
de les troffer & étriller, tant qu’elles reftent
renfermées. Des curages fréquens des étables,
la litière fouvent renouvellée, les mangeoires
nétoyées chaque fois qu-on apporte de la nourriture
, les repas répétés avec des intervalles
de repos, pour laiffer aux animaux le tems de
ruminer* v o y c \Rumination , lesvaiffeauxdont
on fe fert, toujours tenus proprement, les port
e s , lès ventoufes & les fenêtres habituellement
ouvertes en Été, fkifon ou on doit les couvrir d un
canevas à caufe des mouches, & ouvertes au
moins quelques-inftans dans les jours froids, voilà
les principaux foins qu’exigent les vaches dans
les vacheries. Il eft bon aulfi d’y établir, au-
deffus des mangeoires, des râteliers pour recevoir
les fourrages. Quand on conduit ces animaux
ou à la montagne , ou aux champs, ou dans les
bois, il ne faut point preffer leur marche, foit en
allant, foit en revenant, & ne leur point faire
fauter de fbffés ni de haies ; on leur évitera,
s’il eft poflible, les gelées blanches, les ouragans,
la neige & la grêle. On doit regarder les pailles
qu’on leur donnera comme im aliment forcé
par la difette d’une autre nourriture. Tout l’art
du propriétaire fera de chercher à leur procurer
le plus long-tems poflible de l’herbe verte
ou fanée, chacun cultivant ce que fon pays comportera.
Ayez du fourrage vert de bonne heure au
Printems, ayez-en en Eté, & le plus long-tems
poflible en Automne ; & réfervez pour l’Hiver
des racines, feuilles ou fruits aqueux, capables
de tempérer les effets des pailles^ fèches, avec
ces moyens, vos vaches feront bien foignées.
On fait fervir les vaches à la charrue & même
à la voiture. Mais il faut que les terres {oient
légères & qu’on charge peu la voiture,car les vaches
ne font pas fortes. On attelle par attellement
deux bêtes qui font de la mémo taille & de la
même force, afin de conferver l’égalité du tirage. Il
eft néceflaire de ne point exiger trop des vaches
de ceffer de les employer à ce travail quelque
teins avant qu’elles vêlent & quelque tems après,
& de les bien nourrir.
Tout ce que j’ai dit jufqu’ici fur les vaches
prouve que, pour en tirer le plus_ grand parti
il faut de l’attention & un certain ordre de
connoiflances. Les foins particuliers & de détail
font confiés à des femmes dans la majeure partie
des fermes & métairies de France. Dans les grandes
vacheries ce font des hommes qui les foignent.
Je crois que les fermiers dont les femmes partagent
la furveillance, & auxquelles eft donné le département
des vaches, doivent ne pas perdre de vue
cet objet d’économie. Indépendamment de ce que
beaucoup de fermières, fufceptibles de préjugés,
de routine ou d’une forte de vanité mal—en— ,
tendue, gouvernent mal les vaches, ou leur donnent
à contre-tems des alimens qui les incommodent
, ou font trop au-deflus du produit qu’on en-
yerire, c’eft au fermier à fe charger du choi* & de
l’achat de ces animaux, de la culture des planta l
qui leur conviennent ; c’eft à lui à en prefcrire I
la quantité , à veiller fur la tenue des étables ^
fur la fanté des vaches ; c’eft à lui enfin à lavoir I
quand il faut les renouveller & à donner les I
ordres pour que le fervices des étables & h I
conduite au pâturage fe faflent exaèlement 8c
convenablement. f
Des Boeufs.
Il n’appartient qu’à M. de Buffon de bien louer I
^ les qualités & l’urilité du boeuf. Voici comme I
cet éloquent Ecrivain s’exprime :
« Sans le boeuf les pauvres & les riches auroient
beaucoup de peine à vivre, la terre demeurerois
inculte , les champs & même les jardins feroient I
fecs & ftériles -, c’eft fur lui que roulent tous I
les travaux de la campagne ; il eft le domeflique E
le plus utile de la ferme, le foutien du ménage|
champêtre , il fait toute la force de l’agriculture;!
autrefois il faifoit toute la richeffe des hommes,!
