
de l’Automne, ou celui du Printems. Il convient
que les vafes qui contiennent ces plantes, foient
plutôt trop petits que trop grands. Les petits
vafes s'échauffent plus promptement, & communiquent
mieux la chaleur de la couche aux
racines qu’ils contiennent. De plus, la terre, contenue
dans de trop grands vafes, eft fujette à
contrarier une humidité exceffive, qui s’en dif-
fipe difficilement : ce qui occafionne fouvent la
pourriture des racines,, & fur-tout celle de ces
cinq efpèces de plantes qui font naturellement
fujettes à cet accident. Eniïn , lorfque ces plantes
font trop au large , dans de grands vafes, elles
croiffeat , à la vérité, plus rapidement, mais elles
flëuriffent plus difficilement que lorfqu’elles font •
fuffifamment à l’étroit dans des vafes plus petits.
Comme l’efpèce, n.° 19 , croît naturellement
dans des lieux très-humides, on doit la regarder
comme celle de ces cinq efpèces qui eft la plus
difficile à élever & à conferver en Europe.
Il ne paroît pas qu’on ait encore effayé de
multiplier aucune de ces cinq efpèces par marcottes
ou par boutures. Cependant, comme leurs
iemences font rarement bonnes & difficiles à
lever , il conviendroit d’effayer ces deux moyens
de multiplication.
On ignore la culture la plus convenable
aux autres efpèces en Europe ; mais, d’après cé
qu’on fait, du fol & du pays où elles croiffent
naturellement, & des particularités des efpèces
dont j’ai expofé la culture, il paroît que lorf-
qu’on les poffédera , on fera bien de leur donner
d’abord une terre légère & fubftantieufe, qui
•paroît être celle dont la plupart des efpèces de
ce genre .s’accommodent la mieux : de cultiver
d’ailleurs l’efpèce n.° 9, comme celle, n.° 1 ,
en ce qui concerne le choix & l’envoi de fesfe-
merices, fon ferais fur couche , fa culture en
pot, .& fa confervation pendant l’Hiver fans
chaleur artificielle fous chaflis, ou dtfrïsT l’orangerie
proche des croifées : de cultiver toutes les
autres efpèces, comme celles n.os 13 , 14, 15,
1 6 & 19, en prenant les mêmes précautions pour
lâcher de fe procurer de bonnes femences &
dé les faire germer, & en les plaçant pendant
l ’Hiver dans une ferre dont la chaleur habituelle
feroit d’abord de douze à quatorze degrés, fauf
à augmenter ou diminuer par, la fuite çe degré
de chaleur, fuivant l’effet qu’il opéreroit fur elles.
U fa g e s .
| On fait, & j’ai déjà dit que l’on confit au
vinaigre les boutons de fleurs du Câprier ordinaire
, n.° i , ou, en d’autres termes, fes fleurs
mêmes avant qu’elles s’épanouiffenr, lorfqu’ils
ont acquis quelque confifiance, lorfqu’ils font
gros comme des pois ou des grains de vefee,
& que ces boutons ainfi confits, fe vendent par
toute l’Europe, & ailleurs, fous le nom de C â p r e s
pour i’ufage de la cuifine» Voici, fuivant Ray,
comment on les confit : auflî-tôt <jue ces boutons
font cueillis, on les expofe à l’air & à l’ombre
pendant trois ou quatre heures, jufqu’à ce qu’ils;
commencent à fe faner, afin de les empêcher
de s’épanouir : alors on les met dans de bon
vinaigre pendant huit jours , en ayant foin de
couvrir le v ai fléau qui les contient ; le vinaigre
doit les couvrir & les furpaffer de d eux doigts;
ceux qui font à découvert fe moififlent ; enfuite
on les retire de ce vinaigre, & on les preffel
doucement pour leur ôter une partie de celui!
quelles retiennent : on les met fur-le-champ
dans de nouveau vinaigre, pendant une fecondei
huitaine \ on les en retire & on les prefle pareillement
; puis on les remet dans de nouveau
vinaigre pendant une troilième huitaine, après
laquelle on les en retire encore pour les en-
fermer dans des barils, avec encore de nouveau^
vinaigre. Plufieurs, continue le même Auteur
ajoutent du fel avec lé vinaigre ; cette méthode!
pafle pour la meilleure, & I’efpèce de fauniuref
qui en réfulte conferve les Câpres faines & en-
.tières pendant trois ans, de manière qu’au bout
de ce tems on ne peut les difiinguer d’avec les
nouvelles. Les Câpres font une petite branche!
de commerce lucrative pour le Département!
du Var & les autres endroits méridionaux &j
maritimes de la France où l’on cultive en]
grand cette efpèce de Câprier. Les petits boutonfl
donnent le£ Câpres les meilleures & les plus chères!
