
«fl un purgatif doux , innocent, & convenable
à tout fexe, à tout âge, & à tous terùpéramens.,
ainfi qu’aux femmes enceintes & à celles nouvellement
accouchées. C ’eft la douceur de ce
purgatif, & d’autres pareils, qui a enhardi les
Médecins Arabes à introduire, dans l’art de la
Médecine, la coutume de purger beaucoup plus
fou vent que les anciens Médecins Grecs, qui
purgeoient rarement & avec précautions, parce
qu’ils n’ufoietit que de purgatifs très-violens..
On prefcri.t cette pulpe utilement dans lès
fièvres ardentes & inflammatoires, dans les affections
de la poitrine , des reins & de la veffie.,
8c dans , toutes les inflammations tant internes
qu externes , chaque fois que l’on juge qu’il eft
utile de purger •, & ce médicament fait beaucoup
de bien dans tous ces cas , ou d’autres
purgatifs feroient beaucoup de mal. Non-feu-
îement cette pulpe eft utile , ■ étant adminiflrée
Ù gi^nde dofe comme purgative, mais elle eft
encore employée avantageusement comme altérante
à petite dofe , en en faifant un ufage long-
tems continué, taatôt pour amollir & relâcher
ie ventre trop dur & tr.op fe c , tantôt pour rappeler
vers le canal inteliinal, 8c faire forffr du
corps , par cette voie naturelle , les mauva is
humeurs qui fe jettent contre nature fur què£-
qu autre partie, dans certaines affeéHons de longue
durée & rébelles aux remèdes, comme la
goutte, le calcul, les hémorrhoïdes , les maux
de tète chroniques, la migraine, &c. Suivant
JProfper Alpin , les Egyptiens ont coutume de
fe fervir de la pulpe de Caffe, mêlée avec le
fuere candi & la' régliffe, comme d’un remède
fecre.t dans les maladies dés reins & de la reffie :
(Ce remède agit très-utilement, dans ces cas,
comme diurétique : ils regardent fon fréquent
jufage comme très-bon pour préferverles hommes
■ de la pierre. Mefué lui attribue la même vertu
préfervative. Monardès & Matthiole, en fuivant
les traces des Egyptiens, affurent que cette pulpe eft un préfervatif infaillible à cet égard, fi l’on
en prend trois gros tous les jou r s , trois heures
avant le dîner. Fallope inculque aufli qué ç’eft
le purgatif le plus convenable aux reins & à la
veffie. Quelques Médecins ont cependant été
d ’un autre fentiment, & entr’autres Pigræe &
Fabrice de Hilden regardent cette pulpe comme
ennemie de ces parties, & Baillou écrit qu’on
a obfervé à Paris que la Caffe étoit très-nuifible
à ceux auxquels on avoir fait l’extraéfiçn de la
pierre. Mais, fuivant Geoffroy, une expérience
journalière démontre que ces trois Médecins
Croient dans i’erréur à cet égard ; que fi la Caffe
nuit, à la vérité, quelquefois , cela n’arrive que
lorfqu’on l’emploie dans la vigueur des maladies
inflammatoires des reins & de la veffie, comme
ainit alors tout autre p u r g a t i f pn augmentant
f i natation produite.par.le frortem en r des calculs
ou par les lérôfités âcres l à lâ'cjuêllp fiés maladies
doivent leur origine : mais que s'il fe préfenfé
dans ces mêmes maladies quelque néceffnë de
purger, il n’y a certainement aucun remède
moins nuifible qui piiiiffë remédier plus heUreu-
Yeiiierit à cetté néceffité. On a reproché encore
quelques autres inconv.éniens à ce médicament :
On a dit qu’il caufoit des tranchées -, qu’il nui-
foi taux bilieux comme toutes les chofes douces;
qu’il nùifoit à ceux qui ont l’eftomàcfoible 8c.
