
une telle occurrence’, de la-dëeifioh des Do.éfêtf r$ ! ;
de la Mecque, fans confulter cèux du Caire , j
qui étoient en plus grand.nombre,’.'Si qui étoient ...
au moins auffi favans. Ceux-ci qui étoient .fort
choqués, qu’on les eût ainfi négligés dans cette
occafion, furent très-éloignës d’approuver .cétte
condamnation du caffé; à l ’uf'age duquel ils étoient
d'ailleurs prefque tous accoutumés, & qu'il n’é-
toient pas difpofés à quitter. En conséquence,
cette défenfe ne fut pas de longue.durée. Le
Sultan manda à Khair Beg , de la révoquer;
ajoutant que, quant aux défordres qui l’avoient
occafionnée , il devoit employer fon autéfrité’
pour les réprimer ; mais que l’abus qu’on pou-
voit faire des bonnes choies ne: devoit pas empêcher
d’en faire un ufage raisonnable, & qu’il
ns faudroit pas mettre au nombre des choies
défendues l’eau: de la fontaine de Zemzem, fi
quelqu'un la buv.oit d’une* maniérée qui bleffât
la bienféance* de la, religion; Cette fontaine; à
l’eau de'laquelle les’ Mahométans* attribuent t dé
grandes vertus, efi, Suivant leur tradition, celle que
Dieu fit paroître en faveur- d’Agar, &l de fon.filsif-
înaël , lorfqu’Abraham l'eut obligée dé fe retirer
avec Ifmaël. L ’ufage: du. caffé fut: donc; repris à
la Mecque, confervé ailleurs, •& -continua' de
s’étendre commè. auparavant. Les maifonséde
caffé furent ouvertes demouveau à la Mecque ,
& continuèrent de:fe,multiplier . p ar to u t où ;
s’introduifoit l’nfage (du .cafte.- L ’anp^irde F Hé- j
gire, il s’étoit gliffé derechef des .défordres dans •'
celles de la Mecque. Le Cadhi âu-liéu^d’v rëta^
blir l’ordre, trouva plus expéditif de les faire ;
fermer. L’ufage du caffé n’en, fut pas moindre ;
pour cela : on en prenoir d’autant pins-dans les j
maifons particulières. Après la mort de ce Cadlii,
les maifons de- caffé ont' été rouvertes à la j
Mecque-, & il ne s’y - eff plus commis’ de dé-^
fordres. Celles dexês maifons qui furenr ôuver- ■
tçs les premières en Perfe , devinrent bien-tôt
des lieux de débauches inf âmes ; & d’e diffolution
révoltantes. La Cour r f c contenta de rétablir
l ’ordre dans ccs maifons fans lès fupprimer, & .
l:s rendit par ce foin auffi commodes, & auffi
honnêtes que celles d’Arabie ou d’Egypte. L ’an :
- 941 , de l’Hégire-, 1^34 de l’Ere chrétienne, il y ■
eut un grand trouble au Caire, à foccafion du -
caffé. Son ufage y étoit alorsgénéralement adopté,
& les maifons de caffé y étoient nombreufes.:
Ua Prédicateur s’étant avifé de déclamer avec
beaucoup de, chaleur, dans une mofquée, contre
le caffé, qu’il prétendoit être défendu par la
loi de Mahomet, le zèle que fon fermon ihfpira
àfes Auditeurs, fut fi outré, qu en fortant de la
mofquée, ils fe jettèrent fur toutes les maifons
de caffé qu’ils rencontrèrent,- y brifèrenr rafles
& caffetieres., & maltraitèrent outrageufemeat
ceux qiü y étoient affemblés. Il en réfuira une
? fédition qui partagea toute la Ville, De forte que
le Cadhi en chef ne trouva d’autre moyen de
d’en aller prendre en quantité d’endroits la porte
fermée. Nombre de marchands en donnèrent à
boire dans leur arrière-boutique. Bien-tôt l’n-
fàge du caffé redevint auffi commun qu auparavant.
Enfuite un autre grand Muphri décida
que le caffé efi permis par la loi de'Mahomet,
& qu’il n efl pas du charbon. Comme il étoit
aufîi peu permis de douter de la véracité de ce
fécond Fetfa que du premier , les dévots, les
Imans, les Doéleurs.., ceffèrent de déclamer
contre le caffé ; ils furent eux - mêmes bien
ailes de profiter des bienfaits de cette boiffon ;
ils s’accoutumèrent à en prendre ; le Muphti
lui-même en prit; tout le monde enfin s’y
habitua depuis le grand Seigneur jufqu’aux plus
petits : &ies caffés fe trouvèrent bien - tôt"■ en
beaucoup plus grand nombre qu auparavant. Les
grands Vizirs fe firent même un grand revenu à
cette occafion. Ils établirent eux-mêmes un
grand nombre de ces caffés, qui leur rendoient
par jour un ou deux fequins chacun. Le feqùin
efi une monnoie d’or valant fept livrés tournois.
On peut jngér par-là de l’immenfe quantité
du caffé qui fe confômmoir, puifqu’on ne
payoit toujours qu’un afpre pour chaque ta fie
dé caffé. Depuis ce renis on n’a plus -fongé à
s’oppôfer à l’ufage du caffé, & l’on peut alfurer
que cé feroit bien vainement qu’on l’entrepr.cR-
droir. If n’en fut pas tout-à-fait de même de la
coutume d’en donner à boire dans des maifons
publiques. Galland nous apprend qu’au milieu
du dernier fièçîe, fous la minorité de Mahomet
IV, le grand Vizir, Kupruli fe tranfporta déguifé
dans les principaux caffés de Conftantinople. Il
y trouva une foule de gens inéc.ontens qui per-
fuadês que les affaires du Gouvernement font en
effet celles, de chaque particulier s’en entrete-
noient avec chaleur, & cenfuroient avec h a r •
dieffe la conduite des Généraux & des Mimftres.
On conçoit bien que de telles;fociétés n’ëtoient
pas de nature à plaire à ce Lieutenant defpore.
Ils les fu p prima. Il efi remarquable, que tandis
que ce Mali orné tan faifoit fermer tous les caffés
de Conffantinople , il laifibit en même-rems
fubfifier les tavernes qui -s’y étoient introduites
en grand nombre!, quoique le vin foit fi févère-
ment prohibé par la loi de Mahomet. Mais cet
homme plus politique que dévot, s’étoit auffi
tranfporté fans être connu dans ces dernières. Il
n’y avoir rencontré que des gensfimplcs, la plupart
foldats,. qui accoutumés-à fe regarder bonnement
comme la propriété, du Prince aux
caprices duquel ils éroient accoutumés de prodiguer
leur fang avec un aveuglement machinal &
fllenrieux, ne s’entretenoient le plus fouvent que
des détails des devaflations& des maflacres, nommés
exploits guerriers, dont ils avoient été des
inffruments. Il avoir vu que l’abus que ces
hommes y faifoient habituellement du vin , ne
faifoit qu’augmenter cet abrutiflement néceflaire