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rement la ferpilière fupérieure ; laiffeZ cette êâfl
pendant une, ou deux , ou trois minutes ; ôtez
cette eau, foit en la lai flan t écouler par un robinet
placé au bas du baquet, foit en inclinant
le baquet ; ôtez les petits cailloux & la ferpillière
fupérieure* enlevez la cochenille avec la ferpilière
inférieure, en la prenant par les quatre coins.
Enfin étendez cette cochenille fort clairement
fur une table garnie de rebords hauts dun
pouce, on fur des planches , ou dans des baflins
de cuivre ou de fer blanc ; & expofez-la au
foleil ainfi étendue. Elle fèche dansTefpace d une
journée ; pourvu qu’on ait le foin de la retourner
& de la remuer, à la main, vers le milieu
du jou r , afin d’expofer plus au foleil les parties
qui font à cette heure les plus humides, pour y
avoir été les moins expofées dans la matinée.
Thiéry confeille encore un autre procédé qui
produit à-peu-près le même effet, mais qui eft
un peu plus, commode ; c’eft d avoir un tamis
couvert, fait de grofle ferpilière ou de toile à
torchon claire ;„le couvercle de ce tamis- fera
garni de la même ferpilière ou toile r ce tamis
aura deux pieds de largeur & un pouce de plus
de hauteur , que celle néceflaîre pour contenir
dix livres de cochenille : on étend également fur
ce tamis dix livres de cochenilles, en ayant le
foin , fi c eft de la cochenille filveftre, de divifer
avec les doigts les plus gros pelotons, comme j ai
dit : on pofe ce tamis après l’avoir couvert, au
fond d’un baquet un peu plus large , & on l’y
fixe affez fermement pour que l’eau que l’on va
y verfer ne puifle le foulever : puis on verfe,
fur cé tamis, de l’eau bien bouillante, en quantité
fuffifante pour le couvrir entièrement: on
laiffe cette eau de même pendant une , ou deux,
pu trois minutes on agite le tamis dans 1 eau
pendant un inflant pour faire p a fier la terre qui
pourroit être mêlée avec les cochenilles : puis
enfin on retire le tamis dé beau, & l’on étend très-
clairement la cochenille , . comme j ai dit , pour
fexpofer au foleil 8t là faire fécher.
Thiéry croit que les cochenilles, tant fines
que filveftres, traitées comme je viens de dire,
font fuffi&mment defféchées lorfqu’ellcs ont été
expofées à un foleil ardent- depuis neuf heures
<lu matin jufqu’à quatre heures après midi. On
xeconnbît qu’elles font bien lèches^ lorfquen
en Iaiffant tomber quelques-unes fur une taille,
elles fonnent comme des grains de bled.
Xa cochenille, en cet état,, eft .marchande, &
peut, fe garder plus d’un liècle fans crainte
quelle fe gâte ou s’altère en aucune manière.
Cependant pour avoir l’efprit plus tranquille,
fu r fa déification abfolue,; & la mettre d’autant
plus à l’abri de l’humidité & de là corruption,,
Thiéry. confeille. de l’expofer, le lendemain,
•ncore. une fois,, au grand foleil, depuis dix
Jfeures. du matin jufqu’à deu» heures après-
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midi. Ou peut fe paffer à la rigueur de c-m
feconde expofition*, mais, comme cette précau, j
tion ne coûte rien, ott ne doit pas la néglt, j
ger pour s’aflurer une récolte fi précieufe.
livres de cochenilles vivantes fe réduifent par
le deffëchement à trdis livres & demie; ou
trois cent livres de cochenilles vivantes produis j
fent cent cinq livres de § cochenille fèche $
marchande. Je viens de dire que la cochenille!
bien fèche peut fe conferver plus d’ un liècle fans j
s’altérer aucunement; Hellot a éprouvé cette vérité
fur de la cochenille qui avoit cent trente ans d’an-
cienneté. Pour la conferver il eft bon de la mettre
dans des boîtes de cèdre faites, en tiroirs comme
celles des apothicaires. Pour la vendre, il fuffitde
la mettre dans des fanègues ou facs de cuir de
boeuf faits exprès. & bien confus.
