
on coupe les montans à environ lîx pouces de terre,
& l’on f ouvra toute la plante avec la terre des entre
deux , enfuite on les laiffe tout l’Hiver fous
ces abri?.' ,
Au Printems, on les découvre, on les taille
encore , c’eft-à-dire qu’on finit par recouvrir les
vieux jets jufqu’auprès du colet des plantes, qui
bien-tôt en repouffent de nouvelles ; ils ne tardent
pas à fleurir.au commencement.de l’Eté,
& continuent à porter des fleurs, tant que les
fraîcheurs des nuits ne refferrent pas leur sève.
Les femmes & les enfans vont tous les matins
recueillir les boutons: ori n’y manque jamais,
parce que la groffeur de la Câpre en diminue la
valeur-, & en effet, une fois avancées & groffies,
elles ne peuvent entrer dans les ragoûts, & elles
ne font bonnes que pour être hachées, étant trop
dures fi on les laiffe entières. Quelques précautions
qu’on apporte dans la cueillette, il y a
toujours des fleurs qui échappent & qui fleu-
riffent-, on les laiffe venir en graines à leur tour $
lorfquelescapfules, encorevertes&groffes comme
une-olive, pointue par les deux bouts font affez
fortes,; on les cueille & on les confit -, elles forment
alors un mets agréable, & c’eft ce qu’on
appelle le Cornichon de Câpre.
A mefure que l’on apporte ces récoltes journalières
, on les jette dans des tonneaux remplis
On a toujours cru que le Câprier fe éontetb
toit d’un terrein fec & ftérile, & qu’on pou.
voit même le cultiver dans le fol le plus ingrat.
Cette opinion n’efi cependant pas conftatée par
l'expérience -, car des cultivateurs Provençaux ont
fait voir combien elle eft erronée. Ce qui peut
avoir donné lieu à une parèille affertion, c’eft
qu’on voit fouvent des Câpriers très-robuftes I
fortir des trous de murailles, conftruits pour
foutenir le terrein ; mais cela s’explique facilement
de vinaigre, auquel on ajoute un peu de fel pour
empêcher que la partie aqueufe du bouton n af-
foibliffe ce vinaigre , & ces différentes récoltes
faites, elles paffent des mains des Cultivateurs dans
celles des Saleurs commerçans qui préparent les j
olives, les anchois, les fardines & autres fau—
mures. '
Ceux-ci, au moyen de plufieursgrands cribles,
faits d’une'plaque de cuivre rouge un peu creufe,
chacune percée de trous de diverfes grandeurs,
en féparent les différentes qualités, & les rangent
fous des numéros particuliers-, iis en renouvellent
le vinaigre , & les remettent en tonneaux pour
être transportés.
Nous ajouterons, d’après M. Berauld, que les
Câpres ainfi afforties par le moyen du crible, fe
divifent en cinq différentes qualités -, favoir, la
nom pareille, la capucine, la capote , la fèeonde
& la troifieme.
L’ufage d’un crible en cuivre nous paroît cependant
très-répréhenfible, vu les qualités malfai
fautes de ce métal, ou du verd-de-gris qui doit
fe former lorfque l’acide du vinaigre attaque ce
métal-, il eft vrai que cette méthode procure aux
Câpres une couleur verte plus éclatante y qui peut
augmenter le prix de cette marchandée dans le
„ commerce , mais qui ne devient pas moins fu-
» elle pour la fanré : un crible en fer-blanc,
folidement étamé, pourroit peut-être remplacer
celui de cuivre, & deviendrait moins dangereux,
quand même la couleur des Câpres* n’y gagneroit
pas.
, car dans une pareille pofition, la racine
de cet arbufte jouit conflamment de la fraîcheur
& de l’humidité néceffaire à fon accrois
fement, 8cde pareilles Câpriers produifent fou-
vent plus que d’autres cultivés avec le plus grand
foin , & dans des terreins qui, en apparencer
leur conviennent le mieux.
Dans les années où il ne pleut pas pendant
Eté, les Câpriers plantés dans des terreins gracieux
& arides font des productions très-courtes
& ne donnent prefque point déboutons, tandis
que d’autres Câpriers, placés dans des murs,
confervent toujours leur vigueur & leur fécondité.
