
portent en bonté fur toutes les efpèces connues. »
Quoiqu’il ne dife pas de quelle partie delà Gaule
i f entend parler, il eft: à préiùmer que c’eft de
la Gaule aquitanique.
On ne voit rien qui conftate combien de
tems cette fupériorité s’eft çonfervée. Lorfque
Dom Pèdre I V , Roi de Càftille , obtint d’un Roi
Maure de choifir dans fes Etats des béliers & des
brebis, & lorfque le Cardinal deXimènes en
tira auffi des mêmes pays , ces animaux furent
non-feulement l’origine des Bêtes à laine de la
vieille Gaftillé, mais encore des excellera troupeaux
du RoulfiUon. Il eft vraifemb labié que ces
importations améliorèrent les races des Provinces
voifines du Roufiillon.
Dans le fièclé dernier,les Hollandois apportèrent
des Indes des Bêtes à laine, grandes, alon-
gées, & grolfes de corfages, dont les toifons longues
égaloient prefque les belles laines Angloifes
en fineflé & en beauté ; ils les placèrent dans le
Texel & 'dans la Frife orientale. Ces animaux
y réunirent bien & donnèrent jufqu’à feize
livres d’une belle laine longue, que beaucoup
dé marchands vendent pour de la laine d’Angleterre
-, les brebis portèrent , "chaque année ,
plufieurs agneaux.
Les Hollandois permirent aux Flamands de participer
à cet avantage. Ceux-ci placèrent un certain
nombre de bêtes Indiennes aux environs de
Lille & de Warneton. Elles y profpérèrent fi bien,
que la race en prit le nom de race Flandrine.
De-là elle fc répandit dans le voifmage & la France
vit fes Bêtes à laine perfectionnées dans le nord
par une race des Indes, comme elle avoiravu
celles du midi perfectionnées par une race 'd’A frique.
La pofition heureulé de la France, parrap-
-port à fa température, la met à portée de jouir
au midi des avantages de l’Efpagne & de l’Italie,
& au nord de ceux de l’Angleterre, de la Hollande
& de l’Allemagne. On affure qu’il y a
maintenant des Bêtes à laine de race Flandrine
dans les marais de Charente, dans le Poitou, le
Maine, .& quelques cantons de la Provence.
Les manufactures de laineries que Louis
X IV établit par les confeils & fous le
miniè re de M. Colbert, aidées dé quelques
cncourapemens, ranimèrent les foins & la vigilance
fur famélioration des racesFrançôifes. Après
la mort de Colbert, il y eut des réglemens, qui
mirent des gênes & ôtèrent fur-tout aux propriétaires
la libert.é de vendre leurs laines a d autres
qu’aux fabricans. Le découragement, effet ordinaire
de toute efpèce d’entraves , s enfuivit
dura long—tems. De nouvelles tentatives furent
faites encore par-différera Minières de Louis X V ,
mais infruélueufement. Ce ne fut que quand
M. de Trudaine eut une influence fur les manufactures
qu’on prit le plus fûr moyen^ d’amé-
liorçr les laines. Cet' Adminiflrateur aufli éclairé
que plein de zèle pour tout ce qui étoit utile
chargea M. Daubenton de faire une fuited’expé!
riences, dont les détails- quand ils feraient piK
bliés , feroient connoître la manière de
procéder dans les améliorations & indiquèrent
les races qui pourroient fervir à perfectionner
les autres , en combien de tems & avec quelles,
précautions. Toutceque j’emprunterai de M; Dan-
benton eft le fruit de eès expériences.
Ce que M. de Trudaine avoit prévu eft ar-i
rivéf Le goût de l’amélioration -des laines s’eft
répandu. Prefque dans toutes les parties du Royau-
me des cultivateurs aifés ou des propriétaires s’en
occupent. Les uns fe font procurés des. béliers
& des brebis efpagnol^ les autres ont fait venir
des béliers & des brebis de race Angloife & de
race Africaine même • d’autres n’ont voulu
acheter que des- béliers étrangers. D’autres enfin
ont eu recoüfs à des Bêtes à laine du Rouffillon,'
auffi propres ‘ à donner de la laine fine ,
que celles d’Efpagne. Çes troupeaux, deûinésà
des améliorations, font autant de pépinières d’où,
il fort des béliers, qui fe répandent & vont à
proche en proche embellir les races des cantons,
où elles en ont befoin.
