
vents , &c.. Dans ce cas-, lorfqu’on frappe le
ventre avec la main , il fonne fans qu’on entende
aucun mouvement d’eau. L ’animal bat des \
flancs, s’agite, & meurt fouvent. Pour prévenir
ce mal , on ne conduit pas les bêtes dans. ;
les herbages abondans, au moment où elles font
affamées, c’eft-à-dire le matin ; mais on laiffe :
paffer le plus fort de là faim, en les menant
d’aborcl dans des pâturages maigres ou médiocres,
& enfuite dans les plus gras, où on ne
leur fait paffer que peu de tems.
Le mal de panfe exige des fecours prompts.
On confeille de faire trotter les animaux, qui
en font atteints, jufqu’à ce qu’ils aient fienté, &
jufqu’à ce quel’enflure diminue. Je n’ai pointl’expérience
de l’ulage de cette méthode. Je fais, au
contraire j qu'on a guéri le mal de panfe, en
enfermant, dans une bergerie très-chaude, les-
bêtes malades , de manière qu’elles y fuffent
très-preffées, & les portes & les fenêtres clofes.
11 s’excite alors une abondante tranfpiration, qui
les fauve. On les conduit, fuivant le cours, &
Bon à l’encontre du v en t, pour ne les pas
fuffoquer; on peut encore les faire nager ■. fi
elles fientent dans l’eau, le mal fe paffe. Le
Berger, quelquefois, preffe le ventre des bêtes
pour faire fortir leurs vents , il fait une
faignée, il tire la fiente du fondement, ou
avec les' doigts, ou avec une petite cuillère ,
pour donner iffue aux vents. On met encore,
dans la gueule de la bête, une bride de faille
ou une ficelle, qu’on noue derrière la tête , !
pour tenir la gueule ouverte. Dans cette at-ti-
. tùdé, l’animal faute, fe débat, rend de la fiente t
& des vents.
z,° 11 en néceffaire de conduire un troupeau
lentement,. fur-tout en montant des collines ,
fi on ne veut pas l’échauffer, & rifquer de faire
avorter les brebis Le Berger, pour faire avancer
fon trpupeau-, tantôt met urf chien à la
tête, lui-même fuivant, & fe fervant d’un
fouet, eu de la voix, ou d’un bâton; tantôt
il marche le premier, & le chien placé à la
fuite des bêtes, en preffe .plus ou moins les
pas, félon les intentions de fon maître.
Il y a des pays , où~ l’on doit s’abftenir -,
fur-tout en E té , dé faire manger aux troupeaux,
des herbes aromatiques, qui couvrent certains
terreins ; on doit au fît, pour ne pas diminuer
leur laine , les éloigner des lieux remplis cfépfnes
& de chardons. Ces plantes ont de plus l’in-
convcnient de les piquer,- & de leur faire venir
de petits galons, qu’on prend pour de la
gale, Les pâturages fitués fur les. bords de la
mer, & dans les environs des marais- falans ,
font toujours bons.
On dit que les brebis aiment la mufique,
& que les Bergers, pour les engager à relier
long-temi dans un endroit ? font bien de jouer
de quelque infiniment, tel que le flageolet
la flûte, le haut-bois , la mufette. Cette ÿfj
fertion eft bien hafardée, & dénuée de preuves
Au refie, fi les Bergers , en jouant de ces inf!
trumens, ne font d’aucune utilité à leurs trou-
peaux, au moins y trouvent-ils un moyen de
charmer l’ennui de la vie oifive qu’ils mènent aux
champs'.
Ennemis des Bêtes a laine.
Soit que le Berger cond-uife fon troupeau
aux champs , foit qu’il le garde dans fon parc
ou qu’il le tienne à la bergerie, il doit le garantir
des ennemis', qui l’attaquent. On prétend
que plufieurs -fois des rats ont tetté des brebis,;
qui av oient agneîé. Cette prétention m e parait
une fable, & j’aime mieux croire que les
rats viennent plutôt,' dans les-bergeries, pour
dévorer. Les grains , dont on nourrit les animaux.
