
cines, feul avantage qu'on puifie confidérer en
jardinage ; je laiffe à M. l’Abbé Teflier l’examen,
il ce retranchement a des avantages en Agriculture.
Dans les environs dés grandes Villes , on fait
un feGond femis de Carottes vers la fin du mois
d’Août ou au commencement de Septembre -,
au mois de Novembre, on leur donne un far-
dage ; St, dès que les premiers froids commencent,
on les couvre de litières. Au mois de
Mars, on les découvre & on continue de' les
farder pour accélérer leur croiffance.. Ces Carottes
font en état d’-être cueillies vers le mois,
de Mai,. St leur confommation atteint celle
des plus précoces de l’année. La variété blanche
qui redoute le moins le froid St l'humidité, convient
mieux que les autres pour ces femis d’Automne.
Beaucoup de Jardiniers négligent môme
la précaution de les couvrir pendant l’Hiver , &
ces feniis bravent nos froids lorfqu’iis ne font
pas trop violens.
Les Carottes réufiiffent également bien, fous
chaffis ; mais c& moyen d’accélérer leur croii-
fance eft peu ufité , je ne l’ai vu que dans, quelques
jardins de la Hollande où les femis d’Automne
ne réufiiffent pas, à caufe de l’humidité
des Hivers.
On récolte les Carottes en Automne, St après
avoir coupé les feuilles-& même une portion du
collet de la racine, on ies'dépofe en- tas dans la
ferre ou dans des creux, fravant la méthode Allemande,
Fôy,c^CniiUX, bü enfin on les enterre
par lits, dans du fable ; ces différens moyens
font plus ou moins avantageux , fuivant la nature
du lieu ; mais , en général, il me paroît j
que le premier, le plus iimple.de tous, écono-
mife la place fans expofer la racine à aucun, inconvénient.
La Graine peut être récoltée fur des1 pieds
qu’on a hiverné, foit en pleine terre ou dans
la ferre, & tranfplantés vers le mois'de Mars
dans le potager. Celle de l’ombelle principale
eft généralement mieux nourrie que celle des
ombelles latérales ; il eil donc effentiel de la
recueillir feule lorfqu’on veut conferver de
belles variétés. On recommande avec raifon de
ne pas récolter la graine des pieds qui fleuriffent
la première année, parce quelle n’efl pas nourrie.
J’ai, été curieux d’obferver fi" c’étoit une variété
confiante qui fe frouvoit mêlée aux autres,
ou fi c’étoient des individus viciés; j’ai en confluence
recueilli la graine de quelques - uns de
ces pieds ; le plus gr.,nd nombre des plantes que
j’en ai obtenues, ont été pareillement maigres,
& ont fleuri la même année ; mais une partie
n’a pas fleuri, & a donné des racines plus ou
moins belles. Ainfi, on a raifort de coflfidérer
ces pieds qui fleuriffent la première an-née comme I
desindividu^avortés. J’ignore la eaufede ce phé-' 1
no mène , dont j’indiquerai cependant quelques
détails ,au mot Durée des plantes!
U J'age. Outre les ufages économiques de-çette
plante, dont il eff inutiie de rappeller le fouvènir
elle eft employée en Pharmacie comme diurétique
; on l’a également vantée comme unfpé-
cifique con tre les cancers ; mais cette propriété
ne s’eft pas. confirmée. Là quantité de fucre
qu’elle contient peut la faire conlklérer connue
peélorale, ainfi que le chervi& la bette- ravç•
mais une qualité également précieufe, c’efl la j
facilité avec laquelle les eftomaçs les plus délicats
là digèrent ; avantage précieux que beaucoup'de >
légumes n’ont pas comme la Carotte. M. Dam-
bournay a fait plufieurs expériences pour fixer
le principe coloiant de cette plante ; mais il
n’en a tiré qu’un olivâtre fale quoique folide
dont on ne peut faire aucun ufage.
Les autres Carottes font des plantes agrefies :
8c fans apparence, plus ou moins reffemblantes j
à la Carotte commune ; on ne les cultive que
dans les jardins de Botanique. L’une d’elles, indiquée
fous le n.° 3, rend un fuc goinmo-ré- !
fineux ; lorfqù’on l’endommage , ce fuc a une
odeur agréable ; mais on n’en corinoît encore
aucun ufage.