Ils fe cueillent en même - tems que les gros, &j
fe mettent à confire dans les mêmes vafes ; mais!
après qu’ils* ^font confits ,. pn les pafle par des
cribles pour les féparer. On confit auffi les jeunes!
fruits qu’on appelle cornichpns de CaprierJ
Les Câpres font d’un fréquent ufage dans les
alimens , comme affaifonnement piquant
irritant. On les emploie fouvent dans les fa-|
ladeS & dans les faufles, avec la . viande &Iq
poiflbn. Elles excitent & raniment l’appétit lan-
guidant. Elles fondent les matières glaireufesj
qui occupent l’eftomac. Elles font réputées utile*
pour lever les obftruélions du foie, & fur - tou|
telles de la rate. On rapporte , écrit Pline, qua
ceux qui font un ufage Journalier du Caprierdanj
leurs alimens, ne font jamais attaqués de paraj
lyfie ni de douleurs de rate. Schenckins rapporter
d’après Benivenius , qu’un rateleux depuis fepj
ans,fut guéri par le feul ufage des Câpres, réuni
à là boiffon de l’eau ferrée. Foreflus rapport#
auffi qu’une vieille femme rateleufe depuis vingj
ans, fut guérie d’une tumeûr énorme par
feul ufage des Câpres. Mais il faut tâcher d’évitei
de faire ufage des Câpres lorfqu’elles doivenj
leur verdeur au verd - de - gris. On conçoj
qu’en ce ca§, elles font très - malfaifantes. Il^
bon d’être prévenu que les Marchands font îouj
, vent dans l’ufage, très - condamnable & trê j
pernicieux, de faire macérer les Câpres av
le vinaigre , dans un vafe d e cuivre , pour
■ procurer tihe belle couleur verte, à quoi ils
IréulfilTent; d’autres, dans la même vue, le con-
■ tentent de mettre une lame de cuivre dans les
Ivaifleaux qui contiennent les Câpres & le vinaigre,
I& par ce moyen , ils les rendent également d’un
■ beau verd : mais il tombe fous le fens que cette
■ couleur verte, obtenüe par l’une ou l’autre de
■ ces deux méthodes n’eft qu’une teinture produite
■ par la diffolution du cuivre dans le vinaigre.
B0n applique à l'extérieur très - utilement une
; éponge ou des linges trempés dans lefvinaigre
iqui a fervi à confire les Câpres,, fous l’hypo-
Ichondre, gauche , pour difliper l’enflure delà
rate. Ce vinaigre eft plus efficace en ce cas,
fuivant Etmuller , fi l?on y ajoute de lafemence
de moutarde. Toute cette plante eft d’une faveur
îaftringente & un peu amère. Sa racine eft une
des cinq petites racines apéritives. L’écorce de"
cette racine eft diurétique, apéritive & rëfolutivé;
elle a une vertu .ftip tique qui rétablit le ton relâché
desvifcères, & les fortifié : ce qui la rend
utile dans • toutes les maladies chroniques, mais
fur-tout dans lesobftruélions du foie, du pancréas
,& principalement de là rate, ainfi que
dans les affeélions hypochondriaques. Elle provoque
les mois , & eft réputée utile pour la
paralyfie. L’huile d’olive dans laquelle on a fait
jbonillir cette racine, & qui fenomniealors huile
de Câprier, s’emploie en Uniment ou onélion ,
fur la région de la rate , dans les douleurs de
; cette partie. ( V o y c £ de plus amples détails fur
les vertus’ & l’emploi de cette efpèce de Carrier
en Médecine , dans le Didionnaire de
Médecine). Dans le climat de Paris, les belles
fleurs de cette plante font un fuperbe ornement
pendant tout l’Eté , dans les jardins d’agrément.
