
plus verte que celle d’Arabie : & l’on d it, qu’é- I
tant torréfiée , elle a plus d’amertume. De Jnlfieu
tenoit cette Relation de M. Gaudron, Apothicaire
à Saint-Malo. C’eft de cette efpèce de
Caffeyer, découverte ainii à fille Bourbon, dont
il s’agit ici. La forme de fes fruits détermine
M. Lamarck, à la regarder comme une efpèce
diftinéle, & non comme une variété du Caffeyer
arabique, malgré quelle ait de grands rapports
avec lui. Il ne connoît point fes fleurs, & ne
connoît fes autres caraélères , que par. le moyen
d’une branche chargée de fruits queM. de Jullieu
lui a communiquée. Cette branche fait voir que
celles des arbres ou arbriffeaux de cette efpèce
font rameufes , nôueufes, recouvertes d une
écorce grisâtre, &que les rameaux fontoppofés
ainfi que les feuilles : mais que ce qui la diftin-
gue principalement, c’eft que fes feuilles font '
avales, émouflees à leur fommet & non.terminées •’
en pointe, font, rétrécies en pointé vers la bafe,
un peu périoléès, glabres & très-veineufes, &
n’ont que deux pouces & demi de longueur ;
& que fiss fruits, prefque feftiles, font lolkaires
dans chaque aiflelle des feuilles, & nullement
globuleux, mais oblongs & rétrécis en pointe
vers leur bafe. Ils reffemblent d’ailleurs à ceux
du n.° i , excepté que leurs femences, plus oblon-
gués, font pointues par un bout.
3. Caffeyer. de la Guiane. Caffeyer à fleurs
découpées en quatre-, à pètites baies violettes,
à deux femences. Aublet. C’efl un- petit arbrif-
feau qui s’élève à un ou deux pieds, il eft ra-
ineux, fes rameaux fonruoueiix, & à quatre
angles. Ses. feuilles & fes ftipules ont beaucoup
de rapport par leur forme, avec celles des efpèces
précédentes. Les fleurs font blanches, petites,
feftiles & difpofées, plufieurs. enfemble, dans
chaque aiflelle des feuilles. Les femences' font
coriaces. Cet arbufte croît dans les' grandes forêts
de la Guiane. Aublet la vu en fleurs & en
fruits, dans le mois de Septembre.
4. C affeyer. à panicules, Caffeyer à rameaux
quadrangulaires; à feuilles amples, ovales, oblon^
gués, aigues; à corolles découpées en quatre;
& à baies à deux femences. Aublet. C’eft un bel
arbrifleau, dont le tronc, haut de fe.pt à huit
pieds, & de cinq à flx ponces de diamètre, eft
-revêtu d’une écorce grisâtre. Ses branches
nôueufes font oppofées, ainii que fes feuilles,
dont le pétiole eft très-court, & qui ont jufqu’à
huit pouces & demi de longueur, fur trois pouces
& demi de largeur. Entre les deux feuilles de
chaque oppofirion , il y a une ftipule intermédiaire
& caduque. Les fleurs qui viennent en
panicules, à l’extrémité des rameaux, font blanches,
& d’une odeur agréable, qu Aublet dit
avoir beaucoup de rapport avec celles des fleurs
de la jacinthe cultivée. ( Hyacinthus orientons.
Xin. ) Les baies- font bleuâtres, & produit J
chacune -, deux femences appliquées 1 une contré]
l’autre, convexes d’un côté, & applaties d3
l’autre, avec un fillon longitudinal. Cet arbrifJ
feau croît naturellement dans les grandes forêts
de la Guyane. Aublet l’a vu en fleurs & ■
fruits, pendant le mois d’Avril.
<j. Caffeyer. monofperme. Caffeyer occi-J
dental, à fleurs divilées en quatre, & à baies J
une femence. Linnaus. C’eft un arbrifleau droit/
haut de fix pieds, rameux, à rameaux raméfiésl
Ses feuilles & fes ftipules ont beaucoup de rap-j
port avec celles de l’efpèce, n.° 1. Ses fleura
font de couleur blanche, & d’une^ofteur agréable]
& n’ont que quatre étamines , dont les anthères
font à peine faillanres hors du tube de la corolle!
