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duit des> autres, forme ui3 total de ^10 chars de
Carotres», égal, tant par rapport à leur ufàge ,
qu’à leur e ffe tà près d<2 100O chars de Raves,
ou à 300 chars de Foin1, d’apnbs les différées
effais deM Billing, non-compris quelques chars
queles pauvres ont pu enlever.
M. Billing, pour arracher Tes Carottes,, fit
d’abord ufage d’une fourche à 4 branches, qui
ouvroit la terre de 5 à 6 pouces, tans endommager
les racines. Un petit garçon fuivoit l’ouvrier,
pour ramafi'er & mettre en tas. Bientôt
M. Billing trouvant cette opération trop longue
& trop embarraflante, les fit tirer de terre
avec une charrue à petit foc, qui alloit doucement.
Le verfoir faifoit fortir les Carottes
de terre, & la herfe, qui paffoit enfuite, les
nétoyoit entièrement. 11 n’y avoit qu’un petit
nombre de Carottes, qui fuffenr coupées. Quoique
les racines de Carottes euffent piqué profondément
dans la terre,' il n’étoit pas nécef-
faire dé l’ouvrir à la même profondeur. Il refia
fous terre quelques Carottes, qui furent arrachées
au prochain labour.
M. Billing a accoutumé fes beftiaux à manger
dès Carottes, en leur donnant des Choux
au des Raves, mêlés aux Carottes qu’il dif-
perfoit fur la terre ; les animaux mangeôient
tout enfemble. J1 crcit , qu’a’nfi ergrsiflts,
par une nourriture qu’ils prènnent eux -
mêmes, ils font d’une meilleure qualité , &
confervent plus long-temps Lur graille, que fi
on les eiigraiffoit à l’écurie , avec les mêmes
alimens.
II nourrit d’abord de cette manière 33 bêtes
à cornes, & 40 bêtes à laine, de deux ans, qui
lui donnèrent un profit de 172:: livres, défalcation
faire de la valeur des Raves & des Choux.
M*- Billing, pour être plus exacL, auroit dû
compter les frais de culture, & comparer les
produits, en Carottes avec ceux des autres planches,
qu’on auroit femé à leur place. JL auroit
fallu encore calculer le fumier qu’ont
produit les. beftiaux achetés, pour être engraif-
fés. Un Cultivateur attentif n’oublie rien, fur-
tout quand il fait dès expériences.
Non-content d’avoir engraiffé des bêtes à cornes
& dès bêtes à laine avec des Carottes, JVÏ* Billing
a voulu en nourrir des vaches, d’autres bêtes
à laine , des chevaux & des cochons de fa baffe-
cour, au moment où les Raves fe gâtent, c’eff
à-dire, an Printems. Dans le pays qu’il habite,
aucun foin ne peut empêcher des Raves de fe
gâter au Printems, fur-tout, lorfquç l’air eft alternativement
humide & froid. Les Carottes,
dont la texture eft plus forte, ne fouffrent pas
de cette intempérie de l’air. Treme-cinfr vaches
& 420 brebis, formant les troupeaux de M. Billing,
furent conduits tous, les jours, au tpo s
d’Avrilj dans des champs enfeînencés de Caror-
£es ; & gu’on avoit feujemçnt labçuré pouj-Jçs
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arracher. Ces animaux les mangèrent avec ap*
périr, fur-tout les vaches, qui eurent plus de
lait, qu’elles n’en avoient ordinairement dans,
cette faifon. Plufieursd’entr’ellies l’auroient perdu
fi elles n’euffent été nourries à cette époque,
que de Raves, qui.font alors gâtées. Le beurre,
qu’on en tiroir, étoit de meilleur goût. Les
/brebis &_les agneaux, en mangeant des Carottes,
fe portèrent très-bien. .La pièce de terre enfin
fe trouva améliorée, par les excrémens de tous
ces animaux. Ce qui reffa de Carottes, dans
la terre, eh fut arraché au deuxième & troifième
labour-s, & mangé par les moutons, fans que
cela portât préjudice à l’Orge, dont on l’eniè-
înença. M. Billing remarque, que les Carottes
lui furent d’une grande reflource, &. qu’il eût
perdu beaucoup, fi elles ne lui avoient offert un
moyen de remplacer les Raves,qui lui manquèrent.
M. Daubemon eflime' qu’à la bergerie, on
pourroit donner trois livres de Carottes, par
lepas, à un mouton.