Plufieurs Bergers & Fermiers m ’ont af-
furé qu’ils av oient lurpris des rats attachés au
pis des brebis, & q u e , fouvent, par cette rat
Ion, elles y av oient des. blcfiùres ", difficiles à
guérir. Je n’ai aucunes preuves perfonnelles,
contraires o u favorables à cette affertion. En tout
! état de eau f e , il faut avoir l’attention de dé-
traire les rats des bergeries, puifqu’ils mangent
une partie des aiimëns des Bêtes à laine. On y
■ réuflît par des pièges , ou en'entretenant de
; bons chats. .
Les aigles , les ferpens, les chenilles même
& les abeilles , fuivant lés anciens A u te u rs d’E-
concmie rurale, font dangereux pour les Bêtes
à laine. Mais ce n’eft que dan s les pays chauds,
& près des grandes forêts d’Afrique. En Franc
e , on a à craindre, pour elles, les ours, &
fur-tout les. loups, qui les attaquent plutôt par
rufes qu’à force ouverte.- Ces derniers animaux
fe réunifient deux, trois ou quatre enfemble;
Par un accord, fort étonnant, l’un d’eux marche
en avant, au-deffus du vent, pour attaquer;
tandis que les autres fe mettent en embufeade,
en fe plaçant au-deffous du vent. Si les Bêtes à
laine font au parc, elles s’effraient, rompent
les claies, & fe répandent dans la 'campagne-
Les loups, qui attendoient ce moment de dé-
fordre, fondent fur elles, en égorgent & en
emportent.
Les loups attaquent rarement un troupeau
en rafe campagne ; c’eft dans des défilés , clans ®
ravins, des foffés, le long des haies & des bu«'
fous. Quelquefois ils fe blottiffent dans des fe
Ions profonds, dans des champs enfemepcei
& dont les grains font très-hauts ; :ib font à craindre
plutôt à l’approche delà nuit qu’en plein jolir»
& plutôt les jours de brouillards,
Pour écarter les atteintes des loups, on afl ;
che des bonnettes à plufieurs Bêtes à laine ; c°® •
1 me elles font les premières à s’en appercevfl «
clés s’agitent, de manière à en avertir le Ber-
■ er S’il apperçoit un de ces animaux carnal-
E ers il raflemble fon troupeau -, il met à leur
fcourfuite les chiens, qui doivent être forts &
Kourageux, dans les pays où il y a dés loups;
i l court lui-même defius, & parvient fouv.ent,
Inr les cris, à coups de bâtons, & en àni-
Kant fes chiens, à leur arracher leur proie;
K{ ufe de beaucoup dé circonfpedion, ne perlant
jamais de vue fon toupeau , dans la crainte
ïme d’autres loups ne fondent defius, pendant
i - i ’il en pqurfuit un.
Ë Des feux & de la fumée près des troupeaux ,
le choc d’un briquer, des coups de fiifils, .poudre
fe canon qu’on enflammé & félon quelques per fondes
de petits piquets, plantés de difiance en
Biflance, fur lefquels on étend des cordes de la
»lus g r o f l e étoupe, font autant.de moyens d’é-
feartèr Jes loups. Le meilleur & le plus fûr, c’efl
S a vigilance du Berger , fon courage & celui
Be fes chiens.
Logemens des Bêtes à laine.
Sous le nom de logemens des Bêtes à laine
pn peut entendre tout ce qui lert à les ren-
jfermer, bergeries , hangards & parcs ^ Cependant
|je mot convient plus particulièrement aux
Bergeries.