Thiéry juge que la manière la plus avantageufe
de tuer la cochenille , tant fine que filv e flre , &
de la faire fécher, eft celle que je viens d’ expoferJ
Les Auteurs, qui ont précédé Thiéry, d ife n t qu’il! I
y a encore deux- autres manières ufitées p ou r la-
faire fécher ; que les uns la mettent au four, &
que les autres la-mettent fur des plaques de fer
chaud qui ont fervi à faire des gâteaux. Thiéry
penfe que ces deux moyens ne font ni fi commodes,
ni fi certains que celui du foleil, & qu’ils* j
ont l’inconvénient de communiquer une chaleur
inégale aux cochenilles, de forte que les unes*
font calcinées, tandis que les autres-font très;
éloignées d’être fuffifamment defféchées.
J ’ai dir qu’en tuanr les cochenilles avec de
l’eau chaude, cette eau doit être bien bouillan te::j
l’expérience fuivante.du Cercle des Philadelphes* j
prouve que cette condition eft a b fo ïu m e n t né--
ceffaire. Ces Meffteurs ont gardé' dans u n e boîte[
des mères cochenilles qui y ont, dansPefpacede-'
trois femaines., mis au jour fucceftivement des-
petits très-vivants,quoiqu’elles ne priffent aucune
nourriture: Ces mères arvoient fouffert , ayant
d’être mîfès dans cette boîte , deux irrorations-
d’eau chaudë à plus dè foixante degrés fé lo n ie
thermomètre de Réàumur.-
La cochenille fine t u é e & defféchéê, de la ina*'
nière que je l’ai expofée, & qui n’a point été vuidée-
& revuidée-, tranfvafée plufieurs fois, fe c o u é e&•!
ballotée par des voyages & dès-ventes & reventes
, doit avoir, dit Thiéry ,. l’air ja f p é è , c elt-
à-dire , être de couleur grife veinée de pourpre.-j
Elle a ce gris parce que n’àyant pas e n c o re été
trop frottée- elle a confervéune partie de fa p ou*1
dre blanche ,,nonobftant: l-eau d a n s, la q u e lle on-
l’à fait paffer pour la tuer; & e lle eft veinée de-
pourpre ,,parce, qu’il n’eft pas pofliblë q u en M
recueillant on n’en écrafe ou blefle quelques- j
unes,.qui fé trouvant mêléès avec lés autres, leu
d o n n e n t cette teinte, avec'là matière çolorantequ '
découlent de ces plaies. Il y a lieu de croire que :
c’eft la cochenille, fine ainfi préparée & en c
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l* que les Efpagnols nomment gratis, jafpeada ;
Yefl la pins èflihiée dans le commerce. Celle qu’ils
floffltnerit grand renegrida, & qui eft brune, eft
ut-être la même lorfqû’elle a été trop fouvent
maniée ; c’eft petit être aufli celle q u i, ayant été
i léchée au fôur, a reçu un degré dé chaleur un
Ljeu hop fort- Quant à celle qu’ils nomment
\lrana negra, & qui eft noirâtre, on s’accorde à dire,
que c’eft celle qui â été exceflivement chauffée
fur les plaques ; c eft la moins eftimée.
. Les mâles cochenilles contiennent une matière
colorante toute pareille à celle que contiennent
les femelles; cependant la cochenille fine & la
[cochenille filveftre du.commerce, ne contiennent
Las de mâles : pour concevoir ce qu’ils font devenus
il faut fe reffouvenir qu’ils» étoient en
nombre extrêmement petit en comparaifon des
femelles ;• qu’ils font morts un mois avant le moment
de la rétolte ; qu’au moment de leur mort fils n’étoient aucunement adhérens fur le CaéHer ;
qu’ils font très-légèrs & munis d’ailes , qui font
|qUe je vent a beaucoup de prifes fur eux : ainfi,
dans l’efpace d’un mois, ils ont eu- le temps de
tomber à terre le vent a eu le temps de les
[enlever; les fourmis ©rit eu le^emps de les ejm-
! porter : il tr’eft- donc pas furprenant qu’ils foient
Idifparus- au moment de la récolté.-
[ En 1777, la livre de cochenille fine, feche &
marchandé, fe'vendoit à Guaxaca ,fuivant Thié-
|îy, à raifon de vingt-quatre réales ou trois piaf-
jïres gourdes, c’eft-à-dire, trente-trois efcâlins de
[Saint-Domingue, où quinze livres douze fous
argent de France ; & la livre de cochenille fil—'
Relire, fèche & marchande, qui vaut toujours
un fiers de moins q^e la cochenille fine, fe ven-
[doit, au même heu , à raifon de deux piaftres
[lourdes, ou dix livres huit fous-argent de France.
