C’cft à chaque cultivateur à examiner ce qui
lui efi le plus commode; moins il laiffera à faire
au chaulage, en fe feryant d’un des moyens de
dépuration précédens, plus il fera alluré de récolter
des grains pürs.
Chaulage fans dépuration préparatoire.
Il ne me fuffifoit pas de m’être convaincu
que les moyens de dépuration employés avant
le chaulage , n’étoient pas en général capables
feuls de préferver entièrement le froment de
Carie, j’ai voulu m’alîurer encore li le chaulage
ne produiroit pas cet effet, fans être précédé
d’aucun moyen de dépuration. Plufieurs
fois je fuis parvenu à récolter du froment exempt
de Carie, en n’employant qu’un limple chaulage ;
mais ç étoit dans les années où le froment de
femencç n’étoit que foiblemçnt entaché. En
1785, je partageai un champ en neuf parties;
on y lema du froment prefque tout noir de
Carie, après avoir chaulé à des dofes différentes
de chaux, l’enfemencement de huit parties :
celles-ci produifirent une grande quantité d’épis
cariés, les unes un cinquième ou un quart ; les
autres un tiers & même plus d’un tiers. A la
récolte de 1786, les fromens auxquels on n’a-
voit fait fubir aucune préparation , ne m’en
donnèrent pas davantage. J’avois fait jeter l’en-
femencement de la neuvième partie dans un banquet
plein d’eau de chaux, où il trempa pendant
vingt-quatre heures. Je ne trouvai dans
f©n produit qu’un vingt-cinquième d’épis Cariés.
Il réfulte de cette expérience , i.° que le
chaulage feul ne peut préferver de Carie la production
d’un froment qui en eft très-entaché.
i.° Que, quand il l’eft à cerrain degré, il faut
beaucoup de foin pour le mettre dans l’état
de pureté convenable. 3.0 Qu’à la rigueur, en
le laiffant tremper long-tems dans l’eau de chaux,
on émoufferoit prefque entièrement le principe
contagieux. Mais il faudroit écumer les grains
-de Carie qui, fans cette attention, s’écraferoient
toujours dans les mouvemens du chaulage, &
rendroient au froment le mal qu’on cherche à
lui enlever , & encore n’eft-on pas fûr qu’il
n’en éçhapperoît pas quelques-uns à la plus feru-
puleufe recherche. Les expériences précédentes
prouvent encore qu’on né devroit pas compter
entièrement fur les dépurations, foit mécha^-
niques, foit par le moyen de l’eau. Il faut donc
réunir à-la-fois un de ces moyens & le chaulage,
dans le cas où il s’agit de détruire un vi?
rus très-abondant & très-actif.
Lorfque je m’occupai des préfervatifs contre
cette maladie, j’examinai vers le tems des récoltes
, les champs qui nf environnoîent, & ceux
des pays que je parcourois. Les uns m’offroient
une grande quantité d’épis cariés; j’en trouvai
moips dans d’autres ; il y eu avoit qui n’en çontenoient
pas un feul épi. Inftruit de l’état oi
étoient les grains que chacun avoit femés, je I
penfai que le plus ou moins de Carie dépendoit
de la manière dont avoient été préparées les fe. 1
mences. M. Tillet avoit fait la même obfervation,
Je fournis à l’expérience les méthodes employées I
,par ces Cultivateurs, & j’eus des effets pareils 1
à ceux qu’ils obtenoient. La curiofité me porta I
plus loin ; elle m’engagea à eflayer fur le fro-
ment Carié l’influence de.différentes fubflances ]
qu’on ne pouvoir même ef^érer d’employer I
à caufe de leur prix. M. Tillet avoit fait des I
elfais fur plufieurs d’entr’elles; mais il n’avoitl
pas employé les autres, & j’avois plus d’unmo-j
tifde les mettre en comparaifon. Le principal I
étoit de connoître leur aélion refpeélive fur la I
Carie ; je delirois en outre favoir s’ils attaquoient le I
principe de la végétation du froment,ou s’ils côntri- I
bueroient à ledévelopper&àaugtnenter foneffet.
