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«avoir que peu de lait, & en rachètent une
autre.
Beaucoup de fermiers, lorfqu'ils ont une vache
à réformer, la font tuer à l’approche de la moiffon ;
ils la falent, & elle fert pour nourrir leurs
moiflbnneurs.
Le plus fouvent c’eft au boucher que les propriétaires
de vachesvendentcellesqu’ilsréforment.
Ils les nourrirent un peu mieux que les autres
pendant quelque teins. Le prix d’une vieille
vache en bon état,Celle eftd’une taille commune ,
peut aller à celui quelle a coûté étant gémffe.
En fuppofant qu’on s’en défaffè à douze ans, elle
r r • . J____A voenv peut avoir donné dix.veaux ^à -i> Tl lliitvr . 9i itor il lilvV..
En neuf ans, fept cens quatre-vingt-
trois livres de beurre S i z fo ls .---- 4^9
Quatre-vingt-dix fromages, à io fols-,. 161
L ’engrais de quinze arpens de terre à
•jo liv. l’arpent.. ................. ............. 4î°~
1 3 99 1.
Le fermier ou propriétaire de la vache, qui
auroit été obligé de tout acheter pour la nourrir
en dix ans, d’après un état rigoureux de dépenles
qui précède, n’auroit profité que de i io livres.
Mais la nécelfité de faire confommer fes fourrages
le befoin indifpenfable d’engrais dont j ai
apprécié la valeur, & qu'il ne trouveroit pas à
acheter mais la nourriture étant pnfe fur le
produit’ de la terre qu’il cultive, ou des pâturages
naturels qu’il afferme ou qu’il a en propriété,
tout rend avantageux pour lui l'entretien
& la multiplication des vaches.
Du profit qu’on retire des Baufs par leur travail
& en les vendant.
On fait ordinairement travailler les boeufs
pendant fept ans ; en Baffe-Normandie ils ne
travaillent que quatre;.ils commencent à trois.
On les réforme donc à dix ans dans certaines
Provinces & à fept dans d’autres pour les. en-
graiffer. Les uns les emploient uniquement à
des charrois, d’autres s en fervent pour la charrue,
& pour charier les engrais , les récoltes &
les provifions de bois ou de pierres & autres
matériaux des métairies, domaines & fermes.
Lorfqu’ils ne font occupés qu’à des charrois,
ils durent moins long-tems; on eft obligé de
les réformer avant la dixième année, parce que
la difficulté des chemins., la gêne & 1 attention
perpétuelle les ffitigtient plus que la marche égale
& uniforme du labour.
Ce n’eft que dans l’Inde que les boeufs portent
des fardeaux & font montés par des hommes.
Je ne fais pas combien d’années on les fait fervir.
Dans l’ufage ordinaire, les Cultivateurs François,
propriétaires de boeufs, leur foiit laboutci j
par jour environ un' arpent de Paris, de neufI
cens toifes quarrées.
On vend un boeuf maigre au fortir de la char,
rue à un engraiffeur deux cens quarante livres,
L ’engrailfeur de profeflion, ou lé propriétaire
qui engraiffe, vend au marchand pour conduire
a Paris, un boeuf gras du poids de fept cens
livres, }6o liv.
J’examinerai, au mot labour, la grande queflion
de favoir s’il eft plus avantageux de fe fervir des
boeufs que des chevaux pour cette opération;
elle me paroît mieux convenir à cet article.
Vente du Laitage.
On appelle laitage le lait récent & tout ce qui!
en fait partie. Dans le voifinage des Villes on al
plus de profit à vendre le lait, qu’à le garder
pour faire du beurre ou du fromage. A peine
eft—il trait, qu’on le porte à la Ville, ou même
qu’on le vend à des marchands qui * 1 enlèvent.
]1 n’exige aucun foin, aucun frais. Mais lorfqüon
s’éloigne des Villes, il n’y a plus de moyens de
faire confommer le lait en état de lait. Il faut
alors le convertir en beurre ou en fromages.
Dans quelques cantons,.où il n’a pas affez de
qualité pour faire du beurre ou du fromage,
on le fait .boire à des veaux qu’on engraiffe &
qu’on vend un bon prix. 11 y a des pays où la
nature des herbes rend le beurre excellent &
abondant, & où on a la facilité de le débiter.