[Ainfi, une Nopâlerie d’un arperit & demi qui ,
jfuivaiit ce que j’ai déjà d itrap p o r te , année com-
[fiiuiie, ceiit cinquante livres de cochenille fine
pche-, rapporte donc , eii argent de France,
[deux mille quatre cent quarante livres par an.
! De deux nopals de pareille grandeur & étendue,
celui qui fera chargé de cochenille fine
donnera un tiers plus en poids de eette denrée
Ique celui qui fera chargé de cochenille filveftre.
En calculant- d’après cela on voit qu’une Nopa-
Ne d© la même étendue d’tin arpent & demi,
pmée en cochenille filveflre , donne aufli, année
commune , cent cinquante livres de- cette derrière
cochenille, lavoir cent livres en trois ré—
pltesfaites pendant les fecs, & cinquante livres
jen ùois récoltes faites pendant les pluies ; & ainfi
FPporte donc, en argent dè France, feizê cent
patorze-livres treize fols quatre deniers'par an.
Aufli-tôt après qüe Ton a achevé la récolte dés
j? chenilles, il faut'nétoyer très-foignetl fem en t
F Cahiers qui en étoient chargés, avec un linge
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on une éponge que fon trempé fouvent dans
Teau: on frotte, avec. ce linge ou cette éponge
bien mouillée, toutes les articulations de ces Cac-»-
tièftrs de manière à enlever tout le coton des
cochenilles fi'lveftres qui y eft reflé adhérent r
toute la poudre branche des cochenilles fines, qui
eft reliée où elles ont vécu , tous le f excrémens
des cochenilles, & enfin toutes les ordures &
matières étrangères quelconques, riui peuvent
falir ces articiîlâtions, avec tous les infeéles
& oeufs cf’infeéles, qui petivent s’y trouver. Puis
on feme de nouveau ces câèhers, le plutôt pof-
fible , en cochenilles, de la manière que j’ai expo-
fée. S’il s’agit d’une Nopal’erie de cochenille filveftre
, il ne faut pas manquer de faire cette
femaille âu plutôt après chaque récolte en quelque
faifon que ce foit ; mais, s’il s’agit d’une
Nôpaterie de cochenilles fines, j’ai déjà dit qu’on
rte feme pas à la fin de la faifon des fé e s p u if -
qu’on perdroit' certainement la cochenille qui
naîtroit de cette femaille. On laiffe donc repofer
pendant tonte la faifon des pluies, les Caéhers*
de la Nopâlerie dëftinée à la cochenille fin#.
Des avantages'qui résulteront de Véducation de la’
cochenille filveflre , & de la culture des Caâiers‘
qui y font propres , pour un grand nombre de
Colons de Saint-Domingue , & des autres Colo—
Ionie s Françoifes de V Amérique Méridionale :
& de la grande facilité que les Colons, même
les plus dénués de reflources , ont à établir cette
culture & cette éducation.
Dans l’hiftorique que j’ai mis ci-deffus, page
472!, en tête de ce qui concerne l ’éducation de
la cochenille, & la culture des CaéHers qui y
font propres, ori a vu combien il feroit avantageux
pour la France, & pour fon- commerce,-
que cette culture ^ cette éducation s’éteridiffent
dans' fes Colonies de l’Amérique. Les détails que
je vierts d’expofer relativement aux chofes nécef-
faires, & aux règles à fuivre pour la niultiplica-»
tion & la culture de ces Caéliers, & pour fédu-
cation de Ta cochenille filveftre, rendent palpables
, en premier lieu , la grande facilité que les
côlons, même ceux qui font les plus dénués de
reflources, ont à établir cette culture , & cette
éducation, aufli-tôt qu’ils le defirerorit, & en
fécond lieu lès avantages qu’ils retireront de^ cet
établiffement. Ori fait en effet qu’il y a , dans
l’étendue de la Colonie de Saint-Domingue, par
exemple, nombre de quartiers, dans lafquels il'
eft impoffiblfe d’établir aucune dès autres grandes'
cultures de cette Colonie, à caufe dé.l’ingratittid«
dés terres , & fur-tout à caufe- de la féchereffe
extrême qui y règne laquelle'eft telle j en plu-
fiëurs de ces quartiers-, qu’il n’y tômbe pas une
goutte d’eau'pendant neuf mois côrifécutîfs de
chaque année ,. & qiiê,.-pendant cc teihpsy.lé