Culture. Ces Carottes doivent toutes être fe-
mées au Printems , fous des chaffis , dans.une
terre légère , meuble & même un peu fablon-
neufe ; lorfque les jeunes pieds font en état de I
fupporter la traniplantation , on doit les arracher
& les planter dans la place quelles dbivent
occuper, ou dans desvafes loriqu’elles font bisannuelles
, comme le n.° p , afin de pouvoir
les rentrer dans l’orangerie avant les froids; mais
les efpèces annuelles ont le tems d’aoûter leurs
graines avant la fin dè lafaifon , fur-tout ïôrf-
qu’elles ont été bâtées au Printems par dès chaffis.
Ces plantes - du refie n’exigent aucuns . foins
particuliers , & ne feront jamais l’objet d’une
culture générale, n’ayant aucune qualité connue.
H exifié encore des incertitudes fur quelques
efpèces de Carottes. Allioni décrit, fous le nom
de Daucus hijpanicus, une plante déjà mentionnée
par Gouan, à laquelle il rapporte le Daucus
gummifcràs. Tournefort. D’un autre côté, M. La*
mark décrit un Daucus gumnufer qu’il dit être I
différent du Daucus kifpànicus de Gouan. De
nouvelles ôbfervations décideront la démarcation j
qui exifie entre ces deux efpèces. D’un autre
côté , il me paroît que le Daucus kifpànicus I
d’Allioni reffemblebeaucoup au Lajerpitiumpru- j
tenicum de Jacquin. Ces efpèces fercient-elles I
purement nominales , comme tant d’autres établies
par de nomenclateurs ? Ç’eit ce que le ]
teins décidera. ( M. Reynier. )
C U L T U R E D E L A C A R O T T E COMMUNEOn
appelle cette plante Pafiettadc bu Pàfîônade j
dans les Provinces méridionales delà France, quoique
ces noms duffenr appartenir plutôt au panais'
(Paftinaca.)Dans quelquespayB on confondencore
la Carotte avec la- betterave-, m première y étant
délignée par le n'oin de Carotte jaune, & l’autre
pat celui de Carotte rouge ; ce qui prouve que,
dans ces pays, on ne cultive pas la Carotte jaune.
Suivant M. de Latr.ark, la Carotte fauvage qui
croît naturellement dans les prés, fur les bords
des champs & des chemins, & même au milieu
des grains, ell la même que la Carotte cultivée x
& cette dernière ne diffère dés autres, que parce
que fa racine douce & fucrée efi plus épaiffe ,
plus charnue ,& moins dure. Pour auforifer cette
affertion, il eût fallu que quelque perfonne eût obtenu
d’aulli belles racines de la graine de la Carotte
fauvage,. que de la graine de la. cultivée.. Miller
n’a jamais pu y réullir, & il affure. que ceux qui
l’ont effayén’oot pas eu plus defuccès. La racine
de la Carotte fauvage efi toujours petite, gluante
&d’un goût chaud & piquant ;■ elle ne vienr que
quand on la fème en Automne-
La Carotte ordinaire fe cultive en Egypte. En'
Europe,. on la trouve dans tous les-potagers : on
la cultive même en plein champ, en Allemagne,
en Angleterre St en France, dans la FJandie, en
Artojs: en Picardie. Ce font ces Provinces qui
fpui-niffent des- graines à une grande partie du
Royaume , & même , à ce qu’on affure, à quelques
Cultivateurs Anglois-.
Il y a plufieurs.variétés de la Carotte ordinaire ,
dilfinguées par la couleur des racines. L’une eft
orangée, une autre jaune, une troifième blanche,.
& une quatrième rouge pourpre. La première.,
qui paroitêtre la plus pelante, efi la plus efiimée
à Londres & à Paris. La jaune efi recherchée dans
le relie de la France, & la blanche en Italie. J’ai
reçu de Ruflie de la graine de la Carotte rouge pourprée.