Elles naiffent des aiffelles des feuilles fupériéures]
ou en grappes paniculées à l’extrémité des ra-j
meaux, les baies font arrondies, turbinées, cou|
ronnëes au fommet, un peu plus greffes quj
nos. olives, d’un noir bleuâtre dans leur raatuj
rité, & contiennent une femence cartilagineufel
arrondie , ftriée, & renfermée dans une tuniquj
propre. Il y a tant de reflemblapcey dit M. Jacl
quin , entre cette plante & le Caffeyer arabique]
excepté feulement, à l’égard du .nombre des pari
-ries de la fructification,:, que je n’ai aucunemen
héfité de la placer dans le même genre. Je défi]
rois même beaucoup d’éprouver, fi fes feineno"
rôties enflent donné une boiffon comparable 1
celle du caffë arabique : mais je fuis parti d
Saint-Domingue, avant: .leur parfaite maturitj
& je n’ai plus rencontré cette plante depui]
Elle croît naturellement à Saint-Domingue,|
elle fe trouve çà & là, fur les collines garni
cl’arbriffeaux, aux environs du Cap .-François,
Elle naît aufli à la Martinique. EU® ûeiirlt i
Décembre.
C u l t u r e e t H i s t o r i q u e .
Jufqu’à préfent , on n’a cultivé qu’une fenj
efpèce de çe: genre. C’efl le Caffeyer arabiqii]
n.° 1. Il n’y a pas plus de deux fièeles, que cet]
plante, aujourd’hui fi célèbre, étoit entièremet
inconnue à tous les Peuples de l’Europe cbr.
tienne : maintenant il y a de nombreulesj
vaftes contrées, aux deux extrémités duMond,
qu’ils ont couvertes des planrations de ce p?|
arbre; & cette culture ainfi que le commerce qu|
font des femences qu’ils en obtiennent, enri
chiffent des millions d’hommes; fans compterai
eft outre cela , multiplié plus qu’aucune au|
plante, dans toutes les ferres chaudes de j
rope. 11 n’y a pas trois fièeles &
petit arbre- étoit inconnu à tous les b0U15
excepté à un petit nombre de perfonne^en'\j
bie / & à quelques Habitans de la haute E t t'|
préfentement il y a dans les quatre Partl J
Monde, & aux quatre extrémités de w J
Lent millions ou deux cent millions d’homnres
L iifo n t un ufage journalier de fa femence,
Ejui regardent îcet ufage, comme une jouil-
pnee des plus agréables , des plus utiles, &
lefquels l’h a b itu d e a fait de cette fe-
^iience, un des premiers b e lo in s . L ’Hiftoire de
fia découverte des vertus de cette plante, ainfi
Uie celle de 1 introduction & des progrès de
Sa culture, de fon commerce, de,fon ufage, des
febftacles & empêchemens qui ont été apportés en
[différentes fois à cet ufage, des débats auxquels .
: ufage a donné lieu, &c. étant de nature à
ïntéreffer, non-feulement l'Agriculteur Philor
jophe, mais même toutes les claffes des Citoyens;
Il ne peut qu’être à propos d’expofer ic i, au
moins, l’abrégé des principaux chapitres de cette
jliftoire.
[.Histoire abrégée du Caffeyer arabique.
p Pays natal de ce Caffeyer, & première origine
, du grand ufage du Caffé.
[ C’efl de l’Arabie heureufe, ou de la Haute-
Sthiopieque le Caffeyer arabique eft originaire:
bais il n eft pas bien certain, laquelle de ces
peux Contrées a vu naître cet arbre,, la première.
Les Arabes, & toùs les Peuples Oricn-
aux font perfuàdés, dit la Roqué, dans Ton
Voyage de t Arabie heureufe, qùe cet arbre ne
^roît nulleîj part, dans lë Monde, que dans le
joyaume d’Yémen. Ce Royaume comprend toute
j-ette partie d Arabie, qui a été nommée heureufe,
caufe de la fertilité, & du haut prix que les
iomines ont mis à fes productions. Plufieurs
|uteurs croient cependant, que le Caffeyer. vient
nginairement de la Haute-Ethiopie, d’où il a été
iranlporté dans l’Yémen. M. l’Abbé Raynal,
ntr autres,eft dans. Cette opinion, & il i’affure dans
3n fftoire pkilofopkique 6rpolitique du commerce &
« ktablijfimens des Européens dans les deux Indes.