Une année ne me paroiffant pas fuffifante pour I
cet examen, j’y en confacrai quarre, favoir ;
de 1786 à 1787, de 1787 à 1788, de 1788 à,1789,1
& de 1789 a 1790. Mes expériences furent grê-j
lées lors de l’orage du mois de Juillet 1788;!
ainfi, je ne dois pas, pour cette année, faire ufagel
des produits en paille & en grain ; mais la veille!
j’avois conftaté l’état & le nombre des épis Cariés, I
je puis donc pour cet objet mettre l’année 1788
en comparaifon avec les autres.
Les expériences ont été faites en trois terrains!
différens. Le hafard a voulu, que la dernière an-1
née, elles fe. foient trouvées dans celui de la pre-1
mière, après un intermédiaire d’enfemencementl
en avoine & enfuite de jachères. Le terrain de!
celles de la première année a été fumé avec!
de la fiente de pigeons ; celui des expériences!
de celles de la deuxième & de là quatrième an-1
nées, avec de la terre réfultante d’anciennes dé-1
molitions, & celui des expériences de la troi-1
fième, avec du fumier de cheval & de vaches. I
Première Année y ou de iy86 h. 1787.
Le froment employé pour toutes les parties!
étoit très-*çntaché de Carie.
Celui que j’abandonnai à lui-même, fans luiI
faire fubir aucune préparation , & qui étoit def-l
tiné à être en quelque forte le type des autres,!
a produit un cinquième d’épis Cariés, & huit pour J
un de bon grain.
Acide vitriolique, Celui qui a été arrofé d’uni
neuvième d’acide vitriolique, mêlé à fufîifantej
quantité d’eau , après avoir été lavé dans trois
eaux , a produit un cent quatre-vingt-dix-neuvième
d’épis Cariés, & huit pour un de bon grain-
Le même, aufli lavé dans trois eaux, &ar^y|
de deux dixièmes d’acide vitriolique, mêlé a de
l’eau, a produit un :3c©.? d’épis Cariés, &
pour un de bon grain. , , I
Le même, non-lavé auparavant, arrofé_dun
1 neuvième d’acide vitriolique , mêlé à de W*
C A R
a produit un 300e d’épis Cariés, & 10 poùr un
de bon grain.
Le même, non-lavé, arrofé de deux dixièmes
d’acide vitriolique, mêlé à de l’eau, a produit un
jo6.e d’épis Cariés, & 10 pour un de bon grain.
Acide nitreux. Le même, lavé dans trois eaux,
& arrofé d’un y.c d’acide nitreux fumant, mêlé
à de l’eau, a produit un 500.® d’épis Cariés, &
feulement deux pour un de bon grain.
Le même , lavé dans trois eaux, & arrofé de
deux io.es d’acide nitreux, mêlé à de l’eau, a
produit feulement un pour un de bon grain,
lans épis Cariés.
Le même, lavé dans trois eaux, & arrofé de
trois 11.es d’acide nitreux, mêlé à de l’eau, n’a
pas produit un pour un de. bon grain ; il n’y
avoit pas de Carie.
Le même, non-lavé auparavant, & arrofé
d'un cfA d’acide nitreux , mêlé à de l’eau, a
produit un 48co.e d’épis Cariés, & huit pour un
de bon grain.
Le même non- lavé auparavant, & arrofé de
deux io.es d’acide nitreux, mêlé à de l’eau, a
produit un 168.® d’épis Cariés, & quatre pour
un de bon grain.
M. Tillet avoit eflayé l’eau forte à la dofe d’un
8.e fur fept parties d’eau , indépendamment du
chaulage ; il n’eut qü’un feul épi Carié fur 1164.
Acide marin. Le même, lavé dans trois eaux ,
& arrofé d’un 9-e d’acide marin , mêlé à de l’eau,
a produit un 3co.ès d’épis Cariés, & huit pour un
de bon grain.
Le même , lavé dans trois eaux, & arrofé de
deux io.es d’acide marin , mêlé à de l’eaq, a
produit un 4800.® d’épis Cariés, & neuf pour
un de bon grain.
