
croiflent naturellement, &.les fubftafices prècîeufes
qu’ils fourniffent aux arts & au commerce.
Le Baclanier au vernis, qüi croît à la Chine
& au Japon, dont la température eft analogue
à celle de quelques-unes de nos provinces les
plus méridionales, & fur-tout à celle de l’ifle
de Corfe, pourroit, fuivant les apparences, s’y
naturalifer & ouvrir une nouvelle reffource à
l’agriculture, aux arts & au commerce. Cette
tentative ne coûteroit pas beaucoup à faire, &
pourroit produire de grands avantages. ( M.
Thouijt):
B A D IA N , I z z i c i v m L.
Ce genre, qui fait partie de la famille des Anones,
fuivant M. de la Marck, & de celle des Magnq-
liers, d’après M. de Juflieu, eft compofé de trois
efpèces, dont deux fe cultivent en Europe dans
les orangeries.Ce font toutesdes arbrifleauxtoujours
verds, d’un port agréable, & dont les propriétés
font intéreftantes ; ils croiflent fous les zones
tempérées, à*la Chine, dans la Floride & dans
la Caroline: ils font encore rares dans nos^ jardins.
Efpèces.
i B ADI an de la Chine ou anis étoilé.
I zzicium arùfatum L. T) de la Chine & du
Japon.
2 Badian de la Floride.
Izzicivm Floridanum L. de la Floride occidentale.
3 Badian de la Caroline.
^ I zzicivm. Carolinianum ï) de la Caroline méridionale.
Deffâption du port des efpèces.
1 . Le Badian de la Chine eft un arbrifleau qui
s’élève à douze pieds de haut environ ; fon tronc
«ft droit, épais & branchu à l’extrémité -, une
écorce lifle& d’une odeur aromatique recouvre un
bois de couleur roufle, caftant & très-odorant.
Ses branches fe divifent en rameaux qui font
perpétuellement couverts de feuilles femblables
a celles du laurier, lefquelles forment, à l’extrémité
des rameaux ,. des rofettes agréables. Les
fleurs font terminales & de couleur jaunâtre ;
elles produifent des fruits compofés de çapfules
difpofëes en étoiles qui ont une odeur de fenouil
très-fuave, ce qui a «fait donner à l’arbrifleau le
nom d’anis étoilé. Les graines renfermées dans
les çapfules font luifantès, d’un jaune pâle &
•de la grofleur d’un petit pois.
2. Badian de la Floride. Cette efpèce eft
aufli un arbriffeau, mais qui paroît devoir s’élever
moins haut que le précédent ; fa tige eftfdfoite ,
verticale &-branchue ; fomécorce eft lifte, d’un
beau vert furies branches-, & légèrement rouge
furies rameaux. Les.feuilles font d’un vert foncée
& ont à-peu-près la forme de celles àuRhododendron
ponticum. Lorfqu’on les froifle légèrement, elles
répandent une odeur charmante. Les fleurs
viennent féparément dans les aiflelles des feuilles
vers l’extrémité des rameaux ; elles font d’un
rouge cramoifi , & ont environ un pouce 6c
demi de diamètre.
Cet arbrifleau fleurit vers fa troifième ou quatrième
année, & dès qu’il a 20 à 30 pouces de
| haut. Il produit ordinairement plufieurs fleurs
en même—teins qui fe fuccèdent les unes aux autres
! depuis le mois d’avril jufqu’au mois de juin.
Jufqu’à prêtent, ces fleurs n’ont produit aucunes
femences en Europe;
3. Badian de la Caroline. Cette efpèce fe
diftingue de la précédente, avec laquelle elle a
plufieurs rapports, par la couleur de fes jeunes
rameaux, qui eft d’un vert tendre : par fes feuilles-
moins alongées , & plus arrondies par leur
extrémité, & par fes fleurs qui font d’un jaune:
pâle.
