par un morceau de bois qu’on place fur des gazons
mis à plat les uns fur les autres à la hauteur d environ
un demi-pied de haut : oh entoure ce fagof de
gazons pofés de même à plat, puis, on continue
en avançant toujours les gazons fur les .fagots ; &
on recommence jufqu’à ce qu’ils forment un tas
de quatre à cinq pieds de diamètre , pofant toujours
les gazon* fur les joints des premiers,
1 Les Cendres de tourbe reffembtent à celles
des végétaux dont elles font lés débris , & four-
niffent, fuivant ies expériences de M. Ribau-
. court, dix livres de Cendres par quintal de
tourbe &. par le moyen de la lixiviation , deux
onces d’alkali fixe. On en diftingue de trois efe
! pèces la première eft celle à laquelle on donne
! avec, raifon la préférence : elle provient de la
tourbe la plus compacte & la moins terreufe ;
! elle eft pefante,& d’un jaune foncé; on la retire des
j fourneaux des Chapeliers, Teinturiers, Braffeurs,
! &c. qui font ufage de la tourbe fous leurs chaudières.
comme li l’on craignoit que le feu ne trouvât
quelque iffue. Il en trouve effectivement autant
qu’il eft néceffaire ; les.gazons fecs joignent mal,
le feu refferré fe fait des routes; il s anime en
raifon de la difficulté qu’il a expofée il s’in-
finue avec d’autant, plus de force, qu’il devient
plus violent; les racines du gazon , en brillant, j
lui lai fient des routes innombrables , & il fefait |
une telle chaleur ,<<gue la terre rougit ordinaire- |.
"ment.
Combien de terres n'a-t-on pas amélioré fenfî- 1
blement pour avoir brûlé ainfi à leur/urface des
bi uyèrês, des fougères, des genêts, des joncs, & pour
avoir donnéen mème-temsàlatet re calcaire qui le
t rouve dans ces fonds une propriété analogue à celle
de lachauxlCette pratique offre le double avantage ;
de fertilifer puiffatnment le f o l , & de le purger
des herbes parafites. On a toujours remarqué que
les champs où on brûle fur pied les chaumes -
reliés après la moiffon , les vieux trèfles & les
vieilles luzernes, produiraient des répoltes p lu s-,
nettes & plus abondantes que ceux où l’on n’avon j
pas employé l'aélion du feu.
Cendres de Tourbe.
Outre les fecours que les Tourbes peuvent porter
dans les Arts & Métiers, & chez les pauvres
des Villes & dés Campagnes où le bois eft rare,
l’Agriculture peut en recevoir les plus grands
fervices en les employant foit dans-leur état naturel,
foit en état de Cendres; car, depuis quelque
tetns, on a employé la Tourbe comme engrais,
& elle peut fervir dans tous les cas où conviennent
le tan, & d’autres matières végétales, réduites
par la fucceffion des-tems à l'état de terreau. Ces
Cendres dont on a reconnu l'efficacité fur les
prairies, font devenues-par cette raifon un objet
de commerce dans quelques cantons. On en
tranfporte dans les environs d’Amiens à fept &
huit lieues; en Hollande, on les enlève" tous lés malins
avec des efpèces de fourgons, pour les vendre
au loin, jufqu’en Flandre & en Artois, fous
le nom de Cendres de mer.. Il feroirà defirer que
par-tout où il exifte des Tourbières, on pût en
profiter pour fuppléer le bois dans les uflnes
& les foyers ; il en réfulteroit en même-terris un
amendement afl'uré pour les prairies dont l’étendue
intéreffe fi direélement les Cultivateurs, puît- 1
qu’elles les mettraient à portée de nourrir un j
plus grand nombre 4e beftiaux, & d’avoir plus I
ffqnjrap. •
Elle doit fa couleur foncée au fer quelle
contient, & au recuit qu’elle a éprouvé dans les
fourneaux.
La fécondé efpèce eft d’un jaune moins in-
tenfe , plus légère & moins recuite que la précédente
; elle, appartient à une tourbe moins
choifïe". ; .
