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les difpofer de cette manière, & qu’il foit
obligé de mettre une Nopàlerie au Sud de
l’autre ; alors il placera celle deitinëe pour la
cochenille fine, au Nord de ccl!e deliînée pour
la cochenille filveftre. Cette diftance de cent
perches, mile entre ces deux Nopaleries, fera
remplie, li faire fe peur, par des arbres, ou des
arbriffeaux, ou du maïs, ou d’autres plantations,
excepté la canne à fucre qui axtireroiç
les fourmis, lefquelles font des ennemis redoutables
pour les cochenilles. Je dirai plus bas les
raifons de cet arrangement, à l’endroit où je
tiaiterai de la cochenille fine & de fes ennemis.
Il eft vrai qu’au Mexique-, ou les-Nopaleries
font on ne peut plus multipliées, & ou celle
de chaque Particulier eft attenante à celles
de fes voifihs , il n’eft pas. poflible d’éviter
d’avoir fouvent une Nopàlerie femée en cochenille
fine ayant du côté de l’Eft ou du Nord
une Nopàlerie attenante iëmëe en cochenille fih-
veftre. Mais ce mal, pour .être néçefl'aire au Me-^-
atique, n’en eft pas moins un mal : il deviendra,
il eft vrai, aufti néceffaire dans nos Colonies,
lorfque les Nopaleries y feront autant multipliées
qu’au Mexique; fi l’on n’établit pas
alors une police à cet égard. En attendant, il eft
bon d’éviter ce mal pendant qu’on le peut.
Culture du CaBier Nopal*
Il y a bien peu de plantes qui fe pubien t
multiplier aulfi aifément de boutures, en Amé-'
rique, que le Caéfier Nopal, & , en général,
prefque tous les Cadiers.
Au Mexique, on eft dansl’ufage, depuis un
tems immémorial, de ne multiplier le Cahier
Nopal, que par la yoie -des boutures, *Àu
Mexique, comme à Saint-Domingue, on peut
planter ces boutures pendant toute l’année. Elles
s’y enracinent toujours, on ne peut plus aifé-
jnent, & prefque fans foin, Il fujffit qu’urearticulation
détachée d’un Nopal foit laiflée fur terre,
pour quelle s’y enracine bientôt. & devienne j
un arbre en peu de tems. Mais., d’après les
obfervadons &. expériences de Thiéry & du
Cercle des-Philadelphes, établi au Cap-François,
il y a, pour cette, plantation , une époque à
préférer, & quelques règles à fuivre, fi l’on
veut en retirer le plus grand avantage poflible.
Thiéry s’eft alluré, par expérience, qu’il n’eft
à propos de mettre la cochenille fur les Caéliers
Nopals, que iorfqu’ils font d’une force fuffi-
fante, qui n’a lieu que lorfqu’ils ont atteint
l’âge de dix-huit mois. Il eft vrai qu’à cet âge,
ils font plus ou moins forts, fui van t le degré
de fertilité du terrein ; mais il convient de faire
des règles générales : & cette époque de dix-
huit mois, eft bonne pour les Nopals moins forts,
provenus dans les terreins maigres, comme pour
C£U* plus forts provenus dans de meilleures
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j Soleil*, puis, lorfqifelles font bien fécheJr
Lies ramaffer foigneufement avec les débris
| e, feuilles, & de les difpofer fur les lieux par
[lignes de deux ou trois pieds de largeur, & d’un
demi-pied d’épaiffeur ; puis enfin de les brûler.
Cette combuftion légère ne peut, dit-il, nuire
k la furface du terrein; elle détruit une grande
partie des fetnénees que ces herbes ont répandu
[fur la terre, & les cendres qui en proviennent
| tonifient le terrein.
i fe terrein de la Nopàlerie étant ainfi nétoyé,
il convient de le défoncer, à la bêche s’il eft
poflible, finon, dans le cas où il feroit pierreux,
à la houe, en ôtant les plus grolfes pierres.
On le défoncera à un pied de profondeur.
Les Mexiquains ne mettent jamais d’engrais
[dans les Nopaleries,, excepté dans le cas où ,
[ayant planté des Nopals en pépinières, ils de-
ifirent avoir promptement des plantes vigou-
îreufes. Dans ce cas-là même, ils n’en mettent
[pas d’autre qu’un fumier moitié de boeuf, &
[moitié de cheval très-parfaitement confommé
& entièrement réduit en pur terreau. Il faut
les imiter, & éloigner avec foin de la Nopa-
jlerie tout fumier non entièremèut confommé,
& tqus débris d’animaux & de végétaux, parce
[qu’ils ne conviennent pas aux Nopals, & ont le
Itrès-grand inconvénient d’attirer les rats, fouris,
[fourmis, fearabées, ravets, & autres ennemis des
[Nopals & de la cochenille.