Dans les montagnes on ne fait du beurre que pour
ï’ufage des perfonnes qui foignent les vaches ; on
eft trop loin déshabitations pour en avoir le débit,
fi on en faifoit davantage. On préfère la fabrication
des fromages, qui fe gardent & fe perfectionnent
pendant tout le féjour des vaches à la montagne,
Des commerçans viennent les y acheter.
Le lait pris chez les nourriciers de la banlieue
; ou'chez les fermiers des environs.de Paris, le
| paie communément fix fols la pinte '} qui contient
trois livres.
Le prix commun du beurre que lés fermiers
portent an marché pour l’approvifionnementde
la capitale, eft de douze fols la livre.
Le prix des fr omages varie félon leur groffeur,
l’e.fpèce de fromage & fa qualité/ Le fromtf
de Brie, le plus eflimé} fe vend par le ferimej
de quarante à cinquante fols: Il a neuf bgnes
d’épaifleur, & un diamètre de dix pouces.
Dans les montagnes de Franche-comté &
Lorraine, on vend lefromage fait à la manière®
Gruyère fur le pied de fix fols la livre.
• Le petit lait & lé .baratté fervent à nontfjj
des cochons. On eftime en Suiffe que le P.
lait de cinq vaches.peut nourrir un gros Cgjjfl
ou deux petits. On en tire un autre parti da
[tes montagnes de l 'E m m e n th a l , d e l’E n t lib u c h ,
[canton de L u c e rn e , & dans les e n v iro n s de la
I Vallée d’ü r fe r e n au p ie d d u S a in t -G o th a r d &
[autres endroits de la Suiffe. P a r u n p ro c é d é p a rticulier
d o n t o n fait u n f e c r e t, les m o n ta g n a rd s ,
[en évaporant le p e tit l a i t , f o n t u n fel o u fu c re
ide lait & même des ta b le tte s f o r t eftimées dans
[ce pays p o u r les maladies de p o itr in e . F o y c^ L a it .
I . En in d iq u an t ici les p r ix des d iffé re n t p ro d u its
[q u ’on retire des bêtes à c o r n e s , je n ’ai pas p r é -
Itendu à u n e e x a c titu d e rigoureuse n i c o n v e n a -
Ible à tous les pays. O n f e n t b ie n q u e ll e m ’étoic
limpoftible ; mais j’a i'v o u lu d o n n e r u n a p p e rç u
Ides prix q u i m’o n t p a ru les p lu s c om m u n s , afin
qu’on eût q u e lq u e c h o fe d ’u n p e u pofitif.
Le VEngrais que fournirent Us Bêtes a cornés
à Vétable & dans les prairies.
K Les bêtes à c o rn e s fo u rn iffe n t d e l’engrais p a r
I le fumier q u ’elles f o n t à l’é ta b le & p a r la fiente
■quelles ré p a n d e n t dans les p ra irie s o ù elles
■Ajournent.
K Selon leu r taille & les a lim en s d o n t elles fo n t
wiourries , les Bêtes à c o rn e s p r o d u if e n tu n e n t
r a i s plus o u moins, a b o n d a n t. U n e v a c h e n o u r -
rie au fec n e r e n d q u e des ex c rém en s fecs -
Icelle qui mange b e a u c o u p d ’h e rb e fiente p lu s
f fouvent ,fa lit d avantage fa litiè r e , q u ’il f a u t r e n o u -
yeller fré q u em m e n t. J ’eftime q u ’u n e v a c h e d e
haute taille p e u t f o u rn ir d a n s l ’é ta b le d e . q u o i
fumer deux a rp e n s d e te r r e p a r a n , l’a rp e n t de
ic e n t p e rch e s, à v in g t-d e u x p ieds p o u r p e rc h e .
■ Une vache de taille m o y e n n e e n fum e u n a rp e n t
J. & d em i, & la p lu s p e tite e fp è c e u n a rp e n t. 11
»arrive fo uvent q u ’u n e b ê te de p e tite r a c é f o u r -
|n u plus d’engrais q u e c e lle d ’u n e ra c e m o y e n n e , ;
i c e qui dépend d e fa c o n ftitu tio n ; p lu s e lle fe
|v u id e fré q u em m e n t, p lu s e lle fa it de fum ie r.
J ’ai parlé de. la q u a lité de l’engrais des Bêtes
a cornes & des terres, a u x q u e lle s .il c o n v ie n t,
«au mot Amendement.