Seize chevaux de trait ont été nourris de Carottes,
de pois, de paille & de bourres de foin,
depuis le mois de Novembre jufqu’au mois d’A~
vril. Us en mangèrent encore pendant le mois de
Mai-, mais alors on y aioutoit de l’avoine. Ils en
é;oient fi avides, que quand harraffés de travail.,
ils refitfoienc l’avoine.feule, dès qu’on y jôignoit
des Carottes coupées par morceaux, ils la man-
geoient volontiers. M. Billing, pour donner des
Carottes à fes chevaux, en feifoit ôter la tête &
le filet de la racine. On les lavoit, quoiqu’on ne
les lavât pas pour les autres beftiaux, À la vérité,
commences derniers les mangeoienr fur les champs,
les pluies les hétoyoient :1a dofe pour les feize-
chevaux, étoit de deux charges par femaine, ce
qui épargpott pour le moins un char de foin. En
vingt-huit Temaines que cette économie a duré,
M. Billing croit avoir épargné vingt-huit charsde
foin, qu’il évalue à 525 liv,, le char à 18 liv.
15 fols.
Les chevaux, après avoir pris cette nourriture,
étaient en très-bon état.
Les têtes & les queues des .Carottes., dont oa
donnoit lemilieu aux chévàiix-,.ëngraiffbient auffi
beaucoup des cochons qui les dévoraient. M.
Billing en eftime le profit à 825 liv.
Des-trente.arpens & demi de terre, qui avoient
produit des Carottes, quatre, furent femés en
avoinç & le refte eh orge. Us donnèrent to u s une
récolte prodigieufe & au-moins trois charges
de,.grairis par arpent.
M. Billing fema dans les deux extrémités d’une
pièce de terre des Carottes fansfumier & des raves
au milieu, avec beaucoup de fumier. L’orge, -
quj l’année d’après remplaça les Carottes, fut plus
beHè que celle qui remplaça les raves.
En 1764-, M. Billing fit un nouvel efîai fur un,e
pièce de, vingt-quatfe arpeps ^ demi. U *es
feipa qu’en JVI^i, çe'qui eft çrop jard .d’up
D ailleurs l’année he fut pas favorable* ôn n’a pu
les farder qu’après fept femaines. La récolte ne
fut pas auffi avantageuse que l’année d’auparavant.
Chaque arpent l’un dans l’autre ne produifit què
dix chars. M. Biiling en nourrit tous fes beftiaux
comme 1 année d auparavan t : il en donna même à
desveaux fevrés, quiprofpérèrent admirablement.
Le Mémoire de M. Billing étant parvenu en
Suiffe, M. Guerwer, Paftcur de Vigneul, en 1767,
cultiva des Carottes,.dans une terre forte, argil-
leufe, mêlée'd’un peu' de marne, fur une couche
de terre limoneufe, qui avoir été enfemencée
deux ans auparavant en méteil & l’année fuivànte
en orge, fans aucun engrais; il lui fit donner, en
Oélofore, un profond labour que la gelée adoucit,
en M^rs un fécond labour, & en Avril un troifième,
après y avoir mis du fumier de chèvre. Ce troifième
labour fut füivi d’un heffage avec une herfe pe-
fante à dents de fer de huit pouces de longueur.
La femence qü’on mêla avec de la terre fèçhe pul-
vérifée, fur ,recouverte à la herfe à dents de bois.
Les farclages n’o.ut été commencés qu’après
deux mois; encore furent-ils interrompus^ à caufe
de la maladrèfle & de la mauvaife volonté des ouvriers.
On fit une nouvelle tentative quinze jours
après; les pluies forcèrent de "s’arrêter. On ne-
put que nétoyer fuperficiellement le champ de
mauvaifes herbes. Au 20 ÔéLobre, les Carottes
furent arrachées à la charrue , eh ôtant le coutrè
& le verfoir. Malgré les: difficultés des farclages
M. Guerwer retira d’un huitième de pbfe (i) de
terre fept chargés dé Carottes., amant qu’en pouvoir
contenir une charrette à fumier.
M. Guerwer, a aufiT remarqué que les chevaux.,
jboeafs, vaches, moutons & porcs, étoient
très - avides de Carottés ƒ Les chevaux & quelques
boeufs dans le commencement les regardent avec
indifférence; niais accoutumés enfuife au goût
un peu fort de ces'racines, ils les mangent avec
.une grande avidité.