J’ai dit qu’on en décore ordinairement les ef-
! paliers; qu’on en peut embellir magnifiquement
Tafped fauvage , ou difforme’des ruines, des
mafures,desrochcrs&autresçndroits extrêmement
ipîerreux qu’on peut avoir dans fon parc ou dans
;fon jardin, 8cc. en bonne expofition. M. de
Tichoudi confeille, 8c il eft à propos d’en enserrer
quelques pots dans jès bofquets pendant
lia belle faifon : ils y répandent beaucoup d’agrément.
On n’eft pas dans l’ufage de récolter des
I Câpres fur les Câpriers que l’on cultive dans le
j climat de Paris-, mais ils pourreient en fournir
[comme ceux des pays méridionaux, & M. Duhamel
en a vu qui en donnoient trois ou quatre
[livres chacun ; mais on préfère de jouir de leurs
belles fleurs. Suivant Ray, d’après Profper Al-
[Pin, l’écorce des racines du Câprier ordinaire ,,
«ans épines, eft d’un ufage très - fréquent à Alexandrie
pour tuer les vers & faire couler le mois.
Un en emploie la décodion en boiffon pendant
ong- tems fujte ^ comre l’endurciffement de
J?rate, en appliquant, pendant le même tems,
é f l P.artie > !a poudre de la racine, mêlée avec
^ vinaigre. On emploie auffi le même remède
contre plufieurs autres fortes de tumeurs dures.
Les antre? efpèces de ce genre font toutes des
plantes plus ou moins belles. Suivant Rhéede,
le Câprier de Malabar , n.° 13 , eft cultivé dans
fon pays natal, par les Indiens , à caufe de là
grande beauté de fes fleurs. Ils emploient auffi
cette efpèce en Médecine. Lefuc de fes*feuilles,
mêlé avec du fain - doux de fanglier, eft employé
en liniment contre la goutte. La décoction
des feuilles , mêlées avec les fleurs, eft purgative.
La vapeur de cette déçodien, reçue dans
la bouche, mondifie les ulcères de cette partie.
Enfin les fruits de cette efpèce, pris avec le
lait, rendent impuiffant. Ses fleurs font un
très-bel ornement dans les ferres d’Europè,
pendant l’Hiver. Celles de l’efpèce , n.° 14, les
décorent encore davantage, ainfi que celles de
l’efpèce n.° 15 qui, étant prefqu’auffi larges,
font plus intéreffantes par leur plus grand nombre,
& par. leur odeur plus fuave. L’agrément non
moins confidérable que répandent, dans ces ferres,
les fleurs nombreuses & auffi très - odorantes de
l’efp^ce n.° 16, eft beaucoup augmenté par Pè-
légafice de fon port, & par fon feuillage dont
la blancheur fixe les regards, & rranche agréablement
avec la verdeur des autres plantes.
( M. Lancry ) .
C u ltu r e d u C a p r 'u r .
Le Câprier croît naturellement en Grèce ,
& dans plufieurs Iflcs de l’Archipel -, & c’cft
de-là qu’il paroît être tranfporté par les Colonies
Grecques en Italie & en Provence. Le nom
de Tapénier & de Tapèné , qui vient du mot
grec 'txttuvoç } b u s , p e u é l e v é d e te rr e , fous
lequel le Câprier & la Câpre font généralement
connus en Provence , prouve affez clairement
fon origine, & ceux qui les premiers fe font
occupés de cette culture. Le Câprier fe trouve
également dans plufieurs parties de l’Afie , en
Egypte , fur toute la côte de la Barbarie, principalement
aux environs de la Ville de Tunis ,
où la culture de cet arbrifléau paroît être
affez foignée ; car l’exportation des Câpres qui
fe fait de Tunis pour plufieurs porrs de la Méditerranée
eft affez confidérable , quoique les
Câpres de Tunis feient moins recherchées que
celles de la Provence. Le Câprier pourroit
être cultivé avec avantage dans toutes les Provinces
méridionales de l’Europe, mais il ne
paroît pas que les Portugais, les Efpagnols & les
Italiens y aient fait beaucoup d’attention ; au
moins aucune de ces Nations paroît avoir tenté
cette culture en grand. En Italie, on fe contente
d’élever quelques piedsfte Câprier dans les trous
de vieilles mafures, où ©n les abandonne ordi^
nairement fans autre foin que celui de renove-
veller de tems en tems les pieds qui périffent ;
le Rédadeur du préfent article en a vu beaucoup
fur les murs de la Ville de Florenee, &