
kali par eent : il y a des efpèces de bois qui en
contiennent davantage ; d’autres en contiennent
moins; on en retire une plus grande quantité
du bois qui- eff neuf & gros, (jue du bois petit
& flotté, ou expofé à la pluie. M. Tiilet a adopté
de préférence, pour préferver les grains de la
Carie , l’union de la chaux vive à l’alkali fixe
des- cendres de bois , & c’eft ici fa méthode dont
je donne l*extrait (i), avec les changemens que
j’ai cru devoir y faire pour me la rendre plus
facile, toutes les fois que je l’ai employée.
On choiftt une des cuves deftinées à couler
le linge de leffive ; on bouche l’ouveiture à
laquelle on eft dans l’ufage d’adapter un tuyau
pour conduire l’eau de la cuve dans la chaudière;
on met au fond de la cuve quelques petits morceaux
de bois qui s’entre^croifent ; on garnit
le furplus d’un drap dé toile forte, appelé,
dans quelques pays, Charroi, de manière qu’il
déborde par-deffus la cuve, & à travers lequel
il ne puine paffer que de l’eau ; on y met cent
foixante livres jle cendre de gros bois neuf,
ou deux cens livres de cendre de petit bois,
& davantage, fi le bois qu’on a brûlé a été
flotté, & trois cens vingt pintes d’eau , mefure
de Paris. Cette dofe eft pour huit fetiers. Lorfque
dans un effai comparé, j’ai diminué de
moitié la dofe de cendre , j’ai récolté plus d’épis
Cariés que lorfque je m’en fuis tenu à la dofe de
M. Tiilet. On laiffe la cendre & l’eau enfemble
pendant trois jours, ayant foin de remuer de
tems en tems avec un bâton ; enfuite on débouche
le trou qui eft à la partie inférieure de
la cuve ; on ajuftè à fa place le tuyau , pour
conduire l’eau dans une chaudière, fous laquelle
on doit faire du feu. Chaque fois que la chaudière
eft remplie, on en verfe l’eau dans la cuve :
fur la cendre , qu’on doit encore remuer plusieurs
fois , jufqu’à çe que tout foit chaud 3
comme pour une leffive de linge.
Alors, au lieu de verfér l’eau de la chaudière
dans la cuve où eft la cendre, on la verfè dans ,
une çuve vuide , ou dans des tonneaux ; mais
lorfque l’eau qui fort de la cuve eft fur fa fin,
on en réferve une partie qu’on fait bouillir dans
la chaudière même, en y jettant vingt livres de
chaux vive , pour la faire diffoudre entièrement ;
on mêle cette eau de chaux avec toute l’eau
retirée auparavant de la çuve ; la cendre qui refte
dans le drap ne peut plus fervir ; il en faut de
nouvelle, fi on veut faire une autre lefîive.
Quand on a des vaiffeaux aflez grands, on peut
préparer à-larfois une leffive pour plufieurs muids
de femence, il ne s’agit que d’augmenter à proportion
les dofes de cendre, d’eau & de chaux.
Cette méthode, depuis que j’en ai çqnftaté
fi) Précis des Expériences faites à Trianon , 1 7 , iijf
fefficacité fous les yeux de plufieurs fermiers
eft celle qu’ils emploient, & dont ils s’applau-
diffent ; les uns forment exprès des leffivés
comme je viens d’en indiquer lès moyens-
d’autres réfervent des eaux qui ont fervi à couler
le linge, & qui tiennent, comme on fait, m
Talkali fixe des cendres en diffolution. Cette
méthode peut être généralement adoptée dans
les, pays de bois, où la cendre eft abondante &
à bon marché; mais ce n’eft pas celle qui convient
le mieux dans des cantons où, comme en
Beauce, iLn’y a point de bois. Dans cette Province;
, dix Paroiffes, en y comprenant les. fours
à tuile & à chaux , ne fourniroient pas la quantité
de cendre néceflaire pour préparer les fis
mences d’une feule paroiffe ; je ne la fuppafé
que de deux mille arpens de terres cultivées,
dont environ un tiers fera enfemencé en froment
; il faudra au moins cinq cens fetiers de femence,
& pour les chauler, environ dix mille livres
de cendre, produit de deux cens quarante-quatre
cordes de bois, une corde, fuivant M. Lavoifier,
n’en donnant que quarante-une livres. Le même
inconvénient aura lieu auprès des verreries ,
qui confomment une grande quantité de cendres.
