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On marque à la couleur fur le dos > fur les ;
flancs,,à,la tête & au cou, en rouge , en bleu
& en noir. Ôn compofe le rouge, qui eft la couleur
fayorite-yies Bergers, avec de l ’ocre battue;,
ipêlé. d’huile & d’un peu de farine ; - ce; qui donne
plutôt: une couleur aurore qu’une couleur rpuge.
Le(bleufefait avec L'indigo ; le n oir , qu’on appelle
Xerque s -eft un -mélange.; -de:. goudron . 8c d’hüile -,
quelquefois Greftde la poix de Bourgogne qu on
emploie f i a couleur qui en réfulte eft plutôt
du gris foncé,ou du brun que du noir. Rien né«
peut enlever, ces Cbuleurs. On les appbqqe ou
av eu un bàtop * ou avec un infiniment de fer ,
lu r lequel on fait fabriquer un chifre où font
les lettrés initiales des noms du propriétaire.
' Poûr marquer par Une mêcbe de laine colorée,
ôn tord un floëcon de laiùe teinté avec fin floçcon
de la laine de l’animal ; ôn les entrelacé & on les
m-rôte pat : un noeud, * dë manière que la laine
étrangère paroiffe au—déffus de là toifon.
Eïèibùés cès marques, celle qui fe fait ar oreille
fift là plus sûfé, la plus durable * ^fujette à moijis
d’inCcSvénièns. Hle n’altère, point là laine •>, elle
fubfîfte avant'& après ïa toiite. (
La marqué en couleur pénètre îes filamens
de laine, au point que rien n’en détruit l’adhérence
& la ténacité^. Dans les préparations de la laine,
cette cdulèür s’étend-'& én maculé1 une grande
quantité • le Fabricant éprouvé beaucoup de
déchets , 's’iî véut féparér- toute la- lâihe marquéè,
ou1 fes étoffes font moins pàrfâiteSP"Loffeue le
Fabricant ne: fuppOrté- pas là p e r te ■ il la fait
fuppdrter au propriétàirédes ûnoufohs .^Dans l’un
ou l’attire cas, cette irfanièrè dè marquérleS Bêtes
à lainé fait tort à quelqu’un. Les propriétaires
de troupeaux devroient empêcher leurs Bergers
de la pratiquer. Si.quelque circoilflance force:t
cependant a y recourir, il faudrait appliquer la
marque fur le front. Excepté dans les mois de
Mars,‘Avril & Mai, tems où la nouvelle laine
chaffe l’ancienne , la marqué fur le front fub-
iifteroit.
L a marque en làine teinté, qu’on attache à
la laine de l’animal, ne peut avoir lieu que quand
les mêclîes ont acquis de la longueur, c’eft-^dire,
•çn Novembre, jufqu au mois de Mars ou d’Avril.
On étoit, il y à cinquante ânsf généralement
perfuadé en Europe que là laine, qu’on tranfpor-
toit lavée d’Efpagne, ne pouvoit être fine, à
moins quelle n’eût une couleur rougeâtre. On
donnoit cette couleur à la laine en mettant de
l’ocre dans de grands facs de toile claire, qui
fe plaçôieiit à l’entrée des baflins * où ôn là voit
ù dos en Novembié les-béliers les brebis. Les
Pafteurs & les - May oraux Efpàgnols le faifoient
par deU’x motifs différens fie s r uns Croyoient que
ï’ôcre délayée formoit une croûte en s'unifiant
avec lafueur, & défendoit les Bêtes à laine contre
l'intempérie de l’air i les autres fe perfûadoient
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que cette terre abforboit la plus grande partiel
de la tranfpiration, & contribuoit à la fineffe J
la laine. 11 y a encore des partifatisde ce fyfiènie-1
mais l’expérience a prouvé que l’ocre ne préféré I
pas les Bêtes à laine des injures de l ’air, I
la fineffe .de la laineiie dépend _ point de cette I
pratique, beaucoup de propriétaires, convaincus I
de cette vérité, ont fupprimé le lavagecn Nove®, I
bre, avec une diffolution d’ocre. Peu-à-peu 1« I
Etrangers ont eux-mêmes reconnu quec’étoitiaj I
fauffe idée, fondée fur ce que les belles bina I
d’Efpagne ne fortoient pas,ae ce royanme fa® I
avoir la couleur rougeâtre. Que de préjugés dot I
! vent ainfi leur naiffance à un accotd apparenté I
çirconftances ! Un examen de chacune de ces cir, I
: confiances en particulier les auroit bientôt diffipé, I
Maintenant les Fabricans , mieux inftruits, pré, I
; férent avec raifon les laines blanches aux laine
| rougeâtres..
