
plus particulièrement pour défigner la réunion
d’un certain nombre de Bêtes à laine, fous la
conduite d’un berger; Il eft même d’ufage de
n’exprimer fouvent cette réunion , que par le
"nom 'de troupeau. Le troupeau 4’une ferme , le
■ troupeau qui pajfe ou qui p a ît, eft toujours un
;affemblage de Bêtes à laine. Si 1 on veut parler .
d’un aflcmblage de Bêtes à cornes, on dit un
troupeau de boeufs ou de vaches ,. en ajoutant
l ’efpèce d’animaux qui le compofent. Le nombre
des' Bêtes à laine, qui forment les trou- ,
peaux , varie félon les pays & 1 étendue des pâ- r
turages. En Efpagne, où il y a de vaftes plaines I:
qu’on -ne cultive pas , quinze a vingt milliers
de bèté$- à laine peuvent y errer, fans fe nuire
& finis donner lieu de craindre le moindre dégât.
M. deNugnès, maintenant-Ambaffadeur d’E f- L
pagne à la Cour de France , eft poffeftèur de
foixante' mille têtes de Bêtes à laine , divifées j
en plulieurs troupeaux, j dont chacun eft encore ■
confidérable. Les individus.,, qui compofoient lés
troupeaux étoient autrefois j très - nombreux
en Angleterre. Le Roi Hènri V 11 défendit
d’en entretenir au—de fins dé deux1 mille quatre
cens, les agneaux .exceptés.
En France , les plus grands troupeaux, ne font
guères de plus de deux mille Bêtes. Corn mu- .
nément dans les bons pays cultivés ils font de ■
deux cent cinquante à cinq cens: En les fùp-
pofant dé deux cent cinquante , il y a cent
brebis mères, cinquante àntenoifês ou brebis ;
d’un an révolu , cinquante agneaux mâles &
cinquante jeunes femelles ou agnelettes de, l’année.
On voit aufti cfe petites troupes de dix à
douze appartenantes à des particuliers. Dans
beaücoüp d’endroits foutes les troupes d’im
village fe réunifient pour former un t ro u - .
peatT commun-, 'dans d^autres ‘y chacune efi ‘
tardée à part dans les champs par des enfans.,
Les payfans Ruffes, fuivant M. IViacquart ^ ont
comme beaucoup dé payfans François , dix à
douze Bêtes à laine -, ils emploient les peaux entières
pour fe vêtir 'en Hiver j on enfile auffi
de la lame pour faire des habits moins péfans
pour l’Été & pour ks-manufaélnres de gros
draps, dont fe fervent les Mongiks dans ce pays.
Soit défaut cfobfèrvation & de calcul, foit
; defir immodéré d’élever beaucoup de Bêtes; à
laine, foit envie d’envahir toute la pâture ou îa
'p lus grande partie de la pâture d’un pays , il
cil arrivé bien des fois , que des fermiers, dont
ïes fermes étoient ifolées, où dont îes: terresi
étoient placées entre celles des particuliers ou des j
jrutres fermiers , ont formé des troupeaux plus1
nombreux que le- fol n en pouvoit nourrir. I l .
en eft réiulté que les animaux lànguiffoient o u ;
que, pour les alimenter fuffifâmment, les bergers,
les conduifoient fur des terres'cultivées &-enfe-
Biencées; c’efi fans doute afin d’obvier à cet inconvénient
& à beaucoup d’autres > qu’on a
fait des régîemens de police pour proportion
le nombre des troupeaux & des Bêtes qui ^
forment, à la nature & à la quantité de me,
fures de terres renfermées dans l’arrondiffement
d’une Paroifle , d’un hameau , d’un territoire!
Vers Tarafcon en Provence , on admet les
troupeaux aux pâturages, à raifon de foixantt
Bêtes par charme.
Il efl ordonné , par un arrêt du Parlemem
de Bourgogne, que les laboureurs > cultivateurs
& ménagers , régleront le nombre de leurs bêtes
à laine à raifon d’une brebis & fon fuivant
cTeft-à-dife , fon ggneau , par chaque journal
de terre.