Comparaifon des quatre méthodes préfervatives.
Il ne m’a pas fuffi d’avoir éprouvé féparément
chacune des quatre méthodes précédentes ; j’ai
cru devoir les comparer encore toutes enfemble,
afin d’offrir .des réfultats plus certains.
Un terrain de douze perches, & qu’on avoit
labouré à la charme , a été partagé en fix parties
égales; le même jour, j’ai fait femerdans chacune
un quart de boiffeau de bled de Mars, naturellement
&'foiblement taché de Carie : ces
fix quarts de boiffeau, pris dans le même fac,
étoient dans fix états différens;
Lé premier avoit été trempé exactement dans
la diffolution chaude de trois, onces de chaux
vive, qui n’étoit pas récemment cuite, diffolution
faite dans une pinte d’eau de leffive de
linge.
On a imprégné: le fécond d’une diffolution de
trois onces de la même chaux , & d’ùn gros
de fel marin dans une pinte d’eau de puits
bouillante.
Le troifième a été mouillé dans une pinte dç
jus de fumier , qui avoit fervi à infufer du cro-
tin de pigeons & de poules pendant quinze jours,
& dans laquelle on avoit également fait diffoudre
trois onces de chaux.
Je n’ai employé qu’une çhopine d’eau de puits
& une once de chaux pour le quatrième quart
de boiffeau, car mon intention a été d’imiter
la manière dont les grains font féparés par beaucoup
de fermiers qui récoltent de la Carie.
four humeCter le cinquième^ i’ai fait diffoudre
li* onces de chaux dans une pinte d’eau de puits
bouillante, afin de m’affurer fi une forte dofe
je chaux feule préferve de 1a Carie.
Enfin , on a femé le fixième fans préparation,
en le deftinant à fervir d’objet de com-
pjraiibn.
Les deux terrains, dont la femence de l’un
avoir été trempée dans une leffive de chaux-vive,
unie à l’alkali de la cendre de bois, & la femence
de l’autre dans une diffolution de chaux & de
fel marin n’ont porté qu’un très - petit nombre
d’épis Cariés.
Il s’en eft trouvé encore moins dans le produit '
; de la femence trempée dans une diffolution de
j chaux, unie à l’eau de fumier & à l’infufion
de crotin de volailles, & dans celui'de la femence
imprégnée feulement de chaux, mais à
forte, dofe - à peine en pouvoit-on compter
quelques-uns dans ces deux derniers produits.
Il n en étoit pas de même des deux autres
terrains ; car il y a eu au moins un feptième
d’épis Cariés dans le produit de la femence paffée
à la chaux , à foible dofe, & plus d’un quart
dans .celui dont la femence n’avoit reçu aucune
préparation.
J’ai cru remarquer qu’il y avoit d’autant plus
d'épis charbonnés dansées différens terrains qu’ils
portaient plus d’épiscariés. Voyeq le mot Charbon.
Au refte, cette expérience ayant été faite fur
des.vhleds de Mars, je l’ai répétée de la même
manière & dans le même ordre , plufieurs années
de fuite, fur du bled d’Automne ; quelquefois
au. lieu d’employer du bled moucheté , j’en ai
choifi de pur, que j’ai noirci avec de la poudre
de Carie. Les réfultats, ou ne différoient pas
jdes précédons, ou il n’y avoit que quelqueslé-
|gères variations qui ne méritent d’être comptées
ipourrien : elles confiftoient en ce que telle préparation,
qui avoit été plus favorable une année,
ne l’avoitpas été au même degré l’année d’après
Itviceverfâ; ce qui pouvoit dépendre d’une
[înexaéHtude dans la manière de tremper le froment,
ou de ce que quelques grains corrompns
»voient été jetés dans les planches par ceux qui
avoient enfemencé les champs d’à-côté.