& aujourd’hui il eft encore la bafe de l’opulence I
des Etats, qui ne peuvent fe foutenir & fleurir!
que- par la culture des terres & par 1 abondance
du bétail, puifque ce font les feuls biens réels, I
tous les autres , & même fo r & l’argent n étant I
que des biens arbitraires, des repréfentations, des I
monnoies de crédit, qui n’ont de valeur qu aib I
tant que le produit de la terre leur en donne. I
« Le boeuf ne convient pas autant que le che- I
val, l’âne, le chameau , &c. pour porter des I
fardeaux ; la forme de fon dos & de fes reins I
le démontre ; mais la groffeur de fon cou & la I
largeur de fes épaules indiquent aflez qu il eft I
propre à tirer & à porter le joug, ceft auffi 1
de cette manière qu il tire le plus avantagea- I
fement, & il eft fingulier que cet ufagê ne foit ■
pas général, & que, dans des provinces entières, j
on l’o blige à tirer des cornes, n Vôye\ le met ■
Accouplement,
Couleur Su poil des Boeufs.
La couleur du poil des boeufs varie comffl* I
celle du poil des vaches. Il y en a de noirs.,
de bruns, de bais plus ou moins foncés,^ de blancs; E
& de pies, foit de blanc & de noir, foit de blanc
& de brun. On fait cas des boeuft à poil noir;
on prétend qpe ceux qui ont le poil bai durent ■
long-tems, que les bruns (jurent moins. & * I
rebutent bientôt; que les gris, les pommelés.oU ■
pies & les blancs ne valent rien pour le frayai i ■
& ne font propres qu’à être engraiffés. De quel- ■
que poil que foit un boeuf, ce poil eft luifant, ■
doux & épais quand l’animal fe porte bien ; si» ■
eft hériffé, fombre & rude, l’animal eft mal;p
Taille des Boeufs.
La taille des boeufs dépend de la race dont ■
ils font«
ils font, du climat qu’ils habitent & des pâturages
K qui les nourrirent. Des taureaux 5c des vaches
| de belle taille produifent des veaux capables de
■ faire de beaux boeufs. Les climats tempérés conviennent
le mieux pour élever de grandes races.
I Le froid extrême & l ’exceflive chaleur ne leur font
1 pas favorables. Les boeufs nés en Ruflie, & ceux
de Barbarie font plus petits que ceux de France.
Les plus grands de tous font ceux de Danemarck,
. • de la Podolie, de l’Ukraine & de la Tartane
| habitée par le« Calmouques, parce que ces pays
ont de gras pâturages. Les grands boeufs qu’on
voit à Pétersbourg & à Mofcow,' viennent d’U-v
iraine & du pays des Calmouques. Ils vont
itnême jufqu’à Dantzick. M. Macquare affureque
ces boeufs labourent jufqu’à 25 ans , & • en
B ivent trente,
B Ceux d’Irlande, d’Angleterre, de Hollande &
|de Hongrie font plus grands que ceux de Perfe,
p e Turquie, de Grèce, d’Italie, d’Efpagne &
de France. Les plus beaux boeufs de France ont
quatre pieds huit pouces.
Qualités des Boeufs„
■ Les boeufs étant deftinés particulièrement pour
la charrue ,^lorfqu’on en achète pour cet ufaee,
il faut choifir ceux qui ne font ni maigres-Vi
$ras. Les bons boeufs doivent avoir la tête courte
& ramaffée, le front large, les oreilles grandes,
bien velues & bien unies, les cornes fortes’
luifantes & de moyenne grandeur, les yeux gros
& noirs, le mufle; gros & camus, les nàfeaux
bien ouverts., les dents blanches & égales, les
lèvres noires, le cou charnu, les épaules greffes,
la poitrine large, leftinon pendant fur les genoux’
les reins larges, les flancs grands, les hanches
iongues,.la croupe ëpaiffe, les jambes & les cuiffes
froffes nerveufes, le dos droit & plein, la
queue pendante jufqu’à terre & garnie dg poils
touffus & fins,, les pieds fermes, le cuir greffier &
maniable, lesmufclesélevés, l’ongle court & large.