La troifième eft encore plus légère, prelque
blanche; c’eft un mélange de Cendres des foyers
produites par les tourbes-, les plus communes, &
de Cendres de bois- Beaucoup moins recherchée
que lesdeux autres , elle.eft auffi inferieure en prix.
On pourroit former une quatrième efpèce.
de Cendres de tourbe, en diffinguant celle que.font
les tourbiers avec les grumeaux & pouffières; ;
cette dernière, faite avec foin, ne diffère en rietyde
la fécondé. La couleur & la pefanteur, le toucher
doux, une faveur légèrement faline, font \es qualités
auxquelles il faut principalement s’attacher
dans le choix de la Cendre de tourbe. On juge ailé-
ment par l’expérience , &avec un peu d’attention
fi , pour en augmenter le poids, les Marchands da
tourbe n’y ont pas ajouté du fable.
Cendres de charbon de terre.
Leur nature eft un peu différente de celles
dont il a été queftion jufqu’à préfentpuifqu elkS
ne contiennent point d’alkali fixe; on remarque
même que le charbon le plus bitumineux eft celui
oui non-feulement donne le moins de Cendres ;
mais qu’il eft encore, fort difficile à amener à
cet état. Dans le voifinage des grandes Villes où
l’on fe chauffe avec ce combuftîbte , on en emploie
cependant la Cendre comme engrais*,1a
propriété principalement calcaire la rend utile
dans les terres humides & glaifeufes: elle les pénètre,
les ameublit, & les met en état de profiter
davantage des autres, engrais indifpenfables qu on
leur ajoute; .c,ette Cendre fert peu dans les
Arts* elle, entre feulement dans la compofitioh
des ’ciments auxquels elle donne une grande
folidité, & la propriété en même - teins d être
imperméables à l’eau.
Cendres de houille.
La houille, qui fournit la Cendre dont il s’agitj
a eft point celle que les Maréchaux ^ autres
Ouvriers fubftituent au charbon de terre dafls
le travail de la forge, ou qu’on brûle dans les
foyers de piufieurs de nos Provinces ; niais d’une^
autre efpèce de- houille défignée à caufe de fes
effets, fous les noms de houille d'eng-ais, terre-
tôurbe , Cendres rouges, &c. On peut la regarder
comme un amas immenfe de tourbe pyriteufè,
qui étant amoncelée à l’a ir, s’enflamme ^bientôt
à l ’air en lailîant pour réfidu des Cendres
rouges d'où l’on retire, au moyen de la lixiviation
, de l’alun & du vitrio|fc ces Cendres, dédaignées
autrefois, font devenues aujourd’hui l’objet
d’un commerce confidérable pour les cantons
où il y a des houillières ouvertes. On affure
qu’il s’en débite par année, feulement dans la
Province de Picardie , plus de trois cens mille
feptiers, qui remontent par la Seine & la Marne
jufqu a Château-Thierry. Les qualités que doivent
avoir ces Cendres, font d’être fort rouges,
légères, fines & d’une faveur ftyptique.
Cendres employées dans le blanchijfage.
'On prétend que les Cendres de hêtre font recherchées
par le*: Verriers, celles de chêne par
les Salpëtriers & le Savoniers ; qu’enfin les Cendres
de châtaigniers ne valent rien pour la lef-
lïve, parce quelles tachent le linge pour toujours.