M.. Bourgeois, Econome de la ferme .du Roi
a Rambouillet, en 1790, a enfemencé douze për-r
ches de-terre en Carottes. N’en ayant pas-l'habitude
, il les a fait femer un peu trop clair. Le
terrain avoit été labouré à la charrue. Lés douze
perches ont produit 48 minots de racines grof-
fos & bonnes, ç’eft-à-dire douze fctiers, que. les
vaches fui fies du troupeau du Roi ont mangé
avec emprefleme nt. U s’eft propôfé de rèc'om-
rôeïrcer avec'plus de foin cette culture, dont il
a entré vu futilité. •-
La cultiife des Càrôftés offre de grànds avan-
tages. Quand elle eff fbignéë,.elle réuflit prel-
îue toujours. Dans lés' pays, où* lès terres ont du
»ônd; elle peut fervir pouralrerner & remplir le
vuide des jachères. On ne doit pas y confacrer
une grande étendue de terrein, à càufe des far-
( 1 ), La pofe ou arpent contient -400 to i fes , mefure de
eme. La to ife eft de 9 pieds , mais on la d iv ife en 10
pour aro ir un calcul plus aifé,.
v> n. xv y jp
clages fréquens & quelquefois minutieux qu’elle
exige. Mais je confeilie aux Cultivateurs, qui ont
' des terres convenables à cette plante, d’en en*
femenêer tous les ans quelques arpéns. Une partie
s’emploiera à la nourriture de leurs doinef-
tiquès, & le refte pour leurs beftiaux, qui en font
tous très-friands.
Dans les pays, privés-de raifin & où l’orge eft
rare, ou chère; on aura dé l’avanrage a faire de
i’èau-de-vie avec les Carottes. Les autres fie contenteront
d’en faire un aliment,. qui eft plus
fubftanciel que les mvets & la rave.
Les Carottes nç paroiflent pas auffi fenfibl.es,
que les autres plantes à certaines variations de
1 air; le ver du hanneton & quelquefois la cour-
tillière font les feuls infeéles qui les attaquent!
encore le tort qu’ils leur fonteft-iiborné, & on a
des moyens de s’.en débarraffer. Les Carottes lànt
à l’abri des ouragans & de la grêle*.
Il eft donc utile de tourner les regards, des
Cultivateurs vers cette, plante. Il faut qu’ils ob-
fervent que quand bien même, calcul fait des
frais & du produit comparé avec celui du fro-
ment , ou de l’orge ou de quelqu’autre plante,
ilseftimeroientque les Carottes neleur rapportent
pas ce qu’elles coûtent, ils devroient en adopter
& en continuer la culture, parce qu’un moyen.
de nourrir fes beftiaux en Hiver avec une racine
agréable, faine, aqueufe & fubftancielle, n’eft
pas calculable dans le . bien-être à venir qu’il
procure. Rien n’eft plus ordinaire que de voir
des Agriculteurs n’adopter une culture, qu’après
avoir feulement calculé les-frais & le produit
momentané & connu. J’ai quelquefois comparé
l’Agriculteur ave_c !e Commerçant, & je crois
que cette comparaifon eft exaâe. U faut donc
que l’Agriculteur, comme le Commerçant, faffe
entrer en ligne de compte les produits à venir,
réfultans du produit aéluel, A la vérité, cela eft
moins poffible à l’un qu’à l'autre', parce que le
produit à venir d’un Agriculteur eft dans l’amé-
lioration^ infenfible de les 'terres ou dé îls beftiaux.
L’homme raifonnable fentira la vérité de
ma réflexion, & l’appliquera à la culture des
Carottes, comme à cefie-àè beaucoup djai-itrès-
plan te 5. ( M. VÀbb'e Tessier ).
C a r o t t e R o u g e . Dans plufi,ëurs Départemens,'
& dans le pays de Vaud, on donne ce nom
aux Betteraves & celui de Carotte jaune '-même
de Racine à la Carotte,^ Ces.'chàngemens de noms
pccafionnent jTouVent des -incertitudes dans les
rapports- qu’on fait fur les ufages des plantes.
On peur juger par-là à quel point on peut fe fier
auxrapports des voyageurs qui nous parlent des
régions lointaines. Voye\ B e t t e . (M.Re y n ie r .)
CAROUBIER , Ceratonia,
Genre de; plantes fans pétales qui.appar-
tiênt par fes fleurs & par fes fruits à La
famille de? Legumineufes, qui paroît fe rapprocher
des caffes, des fevjërs & des tamariniers.