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plus fimple de tous les régimes. Nous allons pafler
à d’autres plus composés, & auxquels on lou-
met le plus grand nombre de boeufs. »
;« C’eft ordinairement au mois d’Août quon
commence à mettre les boeuls dans les regains,
pour leur faire manger la fécondé herbe , qui
efl alors alfez mûre & affez abondante, & des ce
moment ils ne travaillent plus. Ils y relient nuit
& jour ; l’on ne redoute pas pour eux- Les rolè-s
•d’Automne , quelqu'abondantes qu’elles f oient ;
on penfe au contraire quelles leur lont utiles.
O n les laide ainfi dans ces prairies particulières
qu’on a confacréesà.fournir, tous les ans, la première
nourriture aux boeufs qu'on veut engrailler,
■ iufqu’au premier Novembre au plus tard, b il lur
venoit des gêl'ées un peu fortes & fumes, huit
ou quinze jours avant on les en retire, car la
•vèlée les maigrit, ce quiparoit affez fenfiblement
•à leur poil qui éft Alors terne & rude. »
« Lorfqu’on fait rentrer les boeufs dans -les,
-étables, on-les examine pour s’affurer du progrès
‘de la graiffe dans chacun. Ceux qui n’ont pas pro-
•fité autant que les autres dans ces pacages, ce
qu’on reconnoît à ce qu’ils ont le ventre ferré,
la peau un peu dure & attachée aux côtes, lont
-iàignés à la jugulaire & mis enfuite à 1 étable avec
'les autres.*» *' J ' J ' V , , j V
u 11 eft d’iifage, en Limoulin , de placer les
boeufs dans les étables aux deux côtés d’une
-aire & de les faire manger deux a deux dans des
bacs de pierre ou de bois. On a foin d e-te appareiller,
pour que l’un des deux ne gourmande:
pas l’autre & ne l’affame pas, Dès le mois d Octobre
on commence à donner la rave aux boeufs
- qui ont bien profité dans les pacages O n la cueille, ;
autant qu’on peut , à mefnrequils la confom-
ment, & dans les teins fecs ; on la coupe en mor
ceaux , ni trop gros ni trop petits, & apres lel-
' quels on laiffe la feuille. On jette la rave ainfi
coupée dans le bac , &' les?boeufs en font fi avides.
qu’ils l’avalent auffi promptement qu elle leur
eft adminiftrée parle bouvier. Celui-cr, au refie,
a la plus grande attention de n enpas jeter beaucoup
à-la-fois dans chaque bac , fur-tout dans
les commencera etis qu’ils reçoivent cette nour
riture. Il examine auffi le flanc des boeufs, &
quand.il juge quais font affez remplis , il ne
donne plus de raves. Si l’on ne ménageoit pas
■ ainfi les raves aux boeufs, il ferment expoiés a
une ingurgitation qui lesmettroit en danger de
périr. 1 ig ! ' ,
r « Lorfque cet accident a lieu ■, parce qu on a
négligé toutes ces .précautions, on y remédie de
plufieurs manières. Dès qu on apperçoit les premiers
fymptômes du mal, on-commence adonner
aux boeufs de la thériaque délayée dans du vin ,
le foulagement, en faifant pafler la main du bo'iV I
vier dans leur fondement, qu’on graiffe aupara-1
vant, & on accélère ainfi la fortie des matières I
qui furchargent les inteflins, & qui augmentent I
Penflure. Après tous ces fecours, on promène I
le boeuf malade pendant quelque tems, & cet
exercice achève de faire difparoitre tous les ac^
cidens, lorfqu’ils n’ont pas été portés à de certaines
ou bien on leur fait avaler du fel .marin. On s’eft
bien trouvé de leur frotter en même-tems les
flancs avec du foin & de la paille trempée dans
l’eau froide j enfin , on complette là guérifon &
extrémités. .