Il paroît, d’après ces détails, qu’il feroit
plus avantageux de placer les Câpriers dans les
murs, parce que cette pofition difpenfe encore
de toute efpèce de culture : cependant cette pratique
préfente des inconvéniens graves, parmi
lefquels nous comptons celui en premier lieu,
que les racines de cet arbufte en grofliflant,font
fendre les murs & hâtent leur deftruClion ; con-
fidérations, qui, comme l’Abbé Rozier l’a très-
bien remarqué , doivent feuls profcrire cet arbufte
des murs.
Pour tirer le plus grand profit de la culture
du Câprier , il faut non-feulement placer cel
arbufte dans un bon terrein , très-cultivé bier
fumé; mais lui ménager encore au befoin un<
humidité fuffifante, pour que la circulation d(
la fève ne foit jamais fufpepdue : voilà ce que
l’expérience a indiqué de plus avantageux. Aufl
les profits de cette culture feront d’autant mom
confidérables, qu’on choifira un terrein moin
analogue à celui que je viens^ d’indiquer, «
qu’on prendra moins de foin, foit pour produira
la multiplication des bourgeons , foit pour |
pas laiffer fufpendre leur développement.
Les plus beaux Câpriers que j’ai vus, non
dit M. Berauld , étoient dans un terrein léCT
bien expofé , arrofable, & voifin d’une habit*
tion. Ces arbuftes formoienr des buiffons fuperfie
qui avoient près de deux toifes do diamètre, j
fur lequels on recueilloit de fept à huit »vr;
de Câpres." .
Le terrein le plus convenable au Capner,
la plupart des autres arbuftes réunifient aullM
mieux, eft celui qui eft léger & profond-
fol trop compacte lui eft funefte ; il con eJ
trop l’humidité en Hiver, & expofe trop
gelées cet arbufte délicat. jj
11 eft certain que les arrofemens favôrifent
(ingulîèrénient le développement des branches
du Câprier; mais autant l’humidité eft avantageux
à cet arbufte pendant l’Eté, autant elle lui feroit
funefte en Hiver. Ainfi, il faut avoir foin d’éloigner
alors de fes racines toutes les eaux qui pourvoient
naturellement fe répandre à leur endroit
# y croupir.
Comme la culture du Câprier ne peut occuper
cn aucun pays des terreins fort étendus , &
comme les avantages de cette culture font d’autant
plus grands qu’on adopte des terreins plus
convenables, on préférera, quand on le pourra,
des terres penchantes, à d’autres qui feroient en
plaine, & l’expofition du Levant & du Midi à
celle du Couchant & du Nord.
L’expofition eft peut-être l’objet qui doit être
le moins négligé dans la culture du Câprier. Cet
arbufte ne peut bien réuflir, qu’autant qu’il eft
parfaitement ifolé, & qu’il ne croit pas d’autres ar-
bufles à fon voifinage. Ce n’eft pas qu’il puiffe jamais
manquer des fucs nourriciers, puifqu’il en trouve
à fumfance dans les mauvais terreins-; mais c’eft
que les rayons du foleil font néceffaires à fon
exiftençe ; il ne peut en fouffrir le partage. A
l’ombre, fes rameaux fe développent & s’étendent
fîngulièrement comme pour aller chercher
M lumière bienfaifante : mais ils ne porrent alors
que des feuilles, & leur ftérilité eft l’effet confiant
cette privation.
Quoique les rameaux du Câprier meurent
pendant l’Hiver dans nos climats, à de bonnes
expolitions, & même dans les années où le Thermomètre
defcend à peine au terme de la glace,
on ne doit pas croire que fes racines foient ex-
pofées au même accident , & aient la même
fenfibilité- Dans le Nord de la France, ces arbuftes
ne périflent point, quoique le Thermomètre
indique quelquefois à l’air libre plus de douze
degrés au-deuous de la congélation.
La culture du Câprier dans les plaines a des
défavantages fenfibles ; les Câpriers y poufient
plus tard, ,& leurs nouveaux bourgeons font plus
expofés au froid fubit qui fuccède quelquefois à
des temps doux. Au refte, l’effentiel eft d’empêcher
que les Câpriers ne foient placés dans des
terreins humides, où les eaux féjournent pendant
1 Hiver. On ne réufliroit peut-être pas alors à les
garantir des gelées qui pénètrent la terre à une
jaflez grande profondeur:; mais ce cas excepté ,
pn peut, fans danger , planter des Câpriers dans
toutes les terres de la baffe Provence. La feule
attention qu’il foit nécefiaire d’avoir, confifte à
Fs couvrir d’autant plus, que le froid fe fera
tçntir plus vivement dans l’endroit où on les
[multipliera.
h Les Câpriers, qui font placés dans les murs; ne
[lont pas couverts pendant l’Hiver. Il eft vrai qu’il
rf:, a qu’une affez petite partie, de leurs racines
ï«1 f°it expose à la rigueur de la fail'on ; mais
apiculture. Tome /ƒ .
il faut obferver que c’eft principalement celle
où naiffent les bourgeons. Cette obfervation prouve
qu’il ne feroit pas toujours néceffaire de couvrir
pendant l’Hiver les câpriers qui font élevés en
pleine terre. On eft cependant par-tout dans
î’ufage de les garantir dans cette, faifon. On taille
en Automne Tes bourgeons à cinq ou fix pouces,
de diftanCe des racines , & on accumule fur
celles-ci un volume de terre de dix à douze
poucés de hauteur, auquel on donne une forme
conique. Cette difpafition facilite l’écoulement
de l’eau qui pourroit refter ftagnante fur les
Câpriers, & l’épaiffeur du terrein empêche le
froid de pénétrer jufqu’aux racines de ces ar—
buftes.
Il y:a deux moyens de multiplier le Câprier:
l’un eft plus prompt & on l’adopte généralement ;
l’autre pourroit avoir de grands avantages,. & on
le., néglige beaucoup trop. Les bourgeons les plus
gros & les plus ligneux , coupés en Automne,
fourniftent des boutures qui réuftiffent très-bien.
On les élève ordinairement en pépinière, &
pour cela on les plante dans un terrein très-uni,
bien préparé, bien expofé, à quatre pouces de
diftance les unes des autres fur la même direélipn,
& de manière qu’elles paroiffent à peine à la
furface de la terre. Pour les( garantir du froid,
il fuffit de les cacher fous un lit peu épais de
litière : mais il eft plus ordinaire qu’on forme
au-deffus d’elles un tertre continu,e de quatre ou
cinq pouces d’élévation , & qui ait un pied de
bafe. On difpofe, à un pied de diftance' de la
première rangée de boutures, une fécondé rangée
qui lui foit parallèle, qu’on couvre de terreau
de la même manière. Après celle-ci, on en établit
une troifième, .& ainft de fuite, en ayant toujours
attention de diriger les rigoles qui féparenç
les rangées félon la pente du terrein. A la fin
du mois de Mars on décourre les boutures.
Si au lieu de couper les boutures en Automne,
on renvoyoit cette opération au Printemps ,
on feroit plus affuré de les faire réuflir voie?
le meilleur procédé qu’on puiffe fuivre. Ôn
couvrira en Automne les Câpriers dont on voudra
prendre des boutures, d’abord d’une couche de,
terre de jardin de cinq à fix doigts plus élevée’
que celle que l’on forme communément ; alors
dans le cours de l’Hiver, le$ branches du Çaprier
poufferont quelques racines, &. leur reprife fera
certaine lorfqu’on les mettra en pépinière au.
Printemps. .
Les cultures; des Câpriers, dans les pépinières,
fe réduifent à les farcler & à détruire les herbes
étrangères qui pourroient naîtrçdans leur voifinage.
Si on peut les arrofer, leur accroiffemenr fera
plus prompt.
Il n’eft pas néceffaire de laiffer les Câpriers
plus d’un an . dans les pépinières. Lorfqifon veut'
les placer à demeure, on prépare une foffe det.
trois pans de profondeur, & on y difpofe ceç.
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