiflVde la même manière exactement,
& dans la même terre que l’elpèce, n.° 20.
Elle eft anin délicate que'cette dernière. Elle demande
des arrofeméns copieux pendant les grandes
chaleurs. Avec beaucoup de foins & d’exaélitude
on parvient à la conferver long - tems dans les
ferres-: elle y fleurit annuellement, mais elle n’y
produit point dè feménees. ---- • ' ;
La Cafte du Bréfïl,' n.° 40, fe multiplie & fe
cultive dans le climat de Paris, de la même ma- *
nière aufft que îa Cafte des boutiques, n*° 20,
eft aufli délicate = y fleurit auffi fans y firuClifier-:
La Cafte Créteil,g^n.° 4 1 , la Cafte glanduleufe,
n.° 42 , & là Cafte clignôttante, n.° 46, fe multiplient
& fe 'cultivent dans le climat de' Paris 5
comme les'.efpèces, n.os 7 , 18 & 10. Ellès ne
doivent' jamais être expofées en plein, air dans-ce
climat. Comme l’efpèce, n.° 46, fe plaît princir
paiement en terre forte dans fon pays natal, on
fera bien de lui donner , dans le climat de Paris,
une terre pareille à celle indiquée pour 1 tïpèce,
n.° i c . Cès trois efpèces fleuriflent dans ce der- .
naier climat ', & lorfqu’ellesfonr femées de bonne
heure & avancées au Printems, elles y prodùifent
des femencés mûres. • . * ' ' ' ; ■ n i • ;
M.Thouin m’aflùraqu on multiplieencore celles
des efpèces de cè genre defquellès j’ai expofé' la
culture, comme il fuit, favoir : 1 .° les efpèces
fruticantes par marcottes-, 2.0 les mêmes efpèces
par racines- 5.0 lés éfpèçes'herbacées vivaces par
oeilletons enracinés, : 1 -° on fait les marcottés en
Mai & Juin,’ avec dés branches daine belle venue
6 de deux atri, qu’on entaillé dë la même manière
que Ibs' marcottçs.d’oeillet : cès marcottés-, :
étant bien 'tràitéèsVfoht;dfdinaîrëménf aftez enra- ;
cinées ail Primëms fui Vaut pour être fevrées:
2.0 Qn cnoifiti au pied de èhaque plante-vigou-
reufe, une racine cl’uné force médiocre; on coupe
cette racine, ,én Mai, tout pires du tronc -, fans la
déranger | On met à découvert un ou deux pôucës .
de longueur dé. l’extrémité fupë.rieùre^de cette
racine : cette.portion expoféè 'ahift a i air produit
ordinairement une où .plufteurs. tiges': les plantes i
obtenues aiùftfë transplantent au Printems luivânt-, ]
5.0 les oeilletons enracinés dés efpèces herbacées j
vivaces fe plantent au Printems. r •
On ignore la culture la plus convenable- aux j
autres efpèces dans le climat dé Paris.
Ufages- !
Suivant Rhéede, les- feuilles-de la Cafte de .
Malabar, n.° 6, étant pfléé^-Rappliquent u t i - •
lement fur les piquùrés d’abeilles : les femences ‘
pilées & mêlées avec le fafran, s’appliquent avec '•
avantagé fur les pullules & les ulcères-, les mê-
mes femencés' pilées ,& mêlées avec le fia g de la
plante qu’il nomme Veétlà—Caitu, s appliquent
Utilement contre lès panaris.
Suivant Ru mphius, la Cafte à goùftesmenues'j n.°
7 çft, pour les habitans de l’Ifle de Balev a y prie I
herbe potagère qu’ils emploient à-leur nourritm-e/
nonobftant fon odeur très-défagréable-& très-forte.
J ’ai dit plus haut que M. de Çofligny s’eft
aftùré que la Cafte à neélaires, n.° 7 , eft certainement
le Tavera- Ve rai ou Tarerai- Ver ai des Indiens
de la côte de Coromandel. Suivant cet Auteur
, àans 'Y EJfai cité fur la fabrique de l ’indigo.
les .toiles'de. coton teintes en bleu d’indigo ,: par
les Indiens de cette côte*, font 11 ne des branches
les plus confidérables de leur commerce : elles
font plus-belles. mieux teintes 'que celles du
Bengale & de Surate : leur couleur, a plus de
fixité que celle des fiamoifes de Rouen. L e procédé
des Indiens, pouf opérer Cette belle & fo-
lïde teinture , eft décrit dans l’Effai' cité 5 on y
voit, pages 341 & fuivantes, qu’un des ifigré-
diens les plus indifpenfablémenr néceftaires.pour
aéuftir à teindre la toile en bleu d’indigo, fui**
vaut ce procédé, eft une décoftion de graines
de Tavera- Ve rai que l’on jette, avec lés graines
dans le bain de teinture, lorfqu’il commence à
entrer en fermentation. L ’addition de cette
décoéfion fait .prendre à- ce bain un degré fuffi-
fant i de fermentation putride ou alkalefcente, &
fait que. la matière colorante fe dépofe & fe fixe
convenablement fur la t,pile. Voyeï le livre cité,
i Suivant SJoane, les feuilles de ja Çafle; à-feuilles
échancrées, .n;° 11,, s’emploient, àla Jamaïque, à la
place de celles du Séné , c’eft-.à - dire, delà Cafte à
feuilles lancéolées, n.” 23, & de la Cafte d’Italie, n.?