L , £es qualités - que defire dans ; le boeuf
i?* "? ^u“ °in 3 »! doit être feniible à l’aiguillon ,
f éïffant a la voix & bien dreffé. On remarque
qpe le boeuf, qui mange lentement, dure plus
r^ e uiieux au travail. On con-
âge des boeufs à leurs dents & à leurs cornes;
vo y e i Age des Animaux. :
Maniérés de drefer les Boeufs.
Si boeufs pour les faire tra-
nenr n i • s informer de quel pays ils vien-
3V V l M<>"«gnardS font moins
nourrir ° ; plus forts & plus-aifés à
v&Uéès K<ïu e ,ceuî> ï ont été élevés dans des
K S g g f les nre d'un pays, où la qualité &
&UX S A P^tnrages diffèrent de celles des
«»mer mr a j f ! 1 stro/ uu,> on doit les_y; accou-
g P ^ r é s & fuppléer par d’autres ali—
nt.ôns convenables à.ce qne les pâturages ne foiir-
mtfent pas; 11 cfl prudent d’acheter des boeufs dans
le vomnage, parce qu’on les connolt mieux &
qU- f ,le ,™mat éft le même. On les fera peu travailler
d abord, jufqu a ce q u’ils foient faits au
_pays_ & à la nourriture. On accoutume les
jeunes boeufs au travail en prenant des précautions.
Comme l’Arabe prépare de loin l'éducation
de fes chevaux, .il faut manier & Her
rouvent les cornes des jeunes taureaux, dont on
veut faire des boeufs, leur paffer la main fur le
dos , leur lever les pieds. Ils feront plus faciles
â foumettre au joug, à fe laiffer conduire &
terrer. Dans les pays montueux& pierreux, ils fe
bleiferoient continuellement les pieds, lî on ne
les ferroit. Les taureaux étant coupés, on renou-
vellera les mêmes attentions. Jamais on n’emploiera
_la force, ni les mauvais traitemens, oui
ne fervtroient qu'à les rebuter & àles rendre mé-
chans. J ai vu, en Berry, desdomàines, oùlesboeufs
flsXrimRffi « ° ï & dalenSg;e re' uenx. Iali mvu’a dét'aéD ptrr"ou™vé
que cette différence tenon de leur éducation. On
r !u v ? ; re Ôa ?iêime remarq«e i l'égard des vaches.
Celles de Suide, qui font toujours environnées
d hommes doux, qui les foignent & ne les traitent
point avec dureté, ont un caraâère de douceur,
qu on ne trouve pas dans les vaches de
i-rance ; on ne voit celles-ci que pour les traire &
leur donner à manger. La douceur, les careffes
des abmens qui leur foient agréables, tels que
1 orge bouillie., les fèves ooncaffées, &c. mêlés
de.tel, font les moyens, qui réufliffent toujours.
Onfoumet au joug le jeune boeuf, avec un boeuf
de même taille, tout dreffé, à côté duquel on
H 1 B tuanger, afin qu’ils fe connoiffent, & qu'ils
s habituent à ri avoir que des mouvemens communs.
Pendant quelques, jours on ne leur fait
nen tra ner ; oenfuite on attache au joug le timon
& la chaîne pour faire du bruit, puis, trois
ou quatre jours après des pièces de bois ; enfin
on les attelle a la charrue..
On prend des précautions femblables pour accoutumer
les vaches ou. les jeunes taureaux an
travail dans les pays, où on les emploie àcet ufage
p e in e™ ^ ’ .I’lus douces • coulent moins de
gf ° n ” e travaijlèr un jeune boeuf que peuddrrfefflXfé
,W fe ÊfaÊt,gWue bÊeatu cüonu pa.n iIml afla ’u ^ï lUei m11 é™na Pgeær
& le nourrir plus largement quand il travaillé.
et, malgré ces précautions, le boeuf eft difficile
ou^frannê ri'1 f ImPétueux. s'ü dbnne du pîé'd
r l .f frl PPc -der feS c?™es > Pour le corriger où
1 attache bien ferme a 1 étable & on le laiffe jeûner
quelque tems. Lorfqu’il n’eft que p'eù’reux cet
inconvénient eft: peu de chofejl’âge & le travail
fe diminuant. Dans le cas où il feroit furiaix il
faudrait 1 atteler, au milieu d’autres boeufs
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