Ayant faitpefer féparément les produits de
jtousLes terrains en bon grain , j’ai remarqué que
jjeluidont la femence n’avoit pas été préparée,
« qui avoit donné un quart d’épis Cariés n’é-
jtoit prefque que la fixième partie du produit de
'ctacun des autres, différence qui, fans doute, efi
|dfe à la corruption de la plupart des- grains
lunés, ce qui confirme uneexperience précédente.
Le volume du froment, paffé à la chaux à
loible dofe., vingt - quatre heures après, eft
augmenté d’un huitième; celui du froment, paffé
1 la chaux à forte dofe, eft augmenté d’un cin-
pième, & celui du froment qui aféjourné dans
J chaux vingt - quatre heures, l’eft prefque
moitié. v 1
Manières de faire ufage des méthodes précédentes
en Us appliquant au chaulage.
On emploie les préparations deftinées au chau-
! âge, de trois manières, ou par dfperfion, ou par
immerjion, ou par précipitation.
La manière la plus ufitée eft par afperfiont
Elle confifte à veffer avec des fceaux la leffive
fur des tas de froment, que deux hommes re-,
muent enfemble avec des pelles, en changeant
les tas de place, jufqu’à ce que tous les- grains
paroiiîenr fuffifamment mouillés. Quand les grains -
n adhèrent plus aux pelles, & quand les tas
laiflent découler de la leflive, on peut regarder
le froment comme bien ’ chaulé. Alors, on le
met eh gros tas, afin qu’il s’échauffe & fe
fèche.
On n eft pas d’accord fur le tems où on doit
laiffer en tas le froment, récemment chaulé.
Les uns le remuent une heure après le chaulage '
& continuent à le remuer fréquemment pendant
vingt-quatre heures. D’autres n’y touchent qu’a-,
près Vingt-quatre heurts.
Un fermier du Dutiois eft dans l’ufage de
mettre fon froment récemment chaulé dans un
tas très-haut & très-pointu ; il recouvre ce tas
de ce qui lui refte d’eau de chaux, & n’y touche,
plus jufqu à ce qu’il le porte aux champs, quinze
jours après. Il chaule toujours d’avance & tout,
à-la-fois ce qu’il doit employer de femence..
Il fe forme fur le tas une croûte.dure & ferme,
qui défend le grain du contaél de l’air. La pointe
germe quelquefois dans l’épaiffeur de huit à
neuf ^pouces. Mais ce grain germé peut fe femer
& n’eft pas perdu. Dès qu’on a crevé la
croûte , il faut remuer le froment tous les
deux jours. Je ne puis prononcer fur ce procédé,
parce que je ne l’ai pas effayé en grand..
D autres s abftiehnent de remuer le fro- '
ment chaulé avant deux ou trois, jours. Il y
; en a qui le couvrent de draps ou de couver-
, tures, afin qu’il fermente davantage. Ce que je
puis affurer, c’eft que j’en ai laifféen tas plus de
huit jours, & qu’il a parfaitement levé. Tous
les grains étoient gerrnés quand on lbs a fern.és.
M. Girot propofe d’établir dans le lieu du
chaulage, un petit baflin en planches, monté
fur des trétaux, à une des extrémités duquel il
y ait une ouverture qu’on puiffe boucher &
déboucher ; on verferoit la préparation dans le
baffta , d’où elle couleroit fur le froment, à
mefure qu on le remiteroit ; cette manière remédièrent
à l’inégalité de l’afperfion.
Cette première manière de faire ufa»e d’une
des préparations pour le chaulage, eft certainement
la plus, expéditive & celle qui eft employée
dans la majeure partie de la France.
Chauler par, imtnerjion, c’eft jetter la leflive
dans une cuve, y,plonger des corbeilles pleines
de froment, les en retirer, laiffer égoutter