Culture-
La première efpèce croît naturellement à là
Chine dans les terreins fertiles, un peu humides ;;
les Chinois la cultivent dans leurs jardins parmi
les arbres d’ornement. Jufqu’à prêtent on n’a pu
réuflir à fe procurer cet arbrifleau en Europe ,,
malgré la quantité de graines, que Ton a reçues
& qu’on a femées de différentes manières. Il
paroît que les femences vieilliffent très-promptement,
& qu’il faudroit les ftratifier dans des
caifles avec de la terre humeélée convenablement,
pour quelles puflent arriver en état de germination
dans notre climat. Nous croyons que cet
arbrifleau croîtroiç en pleine terre dans quelques
parties de la Corfe & du Rouflillon, & que fa
culture pourroit y faire un objet de commerce
intéreflant.
La deuxième & la troifième efpèce croiflent 6t
fe confervent aifément dans des pots que Ton*
rentre, dans les ferres tempérées pendant Thiver,
lorfque les individus font dans leur première jeu-
nefle ; mais lorfqu’ils ont 3 ou 4 ans > n ?n*
befoin que du fecours d’une bonne orangerie :
ces arbrifleaux exigent une terre fubftancielle,
un peu forte & légèrement fablonneufe ; des
arrofemens fréquens , mais peu abondans lorsqu’ils
font en pleine végétation , & que leur
feuillâge eft d’un beau v e r t , leur font favorables ;;
(.mais lorfquils1 ne pouffent que foiblement &
que leurs feuilles deviennent jaunes, il convient
de les modérer , & de ne les arrofer qü autant
qu’il eft néceflaire pour empêcher que la terre
ne' fe deffèche. Ils craignent le grand foleil du-
midi pendant l’été, fur-tout lorfque fes rayons
pàflént à' travers des nuages ; c’eft pourquoi il
eft à propos de les placer à l’expofition du levant^
dans hïi lieu où ils ne puifient être-Frappas par
le foleil que jufques vers les onze heures du matin.
Ils font fujets à la jaunifle jj maladie qui , lorf-
qu’elle eft arrivée à un certain point, finit ordinairement
par les faire périr. Le moyen de les
en préferver eft de les garantir du paflage trop
fubit du froid au chaud, de l’humidité à la
| fècherefle, &. fur-tout de ne les point faire pouf-
' fer à contre-faifon. On guérit de cette maladie,
les arbuftes qui en font affeélés, en les changeant
1 de terre, en modérant les arrofemens, en exci-
{ tant leur végétation, par la douce chaleur d’une
^ couche , & en les garantiffant du trop grand
foleil.
Ces jolis arbrifleaux fe multiplient aifément de
marcottes ; on choifit pour cet effet de jeunes
branches bien vigoureufes, qu’on courbe dans
des pots, remplis d’une terre douce & un peu
forte, i l n’eft pas néceflaire d’incifer ni de ligaturer
les branches lorfqu’elles font de l’avant-
dernière pouffe -, mais fi elles font plus âgées,
Cette précaution eft utile pour les déterminer à
pouffer des racines plus promptement. Les marcottes
fe font ordinairement au printems & dans
l’été -, & au bout de huit ou dix mois, elles font
aflëz pourvues—de racines pour être féparées.
; Cependant, fi Ton fait attention que ces arbrif-
feaux viennent d’un pays où les faifôns fe trouvent
diamétralement oppofées aux nôtres, que ;
leur plus forte végétation commence en automne,
qui répond à notre printems, on jugera
; que cette failon doit être plus favorable que
f toute autre, à la reprife des marcottes -, & l’ex-
• périence, en effet, .démontre cette obfervation ;
- mais il faut avoir l’attention de faire paffer Muf
Ver aux pieds ainfi marcotés, dans une ferre
tempérée, où leur végétation puifle avoir lieu,
fans fe ralentir , & de les placer au printems,
a la fortie des ferres, dans un endroit ombragé
ou grand foleil, pour qu’ils puiffent jouir d’un
peu de repos.