Maniéré de faire voyager les Bêtes à laine.
Lorfque l’on n’a que quelques Bêtes à lainç
à faire voyager, cela eft très-difhcile, parce qu’aç-
coutumées à aller en grandes bandes, elles fonttoai
étonnées & embarraffées. Si l’on n’en ^voit quç
trois ou quatre à conduire, il vaudroit înieja
les mener dans une charrette. Quand il y eni
un certain nombre, deux bergers l’un deyi
& l’autre derrière avec un chien ou fans chia
£c quelquefois le chien feul parderrière fiiffifes
pour les mener très-loin. Le berger qui précède
en donnant de tems en tems du pain à une bis
bis familière fe fait fuivre d’elle, & le troiip
la fuit facilement.
L ’Auteur des Observations faîtes dans les Tm
nées, peint ainfi lé retour de la montagne I
troupeaux , qui y avoient paffé l’Eté ,. ( Cl%
pitre Y fur la vallée de Gavarnie. ) « Tout lejoçj
de l’étroit paffage que j e viens «de décrire i noj!
avions rencontré lès bergérs des Monts voife
de l’Efpagne, qui en defeendoient pour changct
dé pâturage. Chacun chaffoit devant foi fonbétail.
Un jeune berger marchoit à la tête de chique
troupeau, appeîlant de la voix & de lacb
che , les brebis qui le fiiivoient avec iricertitu*
& les- chèvres, avapturières t qui s’écartoient fe
eèffe. Les vaches maijchoiént après les brebis
non comme dans les Alpes, la têtfe haute &
'menaçant, mais l’air inquiet, /8c effarouché
tous les objets nouveaux*. Après les vaches
noient les poulains fie s jeunes mulets. & e®
le Patriarche & fa femme,, à cheval ; les
enfans en croupe* le nôufriflbn dans les br3s
fa mère „ couvert a’.url pli clé Ton gîand„vouÇ||
carlate -, la fille occupée a filer fur fa nionrçfi
le petit garçon à- pied , 'côiffédu chaudron J
lefcent armé en. chafleur ; ,& célui des n!s> f I
la confiance ’de la famille avoït
rement prépofé au foin du bétail, diningj1^“ I
le fac à f e l , orné d’une grande'cfojx'w''Se' I
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I « Ainfi marcheit ii y a plus de trots mille anf,
K b e r» e r que nous peignit Movfe ; tel étoit le
L im e des troupeaux du défert, dès ces t.emsre-,
T ,1 S ou les Grecs l’obfervèrent la première fois -,
tel il l’ai trouvé dans les Alpes & le retrouve dans
Ls Pyrénées-, tel je le trouverons par-tout
| Le meilleur âge pour faire voyager les Bêtes
à laine qui doivent aller très-loin, ceft à deux
ans Elles ont alors acquis une grande partie de
leur aeeroiffement. Je ne parle point ici des bêtes
Jrafumantes ? qUi tous les ans vont des plaines
Sans les montagnes, & des montagnes dans les
«laines. Ces dernières voyagent à tout âge.
r La meilleure faifon eft lorfqu il ne faitpas trop
chaud, lorfque la terre rieft ni gelée ni mouillée
lorfqu’il y a de l’herbe fur les chemins pour
•Ervir de pâture & lorfque les brebis ne font
pas pleines & n’allaitent point leurs agneaux. Le
inois de Septembre paroît le plus convenable.
