
mais que l’on n’a auffi qu’une • cochenille de
moitié moins greffe que celle femée par le cultivateur
-, ce qui femhle un pas vers la dégénération.
H y a , à l’égard de la cochenille
fine, beaucoup plus de difficultés, qu’à l’égard
de l’autre, pour avoir, lors de chaque le—
maille, des mères qui y foient propres, & qui
n’aient pas commencé de mettre bas au moment
de cette femaille. Car, pour c e la , il ne
fuffit pas, à l’égard de la cochenille fine, de
faner quelques Caétièrs plufieurs jours après
lés autres- il faut encore, réuffir à confer-
ver , pendant la faifon des pluies, & la
cochenille retardée de ces Caéliers femés plus
itard, & la cochenille non retardée des autres.
Or , la confervation de ces deux lignées,
ou même d’une feule, n’eft pas très-aifée, pendant
les fix mois que dure cette faifon, tant à
Guaxaca qu’au Port-au-Prince, & en beaucoup
d’autres endroits de l’Amérique Méridionale,
qui font néanmoins très-propres à l’éducation
.de la cochenille fine. Je vais expofer les pro-
cédés mis en pratique au Mexique. Pour réuffir à
cette confervation ■ les inconvéniens & l’infuffi-
fance de cette pratique ; puis la méthode que
Thiéry, a imaginé pour réuffir plus fùrement que
par ces procédés, & en éviter les inconvéniens.
T)e la maniéré de conferver la Cochenille fine
vivante \ pendant la faifon des pluies, tant a
Guaxaca qu’au Tort-au-P rince, afin . d’avoir
des mères cochenilles , pour femer lors de la
faifon des fecs fujbfequente..
La cochenille périroit , très-certainement ,
iufqu’à la dernière, à Guaxaca comme au Port-
au-Prince , fi on la laiffoit en plein air, pendant
gfofîés branches de Caétier nopal, qui avoienj!
environ trois pieds de longueur, fur lefquellcs
il y avoit quelques cochenilles femelles fort
groffes. 11 demanda à ce nègre à quel ufage a'
deftinoit ces branches.. Ce nègre, répondit ce
font des mères cochenilles, c’étoit le dix-fem
Mai, à la veille de la dernière récolte & des
pluies. Thiéry conjecture avec très-grande apparence
la faifon des pluies. On n’en retire donc j
aucun profit, a Guaxaca, pendant cette faifon.
O n fe borne, tant que cette faifon dure, à
tâcher d’en conferver l’efpèce, pour être en
état de la ferner, de nouveau en plein air ,
lors du premier retour de la faifon des fecs.
Comment les cultivateurs du Mexique , réuf-
fiffent-ils à cette confervation, pendant les fix
mois que durent la faifon des pluies, ? Les Auteurs
qui ont traité de la cochenille , avant
Thiéry de Ménonville., rapportent qu’à l’approche
des pluies, les Indiens caffent des franches de
Ca&ier nopal, fur lefquelles font des cochenilles
- fines, les ferrent dans leurs maifons, & les y gardent
iufqu’aux féchereffes; & qu’enfin lorfqu’il n y aplus
de pluies à craindre, & que les cochenilles amfi
nourries à la maifon font prêtes à mettre bas, ils
les fèment de nouveau en plein air. Thiéry, en
achetant des branches de nopal, chargées de
cochenille fine vivante , chez un nègre libre,-
.dans le fauxbourg de las Bueltas, à Guaxaca,
a vu que ce nègre avoit, le long de la haie de
Jpn jardinr & de^mujrs de fes cafés, plufieurs
de raifiali, que ces branches n’étoient
là que pour toujours profiter du beau teins
en attendant que la pluie forçât de les rentrer!