humide, en augmentant fa fôibleffe &'diminuant
ion rdTof.t ; qu’il occafionnoit fou vent du gonflement
& des Petits à certaines perfonnes dans
f eflomac 8c les inreflins. Mais, fuivant Geoffroy,
il eft certain que la pulpe de cette efpèce dé
Caffe ne caüfe point de tranchées , lorfqu’elle
eft d’ûtie faveur dpucé fans âcreté, récemment
extraite de gouffes de bonne qualité, & qui ne
foient , ni cueillies avant leur maturité , ni
moifies , ni âcefcentes, ni aucunement altérées
par vétufté ; elle ne nuira point aux bilieux fi
on la mêlé avec la crème dé tartre ou avec les
tamarins ; elle ne nuira point aux eftomacs foi-
blé? fi on l’affocie avec la rhubarbe : comme
ceft la lenteur avec laquelle elle opère qui
occafionne de rintumefeehee & des vents , on
remédiera à cette lenteur en lui joignant, fuivant
le confeil de Mefué | quelque purgatif plus
fo r t , comme la manne, le jalap, les feuilles
de la Caffe lancéolée, n.° 2.3, &c., ou les émétiques
antimoniés 7 qu’on a coutume de lui join->
dre comme ftimulans , & dont on a coutume
de diminuer là violence par l’addition de cette
pulpe. Une eau de Caffe, adminiflrée pour touté
boifton avec quelques bouillons dans lès intervalles,
agit merveilieufemerit dans le cas de Ceftô
tenfion doulouréufe de l’abdomen^, qui fuccède
quelquefois aux remèdes antimoniés, adminiflrés
à contre - tems. On emploie quelquefois cetté
pulpe à l’extérieur. On l’applique utilement,
récemment extraite, en forme de cataplafme fur
les hémorrhoïdes externes enflammées, ou bièi»
on l’emploie en injèétion après l’avoir diffouté
dans du lait tiède, pour dimiriuér Pihflatnmation
des hémorrhoïdes internes. L ’application extérieure
de. cette pulpe eft recommandée contre
les inflammations du foie & contre les douleurs
de la goutte. ( Voye% de plus amples détails,
fur les vertus & les ufages médicaux de cettç
efpècë de Caffe, en Europe, dans le Diction-
n a ir e de Médecine, faifant partie de la préfente
Encyclopédie. ) Suivant Profpér Alpin,
les Egyptiens émployent la pulpe dé cette efpè'cc
de'Caffe aux mêmes ufages médicaux que je yieni
dfexpofer , & beaucoup plus fondent -, biais ils
n’employent jamais que la pulpe des goiiffés qui
font cueillies dans leur maturité depuis au moins
quatre mois : .ils croiént que celles cueillies depuis
un moindre èfpace dè féitts Ôrtt quelquè
qualité nuifible. Un', dés ufàgës aïtx'qtréîs ils effl-
ployè'nt lé plû£ çôffimutîëïffettt éétfe tfùîpe, c’en
- çomtf
contre toutes les maladies bilieufes & mélancoliques,
dans lefquelles ils ont remarqué qu’elle
produit de merveilleux effets. Ils l’emploient
très-fouvent dans les vieilles toux, dans la difficulté
de refpirer & dans l’afthme, en lui joignant
l’agaric. Us font dans l ’ufage, lorfqu’ils font la
récolte des gouffes mûres au mois de Juin, de
cueillir, en mêmé-tems, les tendres & jeunes
gouffes vertes, récemment forties de fleurs ,
grandes comme des gouffes de haricots ; puis
après les avoir fait bouillir légèrement dans l’eau,
& les avoir enfuite étendues un peu de tems à
1 ombre pour qu’elles fe deffèchent un peu 8c
fe débarraffent de leur humidité fuperflue , ils
les confifent dans du fucre ou dans du miel.
Ces gouffes fe gardent enfuite pour l’ufage des
enfans 8c des femmes délicates. Les -Egyptiens
vendent d’immenfes quantités de ces goufles confites
, qui fe tranfportent en différens pays. Us
les emploient aux mêmes ufages médicaux que
la pulpe des gouffôs mûres, 8c les adminiftrent
à la dofe d’une once jufqu’à quatre onces. Us
appliquent les fleurs de cette efpèce à l’extérieur
fur tontes fortes de douleurs pour les,adoucir,
& principalement fur les douleurs de la goutte.
