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lo»g - tems meuble pour que les racines des
Carottes la pénètrent ; 5.0 parce que, fuivam
la pratique rapportée par Miller , on s’ex-
poferoit à avoir à la furface, au moment de
l’enfemencement, une terre compare & non
divifée , à travers laquelle ne pourroieat paffer
les jeunes plantes^'ou qu’il laudroit divifer à
à grands frais.
An lieu de faire labourer par deux charrues dans
le même iiilon , on peut fe fervir d’hommes qui,
avec des bêches, fuivent une charrue, & enlèvent
du fond une certaine quantité de terre, qu’ils
mettent fur les fommets & dont ils briiênt les
mottes avec foin. Cette fécondé méthode eft plus
coûteufe que la première ; mais elle réuffit mieux,
car les mottes font mieux écrafées & la furface
du terrain plus unie.
Tems de femer.
On feme les Carottes dans différentes faifons,
félon les circonflances , les pays & la qualité
du terrain. Dans les pays où on recherche les
jeunes Carottes, on en feme peu après Noël,
fi le tems eft favorable. C’eft Image aux environs
de Londres & de Paris. On les met alors fur
une plate - bande , abritée d’une muraille , d’une
paliftade, d’une haie. Un rang de laitue fe
place au pied de l’abri. Les Carottes femées à
dix pouces de-là, viennent bien, & prennent de
la force. .
Un fécond femis fe fait en Février , de la
même maniéré.
Ce n’eft qu’au commencement de Mars qu’on
met les Carortes dans un terrain découvert &
loin de tout abri. Cette époque eft celle où
les jardiniers, comme les fermiers , fondeurs
plus grands enfemencemens.
Dans les terres sèches, on peut femer de bonne-
heure-, li on femoittard, par exemple, en Avril
& Mai, les Carottes monteroicnt en graine,
avant que leurs racines enflent acquis de la grof-
feur, fur-tout fi le tems étoit chaud ou fec.
Mais on attend plus tard pour les terres humides ;
la différence eft quelquefois de fix femaines ou
de deux mois. M. de Châteauvieux ne femoit, à
Génêve, fes Carottes qu’en Mai, & elles réuffif-
foient bien. Il avoit un terrain humide.
En Angleterre, on en feme dans le mois de
Juillet pour en avoir en Automne, ou à la fin
d’Août, pour en avoir en Hiver. Ces dernières
ont un goût inférieur à celui des autres, & font
fujettes à devenir dures & cordées.
Enfin, aux environs de Paris , on en feme encore
du quinze au trente Septembre, dans l’intention
d’en avoir de printanières. Si la gelée
vient à les détrujre, on en refeme fur une couche;
chaude au commencement du Printems; on met
fur la couche quatorze à quinze pouces de terre
pu dç terreau, afin de donner aux racines une
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profondeur fuffifante pour s’enfoncer; alors on
attend que la chaleur de la couche foit modérée
; on feme fous clochès, & on donne de
l’air quand il convient. Comme ces racines font
deftinées à être mangées, jeunes, on a foin quelles
foient un peu drû.
En Egypte on fème les Carottes en Oétobre
Novembre & Décembre ;.ori commence à les
arracher dès qu’elles ont la grofleur du petit
doigt, & on les mange crùes, plutôt parfrian-
dife, que pour fervir d’aliment.
Qualités, fi* préparation de la graine.
On affure que la. graine de- Carottes né peut
plus fervir au-delà de d'eux ans, & que les plantes
que la nouvelle produit font plus fujètes à
monter que celles qui proviennent de la vieille.
Il feroit utile que quelque Agriculteur voulût
bien conftater fi cette double afiertion eft exaétc,
& ce qu’on en doit croire. Je fuis plus difpofé
à adopter .> la fécondé que la première. Car les
graines de Melons & de Choux-fleurs récentes
nev valent pas celles, qui ont vieilli , pour l’objet,
qu’on fe propofe, c’eft-à-dise, pour produire des
Melons nombreux & beaux, qui n’ont jamais
lieu, quand les plantes s’épui&nten fané, & de l’autre
part, des têtes avortées & comprimées, qu’une-
végétation trop aélive éleveroit & divileroit.