La nourriture des raves ne dure guère qu’un
mois-, fi on la continuoit plus long-tems^ elle
relâcheroit trop les boeufs, ot nuiroit à la graiffe,
c’eft pour cela qu’on y fubffitue une autre nour-|
riture qui les empâte davantage. Toute farine I
délayée dans l’eau, eft bonne pour remplir ces
vues. Mais celle qui coûte le moins, & qui réuffitl
’ le mieux, eft la farine de feigie, mêlée avec celleI
de farrafin. La quantité de cette farine dépend du ;
tems qu’on a pour achever d’engaiflèr les boeufs!
ainfi que de leur état & de leurs befoins. La
dofe ordinaire eft celle de trois livres de farine
! par jour , & qu’on donne à deux fois , 1 une
le matin & l’autre le foir. 11 y a des cas où Ion
double cette ration, n ,
Dans les environs d’Honfleur, en Normandie,
pouf,“ achever d’engraiffer à 1 étableTes boeufs, I
qui n’ont pu s’engraifter totalement à .1 herbe,
on emploie le foin & la fanne de lin, abondant
dans ce pays. On leur donne auffi de .la farine
de lin dans le Comminges. Les Alfaciens leur
donnent des navets, des pommes de terre des
topinambours & des carottes.
« Je n’ai pas parlé jufqu à préfent du foin fec,
qui eft la hafe de la nourriture des boeufs qu’on
engraiffe. On leur donne donc du foin lec alternativement
avec la rave d’abord ; puis on continue
le foin avec l’eau blanche, dans laquelle
on a délayé la quantité de farine que j’ai indiquée
ci-deffus. n
u Dans l’adminiftration de cette nourriture,
on fuit deux fortes de méthodes -, les uns mêlenll
le foin avec l’eau blanche, & l’humetfent avec
cette eau dans les bacs. D’autres font manger le
foin fec d’abord, comme dans le tems qu’on donne
la rave, & enfuite font boire l’eau blanche. Cette
dernière méthode paroît préférable à la première
par plufieurs raifons : i.° lorfque le foin n eft P#
mouillé, ce que les boeufs rebutent, peut être
ramaffé & jette aux chevaux ou aux vaches;
2.° comme tous lés boeufs ne fe trouvent pasif
même degré ■ de graiffe , il y en a donc .Çuj>
comme je l’ai remarqué plus h au t, ont beio
d’êtres forcés de nourriture ; il leur faut no '
ner une double ration de farine : or on ne pc
faire ces diftinélions en mouillant le foin* a*
l’eau blanche, puilqu’il faut le préparer plu
heures auparavant & pour tous les boeufs j 3'
■ ne. peut ménager auffi à propos le foin
Tàùtré méthode que dans celle-ci, car on p
m/]
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A; le diflribuer. dans. celle-ci à inclure quo le boeuf
’ le mange; au lieu que dans l'autre, comme il
, (faut le mouiller d’avance, pour que les boeufs
|ne manquent pas de nourriture, on eft obligé
jd’en mouiller plus qu’il ne faut.
B a Pour donner une idée plus.précife du régime
que nous venons de prél'cn ter en détail, je
«reprends ladminifirâtion de la nourriture à toutes
tes heures de la journée , en indiquant fuccefli-
lycnient les differentes occupations du Bouvier
chargé de.ee foin.
; «Le.Bouvier entre dans l’étable à la pointe
du jour, & difiribue le foin fec à tous les boeufs,
peu-à-peu, jufqu à ce qu’ils n’en mangent
.plus. Pour lors il nétoie. leur-bac, & donne
Kâ raye avec les précautions que j’ai décrites.:
.Enfuite il donne de nouveau'du foin fec à dif-
«rétion. Cette alternative 'de nourriture occupe
Hpur le teins depuis le matin jufqu a dix heures.
;On laiffe les boeufe tranquilles, on leur fait litière
jp ils fe couchent lorfqu’ils font bien remplis’
|& que la plus grande partie du foin eft con-
foimnée/. :
■ * Pendant ce tems de repos, le Bouvier va
Arracher les raves, & sjoecupe à les .couper pour
le fécond fourrage : à deux heures, troifième
diflribution de- foin, auquel la . rave fuccjde
comme le matin, après quoi' on fait bpire les:
boeufs, ou dans?leurs bacs, ou hors de l’étjble.
ÆDu.prend ie tems qu ils-boivent pour renouveller
K lmère, & à cinq heures on les laiffe repofer
A neuf heures du foir, on préfente à chacun fept
«huit livres de foin. On compte qu’un boeuf
dune corpulence ordinaire confomme par jour
#uigt-cinq à trente livres de foin fec dans les«
quatre fourrages dont je viens de faire mention.