On a iin réglement général du Parlementde
Paris, portant que le nombre de ces animant
dans tes diftriéls des-paroiffes , hameaux & fe.
mes ƒ fera d’une Bête , par arpent. Ce réglement
fouïfre diVèrfes modifications, eu égard à la i
tuaticn des lieux , à la nature & fabondanci
des pâturages - tel village ne peut comporter qui®
demi—Bête par ur-peiit , tandis qu-’bn doit admettre
une Bête ët. demie-& dfcux Bêtes même
dans un autre. Au refie,, le Parlement s’endl
toujours rapporté aux dédiions des Juges inférieurs
, rendues fur le dire de gens experts, nonv
: més légalement. Les véritables Juges des .coi
teftatîorrs, élevées fur cet objet, ont été les h
bitans du pays: Les' tribunaux n’ont fait qufà
voqiiér leur témoignage & l,è' ' confirmer ; rien
de plus fage que cette conduite.
En Angleterre, il y a dès loîx qui déterminent
le nombre refpeétii des Bêtes à laine & ds
pièces de gros bétail. On s’appercevoit que toiita
les vues' descultivateurs fe tournoient du côté
de Ta multiplication des moutons & que cezêfe
fnfluoît fur la. diminution des Bêtes a,cornes,
If fut ordonné, fous fe règne dé Philippesi
de Marie , que'qmcoîique entretiendroit un troiî-
peau de moutons fur des- pâturages propres an
gros bétail & dans îefquel's perfonne n’avoil
droit de, commune , feroit tenu d’avoir deiiï
vaches & d’élever un veau fous peine, d amende,
La . conduite que tiennent les herbagers eii
France y eft entièrement oppofée à-celle d«
Anglois, car ils * excluent les Bêtes à laine dis
pâturages où pafffent les Bêtes à cornes, ou ils w
îes: y admettent qüe dans la faifon , où il n y 3
pas de Bêtes à cornes. . . .
Quand il s’agit de former un troupeau, il
cotifulter les triages, du pays & aller, pourain
dire, à la découverte fur les lieux d’alentour,
afin de s’afîtirer. de l’âge: eu du fexe, q110"
aura le yplus dé 'profit à. élever ou à entre*
tenir p c ï , le mouton réulfit mieux; là, *-e
la brebis. Dans quelques endroits, on ne (fll
nourrir que des agneaux, parce que les berb#
conviennent qu’à ces jeunes animaux ;.dansd aut
des Bêtes -de deux ou quatre ans y trouventu
nourriture convenable Les circonftaiiees déter
B E T ’
ient le choix. Un fermier, qui a totlt perdu par
«ne grêle, celui qui entre en fermé & qui
n’a rien récolté encore , ne peut nourrir des
brebis qui donnent des agneaux pour lefquels
il faudroit acheter du grain ; des moutons ou
les brebis, qu’on ne laiffe pas couvrir , lui coulent
moins de frais. Aux environs des grandes’
tilles & fur-tout des capitales ", on 'préfère les
®rebis auxquelles-on donne dés béliers, à c-aufe
de. la facilité qu’on a de vendre dis agneaux
|e lait. Les petites races ne çonfommant pas autant
d’aiimens que les. grandes, il y a des can-
|)ns où l’on doit les1 préférer par Timpoffibilirè
d’y nourrir les autres1. Si le pâturage eft abondant,
ik y - aura1 plus d’avantage à- acheter de
grandes races. Une règle certaine, eft qu’on gagne,
plus à nourrir la moindre efpèce', dans un
canton qui lui convient, que fi l’on vouloir
entretenir de la plus belle, dans un endroit où
elle n’.a pas une nourriture fuffifante. Il faut
faire en forte que le pays "d’où pn tire un
ïoupeau j foit plus maigre qùé celuid où on
^«établit. Enfin-, .on ne compbfèra un froupeau
jjue de moutons, ou que de brebis qui né râp-
lortent pas, fi là nattïre' dés pofleffions né permet
pas, au moins un certain.tems de l’année j
de,'mener paître féparétnent les bêtes , .qu’on ne
uoudroit pas laiffer enfemble. On 'fait qu’au
»ornent dû fevrage fes agneaux doivent aller
àlix champs loin de leurs mères, afin qu’elles
ne les voient, ni;ne les entendent *, ces jeunes
ffliimaux ont alors befoin d’une nourriture, aria-
•rogue à leur âge & à leur pofition. Quand on
entretient un troupeau nombreux, on,a ides
webis, des agneaux, des antenois & antenoifes,
des béliers, & quelquefois des bêtes de réforme ;
SfHbon que ces différentes efpèces ne fe mêlent
pas. 11 faut fur-tout féparer les béliers; quiexcite-
^)ient la chaleur dès brebis avant le teins & l’année
éu 1 on defire qu’elles conçoivent, & les bêtes foires,
qui, toujours dévàncées par les plus v i-
goureules, ne trouveroient à manger qu’une
^rbe de rebut ., trop dure pour leurs dents ;
toutes ces circonftances exigent une grande éten-
ppe de terrein & un terrein librè.