On ne peut réunir toutes ces précautions quand
un troupeau doit faire un voyage de longue
haleine. Celui que le Roi a fait venir pour ion
domaine de Rambouillet, eft parti de la Caftille
je 15 de Mai & eft arrivé à Rambouillet le i l
Briobre, ayant paffé par Soria, la Navarre,
Bayonne, où il étoit le 27 A oû t, lés Landes de
Bordeaux, Limoges & Orléans. Pendant ce long
f r a je t il a dû éprouver de la chaleur, de la
pluie & d’autres incommodités;, mais c’étoit encore
le teins le plus favorable. Sur trois cent
Iguatre-vingt-trois Bêtes il en eft arrivé- a Rambouil -
jet, trois cent, foixanter-fix , favoir,, .trois cent
dix-huit brebis., quarante-un béliers,,1 fept mou-
Ens. Il n’en eft péri que dix-fept. _
H Peu d’animaux foutiennent aufli long-tems que
les Bêtes à laine la fatigue des longues routes; les
Jpetites efpèces la foutiennent mieux que lesgran-
les. On.voit dans les marchés & foires ;de Sceaux,
;|e Poiffi, de Lonjumeaux, &c. des troupeaux
B u On doit en chemin mener les Bêtes à laine
doucement fans les échauffer, ni les fatiguer. On
Boit les faire repofër à l’ombre dans le milieu
jüu jour] lorfqu’il fait chaud. Il faut les laiffer
paître chemin faifant. Quand ces animaux font
arrivés au gîte, s’ils n’ont pas le, ventre aflez rempli,
J|>n leur donne du fourrage , & de l’avoine pour
Jës fortifier. Ils peuvent faire quatre , ou cinq
®eues moyennes chaque jour , mais lorfqu’ils
lÿaroiffent fatigués, il eft néceffaire de les faire
Séjourner pour les repofer. »
■ On trouve rarement dans les auberges deux
■ ateliers pour mettre le fourrage des Bêtes à laine.
11 feroit facile d’en faire pratiquer fur-le-champ
attachant avec des cordes des échelles dans
’leur longueur & en leur donnant un peu d’inclinaison.
Dans ies cas où on manqueroit de ces moyens,
■ jbicice que confeilleM.Daubenton;« on attache
plufieurs bottes de fourrages à une corde par un
B E T x tuî
noeud coulant 8c on les fufpend à la hauteur des
moutons. Ils fe placent autour du fourrage ; à me-
fure qu’ils en mangent, le noeudfe ferre .&.empêche
que les reftes du foin ne tombent, n ,
Dans un mémoire Efpagnol, que j’ai entre les
mains, on obferve que fi les troupeaux en voyageant
paffent dans des pays de vignoble, on,ne
doit pas, quand la vendange eft faite, les. empêcher
de manger les feuilles, ni d’entrer dans les
vignes, auxquelles ils ne peuvent préjudicier ; le
mémoire ne dit pas fi c eft un ufage pratiqué
en Efpagne. Il eft hors de doute quejes Bêtes à
laine en broutant les feuilles de la vigne à cette
époque, ne peuvent lui faire aucun tort. En fup>
pofant quelles en mangeaffent du bois, ce
ferpit celui qu’on retVanche au printems fuivant.
Lorfque les Bêtes à laine ne viennent pas de loin,
ilya peu de précautions à prendre à leur arrivée.
Si elles viennent de loin, il en faut davantage' On
s’informera de quelle manière, elles ont été conduites
& nourries 8c on tâchera de les conduire
8c nourrir de même, s’il eft poffible. Tout changement
brufque étant toujours dangereux ; fi on
eft obligé-d’en: faire , on le fera peu-à-peu 8c
avec prudence.
Je ne répéterai pas ce que j’ai dit plus haut
des avantages, que les Efpàgnols trouvent à faire
voyager leurs troupeaux, non-feulement à caufe
de la qualité de leur laine, mais encore à caufe
de leur fanté 8c pour trouver en tout tems' de
bons pâturagess Les propriétaires , des troupeaux
du Rouflillon , de la Provence , 8c autres Provinces
méridionales de France, imitent à-peu
près en cela les Efpàgnols.
A ces grands exemples, qui prouvent habituel-**,,
lement combien les émigrations font falutaires
aux troupeaux, j’en ajouterai de particuliers , qui
le démontrent d’une manière pofitive , à ce qu’îl
me femble.
M. Piazza, Médecin de Baftia, en Côrfe’,
voyant dans-les plaines un grand nombre dé
Bêtes à laine périr du piffement de fang , crut
ne pouvoir mieux arrêter cette mortalité, qu’en
envoyant le troupeau dans les montagnes. Les
fources 8c les herbes fraîches, que ces animaux
ÿ trouvèrent, firent ceffer le mal tout-à-coup*,
félon le tapport qu’il en à fait à la Société de
Médecine.
Un fermier de la Beauce perdoit, pendant
l’automne, une partie dë fes Bêtes à laine , attaquées
du dévoiement. Ses terres font fituées,
les unes fur les bords d’un étang, dans un endroit
baà, les autres fur le penchant d’une colline*
8c au-deffus d’un côteau. Je lui confeillai
d’ordonner à fon berger, de ne conduire' le
troupeau, qu’il gardoit, quë fur le penchant
de la colline, où il fe 'nourriroit d’herbes moins
humides ; cet avis ayant été fuivi ponctuellement,
plufieurs animaux guérirent fans remè*.