24, & elles purgent bien : lapulpe des gouftes de la
même efpèce, n.°di i , a la même faveur, & les
mèmès; ’ vertus que: celle de la Cafte des; boutiques,
n.° 20ii-rv
s Suivant Rumphius, ries.. feuilles de ,1aJ Cafte
de la- Chine, n.° 16, fecuifent dan§ l’Indfe çrien-
faîe, & fe mangent comme; les autres plantes potagères
, nonobftant leur odeur forte. & défa--
gréable ; car leur faveur eft. meilleure que leur
odeur. .Les habitanS’ dg; FIfle ; de Baleya pilent
ces feuilles avec celles îde la -1 .plante nommée
Djudjàmbu , ...&pn .emploient-ip fùe en lininjent
.& en boiflbn comme 'rafraichiftap.t :' la décoélion
des racines eft une boiftbni üfilê dajis: la gonorrhée.
Cette plante fait,- par Tes. graqdes fleurs ^
un trèsrbél ornement dans ries jardins-dqs Indes
orientales, & dans les-ferres, chaudes: de l’Europe.
La Cafte puante, n.0 i8;i eft einplpy^ée çom-
munément en Médecine dans les .AntiileSjfous le
.nom de Pois puant. Elle y eft regardée-.<;pmme
hiftérique’, emménagogue &Téfpliitiv^o. Suivant
Pifpn, elle : eft très- communém;en t e;çipldy.ee .au
Bréftl, principalement contre lps indamipations
de l’anus. Ses feuilles, pilée-s j&., appliquées extérieurement,
& foi* fuc- récemment exprimé &
introduit dans l’anps, paffent pqur ün excellent
remède .contre ces ^flatnmatioi^s., S a ,jraçriijie.
rëpiuéé>ût;le con^e, jjss pqifùos«;
des fleurs eft un puiftant diurétiquei} fait fqtùr
.le gravier dçs.fçins. & 'de. la yelîi^.^eft : utile dan?
ta .ftrangurie. Defportes dit que les femences de
Pois puant rôties, broyées, et bouillies en façon
de cafFë forment une boiftbn qui pafle pour un
excellentanti-hiftérique.Suivant Margrave, on fait
avec cette plants des fomentations qui font très-
utiles contre toutes fortes d’inflammations, &
fur —tout contre celles des jambes.
. La Cafte des boutiques, n.° 20 , eft , comme
on fait, d’un très^grand ufage en Médecine dans
les quatre parties du monde. Les anciens Médecins
en ont entièrement ignoré l’ufagè. Ce font
les Médecins Arabes . qui ont les premiers introduit
cet ufage, après avoir éprouvé combien il
étoit falutaire. Les gouftes de cette plante, où
plutôt la pulpe noirâtre qu’elles contiennent font
prefque la feule, partie de cette plante qui foit
généralement employée. Suivant Geoffroy , on
irouve deux fortes principales de ces gouftes dans
les boutiques en Europe. L’une de,ces fortes y
eft nommée Cajfe du Levant, ou d’Alexandrie,
ou d'Egypte, 8l c’eft de ce dernier paysfju’on
nous l’apporte. Cette forte eft regârdéé comme
la meilleure - elle: eft auffi la plus rare la plus
chère. L ’autre forte eft nommée dans -les, bou-
’ tiques Cajfe o c c id e n ta le elle nous eft apportée
en très-grande abondance d’Amérique , & principalement
des Antilles où cette efpèce déplanté
a été tranfportée par les Européens, & où’ elle
s’eft prodigieufeinent multipliée , ainli que je l’ai
déjà dit. Cette fécondé forte eft moins pllimée
que la ;Cafte du Levant, & elle fe vend à meilleur
marché. Eile fe diftingue de l’autre, fui van
Geoffroy , par foâ écorce, ou plutôt par fes
parois plus épaiftes j extérieurement plus rabo-
teufes & plus, ridées, & par fa pulpe d’une
faveur beaucoup moins douce , ou plutôt âcre
& dégoûtante ou nanféeufe : non-feulement l’écorce
ouïes parois des gouftes''qui vienn nt du
Levant , font plus, minces, & extérieurement
plus unies ; mais outre cela leur couleur extérieure
eft d’un noirâtre plus foncé, & leur pulpe
eft d’une faveur douce qui n’eft pas défagréàble-.