q Jimuumre îe troupeau, aux rel
c£rCeS i ?ux. Facilités que ce pays peut pro
rb^r’ . j* procéder avec difçernement a'
‘: f * mdividuel des animaux -, on les prendr
jL i If ayant beaucoup de laine & de la lain
ils fn C relativement à la race , dan
à l iin!f T; £llr ~ fout bien, portans. Une bêt
qLlniif.ne f<?- ^or- ' p i5 hjcn quand elle',
sti-d^-nfi f t f i î , coçpS: dégarnie. , le fe
B I vpiIv a i : , ^ rchc fenfe;, l ’halçine, mauvaife
É 4 | n’ait É l » pâles. U n doit, craindr
fcnieh t Un PnnciPe de pourriture -. fi ce
m, erganes font trop rouges & les vaif
featiï frôp pleins, elle peut être'n'iétïàéee d’une
maladie inflammatoire & d’une mort-fubitc. La
i couleur feulement vermeille des yeux & de la
gueule, feroit un figne affuré .& fùfHfant, s’il
nétoit quelquéfo’is l'effet’ de la frippannerie-des
marchands, qui j ■ pour la prddùifè', ihtrôdùffènt
dans Ces brgânes quelque fûbftanéè1 aélfve \ téllè^t
que lefel marin & le. Vitriol, &.c:qui1 ylrappellent
le fang en ; excitant'une irritatiôn. -Quelques
Marchands tiennent le bétail à vendre dans
des endroits fermés, où ils raffemblént du fumier
, fur-tout du fumier de cheval dont la
fermentation caufe uttê graùde Chaleur y qui don -i
ne à cês> animaux1 une activité dé peu dé-ckiiée ,
il eft v fa i, mais1 afiez longue pour èn impofer>'
dansées ,tems de la; ventes:Le ligne le -plus certain
tk le plus caraélériftique deylà bonne fanré
des Bêtes à laine, c’eft lorfqu’elles réfifteht for-
temept à la main; qu’on : appuie fur rieurs reins
& lorfque prîtes & renues par unp.îjamjie de
derrière . elles fe . défendent & cherchent
vigoureafement à fe ' débarràffer. ; Xe;’T plus
fage êft d'acheter des Bêt,es à- .lainç;' v 'J.û.or? . a
dès marchands, mai| à des cultivateurs.,^^ volftns
du pays qu’on bahite fi elles ont’ 'quelque
défaut ou quelque germé de maladies',-ôn en
fera facilement inftruit.'
L ’Automne, paroft être lat faifon la plus favo-
rablq pour, former pu renpuVeller un troupeau
On achète àljors.A meilleur;,compte,- L'iifagc des
fo u rb e s feçs y qui font préfque pâr-ntout, les,
mêmes, empêche que les Bêtes à laine, ne rs’apper-
çoiyent:4e. la différence des lieux. X.lksrs’accou^
tument par degrés aux pâturages. Les Bêtes An-Ï
tenoifes font celles qui. réiifliffent lés mieux. -|
’ Marques des Bêtes a laine.
L e Berger d’un troupeau peu nombreux , n’a
befoin d’aucune marque pour reconnaître chaque
Bête; mais fi lé troupeau eïï confidérable , il eft
obligé d’en marquer quelques-unes. Cette obligation
eft indifpenfablè, lorfqiié'ries Bêtes qui
le compofent, appartienneot.à différons proprietaires,
comme dans les troupeaux-dé Corùinunaùtës;
fur-tout au tems du 'parcagë ?y 8c .loijldù’on en '
réunit plufieurs pour les ' c'oiïdüirè en'Efé’ dans
les montagnes. On marque les Bêtes1 à laine cîe
plulieurs manières, à Poreille, où par des cou-
leurs fur la toifon, ou à' la fête, par une mèche
de laine colorée, &c. ::;
La marque à l'oreille fe fait pu avec des eife&ux,
ou av-eq un coiiteau, ou avec un emportg^pièce i
pu.ayecyqn fer cfiapd. On fait en fpr(:e;.:d’adopter
une .figure qui de foit pas celle d’un tauÿre
On peut marquer a l’oreille en tous- 'te'ms -^.dans
les pays d’élèves, c’eft lorfqu’on coupe la queue
aux agneaux,, ou lprfqu’ op châtre les mâles.