B L e n g ra is, q u e lès b ê te s à c o rn e s ré p a n d e n t
fdans les p r a ir ie s , n ’eft av a n ta g e u x q u ’a u ta n t
quelles y fo n t en g ran d n om b re , re la tiv em e n t à
» é te n d u e des *prairies o u q u e les p rairie s f e r -
K e n t toute l’an n é e de p â tu r e à ces a n im a u x •
'■:>ans cela , q ue lque s p laces fe u lem e n t f o n t f u -
B n é e s -, le refte n e l ’eft pas d u to u t ; les c o m -
ftnunes <fh offrent la p re u v e .
|L féjour c o n tin u e l dés î‘boeitfs dans Ips h e r -
|bages de N o rm a n d ie , o ù o n les r e n o u v e l le , à
|.mejare q u ’o n v e n d c e u x q u i fo n t gras , fuffit
P°ur fumer ces rich e s pâ tu ra g e s , p a rc e q u ’o n
H attention d’e n le v e r le u r fiente des e n d ro its o ù
y en a t r o p , p o u r la ré p a n d re dans c e u x , o ù
i " n y en a pas.
* , 0 n efi ?ans ^’u fage dans le pays, de B ray, aux
virons de Neuf-Châtel & de Qournai f de fane
parquer la nuit les vaches, comme on fait parquer
les moutqns • c’eft, un moyen d’engraiffer
les prairies naturelles. Pendant la journée, ces
bêtes font errantes dans les pacages, où elles
paiffent ; le foir , on les ramène au parc formé
de claies dans lequel elles reftent enfermées.
On donne à un parc , pour dix vaches, une
étendue de 44 à 48 pieds de longueur & de
largeur. Ces dimcnfiqns varient félon que l’homme
qui forme le parc , croife plus ou moins les claies.
V oyez les détails du parcage au mot Bêtes a l a in e .
Ce parc e fl changé de temsen tems de place ; on juge
qu’il faut le changer, quand on voit que fon enceinte
eft fuffifamment fumée & que les vaches
n’y p.ourroient plus féjourner; davantage, fans fe
falir. Quand la fiente eft fèchè,, on charge un
petit garçon de la répandre de manière que toute
la prairie fbit également engraiffée,; comme on
fait dans les herbages à boeufs.
Cette manière d’engraiffef les prairies naturelles
a été imitée par le propriétaire d’une terre voifine
du pays d’Auge, où on l ’a introduite .d’après des
obfervations faites à Forges-les-eaux. Là, dans les
premiers jours de Mai, les vaches commencent à
coucher au pare & continuent jufqu’au mois de
Novembre & quelquefois jufqu’à la Saint-Martin
-, fi les premiers jours de Mai étoient froids ,
on ne çommenceroit pas fitôt, comme on prolong
e a it au-delà de la Saint-Martin , fi le tems
fe foutenoit & fi la prairie étoit abritée. 11 eft
fage, de ne pas choifir un mauvais tems pour
commencer le parcage & de ne pas expofer au
froid-desi.nuits., les vaches fraîchement vélées i
plus fübceptibles alors des impreflions de l’air. •
A quatre heures ou quatre heures & demie
du matin, on fait fortirles vaches de leur parc dion
ne les y fait rentrer qu’à l’approche de la nuir,
afin de les laiffer mangerle plûs long-temspoflible,
fur-tout dans les grandes chaleurs, parce qu’a-
lors elles ne mangent pas, au milieu du jour ;
on croit que, s’il s’agiffoit de les engraiffer ,:ii
fruftroit.qu’elles entraffent: le foir plus tard au
parc & qu’elles en fortifient plus matin -, ce
qui dépendrait de la quantité & de l’abondance
d’herbe quelles trouveraient dans leurs pacages.
La perfonne, dont je tiens cette méthode
s en trouve bien,. Elle fait parquer fes vaches
dans les parties lés plus maigres de fes prairies.
Je préfume que ces frètes ne, doivent pas donner!
autant de lait qùe .fi elles couchoient toutes
! les nuits à l’étable ; mais elles. fo n t , à cet
égard ,. comme les vaches de la Suiffe, de l’A u -
vergnef & d’autres parties mostagneufes de l’Europe,
qui pafl'ent l’Eté expofées aux injures de
l’air ; ce qu’elles perdent en quantité de laitage
, elles le regagnent en qualité ; car fi les vaches
Suiffes de la montagne toujours dehors en
E té , donnent du lait propre à faire de meilleurs
fromages, que :celles des plaines, qui rentrent
dans les étables tous les loirs il en eft de
S ij