Quelques Jardiniers difent avoir éprouvé que
les pieds de Carottes, qui fe difpofent à monter,
y déterminent leurs voifins. Plus d’une fois
il m’a femblé que dans des mé'teils de Seigle &
de Froment , celui - ci raûriftôit plus vite,
mêlé a du Seigle qui eft plus hâtif, que quand
on le femoit feul, le même jour & dans le même
terrain. Cette remarque me paroît-fuffifante
pour faire examiner l’opinion dé ces Jardiniers.
On la vérifieroit facilement, fi dans une planche
on femoit alternativement un rayon de
graine nouvelle & un rayon de vieille graine,
tandis que dans une moitié de la planche d’à-côté
on femeroit de la graine nouvelle, &. dans l’autre
moitié de la vieille.
Avant de femer la graine de Carottes, on la
fait lécher au foleil, on la frotte bien entre les
mains, afin de lui ôter les poils,, dont elle eft
hériffée. Sans cette attention, plufleurs graines
refient attachées lés unes aux autres, & fe lèinent
par paquets, il y a des cfpaces dé planches ou
de champs, qui en ont trop, tandis que d’au-*
très n’en ont pas.
Miller ne confçille qu’une livre & demi?
de graine par acre Anglais, qui égale un arpent
de Paris, cent foixante-fix toifes, & M. Ar-
thur-yohg çn exige fix livrés. On ne conçoit
pas d’où vient cette différence entre deux Cultivateurs
auffi inftruits. Dans cette incertitude,
il me femble qu’il vaiidroit mieux enfemencer
la quantité
■
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la quantité 3 indiquée par M. Arthur - yofig
parce qu’on eft toujours à portée d’en détruire,
autant qu’on veut, par les farclages. M. Billing,
dont il fera parlé plus loin, en employoit quatre
livres paç. arpent ; ce qui fait un terme moyen,
auquel il faut s’en tenir. 11 ne s’agit ici, que
de la culture en grand. Car dans là-culture,
qui fe fait dans les potagers, les Jardiniers proportionnent
îa quantité 'de graine à rétendue
des planches, & à la grofleur qu’ils défirent
4<?nner à leurs Carottes.
Manière de femer.
On fème, dans les jardins, à la volée , ou par
rayons, ou en bordures. L’enfemencement, par
rayons ou par bordures, eft le plus commode
pour les farclages.
En plein champ, on ne fème qu’à la volée,
à caufe de la fineflé -& de la légèreté de la
graine, oh y mêle le double, ôu de cendre, ou
de terre fine, ou de fable. Quelques Cultiva-'
teurs, ayant remarqué que la terre ou le
fable, plus pefans que la graine de Carottes, ;
reftoient toujours au fond du lemoir, fement
les Carottes, comme les Raves, par pincées,
fans y rien mêler. On choifit un jour, où il
ne fait pas de vent.
Dans les' jardins, quand la graine eft femée,
on la foule avec les pieds, & on l’enterre au '
râteau; dans les champs,-.on l’enterre légèrement
à la herfe-. Pour qu’elle n’entre pas trop ■
avant, non-feulement il ne faut pas charger les
herfes, mais fi on en avoit qui fuffent légères,
ou à dents courtes, ce feroient elles qu’il con-
viendroit d’employer. Au refte, on peut dimi- j
nuer la longueur des dents en y entrelaçant des :
brins de bois flexibles , qui ne laiffent que trois 1
ou quatre pouces libres à chaque dent. Je crois
que -quand la graine de Carottes â été enterrée
de cette manière, on doit unir le terrein en y
partant les herfes fur le dos.