La rouge orangée , cultivée aux environs
de Paris, eft plus délicate, plus tendre St.cuit mieux
que la jaune & la blanche. Les feuilles de la quatrième
font plus laciniées, & les racines moins
çroffes , mais très-tendres & très-douces. On
affure que la blanche craint moins l’humidité
que les autres; ce qui la rendrait préférable
pour les terreins frais, & mériteroit d’être vérifié.
On eonferve ces variétés long-tems dans les jardins,
fi on les fème éloignées les unes des autres.
Il eft poffible qu’une variété de Carottes foit
naturellement plus tendre qu’une autre : mais je
crois que cette qualité êft louvent due à la nature
du terrein. Il feroit bon de faire quelques
çffais, pour.s’affurer jufqu’à quel point le terrein
influe fur la bonté des Carottes.
Qualité & préparation du terrein.
La terre , propre à la culture des Carottes, doit
hre.légère & .profonde. M. Duhamel en a femé
Lavée fticcès dans un fable gras.,, mêlé de cailloux;
| elles ont bien réfiflé à de longues féchereffes,
qui faifoient périr tous les grains: mais elles
viennent plus belles dans un table noirâtre > un
peu humide. Dans ces. fortes de terrains , on en a
récolté qui.avôientde dix-huit à vingt-cinq pouces,
de longueur , deux pouces & demi & jufqu’à cinq
de diamètre au col et., & qui pefoient de Vingt-
cinq à trente-trois onces.
M. de Combes ( Ecole du jardin potager 3; croit
que les Carottes longues, fe doivent cultiver par
préférence, aux rondes ,: dans les terres légères &
meubles, & que les rondes conviennent mieux
dans les terres fortes, glaifeufes ou cailiouteufes
©ù les autres fourcheraient & deviendraient ver-
reufes. Mais je ne crois pas qu’il y ait des Carottes
effemieliement rondes ou longues. Il me femble.
que chacune des variétés de Carottes efi longue ou
ronde , félon qu’elle.croît dans une terre meuble,,
°lui lui permet de s’enfoncer , ou dans une terre
compacte ou peu profonde ou pier-réufe,; qui s’ôp-
pofant à■ renfoncement des racines-, les force de
refter courtes & de groffiren s’arrondiffanr.
Pour les cultures dë Cara.ttes dans les potagers,
on laboure à la bêche deux fois,, une avanr&
l’autre après l’Hiver, à moins que le terrein ne-
foi t très-léger & très-meuble. Dans ce cas, il ne
faut le labourer qu’une feulé fois & après PHiver..
Les labours étant faits, on unir la terre , afin
que les graines ne foientpas trop enterrées, & oa
a foin qu’il n?y ait pas une feule motte..
Lorfqu’on veut femer des Carottes en plein
champ , on laboure la terre au commencement
de l’Automne ; on lui donne une fécondé façon
en travers un peu avant Noël, & fi elle eft com-
paéïe, on la difpofe en filions élevés , afin que.
la gelée l’adouciffe en la divifant. On met fur ce
fécond labour du fumier bien çonfommé, quand
la terre en a befoin . Vers la fin de Février oa
au commencement de Mars, en domine la dernière
façon, fur laquelle on doit répondre la fe—
«ienee, & on herfe, s’il refie encore des mottes.
Quelques Fermiers Anglois y fuivant Miller ,,
emploient pour la troifième façon deux charrues,,
qui fe fuivent dans le même fi lion , de manière
que la fécondé pique au-deffous de la terre, que-
la première a enlevée. Par ce double labour,
la terre efi remuée, à dix-huit pouces de profondeur.
D’après M. Artbur-yong, (feuille du Ciilth-
vateur du 19 Janvier 1791 ) ce n’eft pas le dernier,
mais le premier labour qu’on creufe awffï profondément
; les deux Cultivateurs de la même
Nation ont fans doute décrit la pratique de différens
pays. Je préfère celle qui efi indiquée par
M. Arthur - Yong , par plufieurs raifons r i.®
parce que la terre du fond , amenée de bonne-
heure à 'a furface, a le tems de fe mûrir &
de s’ameublir; i.° parce que la terre de la furface,.
portée fous celle qu’elle remplace , refle affez: