tlcs , .& fans autres précautions, & la inaladie
ceffa dès cet in fiant'. Les Bergèrs, s’ils ne font
ïùrveillés, mènent toujours leurs troupeaux dans
les terreins où il y a le plus d’herbes, &. leur
en laiffent manger autant qu’ils en veulent,
tandis que ces herbes peuvent leur être contraires,
& leur caufer des. maladies mortelles,
Ç ’éft une vérité reconnue, que lés Bêtes à
laine des pays humide's font lu jettes à une efpèce
d’hydropilie , qu’on appelle pourriture , parce
qu’elles y font d’une conftitution molle, parce
qu’elles tranfpirent peu, & ne vivent que d’her-
bés àqueufès. 11 eft également reconnu qùe , dans
les ' pays ‘ fe c s , ces mêmes animaux éprouvènt
fréqufemment des maladies inflammatoires. Là ,
ils ont la fibre tendue, ils tranfpirent beaucoup,
leurs alimens nè contiennent prefqùe point de
fluide, & font d’une qualité échauffante. Tops
les'ans, ces maladies reparoifîènt dans les faifons
qui les développent & les favorifent -, on n’en
doit pas être fnrpris:, puifque les câufes qui les
pcodiiifent, aie font jamais détruites. Dans certaines
années , les mortalités qui en font la fuite ,
paroiflent plus, confidérables que dans d’autres;
c ’efl qu’alors l’état de l’air fe . combine plus
fortement avec celui du fol. Dans ces trilles
’circonftances, on a recours envain à l’art vétérinaire,
pour arrêter les progrès du mal; il
ne , peut plus rien, les viélimes font frappées
à mort; il n’eft plus pofilble de rétablir des
parties effentielles à la vie, à l’époque où elles
Tont déforganifées. . r -
: J’aj été. plnfieurs fois témoin de ces fcèneS j
d’autant, plus touchantes, par ledéfordre qu’elles
xauferit, que ce qui intérefle la fortune des
hommes, eft toujours ce qui leur fait le plus
d’impreflion, G’eft. particulièrement en 1780. ,-
jprfqye la Société Royale de Médecine le Mi-
niflre des Financés me nommèrent pour aller
obferver les eâüfes d’tme maladie, qui,' tous les
ans, enlève à la Sologne le quart de fes- Bêtes
à laine; je ne rappellerai point le compte que
j ’en ai rendu ; mais je ’rapporterai les réfultats
d’une expérience que cette çirconftance m’a
donné lieu de faire,jfk qui concourt à prouver
les avantages des. érçigmtionsj . de troupeaux d’un
pays, dans un autre; Je lejs tairois, s’ils ne fer-
v oient qu’à' juftifier l’opinion'où j’étois,; d’après,
des recherches fuiviçs, qqe cette-funefte maladie,
'qui efùla pourriture; du Printems, dépend en
grande partie de la nature du fo l: mais je dois
les publier, puifqu’ils offrent un moyen efficace
de .çonferver des troupeaux ; moyen qui n’efi
pas en. ufage dans les pays fitués, loin des montagnes,
-
r M. Dclanoue, Fermier principal d’une terre
confidérable ' ën Sologne, homme do.ué de/beau-
ebup d’inrclligénce:, de concert avec moi, envoya,
en. 1782., à un Fermier de Beauce, à la
diftaîleè d’environ trente lieues, plus de cîhq
cens Bêtes à laine, pour les y faire parquerf
depuis le mois de Juillet jufqu à la Saint-Martin!'
Le terrain de la Beauce eft aufli fec que celui
dé la Sologne eft humide. Pendant la moifToni
qui dure plus d’un mois, lés Bêtes à laine y
vivent dés épis de froment^ & des graines l$nj
mineufes quelles ramaflènt. Lerefte dé la faifon;
leur nourriture confifte en plantes, qui contiennent
en général peu de fucs aqueux. Ces
animaux, à leur retour en Sologne, furent répartis
en diverfes Métairies, où ils fe portèrent
bien, & échappèrent à la pourriture d’Automne-
d’Hiver & de Printems, improprement appelle
dans le pays, maladie rouge. 11 eft à remarquer
que ce troupeau, peu de tems après fon arrivée
en Beauce , fut attaqué du claveau, qui n’enleva
que deux ou trois moutons, quoiqu’on n’ait
employé aucun remède, & qu’on n’ait pas interrompu
le parcage , pendant lequel, - comme
on fait, les Bêtes à laine font jour & nuit ex*
pofées à l’air. Des moutons de Beauce y euffent
lùccombé, pour la plupart, parce qüe les maladies
inflammatoires font funeftes à,ces derniers,
à caufe de leur conftitutiôn.
En 1785, nous recommençâmes là même tentative
avec un troupeau aufli nomhrcux ; elle
fut fuivie d’un fuccès encore plus marqué;car
les Bêtes à laine, qui avoientj)arqué en Beauce,
fournirent en Sologne là rigueur dé l’hiver de 1785
à I7$4 , fans rien manger à la bergerie, félon
l ’ufage du pays furent, au Printems, exemptes
de la pourriture, qui fit périr un grand
nombre de celles qu’on avoir tenues en Sologne.
En 1784, on tira de6 métairies de M. Dela-
noue treize cens Bêtes à laine, que' différent
Fermiers de Beauce lui demandèrent à loyer
pour lé items du parcage. Un d.e :.c!ès troupeaux,
compofé de troiscens moutons, paffa l’Eté fout
mes1 yeux dans' la Paroiffe1 d’Andonville; de
-faibles & languiffans.qu’étoientles .animaux qui
lès compofoient, à leur arrivée de Sologne,
ils font devenus vigoureux, & ont été reconduits
en Sologne au mois de Novembre, dans
un état fatisfailànt.
Je n’ai pu favoir combien la Sologne avoit
fourni de Bêtes à laine à la Beauce en 1785^
qui étoit la quatrième de l’expérien-ce ; j’ai 1“
feulement que la feule Paroiffe d’Àndonvilb,
qui, l’année d’auparavant, n’en avoit tiré que trois
cens, en avoit tiré cette année un mille; qlie
ces animaux ayant fingulièrçment fouffert dans
leur pays, de .la difétte de. pâturages, ils n ont
pas tardé à fç rétablir dan-s les chaumes de M
dçla Beauce; qu’ils a voient enfin acquis la même
c o n f lit u t io n q.ue ceux des années précédent*:5'
J ’ai été chargé, en 1786,, par des Fermiers
de Beauce , de demander à M. Deianoue, e8
Sologne, dix-neuf cens Bêtes à laine, pour
i u e r favoii1 : quatorze cens pour les différens
Krmiers de. la,Paroiffe d’Andonville, & cinq
tens pour deux Fermiers de celle de Trancrain-
Irille. Je fais que le Maître. de pofte du bourg
;|e 'foury, route cl’Orléans j en a loué,aufli à M.
fîelanoue’ pour cet objet,, quatre cens ; ce qui
Ü-rme un total de deux mille trois cens Bêtes à
laine fans compter celles qui peuvent lui avoir
■ lté demandées par d’autres Fermiers, ni celles
Jnùin de fes fils, demeurant en Sologne, a
àufli placé dans la Beauce. Si l’on compare ce
Sombre à celui des années 1782, 1785, 1784
& 1785, on voit, qu’il a augmenté graduellement
Bhaque année, & l’on en peut conclure/que
fcette communication eft avantageufe aux cultivateurs
de'la Sologne, & à ceux de la Beauce,
& que leur intérêt réciproque fuffira déformais
Jour l’entretenir.
g p l y a, dans’quelques cantons de la Beauce,
pratique.qu’on peut regarder comme l’expérience
inverfe de celle que je viens de-rag-
Borter, & trêsrpropre à la confirmer. Les Fer-
îiiers des plaines peu éloignés de la forêt d’Orléans,
au milieu de laquelle fe trouve des prai-
‘pies humides, ordinairement après l’Hiver, y
ftabliffent leurs moutons pour plufleiirs mois,,
& ne gardent chez eux que les brebis dont ils
ont befoin pour allaiter les agneaux. Les moutons
nourris, pendant ce’ tems, d’herbes pleines
de fucs , capables de ‘donner à leur fang
de la fluidité, à leur retour dans les fermes7,
font garantis, pour la plupart, des apoplexies
qui les menacent, &_qui tuent une partie de
leux qu’on n’a point changé de pâturages. ;
if-Quelques Fermiers, d’après les mêmes principes
, lorfque leurs troupeaux font .à la veille
pitre attaqués du fang , les envoient palier huit
ou dix jours chez des fermiers de leur v.oifinage,
j|ù ils vont dans des pâturages bas & humides ,-
Énfq-ue ces fermiers l ’ont leurs parens -ou leurs
amis. Les; troupeaux en reviennent p.réfervés de
lai maladie qu’on redoutoit,
■ Ues faits me parôiffent propres à certifier qu’un
plus puiffans .préfervatifs contre certaines
maladies de beftiaùx, eft de les faire palier d’un
pays dans un autre, dont le fol Toit d’une nature
#pofée, ou, ce qui eft la même chofe, dent
Lin, par fes productions végétales, foit le cor-
^plffde l’autre ; ce qui peut avoir lieu quel-
#iefois dans deux villages voifins. Il ne feroit
pas auffi difficile qu’on l’imagiqe de perfuader
J|tte vérité aux cultivateurs. L ’exemple qui pré-
#de en eft une preuve. Par la difpofïtion des
sprits de plufieurs Fermiers de Beauce & de Solo- !
gne , j entrevois qu’ils en fentent toute l’utilité- ;
Ees Fermiers de Beauce nourriffent à grands frais ;
eius Bêtes à laine pendant l’hiver, puifqu’ils
donnentprefque du froment en gerbe. Ils pr^éférerontde
n’en çonferver qu’une petite quantité,
ayant déformais la faciiitéj,d’en louer pour
la faifon du parcage : les Fermiers de Sologne
s’y prêteront d’autant plus volontiers,. qu’indé—
pendamment du prix du loyer, qu’ils retireront
l’ans frais, ils conlervetont la fanté à leurs troupeaux
, plus en état d’être vendus avantageufement.
$i la bonne foi préfide aux conventions, comme
il y a lieu de Telpérer ; fi les Fermiers de Sologne
ne fourniffent pas des bêtes-attaquées de maladies
mortelles ; fi, dans certains momens, ou, à Caufe
de Hnconfiance du tems, les troupeaux n’àyant
point aux champs une fubfiftance', fiiffi-
fantë, lés Fermiers de Beauce font foignei;
convenablement ceux qu’on leur confié' S
les deux Provinces y trouveront des avantages
réciproques, il s’opérera dans leur économie rurale
une révolution defirahle , elles ferviront dé modèle
à tous les pays, placés dans les mêmes circonftances.
Alliances des Bêtes, a laine.,
Un des produits de l’éducation des Bêtes à laine
eft la vente des laines.. Plus elles font belles &
abondantes, plus le propriétaire en; retiré d’argent.
Il doit.donc s’attacher à améliorer fes laines
en qualité & en quantités Son intérêt eft'lié avec
celui de l’état, qui déliré tirer de fon crû beaucoup
de belles laines pouralimenterTes manufactures.
Les laines de France ne Tont en général
ni aufli fines que celles d’Efpagne, de Maroc,
&c. ni aufli longues que celle d’Angleterre. On
a donc eu raifon de chercher à les perfectionner..
Mais la faveur accordée à l ’éducation des Bêtes
à laine ne doit pas tendre à les mulriplier au point
de faire laiffer des terres en friche pour les nourrir.
Le but eft d’engager chaque propriétaire à améliorer
l’efpèce qu’il peut entretenir & nourrir de
fes prairies artificielles pour engraiflèr fes terres
cultivées par le fumier & parole parcage. C’eft
la pérfeclion de la chofe utile.'qu’on déliré. Sa
multiplicationtrop étendue nuiroit en France,
parce qu’elle fe feroit au dépens de. cultures de
première néceflité, dans un Royaume trè?-peuplé.
Lés expérience^; Je M. Daubenton pour cct
objet ont été établies à Montbart en Eourgogné.
En 1767, perfuadé que; l ’état de la laine cfepeh-
doit de celui de la fanté de l’animal , ii a tràe
Taillé fur la . maniéré de loger les,Bêtes, à lainè
de les nourrir au râtelier, & aux champs, de
les traiter dans leurs.maladies, &c. Il ne s’agiflbit
pas feulement de perfeélionner. les troupeaux/
qui ont déjà de belle laine, mais encore 'cfaméliorer
ceux qui en ont de mauvaîfe Ou de j'cîr-.
reuje, c’eft-à-dire , mêlées de poil. On trouve
toujours quelques filamens de jarre dans les Ini-
kos les plus fines, inêmes dans.celles d’Efpagne,
où ils font rares & courts & fe féparem aifémeni.