à la café, Il ne fit aucune autre queflion à cel
nègre pour ne pas fe- faire foupçonner, parce)
qu’il étoit dans une Ville. Il fut plus familier)
avec un alcade nègre à San Juan del Rey, chez!
lequel il acheta auffi des branches de Cadiet
Nopal chargées de cochenille vivante, & quipofJ
fédoit une nopalerie d’un arpent & demi des.
mieux entretenues qu’il ait vues. Thiéry lui
demanda comment il gardoit la cochenille pendant
la faifon des pluies. Le nègre répondit,!
que c’étoit dans fa café. Il en ufa auffi libre-!
ment avec un Indien, à GalLititlan, chez lequel
il acheta auffi des branches de Ca&ier]
Nopal chargées de cochenilles fines vivantes,
Thiéry v o y o it, dans fa nopalerie récoltée, deux
ou trois Ca&iers Nopals encore chargés de cochenilles;
HJui demanda comment il pouvoir]
conferver fes cochenilles pendant la faifon dea
pluies ? L ’Indien répondit, en montrant du doigt!
ces Nopals encore chargés, on les couvre avec!
une natte. ' ' - “ ‘ j
Il paroî't donc, d’après ces détails, qu’il y a
deux méthodes iuivies au Mexique, pour con-j
ferver l’efpèee de la cochenille fine pendant la
faifon des pluies ’, que la première confifle à:
garder, dans l’intérieur des maifons, pendanl
cette faifon, des branches, de Ca&ier Nopal
chargées de cochenilles vivantes ; & que la le-j
conde méthode eft de laiffer en plein air, plu j
fieurs Ca&iers, chargés de' cette cochenille vij
vante, que l’on couvre avec des nattes, lorj
des pluies. Il tombe fous le fens que les avantages
ou les inconvéniens qui peuvent réfulter deeej
deux méthodes, doivent être les mêmes au Portj
‘ au-Prince qu’à Guaxaca; puifque le. climat
ces deux Viïles, eft le même à l’égard deiï
poque & de la durée de la faifon des p 11 *
& à tous autres égards. .
Quant à la première méthode, on conc
qu’fi eft. peu probable que les branches |
ÇaéHers Nopals chargées de cochenilles 1
vantes, qui font rentrées à la maifon, a 1 apP ,
che de la faifon des pluies, foient les me J
fur lefquelles on recueille la cochenille, P I
femer, lors du retour de la faifon des j
c’eft-à-dire fix mois après. Car , en prü; j!
Heu, il eft peu probable que des branc 1
Nopal, féparées des arbres auxquels eu q
partiennent, puiftent refter vivantes P
èfffe,' au bout,-d*un’rfr lofig;çf-r
f e Üe-thaïs. , encore aflez fraîches pour' eiiïrg-
Inir ées cochenilles vivantes. En fécond lien ,
L jellDes cochenilles engendrées par les mères
L e Ton rentre toutes prêtes à, pondre font
"^certainement leurs petits environ deux mois
Éprès.qu Vies font rentrées, .& il parqît certain
Eue les branches ■ fur lefquelles ;elles ont vécu
Êendanr ces deux mois , & qui n ont pas végété
Lndantcetemsy doivent être entièrement épuilées,
labfulument incapables de nourrir la génération
fui commence alors h voir le jour. 11 paroît donq
- • qUe , vers le commencement du troifième
|nois de la faifon des pluies ,. il faut cueillir,
Hans la nopalerie., de nouvelles branches de
Nopal, fur*lefquelles on leme à la maifon des
31ères cochenilles,, prêtes à mettre bas. Il pa-
■ oît encore certain qu’il faut répéter la même
Opération, encore deux mois après; &_qu’ainfi
les mères cochenilles , qui fervent à la première
femaille, faite en plein air au commencement
de la faifon des fecs, font de la troisième
génération des mères rentrées, à l’appro-
llie de la faifon des pluies. Mais j’a i , dit plus
Saut, que la cochenille fine, vit foixante jours
En plein air, & que le moment de fa ponte,
Inû que de fa mort, eft retardé de huit jours,
ïorfqu’eile paie - fa vie renfermée à l’ombre,
jje regarde il eft vrai comme probable que ,
{pendant la faifon des pluies, les cultivateurs
i Mexique font jouir leurs cochenilles renfermées
de Tair. & du foleil le .plus fquvent
æu’il eft poffible. Mais, malgré tout le foin imaginable
, il n’en eft pas moins vrai que ces çpr-
SenilleS doivent être , pendant prelque toute
ntte faifon , à couvert & renfermées. Il y a
Jonc lieu de préfumer que. chaque génération