Le plus grand établilfement, qui fe fuit fait en
ce genre , eft celui de Rambouillet. Le Roi a fait
venir d’Efpagne un troupeau de 366 Bêtesà-laine.
Il a été choifi dans la vieille Càftille. Le but de fa
Majefté étoit, non-feulement d’enrichir fon domaine
de Rambouillet d’animaux précieux parla,
beauté de leurs toifons, mais encore d’être utile à
plufieurs pays, qui voudroient en profiter pour
perfectionner leurs laines. Les intentions du Roi
ont été remplies. Le troupeau a profpéré & prof-
père encore fous mes yeux à Rambouillet. Déjà dej
cultivateurs de la Brie, de laBcauce, de l’Orléanois,
de la Bourgogne, de la Brefle, de laChampagne,
de la Lorraine, de la Picardie, de la Normandie, &c..
font venus puifer dans, cette fource féconde, qui
fe renouvelle tous les ans, à mefure qu’on y puife,
On donnera quelque jour les détails de ladil-
tribution de ce troupeau & des améliorations
qu’il a occafionnées.
Si l’on en croît M. Carlier, le Roufliüon n’eil
pas le foui pays, qui produife en France des qualités
de laine, dont la tête égale lès meilleures
toifons d’Efpagne & d’Angleterre. Il croit qu’on
: en trouve d’auftl belles, dans quelques parties du
1 Diocèfe de Narbonne & de Béziers.» en Langui
| doc , en Champagne, en Berry , dans plufieurs
i cantons du Dauphiné -, de la Bourgogne, tle a
[• Sologne, du Maine & dans une partie de »
Flandre. La quantité n’en efi pas. fuffifante pouf
: nos manufactures. Elle peut être augmentée ^
multipliant & en foignant les meilleures branches
de ces mêmes pays.
L ’ouvrage de M. Carlier , que~ j’ai cité, ufteB
! deux volumes in-4.0 C’eft le plus étendu &
des meilleurs que je ' çonnôiftè for les 5&c5
iaine. L’Auteur l’a compofé d’après fes propres
Recherches & les réponfes faites à des demandes
Envoyées aux Intendans. Il a vifité lui-même
'Joutes les Provinces feprentrionales du Royaume,
| compter du Berry & du Limoufin. Il s’en eft
îapporté pour les autres , aux mémoires, qui lui
but été communiqués v La plus grande partie du
deuxième volume confient des détails, qui fe -
îoiept précieux, fi l’orj pouvoit compter fur l’exac-
limcle de tous. M. Carlier prenant les Provinces
às unes après les autres, expofe d’abord leur portion
géographique & celle de leurs fubdivifions ;
| diftingue enfuite les-efpèces•& variétés des Bêtes
| laine, qu’on y entretient, leur éducation &;
la manière de les engraiifer , la qualité de leur
bine, l’ufage & le débit qu’on en fait & les ma-:
-aüfaCtures de la Province. Je renvoie à cet ou-;
jBrageintéreffant pour lés détails dans lefquels je!
è’ai pu entrer, n’ayânt pas l’intention de faire'
fc traité complet des fié tes à laine.
wm .Taille, longueur & poids des Bêtes a laine.
: Pour bien connoître la taille d’une Bête à
laine, il faut prendre fa hauteur depuis terre juf-
qiu’au garot, comme on mefure lesrchevaux. On
dit qu’il y a des races de Bêtes à laine , qui n’ont
qn’un pied de hauteur • ce-font lès plus .petites,
©autres ont jufqu’à trois pieds huit pouces ; ce
font les plus grandes. Ainfi, les races moyennes de
»utes les Bêtes à laine connues ont environ deux
$eds quatre pouces de hauteur, fuivant les mefu-
'î|s qui ont été données. Mais il n’y a eh France
;q|îe les Bêtes à laine de Flandres, qui aient plus de
j j ux pieds quatre pouces. Parmi les autres races
petite taille va depiiis un pied jufqu’à dix-fept
wuces, la taille moyenne depuis dix-huit pou-
*ïs jufqu’à‘vingt-deux, & la grande taille, depuis
■ flpgt-trois. jufqu a vingt-fept poucesi' r>
1« On eft dans f ufage de mefurer les Bête? à laine
avoir leur longueur, depuis les. oreilles juf-
qua la naiffance de la queue ; mais cette me-.