; n lui, cet arbre a été connu dans ce Pays,
p tems immémorial; il y eft encore cultivé avec
sccès; & M. Lagrenée de Mezières, un des
/gens les plus, éclairés que la France ait employés ,
Indes apoflédé de fon fruit provenu dans !
j aute~Ethiopie, & en a fait fouvenr ufage. Il i
[ trouvé beaucoup plus gros, un peu plus long,
,’ns verd, prefquaufli parfumé que celui
i n recueille maintenant dans l’Yémen. D’au-
e r teurs ^out*cnnent au contraire, que, fi
, afleyer fe trouve en Ethiopie, c’eft que les
j/ ns, lorfqu’ils ont paffé d’Arabie en Ethiu-
L j-y °Pr porté cet arbre avec eux. Quoi qu’il
iavs1 ’fl .P31-0'11. flue oet arbre habite ces deux
^ ^ riaruraîifé dans :
Iais il deP^ls un très-grand nombre d’années. ,
■gs_n ■ Par°tt aufli qu’il n’éfoit connu que d’un
^H^oaxbre de perfoiines, fur-tout hors
inculture. Tome IL
de l’Ethiotfie, jufques vers le milieu du neuvième
fiècle de J ’Hégire, xou de l’Hedsjira, qui répond
au quinzième de l’Ere chrétienne. Suivant Sché-
habeduin, Auteur Arabe,, prefque contemporain
à cette époque,& traduit par Galland, il arriva
alors que Gemaleddin, Moûfri à Aden dans le royaume
d’Yémen, trouva fa fanté altérée. Nefe trouvant
pas apparemment foulagé par les remèdes
qu’on lui confeilloit., il fe reffouvinr que, dans
un voyage qu’il avoit fait en Perfe pour fes
affaires, il y avoit rencontré des Gens de fon
Pays, qui prenoient du caffé, préparé comme
ce que nous nommons en France., du caffé k
l’eau. II Imagina que cette boiffon pourroit être
utile à fa fanté. Il en eflàya. Il s’en trouva bien.
Pendant l’ufage de ce remède, cet Homme, Ob-
fervateur, remarqua plufieurs des précieux effets
qu’il ,eft de nature à produire. II s’apperçut qu’il
diflipoit la pefanteur de tête, égayoit l’efprit,
donnoit de la joie, rendoir les entrailles libres-
mais la vertu de cette boiffon qu’il remarqua
le plus,, ce fut .celle d’empécher de dormir,
fans incommoder. S’étant mis dans la dévotion,
& s’étant 'affocié des Derviches, il ne manqua
pas de faire ufage de cette découverte. Ils prenoient
du caffé enfemble, ^à l’entrée de la nuit
& la paffoient, par ce moyen, jufquau jour*
en prières, avec une liberté d’efprit jufqu’alors
impoffible. On feur bien-rot dans toute la Ville
d’Aden, qu’il exiftoit une plante, qui avoit la
merveilleufe propriété de commander au fom—
meil. Quantité de gens, de tous états, s’empref-
sèrent d’imiter l’exemple de ce Moiifti; les gens
de L o i, & les Savans, pour pouvoir prolonger
leurs veilles fiudieufes, aufli avant dans la nuit,
qu’ils le delîreroient; les Artifans, pour pouvoir
avancer leur befogne plus rapidement, & trouver,
quand il leur plaîroit, deux jours de gain ,
dans un fenl ; les Voyageurs, pour pouvoir
toujours profirer, avec une égale alacrité, de là
fraîcheur de la nuit, & éviter ainfi, fans aucune
gêne, les ardeurs infupportables du foleil de ce
climat; tous ceux, en un mot, qui avoient un
befoin quelconque d’écarter le fommeil, pour
pouvoir fatisfaire ce befoin, avec facilité &
fans en reffentir aucun mal-aife. L ’ufage de cette
boiffon ayant été ainfi adopré, en peu de tems,
par un grand nombre de perfonnes, on ne
tarda pas à appercevoir, à fentir généralement
les-principales de les autres vertus avanrageufes:
& , pour en profiter, ceuxjnême, qui n’avoient
aucun befoin de fe tenir éveillés, s’habituèrent
aufli à cette boiffon. Enfin, dans le même tems,
un autre Doèleur de grand poids à Aden
ayant éprouvé de grands a\ an rages- de cette boiffon,
& s’étant joint à Gemaleddin pour en recommander
l’excellence, cet ufage devint très-
promptement général dans cette Ville. On y pre-
noït habituellement une autre boiffon, avant
c e lle - c i , mais toute différente. On-la-nommait
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