h Avant qu’on eût réfléchi fur quelques mor-
iàlités de ces animaux, fur les moyens" de les
feonferver en fanté & de les améliorer, on n’a-
nroit pas penfé à l’influence que pouvoient y
«voir leurs bergeries. Les foins des Bêtes à
laine étoient entièrement confiés à de Amples
^cultivateurs & à dés bergers y*également incapables
de connoître les agens phyfiques ; ils enfer-
Kioient leurs troupeaux dans des logemens étroits,
pas, clos & échauffés par la fermentation des fu-
Éhiers qu’on n’enlevoit, clans beaucoup de -pays,'
fju’uhe ou deux fois par an , au-iieu de les enlever
une ou deux fois par femaine; la chaleur,
"$es éxhalaifôns & l’air altéré caufoient des maladies
qui en faifoient périr un grand nombre ,
Bps qu’on pût en deviner la calife. 11 faut, pour
feinli dire , des fiècles pour détruire les préjugés
»es gens de la campagne ; c’efi avec bien de la
peine que dès phyficiens, livrés à l’étude de la
■ nédecine vétérinaire, font parvenus à répan-
du jour fur çette matière. Quelques pro-
fnétaires, plus faciles à éclairer, ont reconnu
» s premiers, Texaélitucie & .l’utilité des obfer-
ylions ; des cultivateurs fe font laifl'és perfuader
Ænrnite. Le nombre de ceux , qui comprennent
Ma A faut aërer les bergeries, croît dé jour en
| | fp fl-ce tte vérité gagne de proche en proche.
^ l°ln, même, que'dans une certaine
■ ‘aiicdhommes, c’efi maintenant un problème
de favoir fi l’on doit quelquefois & en certains
tems renfermer les Bêtes à laine dans des bergeries
ou les tenir toute l’année dehors. Cet
objet me paroit affez. important pour mériter
que je l’examine ici. J ’ai recueilli les raifonspour
& contre ; c’efi après les avoir expofées toutes,
que je me permettrai de les juger.
Ceux quipenfent qûe lcs Bêtes à laine doivent
être en tout tems à l’air libre', fe fondent
fur les motifs fuivans : les Bêtes à laine font
originairement.fauvages; quand on les rend à
cet état primitif, leur fanté s’affermit, leur chair
devient meilleure & leur toifon plus fine &
plus abondante, fans doute, parce que la nature
prévoyante les vêtit de manière à pouvoir
fupporter les intempéries des faifons , comme
on voit les fourrures des animaux du nord plus
épaifles en Hiver qu’en Eté. Au tems de Coîu-
melle & de Pline on trouvoit encore des Bêtes
à laine dans les "forêts d’Afrique. Elles portoient
dés toifons très-garnies & de la plus grande blancheur
; il y a des pays, Où on renoüveiloit les
troupeaux avec cette race des bois. On affure
que dans le parc de Chambor , le Maréchal de
Saxe a rendu fauvages des Bêtes à laine de
France. M. Haft-fer rapporte qu’en Suède , une
brebis pleine, de la province de Dalh, s’étant
écartée du troupeau en Hiver , reparut au commencement
du Printemsavec. deux beaux agneaux
plus forts que les meilleurs de ceux qui étoient
nés dans l’étable ; leur laine, étoit très-blanche ,
très-longue & très-fine. M. Carlier cite quelques
exemples femblable's, qui ont eu lieu en
France ; il s’y trouve encore des races boca-
geres, toujours vivant dans les-bois. Les Bêtes
trafuinantes en Efpagne ; celles des Pyrénées
& de la Crau en Provence, n’ont d’autre habitation
que les champs ; ce qui doit le plus fur-
prendre, c’eft l’ufage où font les Anglois, de ne
procurer ancun abri à leurs troupeaux M.
Daubenton, dont les expériences & lés recherches
font fi 'intérefiantes, a tenu un troupeau
de trois cens Bêtes, en plein air, jour & nuif
pendant toute l’année, fans aucun couvert, près
de la ville de .Monîbard en Bourgogne, depuis
1767 , jufqu’en 1781 ; le troupeau s’efi maintenu
en meilleur état, que s’il avoit été renfermé
dans line bergerie , quoique dans cet' efface
de tems il y ait eü des années pluvietifes'
& des Hivers très-froids, fur-tout celui à e i~ j6 .
Il paraît que des particuliers ont imité en petit
l’exemple de M. Daubenton, & ont eu le même
fuccèsê Ce Savant pour rendre raifort dé fon
expérience de quatorze .années, dit que l’efpëce
de graifie, appéllée fuint, dont la ikiùe efi'
remplie, empêche la pluie de pénétrer jufqu’à
la racine, & que quand il pleut , les Bêtes à-
laine tant l’inftitoél fert bien les animaux r
.plient leurs jambes, fe ferrent les unes contre les
autres 3 placent leurs têtes dans les intervalles