Ordinairement, toutes.les Carottes femées refilent
en place. Quelques Cultivateurs, en enlèvent
des femis, qui font comme les pépinières,
pour les repiquer dans- un terrain préparé, &
à des diftances réglées,. On affure qu’elles deviennent
plus belles, iorfqu’elles font bien foignées.
Mais ce repiquage augmente beaucoup les
frais, parce qu’il faut plus de- foin & plus i
de temps. Il ne peut être employé que pour
les cultures en petit. Voici comme on y procède.
Dès que les racines.de Carottés, ont
acquis la grofleur d’un tuyau de plume à écrire,
on ouvre une tranchée à la tête à la pépinière,
on découvre, les racines des premières, fans les
endommager. Si on caflele pivot, la plante ne re- ,
prend plus d?aecroiffement en longueur, mais ;
feulement en largeur. On ne doit rien couper j
chevelu. * On continué -à fouillër, avec ces
Agriculture. Tome II.
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précautions, les Carottes, pour les replanter-
M. l’Abbé- Rozier, lôrfqu’il arrache des plantes
des pépinières, les met dans une terrine pleine
d’eau. Ainfi humeélées ; la terre , dans laquelle
on les repique, s’y joint plus intimement. D’ail leurs,
en attendant qu’on les plante, elles ne
font pas expofées à l’aélion de l’air, qui, ordinairement,
flëtrit les feuilles. On arrofe chaque
pied, à mefure qu’on le plante, ayant foin
de ne lui pas donner trop d’eau, qui ferreroit
trop la terre. Il vaut mieux répéter l’arrofetnent.
Parmi les Jardiniers1, les uns rempliftënt les
planches entières, uniquement de Carottes; d’autres
les mêlent avec de l’Oignon, des Poirreaux,
des Panais, des Raves, des Fèves, &c. Quand
ils les fement fur couche, ils les allient même
avec ces différentes plantes. Ce mélange eftap^
prouvé. Ceux qui l’approuvent, fe fondent fut*"
ce que ces plantes n’étant pas rivales, parce
qu’elles font de genre & de nature différentes ,
elles ne peuvent fë nuire réciproquement ; ceux
qui le blâment, difent qu’aucun mélange ri’cft
bon ; que fi une efpèce réuffit pleinement, elle
détruit les autres, que chacune, femée féparémenr»
devient plus belle & meilleure. L’expérience nie
paroît avoir prononcé contre les derniers. Les
raifons qu’ils donnent, ne doivent avoir quelque
force, que quand il s’agit de femer enfem-
ble des plantes^ dont les racines ont la même
direction. Or , les Carottes ayant les racines
pivotantes, on fème ordinairement avec, elles
des plantes à.racines traçantes, qui ne peuvent
fe nourrir dans les ' mêmes couches de terre.
Dans le Brabant, vers la Campine, on fème
des Carottes avec lés grains de Mars ; quelque-
tems après que les.grains font récoltés, les campagnes,
font toutes couvertes des fanes de ces
plantes. On trouve à leurs racines plus de goût
qu’à celles des Carottes de jardin.
C’eft fur-tout avec le- lin qu’on les fème dans
plufleurs pays. Il ne paroît pas qu’on craigne
quelque chofè de la racine pivotante du lin,
parce, quelle ne s’étend ni en grofleur, ni en
largeur. Le lin, en s’élevant, fait une ombre
qui, entretenant de la fraîcheur, favorife" la
végétation des fanes & des racines. D’une autre
part, le travail'des racines de Carottes, facilite
le développement de celles du lin. Le lin étant
arraché, les Carottes profitent en tout fens de
la liberté qui leur eft rendue, & du petit labour
que fait l’arrachis.
'Soins des Carottes pendant leur végétation.
Pendant les rigueurs de l’Hiver, on couvre d»
coffats de pois ou de litière, les Carottes femées
en Juillet, ou en Août ou en Septembre ,
pour empêcher la gelée de pénétrer dans la terre
& de. les détruire.
Lorfqu’on en a ferné fur couche au-Prin~
ternS , on prend les précautions ordinaires qui
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