Le terrein étant préparé, comme j’ai dit,
[on le dreffe exaélement au rateau ; puis on
[prend tout autour de la Nopàlerie, une allée
[qui fépàre les Nopals des clôtures. Si ces clô-
Itures font des haies vives, il eft avantageux
[que ces allées foient de dix pieds de largeur,
la caufe de la grande quantité d’infeéfes de
[tous genres qui fe logent toujours dans ces
[haies. Mais fi ces clôtures font de murailles,
J« mêmes allées de féparation peuvent n’être ■
Ique de quatre pieds de largeur.
en deux pièces par une allée tirée dans le milieu
[ou terrein, ou Bien en quatre carreaux égaux,
[par quatre allées qui fe croiferont à angles
I rons. Ces allées font utiles pour faciliter le
ipa(iagc,: .pour le coup d’oeil, &c.
IN En^ e on ^r.efaî dans toute l ’érendue de la
, °Pa'erie, des rigoles d’un demi-pied de profon-
Ihfi ^Un .de largeur. Quelque puiffe être
Ir ^Ure du terrein d’üne Nopàlerie, ces rigoles
k WQUi°Urs ^r^es dans. la •direéKon du Nord
If«n 1 •• terre ^ue l ° n ôtera de ces rigoles,
E L relettée du côté defEft. Elles feront à fix-
I f f i * difiance réciproque.
liés- Mf (i:îns ces que l’on pïantcra en fuite
PS'Ur HS- .^demeure, à fix pieds de drftance'
- des autres, de manière qu’ils fe trouvent
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tou* dïlpofés régulièrement, on bien en quin-
conce, ou bien en échiquier, fur des lignes
parallèles êt perpendiculaires les uùes aux
autres.
La chaleur eft telle à Guaxaca & au Port-ait*
Prince, que l’on peut, fans grand inconvénient,
planter les boutures de Caélier Nopal, aufti-tôÉ
après les avoir fépsrëes des plantes fur lefquelles
on les a prifes. Il eft cependant plus fûr de k t
couper fur les Nopals hirk ou quinze jours avant
le moment de la plantation,& de le9expofer pendant
cet intervalle en lieu fec & à 1’ombre, afin
qu’elles fe fanent un peu & que la coupe faite pour
féparer chacune de la plante à laquelle elle appar-
tenoit, fe defieehe entièrement dans toute fa furface,
auparavant la plantation. Ces boutures feront,
par cette dernière pratique, moins fujettes
à l’inconvénient de fe pourrir au lieu de
s’enraciner.
Suivant Thiéry, on ne doit jamais employer
pour boutures, les articulations qui ont fervi
récemment à nourrir de la cochenille. L ’expérience
lui a prouvé que de telles boutures-
pourriflent au lieu de s’enraciner. Il attribue
avec beaucoup de vraifemblance cette pourriture
, à l'érar d’épuifement dans lequel fè trouvent
alors ces articulations. Mais,, fuivant M.
Arthaud, Membre du cercle des Fhiladelphes,,
&. un des Commifiàires nommés par ce cercle
pour répéter les expériences de Thiéry, cette;
règle, preferite par ce dernier, ne .devra être
fuivie , à la rigueur, que lorfqu’on aura;
d autres plants en fumfante quantité. M-
Arthaud a éprouvé que fi l’on emploie pour
boutures , . les; articulations qui ont- fervi
récemment à nourrir la cochenille, il en périra
à la vérité un grand. nombre, mais il en rétif-
fira suffi un grand nombre; & loTfqu’on eu
voit quelques-unes attaquées par la pourriture,,
il fuffit fou vent de retrancher tout le pourri
pour les fauver. Si c’cft la bafe d’une bouture
qui eft pourrie, & que la partie fupérieure foit
faine, en l’arrachant, puis retranchant le pourri
& replantant le refte, elle s’enracine encore
fouvent.
Les boutures que l’on defiin.e à être plantées-
à demeure dans- les Nopaleries, doivent être
compofées chacune de deux articulations, &
jamais de trois ; parce qu’il eft d’expérience que
la rroifième eft fujette à fe pourrir,- & à caufer
amfi la pourriture dés deux autres. Ces deux:
articulations peuvent être prifes avec fuccès dans-'
toute l’étendue de chaque plante, depuisle femme*
jufqu’aux: racines. Cependant l ’expérience a
appris que les arnculàfiôns,- les- dernières pro^
duires, font Tes moins convenables de toutes,,'
parce quelles-fonf trop tendres & trop herbacées::
& fuivant Thiéry, les' pfus voiftnes des racines,,
ou les’ plus anciennement produises, font lés glu*