I e e“ fojette à varier dans les différentes fttua-
i l ? s de là tête de l’animal. »
1« On peut juger de la hauteur par la longueur
f car la hauteur d’une bête a un
« J | ISS BS fa longueur ; par-exemple,
âénv n-1? 111 pieds, n’a que
f f * Pieds de hauteur. » H
poids ne dépend pas de la longueur. Car il
rL , f Jace.s Plus épaiftes, plus ramaffées, plus
ont W S ? riS: faî)Iées qu’alongées.. Celles qui
plus très7^err^es & nombreufes pèfent
^ ce ^es <Ilîl font d’une'conftîtution lâche.
1|1 Flîmdrit0nS 5 ifàuts, fi l’on en excepte
lire fnn!nSi’ 'forment une variété particu-
5 5 fom ^ Attétos, iei Picards, kc. On
trouve réfpéce moyenne’dans la fieance, & la
plus petite dans les Ardennes & en général dans
lés Bocagers.
■ . . . jL,a nrenis avoir deux
pieds*uit pouces de hauteur, trois pieds dix pouces
de ’longueur, du fommet de la tête à lanaif-
fance de la çucue, & un pied cinq pouces du
garot à la tête, & quatre pieds trois pouces de
CUr’ ” pas pleine & étant à jeun. Le
Bélier avoir deux pieds troii pouces de hauteur
& trois pieds fept pouces de longueur totale &
un pied quatre pouces de la. tête au garot ’ &
trois pieds huit pouces de groffeur le matin avant
1 iQï lr Jde 3 berêene; ° n Pew le mettre dans
la claffe des Bêtes à lame de haute taille, après
les moutons Flandrins.
Ages des Bêtes à laine.
On donne aux Bêtes à laine dès noms diffë-
rens a raifon de leur âge. Les agneaux confer-
.vent fe nom a agneaux, de puis leur nâifiànce juf-
qù au terme d’une première année révolue. Dans
quelques parties de la France méridionale en
partage ce terme. On nomme l’agnèau primai k
*a} première tonte & Bourech à la Saint-Michel
D’un an à quinze ou dix-huit mois l’agneau s’appelle
agneau de P année pàjfee; de quinze &. dix-
huit mois à deux ans, il porte le nom d'ante-
nois ou antenoife, fi c’eft une femelle. On dit
en Berry vacivèau & vacive, & en Sologne ra-
gum & ra gaine. ’Les antenôis font auffi Sommés
monto'tîneaux.
Les Romains fe fervbientdu mot hident'es pot’r
défigner les Bêtes à laine âgée? de deux ans parce
qu à cet âge il leur tombe deux dents de lait
qui font remplacées par deux larges dents. Voyez
Age des Animaux , article où je développe la •
-connqiflànce de l’âge, par lés dents..'Après cinq
ans , les nouvelles dents ayant remplacé tomes
les anciennes, les Bêtes à laine ne marquent p lu s..
Les bergers appellent ronds 8ioronds les moutons
qui ont toutes leurs dents & brèches ou calabres*
quand ils commencent à ;les perdre. Ils recon-
noiflent les années, qui fuivent la cinquième par
des fignes.arbitpir.es & à des marques qu’ils font
eux-mêmes; J ’obfèrverai que les époques de ht
pouffe des nouvelles dents ne- font pas toujours,
une indication certaine de l'âge des Bêtes à laine i
quand elles font bien nourries & .en Bon état
les nouvelles dents paroiffent plutôt. Dans ce cas
leur précocité; eft quelquefois d’un an & plus.
Les marchands ne s’y trompent pas..
Lotfque-les Bêtes àlaine ont perdu leurs dents
elles, ne peuvent plus brouter l’herbe ni broyer