Le même , non-lavé auparavant, & arrofé de
deux ip.es d’acide marin, mêlé à de l’eau,. a
produit un 300.® d’épis Cariés, & neuf pour un
de bon grain.
Acide du vinaigre. Le même , lavé dans plufieurs
eaux, & arrofé de trois 11 .es de vinaigre
rouge d’Orléans, a produit un 30.® d’épis Ca-
rjds,& feulement deux pour un de bon grain.
Le même, lavé dans plufieurs eaux, & trempé
enfuite dans fufiifame quantité de vinaigre feul,
a produit un 1 <coo.e - d’épis Cariés, & deux &
demi pour un de bon grain.
Le même .non lavé auparavant, & trempé,
pour toute préparation, dans fuffifante quantité
«e vinaigre, a produit un 250.® & trois pour
Un de bon grain.
Soude. Le même, trempé dans une folution
de Soude & de chaux, à la dofe de huit parties
de chaux, & de fix parties de Soude, a produit
dn ioo.e d’épis Cariés, & fept pour un de bon
grain. La femence avoit auparavant été lavée
dans plufieurs eaux.
PotiJJe. Le même, lavé dans plufieurs eaux,
* trempé dans une folution de Potaffe & de
C A R 7r9
chaux, à la dofe de huit parties de chaux &
de quatre de Potaffe , a produit un 130.' d’épis
Cariés, & huit pour un de bon grain.
M. Tillet a employé la-chaux & la Potaffe.
Chaux feule. Le même , lavé dans plufieurs
eaux, .& trempé dans une folution de Chaux
feule, a produit un 308.' d’épis Ca riés fur une
foible production en grain. Elle n’a été que de
quatre pour un ; mais cette partie du champ
étoit pleine de bled de vache.
Alkali fixe caufiique. Le même, lavé dans trois
eaux, & arrofé d’un p.e d’Alkali fixe caufiique
mêlé-à de l’eau , a produit un 78 e d’épis ca-*
riés, & neuf pour un de bon grain.
Le même , lavé dans trois eaux , & arrofé
de trois ï 1 .cï d’Alkali fixe caufiique mêlé à de
l’eau, a produit quatre pour un de bon grain,
fans Carie.
I Le même, non lavé , arrofé de deux -io.es
d’Alkali fixe caufiique mêlé à de l’eau, a produit
un 2.cô.e. d’épis cariés, & huit pour un de
bon grain.
_ Le même, non lavé, & arrofé de trois n.««
d Alkali fixe caufiique, a produit quatre pour
un , fans Carie.
Dès l’année précédente, j’avois comparé trois
dofes d’Alkali fixe caufiique ; favoir, un ç>.e,
un i8:e & un 3<5.' de l’eau néceffaire. L’effet
de la première avoit été de réduire la production
de Carie à un 100.e, au plus, du bon grain3
celui de la fécondé, de la réduire à un 39e;
& celui de la troifième , à un 13e.
M. Durvye, Curé de Saint-Laurent-la-Gâtine ,
près Noyent-le-Roy , a mouillé cette année,
dans du vin, dans du cidre, de l’huile, du
marc de café, du froment qui a bien levé, &
& a produit bien moins de Carie que du froment
femé fans préparation.
Deuxieme Année, de 1787 a 1788.
Le froment entaché de Carie, auquel je n'ai
fait fubir aucune préparation, a produit un 6.e
d épis Cariés. J ai déjà prévenu que, dans les
expériences de cette année, je ne pouvois parler
des produits en bon grain, à caufe des ravages
de la grêle du 13 Juillet.
Le même , arrofé d’un ).c d’Acide vitriolique
ou d’Acide nitreux, ou d’Acide marin , avec fuffifante
quantité d’eau , n’a pas produit de Carie.
Il y ^ avoit moins de tiges de bon grain dans la
partie dont la femence avoit été arrofée d’Acide
nitreux, comme dans l’expérience de l’année
précédente.
Le même , arrofé d’un 57e de vinaigre rouge
mêlé à de l’eau , n’a point produit de Carie. Mils
cette partie a aufli donné peu de tiges de bon
grain . ce qui s accorde avec l’expérience de la
première année.
Le même arrofé d’un 9.® de jus de citron