J ’ignore fi-ces obfervations font fondées fur des
faits bien avérés, ou fi ce ne font que de fimpks
aflèrtions. Mais ce qu’il y a de pofitif, c’eft quer
comme nous l’avons déjà annoncé, la méthode
dont on fe fert pour préparer les Cendres contribue
à augmenter ou à diminuer la quantité & la
force de l’alkali qu’elles contiennent, & à rendre
par conféquent ce fei plus ou moins efficace dans le
blanchiffage. Eteneffetfilafubftance inflammable
a brûlé dans un grand courant d’air , fi la flamme
a été vive & foutenue , ce fei fera moins abondant:
fi au contraire le feu a été étouffé &
l ’ignition fans flamme bien apparente, le produit
du fei fera prefque double. Il exifte donc
des différences énormes entre la Cendre des
fourneaux des grands atteliers & celle des petits
fourneaux, entre la Cendre dés foyers des particuliers
aifés qui n’employant que de bons bois
laiflent aux Cendres le tems de fe perfectionner
, & celle des particuliers qui brûlant du bois
de toute efpèce rendent leur Cendre encore
plus remplie debraife, & ènfin celle de ceux qui
jettent dans la cheminée les balayures de leur
niaifon ; auffi le prix des unes eft-il bien différent
de celui des autres; on paye dans les Villes un
boiffeau de Cendres du poids de vingt livres
depuis quarante jufqu à cent fols; les proportions
d’àlkali qu’elles contiennent fuivent également
cette différence.
Cendres recuites.
II n’y a point de ménagère un peu intelligente,
qui, habituée à fe fervir des Cendres pour
la leffive, ne connoiffe les moyens de les bien
choifir,, & de leur donner encore plus d’activité
en lesJaiflant longr tems dans fon foyer, & les
mettant enfuite à l’abri de l’air extérieur. Elles
favent auffi qu’il eft important d’en bien féparer
la braife , parce que l’alkali ayant fa propriété
de diffoudre le charbon, elles ont le très-grand
inconvénient de communiquer de la roufteur au
linge : c ’eft pour le prévenir qu’on leur fait fubir
cette opération qu’on exprime par Cendres recuites,
Pour cet effet, on lesèxpofe fur l’aire d’un
four extrêmement échauffé , afin que le charbon
qu’elles contiennent encore foit tout-à-fait con-
lommé : on les remue de tems en tems, & on
diminue le feu infenfiblement. Les Cendres cou*
centrées ainfi par ce procédé éprouvent un déchet
de moitié ou environ, & acquièrent de la force en
proportion : c’eft comme fi on avoir ajouté un
peu de chaux dans la leflive pour l’animer.
D’après ce qui précède fur la nature de chaqufe
efpèce de Cendre, on voir que toutes celles où
il fe trouve beaucoup d’alkali, peuvent être
employées dans le blanchiffage , dans les verreries
, & dans les favonneriés, en obfervant d’en
régler toujours la quantité fur celle de l’alkali
quelles contiennent ; qu’à leur défaut, on peut
le fervir de potafle & de Cendres gravelées, mais
toujours dans une proportion infiniment moindre
; qu’enfin il convient d’en rejetter les Cendres
de bois flotté, de tourbe, de charbon de terre &
de houille , par la raifon qu’elles ont peu ou
point d’alkali.
La difficulté de fè procurer de bonnes Cendres
dans la Capitale, parce que la majeure partie
du combuftible confifte en bois floté, a forcé les
Bianehiffeufes de recourir à la foude pour en faire
la bafe de leurs leffives ; mais comme cette Cendre
contient en même-terns du fer, il arrive fouvent
que le linge a des taches de rouille indeftructibles;
peut-être parviendroit-on à remédier à cet inconvénient
en employant le fei de foude lui-
même de préférence à ces Cendres ; l’augmentation
du prix que néceffitercit l’extraélion du
fei fur les lieux , feroit compenfée par la diminution
des frais de tranfport ; plus certain alors
de la quantité qu’on en emploieroit, on ne cour—
roit plus les nfques de blanchir trop promptement
le linge aux dépens du tiffu de la toile, ou
de manquer tout - à-fait la leffive, faute de n’en
avoir pas mis fuffifamment. Nous touchons heu-
reufement au moment d’avoir en France du fei
de foude à bon compte: on annonce que bientôt
un procédé particulier le retirera en grand
du fei marin auquel il fert de bafe, & fi. nous
parvenons à nous paffer encore de l’Etranger pour
cet objet d’un ufage auffi journalier, ce fera un
nouveau fervice que la Chymie aura rendu aux
Arts; mais on ne fauroit trop le répéter; rien
n’eft plus utile que d’avoir des régies fixes pour