Dans 1 Arabie Heureufe, dit Forskal, l’ufage de
cette efpèce de Caffe eft très-connu : elle eft
regardée comme un excellent remède contre
les ravages de la bile & contre la diarrhée :
pour cette dernière maladie, on en fait ordinairement
bouillir dans l’eau , pour-une dofe
ordinaire, une gouffe concaffée, puis l’on ajoute à
la décoélion un. gros de rhubarbe torréfiée jufqu’à
ce quelle foit d’une couleur noire. Suivant
Rhéede , les habitans de l’Inde orientale font
dans 1 ufage dangereux d’appliquer les feuilles
de cette plante pilées 8c mêlées avec de l’huile,
fur les parties affeélées de pullules. La décoéhon
des femences eft purgative, & leur farine s’emploie
dans les cataplafmes..Suivant Rumphius, il
eft étonnant que la pulpe de -cette éfpèce de Caffe,
qui eft un médicament dont les Européens font
tant de cas à jufle titre, foit fi peu eftimée par
les Indiens, & notamment par ceux de Malacca
8c des Ifles & Archipels des Intles orientales,
quoique cet arbre s’y rencontre par-tout, comme
j ai dit : car les Malais, les Javanois,- les Indiens
de Macaffar , & les autres , non-feulement ne
regardent pas ce purgatif comme faluraire, mais
même le regardent vulgairement comme nuifible,
de force q u e , tant qu’ils peuvent fe procurer
quelqu’autre purgatif, ils s’abftiennent de celui-
ci. Rumphius attribue cela , en partie , à une
faüffe opinion accréditée depuis long-tems dans
1 Inde, lavoir que lorfque les vaches mangent
de ces filiques vertes, non-feulement elles tombent
en diarrhée , mais encore leur chair donne
cettç maladie à ceux qui s’en nourriffent ; fauffe
©pinion réâuée depuis long-tems par Gardas
Â% H°r.to •& par d’autres. U y a cependant un
Agriculture, Tome II,
affez grand nombre d’indiens à qui nos Européen*
ont appris à en faire ufage & qui s’en trouvent
bien ; mais ils aiment mieux fïicer les gouffes
. & manger ou boire quelque chofe par-deffus,
. que de prendre la pulpe diffouté dans quelque
liqueur, comme font les Européens • cette dernière
manière leur paroiffant rrop dégoûtante.
Les Portugais, habitans des Indes orientales,.font
auffi confire, au fucre , les jeunes gouffes vertes,
de la même manière que les Egyptiens , 8c on
en tranfporte une grande quantité en Portugal
pour le même ufage. Us font auffi une confervo
fort utileavecles fleurs de cette efpèce, tant entières
que pilées. Ces gouffes confi tes & cette conferre
purgent doucement & fans aucune incommodité.
Dans ces Indes’, fou vent, après avoir extrait
la pulpe hors des gouffes par le moyen de l’eau
bouillante , on la fait réduire fur le fèu de manière
à en former un éleétuaire épais, qu’on
peut manger fans boire pour fe purger doucement
: il eft utile &. d’ufage d’ajouter à cet élec-
tuaire une certaine quantité de gingembre & de
femences d’anis, pour empêcher ce purgatif de
caufer des tranchées, comme il fait ordinairement
: aux gens délicats qui en font ufage fans cette
addition. On fait auffi avec la pulpe de cette
Cqffe, diffouté dans l’eau de . plantain ou dans
quelque autre liqueur appropriée, un gargarifme
. qui apporte un grand foulagement dans î ’efqui-
nancie inflammatoire. La même pulpe s’emploie
extérieurement pour guérir la gale &. les autres
maladies de la peau, & pour faire fuppurer les
abfcès. Les habitans de l’Ifle de Baleya font f
avec l’écorce fraîche du tronc de cet arbre, f é -
parée de fa portion extérieure cendrée, puis
pilée finement, un emplâtre qu’ils appliquent
extérieurement fur les membres brûjés^ par la
poudre à canon , ou bieffés & déchirés par quelque
explofïon ; & cette application en ôte heu-
reufement l’inflammation, dit Rumphius, &c.
A Java, on fait peu d’ufage de cette Caffe en Médecine
; mais on emploie Je bois des vieux arbres
pour en faire des jambages de portes, &c_. Suivant
le même Rumphius, les Caraïbes ont coutume
de prendre , tous les mois, une once de
pulpe de cette Caffe, une heure avant le dîner,
pour fe purger , & ils croient que cette commua
leur eft utile pour fe conferver en bonne fanté.
Suivant Defportes, à Saint-Domingue, l’ufage
de l’eau de Caffe ou de la décoction de la pulpe
de cette efpèce .eft très-falutaire dans les fièyres
continues & clans les fluxions de poitrine, fu r -
tout pendant l’Hiver : cette- eau de caffe * mêlés
avec le nitre, s’emploie très-utilement en boiffou
dans cette Ifle contré la gonorrhée : la racine de
cette efpèce y eft employée comme aftringente.
Enfin cet arbre, auffi beau qu’utile, décore , d’ une-
manière charmante , les jardins, vergers, 8c autres
lieux où il eft planté. Alpin rapporte que les Egyptiens
ont coutume de fe promener fou vent, dès 1a
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