Il faut choifir ces gouftes pefantes^ récentes,
pleines, muettes , c’eft-à-dire, qui étant fecouées
ne refonnent point par le choc dé leurs femences
agitéps 5 car elfes ne refonnent que lorfqu’elles ;
font devenues vuides & légères par le defféche- i
taént & l’évaporation de leur pulpe -, il faut 1
choifir celles dont la pulpe eft onélueufe , d’un .
noir luifant, d’une faveur douce, point acerbè !
par défau t de maturité, point acefcente par vé- ■
îuftë, point trop defféchéè, point trop humide, '
point îr.oifie : la Cafte dù Levant en fujette à i
.avoir, ces défauts f . les Marchands d’Egypte en
ayant fôuvent dans, leurs magafms de grandes \
quantités trop v ieilles, & cueillies fouvent'depuis
quarante ansj ainfi que j’ai delà dit-, & ces Mar- •
chancTs étant ïôùÇ e-ojtri'ans l’h;o itudè de ferrer, cès -■
Soqftësdans desre.;:dr6jts.'hiimi(iles, ou même :de
ïcs enterrer dans du labié humide, ou de les àr^ ,
rofer avec de l’eau pour les faire paroître plus
remplies & plus récentes, de forte qu'elles fe moi-
fiflent, ou saigriflènt très--promprement. Suivant
Profper Alpin , .il y a eircore à choifir
entre les gouftes de Cafte du-Levant, récentes/
cueillies à propos, & bien conditionnées : on en •
recueille principalement aux environs du Caire,
d’Alexandrie & de Damiète : celles qui proviennent
aux environs de Damiète font les moins
eftimées de toutes/ elles font les plus noires, les
plus petites, elles ont leur écorce ou leurs parois
les plus épaiftes -, elles contiennent le moins
de pulpe, & leur pulpe eft la plus inférieure en
vertus : celles qui proviennent aux environs du
Caire & d’Alexandrie font le*s plus eftimées de
toute l’Egypte ; mais elles fé fubdivifent encore en
deux fortes-,les unes font d’un noir décidé,& les autres
font d’un noir rougeâtre; cès .dernières fe nomment,
pâr les Egyptiens, Abès ou A hyfines, & font
les plus eftimées & les meilleures dé routes-, elles
font lès plus grandes,ont les parois les plus mincesj
contiennent plus de pulpe que toutes les autres, &
leur pulpe eft ftipérieure en vertus à celle de
toutes les autres. J’ai dit quë'la pulpe eft la feule
partie, des.gouftes de cette efpèce , qu’on emploie
ordinairement-, & l’on rejette l’écorce, les
ejgDifons & le^femences : pour cer emploi, oiubien
ôn concaiie les gouftes, & l’on fait diftèùdre lapulpe
qu’elles contiennent dans l’eau, ou dans le petit lait,
ou dans quelque autre liqueur appropriée,que l’on
fait bouillir,avec cès gouftes concafîees, & l’on
donne cette décoélion à boirq aux malades,
après l’avoir fait paffer au travers d’un linge ou
d’un tamis : ou bien après avoir eoncaffé les
gouftes, on fépare la pulpe d’avec l’écorce, les
cloifons & les femences, en faifanr pâfîer cette
pulpe au travers d’un crible ou d’un tamis, à
1 aide d’une fpatule , ou d’une cuiller, ou de la
main. Cette pulpe , ainfi féparèe , fe nomme
Caffe mondée , & on l’adminillre en forme de bols
ou en boiffon , après l’avoir fait difîbudre
exactement dans quelque liqueur convenable,
La ,dofe . des gouftes ou hâtons de Caffe con-7
caffés .&. adminiftrés en détoClion, eft, fuiyant
Chomel, jufqu’à demi-livre. La dofe de la Caffe
mondée eft, fuivanr Geoffroy, depuis un gros
jufqu’à une once & demie. On preferit auffi
cètte pulpe à la dofe de demi-once jufqn’à
quatre onces-en décoélion, qu’on adminiftre en
bbiffon aux malades, ou en lavemens. Il ne faut
employer que la Caffe très-récemment mondée;
car cette pulpe fe corrompt & s’aigrit très-promptement,'
après avoir été fépârëe de fes gouftes ;
alors elle caufe des tranchées' & elle fait mal
à la tête : ç’eft pourquoi il eft à propos de n’employer
que celle qu’on, aura vu monder fo i- -
même ; étant fort ordinaire de n’en trouver dans
les boutiques que de' vieille mondée. Suivant
Geoffroy, du confentement de prefqùë tous les
Médecins, la pulpe, de cette efpèce de Cafte,