
iolitaire les atciroit toujours avec un nouveau
plaifir. L ’admiration eft toujours un fentiment
pénible, parce que ce fentiment fuppofe une
ignorance antérieure de l’objet-, & fouvent des
hem mes étouffent cette impielfion , ou cherchent .
à là mafquer par un amour-propre mal entendu.
D ’ailleurs le volume immenfe des chûtes, leur j
hauteur effrayantê, les maffes de rochers qui les
encaiffent, les torrens de vapeurs qui s’élèvent
de cette eau brilee mille fois avant d’achever fa
chute , le bruit qui accompagne tous ces objets
, rendent l'homme fi petit , qu’il fupporte
avec peine de lemblables fpeètacles.
Au premier coup-d’oeil, le paragraphe précédent
paroît bien étranger à l’objet de.ee Diétion-
naire; cependant la décoration des jardins doit
-faire naître des l'enfations agréables, & l’analyfe
de nos l'enfations, de l’effet que produifent fur
nous les grands phénomènes de la nature, doit naturellement
influer fur les objets qu’on imite dans
les jardins* c’eftfous ce principe que j’ai blâmé
l ’abus qu’on fait des chaumières dans les payfages,
puifque ces fabriques doivent faire une impreffion
pénible fur l’homme qui n’eft pas égoïfte, & il
eft inutile d’embellir la Nature pour 1? égoïfte; il
ne peut pas la fentir.
Des Xafcades naturelles.
Un réduit folitaire, dans le centre d’un bocage,
reçoit un nouveau charme du mouvement des
eaux, lorfque le fite eflaffez irrégulier pour que
la chute loit naturelle. Ce bruit uniforme de
l’eau invite à la rêverie: l’imagination n’eft pas
diftraite par les objets, extérieurs ; car rien ne
frappe dans un lieu où les formes font bien
grouppées, & tout y plaît. Le filence de là Nature
calme les payions; les fentipiens doux- fuc-
cèdent aux orages de la vie, fociale.; auffi les
hommes dont la tête eft habituellement furchar-
gée du poids des affaires, fentent bien vivement
le charme de ces retraites lorfque leur confciencè
ne les chaffe pas dans le tourbillon. Pour qu’une
Cafcade plaife, elle doit néceffairement fe trouver
dans un fite âgrefte; elle doit être éloignée
àe l’habitation, excepté dans les fîtes infiniment
irréguliers où les contraftes fe multiplient à chaque
pas, & accoutument l’oeilà pafl’er. par fautsd’un
effet à un autre *, mais à mefure quedes fîtes font
moins montagneux, il faut éloigner davantage les
chûtes d’eau, parce que l’oeil moins habitué aux
paffages rapides feroit frappé, & verroit néceffairement
l’ouvrage de l’homme, là ou il ne
devroit appercevoir que la Nature. Ces circonf-
tances locales fon t trop peu refpeélées ; &, du plus ,
au moins, c’eft la eau le qui fait échouer un fi ,
grand nombre de jardinsr,payfages. Voye^ J ardin
Paysage.