»e ces -cochenilles ainfi, nées & élevées- à - la
•aifon, ne fait fouvent.ffi ponte que foixante-
, rit jours après, là naiftançe : & que ,vpar. con-
iquent ,.il arrive fouvent .que : la troifième génération
n’eft prête à mettre bas, c’eft-à-dire,
fe&i bonne à ■ femer, que rrois femaines après
•e commencement de la faifon des fecs ; ce qui
peut manquer d’être un fort grand incon-
|énient : puifqu’on perd, par-là , trois fe-
: rines d’un téms fi précieux. Et dans le cas où
p retardement du moment; de la ponte de cha-
|une.de cesgénérations, élevées à la maifon,
|frit encore plus grand , à çaufe de l’hu-
griitégénérale de l’atmofphère pendant la faifon
P pluies ; dans le. cas, dis-je,) où ce retardement
«tou, par exemple de quinze jours, il en ré-
Julteroit qu’on feroit fouvent forcé d’employer,
|°urla première la femaille fuivante en plein
•P la deuxième génération élevée à couvert, fous
fine de perdre certainement une récolte. Cet in-
|°nvénient feroit encore confidérable, en c : qu’il
rrecroit de femer de trop bonne heare en
l^nair, avant qu’on foit bien afturé qu’il ne
culture. Tome I I •
fii.fviendra phts, de pluies ; & forceroit, par cou«
féqUent-, ,'dq'; sîçxpofer à . voir fouvent fa . pre-
nii'ére récplte d,e. ; cochenilles perdue entièrement
, ou au moins très-ccnfidéiable.vent.diminuée
On .ne.jfçait fi l’on a , au Mexique, des
moyens de parera ces inconvéniens, qui paroi!-«
(enrinévirab! ;enfuiyant cette première méthode.
A 'l ’égard'de la feccxnde méthode de confer—
ver' des cochenilles .fines vivantes pendant les
pluies, qui içonfiüe àilaiflér, en pleine r terre ,
quelquesjNop'âls chargés de cochenilles, & à couvrir
ces 'Nopals, avec des nattes , chaque fois
que la pluie furvient ; on conçoit ai fément
que cette méthode exige les attentions fui van tes :
i.° pour ne pas perdre• ces cochenilles couvertes,
& lés Cacliers Nepakqui en font chargés,
il faut en faire trois récoltes, pendant la faifon
des pluies. i.° Il faut, par conféqiient, pendant
cetre faifon en faire trois fcmailles, y compris
celle qu’il faut faire auffi-tôt après la dernière
récolte de la faifon des fecs précédente, avant la
femaille à faire en plein air, de toute la nopalerie,
au commencement de la faifon des fecs fuivante.
-3.0 Il faut faire chacune de ces trois femailles ,-&
fur-tout la fécondé & ia troifième fur d’autres
Nopals que ceux qui portent la Cochenille que
l’on feme 8c que l’on récolte, à Gaufe de la fatigue
qu’ont dû produire dans ces derniers, lorsde la
première de ces femailles, les cochenilles;& lorsde
la fécondé & de la troifième, les cochenilles &
les couvertures. 4.0 Pour obvier , autant qu’il
eft; poffible, au retardement que l’humidité de
cette: faifon, & les couvertures y doivent nécef-
fàirement apporter à l'époque dé chaque ponte
de ces eoçheniile3,* il faut, lorsde chacune de
ces trois femailles, prendre pour femer, les cochenilles
les plus précoces. Cela fe peut alors
fort, aifément : puifqu’en femant fur d’autres
Caélièrs, que ceux qui font chargés de coche*
nille, on peut femer avant chaque récolte.
On conçoit encore, en premier lie u , que
cette fécondé méthode doit être fort embarr-af-
fanfe : en fécond lieu que ces cochenilles, étant
privées , par ces couvertures, du foleil & de
l’air libre, pendant la plus grande partie des fix
mois de la faifon des pluies; & vivant en outre,
malgré ces ouvertures, pendant le même tems,
dans un atmofphère toujours humide ; je
moment de chacune de leurs pontes, pendant
cette I faifon , doit être retardé prefque
autant que celui des cochenilles renfermées à la
maifon, &c.
Enfin, quelque (oit celle de ces deux méthodes
que l’on adopte, on ne réuffit pas toujours
à conferver la chenille , jufqu’â la faifon
des fecs. Il fuffit fouvent d’oublier une feule
fois de couvrir à tems celle confervée en -plein
air pour la perdre. Les rats, les ; ravets, la
pourriture , le defféchement , &c. attaquent.