S— I efl'aifé de voir que l’eau blanchie avec
les fannes de leigle & de bled noir ou farrafin
qui remplace la rave, fe donne aux boeufs durs
HLIIi h B du.loln> & aux heures cbirefpor-
frhiiéeà Ce' es 011 i on diflribuoit la rave fup-
E J h I principe que l’on fuit dans l’ad-
,de la nourriture pendant tout le
K l i B i M ! eft qu’il faut que les boeufs
l k S& L f fq.'îa “ ï “ leurs flancs' foientrem-
I cer la à “ ï u lls fe couchent. C ’eft' pour
m m m E B Ë Ê m m ë leur donne fuccefli-
' rT & 1 eau blanchie. D’ail.
I , M M atguiier leur appétit, on a.foin de
tes boeuI V 3 u ruChe " ne P°£he PIeine de fel.
L im S a n t ,(T éChant'f céVUem!!'ent ia P«che &
louvrat P0” ^ 6 fondre le fc l>-Pe langer d’avanLfC' I exc,ltés à boire & à
Am?nt. n Se , & à s engraiffer plus prompfc^
connoboe Pri nd?-? eft effentiel de
W ° Ü * ^ V* A c e n y ie n t de c om m e » -.
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“ î l'fgirae. de la. graiffe. pat; des. nourritures
nifraicluffantcs & relâchantes , par des fourrages'
verts qui donnent plus de chair nue degraiffes.'
Tels-font les. herbages, les. raves, auxquels, on
pourroit fubftituer les pommes de’ terre les
betteraves, champêtres, &c. IL convient égale-
ment de continuer & de fibir ce iégime pac
des fourrages, fées & des .farineux, qui empli-
te»t & donnent-plus de graiffe que de. chair..
, C1‘ aaprès-cçs v.ues.quc les?châtaignes cuites,’
lorfque S fruit eft abondant, ainfi que. l’eau o i
on les a fait cuire, ont-été données avec fuccès
a ta place de Peau blanchie par les farines doe
leigle & de bled noir oji fajrafia. n,
’ é.‘ 11 rar? qu’un boeuf, entretenu pendant
trois, mois fuivant ie régime que je. viens, de dé •
crire, ne foit pas à, la fin en- bonne graiffe &
d un délut affuré. »
“ Jo finirai. f° l,s “ S détails par des obfervations
qui me paroiffent fort intéreffantes. Lorfque j’aî
noté ci-devant les rations; de foin Le qu’oii difJ
tnbuoit aux boeufs dans les quatre fourrages je
me luis attaché aux réfultats de la pratique la
plus commune. Mais je dois dire que’ plufieurs
métayers intelligens.& attentifsavoienteflhyé, fans
aucun, inconvénient, d’en diminuer la quantité g
.lur-tout. dans les années où ce fourragé éfoi»
peu abondant, n ..
« En 1785, & aù commencement dé r-8-d.
le plus grand nombre de ceux qui furent m
état d engraiffer des boeufs, fe trouvèrent forcés
â cette économie par la rareté & le prix éxor-
bitant du foin, & on reconnut affez. généra-’
! ‘eoe“ î ï ue les boeufs auxquels.on'l’avoît mé -
nagé a un certain point, avoient profité tout
anIiées Pfécédentes, où on l’avoit
diftnbuë à la dole que. je viens de dire II y
eut même beaucoup (je métayers q.ui crurent
pouvoir y fubftituer de la paille, hachée, du mais
e.n JWfrage fec , des branchages d'arbres chargés!
de feuilles; auffi féchées.; toutes ces fortes defour-'
rages produifirent le même effet que le foir, »
«Quoiqu’on en foit revenu au foin fechmnéei
‘ “ vante, cependant il.paroît qu’on a mis plus,
d.dfp"°mie dans cette nourriture, & qiiîpri eft,
dilpolê a employer par la fuite uu.e moindre,
quantité de fotn par chaque fourragp. On a d’ailleurs.
confervé le maïs en fourrage, fec que
Ion fubflttue au foin dans un des quatre
feutrages, 11. en fera , je crois,, de même de la .
paille hachée qu on. eft dans l’intendi.-n-d’admi-
mftrer auffi.une fois par jour, cette ?nnée
d après les heureux effets de l’année dernière. •> ’
Leç profits de la vente, des. boeufs aras,'en
défalquant le prix dp l’achat des vieux boeufs
quon tire dps Prqytpces voifines, fe réduifent
affez fonvent au prix de la vente, des denrées
quon, çqnfomme pendant tout, le terps que dure '
le régime fleffinp à.pngraiffer les boeufs. Qn doit