Une Cafcade doit néceffairement être dans un
iieu fauvage ; le payfage du fite doit être irrégulie
r , des maffes un peu prolongées doivent faire
préjuger que d’autres maffes fc trouvent hors de
la vue, &. que le ruifleau qui f .urnit la Cafcade
n’y parvient que de chûtes en chûtes : l’oeil ne
les voit pas, mais l’efprit les fùppofe, & c’efl
ce qu’il faut. Rien de moins naturel que ces Caf-
cades qui fortent d’une grotte dans un roc élevé
au milieu d’une efplanade, & qui rouie fymmé-
triquement une eau verte jufqu’au bourbier qui
fe trouve au-deffous. Les grottes font difficiles à
imiter d’une manière à tromper l’oeil exercé;:,il
eft encore plus difficile d’en faire fortir avec art
une foureequi s’échappe enCafcades. Ce genre
de décoration ne peut être employé qu’avec
beaucoup* de circonfpeétion, & feulement- dans
des fîtes montagneux*, hors de—là , ils paroiflent
abfurdes. On peut juger de-là ce- qu’ils doivent
paroître dans les jardins de Paris ; les Amateurs
peuvent voir une de ces grottes à Cafcade fur
les boulevards neufs, près de la rue de Sève, une
montagne dominée par une figure de plâtre eft excavée*,
il fort de cette grotte un rùifleau qui tombé
en Cafcade dans une mer qui eft au-deffous, &
l’enfemble fépare la maifon du boulevard ;|le
même Propriétaire conftruit une montagne dans
le potager voifin : ces exemples de goût peuvent
être placés à côté de ceux que j’ai cités au mot
Bastide;
Il eft enfin deux manières de faire des Cafeades,
l’une .en faifant rouler l’eau fur un plan incliné,
interrompu par des afpérités qui brifent l’eau,
l’autre en la faifant tomber verticalement d’une
certaine hauteur. Ces deux genres de Cafeades
naturelles peuvent être employées enfemble ou
féparémenr. Lorfqu’on peut réunir une colline
élevée à fon payfage, & qu’on peut.difpofer d’un
ruiffeau .confîdérable , on peut.produire un effet
fuperbe, en formant d’abord, une chûte, puis
l’eau s’écoule en filets, s’échappe, entre les mafles
de rochers qui font au-delfüirs, fe réunit & par- n
vient enfin de chûtes en chûtes jufqu’au pied de
la colline. Mais ces fîtes heureux font ornés par
la Nature; elle indique les embelliffemens qui lui
font néceftaires. J’ai cru avoir obfervé, en général,
que les Cafeades, qui tombent verticalement,
conviennent à un payfage dont le ton eft févère,
où la maffe d'eau eft un peu confîdérable , & où
l’enfemble du fite eft d’un caraélère févère
Celles qui roulent leurs;, eaux font préférables
lorfque là maffe d’eau eft moins grande,
& que le payfage eft d’un genre plus adouci.
Les Cafeades inclinées exigent enfin une attention
de la part dû Compofiteur ; c’eft un jufte mi’
lien entre un cours trop hériffé qui divife trop
la maffe, & un cours trop régulier où l’eau s ér
chappe fans écume. L ’un & l’autre excès mut
à l’effet de la Cafcade.
Quelle quqfoit la nature de la Cafcade , un
moyen de décoration qu’on ne doit pas négliger,
c’eft le choix des arbres & des plantes que l’onc
hhhhhhmhhhhhphh
groupée dans fes environs. Autant que poflible
on doit choîfir des arbres feuillés qui procurent
beaucoup d’ombrage & qui croiflent vigoureu-
férnent dans le voifînage de l’eau. Les érables,
les peupliers, lesfaules, les frênes, quelques arbres
verds, tels qu’un mélèze, un cyprès de la Caroline
forment des grouppes variés. Il eft.eflèntiel
anffid’y mêler quelques arbuftes, tels que l’aubier
, les fureaux , quelques chèvre-feuilles qui
végètent habituellement fous les grands arbres,
& dans les vides néceftaires couvrir les rochers de
plantes naturelles à cespofidons, & les intervalles
de plantes communes près des ruiffeaux, tels que
les çacalies des alpes, les laitrons des alpes, les
mffilages, les ce r feuilsd on t le feuillage élevé
& les fleurs font affez grands pour être apperçus
à qnelque difiance, & peuvent fervir à découper
les mafles par leur variété.
Des Cafeades artificielles.
On fera bien furpris dans moins d’un demi-
fiècle que nos pères aient pu imaginer les Caf-
càdes artificielles; Des efcaliers qui s’élèvent en
pyramide, furmontés d’une ou de plufieurs ftatues
de Nèptune, de Tritons, fur lefquels coulent,à
la volonté du poffèffeur, quelques filets d’eaux
réunis à grands frais ; voilà certainement une de
ces bizarreries qu’on a peine, à concevoir. On le
premier qui les a imaginées avoir le goût le plus
corrompu , ou -il n’avoit jamais vu de chûtes
d’eau. Tous les ouvrages de Le Nôtre, l’un des fondateurs
de ce genre Je Cafcade, prouvent qu’alors
on ne connoiffoit d’autres beautés que la difficulté
vaincue, & plus ôn applaniffoit de difficultés, plus
le chef-d’oeuvre étoit admiré.
Ilexifte encore quelques Cafeades de ce genre en-
France, fur-tout dans-les Maifons Royales; celle
de Saint-Cloud attire encore tous les quinze jours
beaucoup d’Amateurs.