,. j^e.s k°utures fie ces arbriffaux reprennent très- ,
oimcilement ; nous en avons fait dans différentes ;
laiions de Tannée , de plufieurs manières &
toujours fans fuccès. Quant aux graines, nous
«avons pas été à même d’employerIcette voie
e multiplication. Ces arbriffeaux n’en produifent
point dans notre climat y & nous n’en avons
pas reçu ^ pays où ils croiflent naturellement.
, ] S i elj Prefque pas douteux que le Badian de ;
- la Florl(le ne pût fe naturalifer dans nos provinces
méridionales, & y devenir un objet de 1
commerce comme les myrtes., les orangers, les '
citronniers & autres arbres., que les provenceaux :
ont coutume de tranfporter chaque^année, dans
les différentes villes de France, ,& dont ils trou-
vent un débit non moins afiuré qu’avantageux. Cet
arbriileau, qui réunit une partie des agrémens de
ceux dont nous venons de parler-, pourroit augmenter
le. commerce de ces provinces, & nous
difpenfer de le tirer d’Angleterre, à grands frais
& à toutes fortes de rifques.
fdfâges. La première efpèce a différentes propriétés:
les Indiens font infufer les fruits dans
l ’eau, & en retirent, par la fermentation, une
liqueur vineufe. En Europe, on les- emploie à
faire d excellentes liqueurs.
Les Chinois mâchent ordinairement les çapfules
des graines, avant le repas, pour fe fortifier
1 eftomac & fe parfumer la bouche, '& dans la
même vu e , les Hollandois les mettent infufer avec
leur thé qu’ils regardent alors comme un puiflant
diurétique.
A la Chine & au Japon, cet arbriffeau entre
dans toutes les cérémonies religieufes. On l’offre
aux pagodes, on en brûle l’écorce comme un
parfum, fur leurs autels, & on en place des
branches fur les tombeaux de. fes amis.
Un ufage bien différent, & qui n’eft remarquable
que par fa fingularité, eft celui que les
gardes publics en font à la Chine. Ils pulvérifent
1 écorce de cet arbrifleau dont ils rempliffent de
petites boîtes alongées en forme* de tuyau, lefquelles
font graduées à l’extérieur de diftance en
diftance. Us mettent le feu à cette poudre par
une des extrémités du tuyau, elle fe confume très-
lentement & d’une manière uniforme ; & lorfque
le feu eft parvenu à une diftance marquée ils
îonnent une ciochq^ & par le moyen de cette
efpèce d'horloge pyrique, annoncent l’heure au
public.
Les propriétés de la deuxième & troifième
efpèce de Badian font encore peu connues en
Europe. Nous avons obfervé feulement que
leurs feuilles , leur écorce & leur jeune bois ont
une odeur fort agréable qui approche beaucoup
de T ânis, mais, plus fuave.
Ces arbriffeaux méritent dêtre cultivés dans les
jardins des amateurs, tant à caufe de "la.beauté
& de la permanence de leurs feuillages, que de
l’agrément de leurs fleurs qui les rangent parmi
- les plus intéreffans arbriffeaux d’orangerie.
Hifloriquc. Le Badian de la Floride fut découvert
par un nègre, en 1765, près de Penfacola
dans un terrein marécageux. M. Eartram, Bota-
nifie, anglo-Amériquain , le découvrit fur les
bords de la rivière de S. Jean, dans la Floride
occidentale, & il fut cultivé pour la première
fois en Angleterre chez M. John Eliis en 1766.
La troifième. efpèce nous a été envoyée au
printems dernier par M. André Michaux ,
Botanifle François, qui voyage depuis cinq ans
dans l ’Amérique, tempérée. Il l’a découverte dans
la Caroline méridionale, ainfi qu’un grand nombre
d’arbres & de plantes inconnues aux Botaniftes
modernes. Nous efpérons qu’à fon retour en
Europe il nous les fera connoître, & qu’il nous
mettra à même de jouir de fes utiles travaux
(M. T h o u iw . )
BADIANE, nom qu’on donne aux fruits du
B ij.