Comme je ne m’occupe, que de la décoration
des jardins, je renvoie au Diétionnaire d’A rçhi-
teélure pour les détails des formes de ces Cafeades,
quinepeuvent quedéfigurer totisles jardins où on
en conftruit. ( M. Re y n ie r . ) •
CASCARILLE, écorce aromatique dont on vante
quelques propriétés médicales. On la tire d’une
efpèce de croton défigné par Linné fous le nom
de croton cajcarill.a. V. Croton Ca s c a r il ie
[M. Re y n ie r .)
Case. On donne ce nom aux habitations des
Nègres dans nos Colonies , ainfi qu’aux différens
bangards néceftaires pour le dépouillement des
cultures. Ces bâtimcnsN font confiruits avec
des bambous ou des bois jfiancs & légers refendus,
& l’on y met à-peu-près le même foin
qu’à la conftruétion des habitations des payfans
de l’Europe; Le Colon qui ne. fent rien excepté
le prix du tems; fait conftxuire les cafés de fes.
Nègres avec toute l’économie poffible, & les Nè»
grès font trop écrafés pour fe donner des jouif-
fances indirectes.
Ce qu’on peut fur-tout admirer dans les café«
des Nègres, fe font les ferrures en bois qu’ils ont
eu l’art de varier, au point que chaque individu
peut renfermer fon petit tréfor. Ces ferrures
font compofées de plufieurs pièces de bois, de
différentes formes, adaptées de manière, que fi
l’une d’elle manque, on ne peut arranger les
autres & la porte eft fermée. Et comme ces pièces
ne peuvent s’engrener qu’autant que le rapport
des formés eft parfait, le propriétaire ayant le
morceau dans fa poche, a réellement la clef de
fa café. On trouvera"ces détails fur ces ferrures
dans un Mémoirepréfenté^ en 1788, à la Société
d’Agriculture. (Af. R e y n i e r .')
CASIE. Nom donné dans les Antilles & dans
les Départemens du Midi de la France, au mr-
mofa farnefiana L. VoyezAcacie de Farnefe;
(A/. T no v in. )
CASIS, l’une dès trois cfpèces d’arbres qui avec
le Quinual& l’Ejpecia forment,fuivant Don Ulloa,
la lifte des productions ligneufes des Cordillères.
Les Cafis, dit-il, croiflent, dans les terrains plus
hauts & d’une température plus froide, ,que celle
où font, les autres arbres; le tronc en eft pro-
porrronnément moins gros. Cet arbré fait auftl
connoître la dureté du climat & celle de l’Hiver
continuel auquel il réfifte, par la denfiré de fa
.texture; le bois en eft de couleur, obfcure, l’écorce
externe très-fine fort adhérente au tronc;
ce bois eft très-dur & pefant; comme il.n’eft pas
caftant on le préfère à tout autre pour le travail
de l’intérieur des mines. ( M. R e y n i e r . )
CASQUE. (. fleur en ) Nom que l’on donne a
la fleur de certaines plantes, & particulièrement
. des aconits à caufe de leur reffemblance, avec
un cafque ou heaume ; reflèmblance à laquelle
l’imagination prête beaucoup, & qu’on
devroit bannir du langage d’une Science exacte.
Voye\ Fleur. (A/. R e y n i e r . )
CASSAILLE. C’eft ainfi que l’on appelle le premier
labour qu’on donne aux terres, ou après
la moiffon aux environs de la St.-Martin'j- ûiï,
après la femaille, vers Pâques. Dans le premier
cas, on fe propofe d’ouvrir -l'a ferre, &. de détruire
les mauvaifes herbes.1 On dit faire la caf—
faille. Ancienne Encyclopédie. L’Auteur aùroi
dû dire dans quel pays ce mot eft ' d’ulàge. ( M.
l'Abbé T e s s ie r . )
CASSANDRE, anémone à peluche de couleur
de fleur de pêcher foncée. Rem. fur la culture
des Fleurs, par P. Morin.
C’éft une des variétés de ■ Vancmone coronaria
; L. V. Anémone .des fleuriftes. QM. R e y n i e r . )
,ÇASSAVE. Nom d’une efpèce de pain, fait avec
la racine.du Jatrophamanihot L .V . M e b ic in je r ,
i ( AL- T hqvin. )
E é e e e i j