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fi on y étoit tellement attaché, qu'on ne j
voulut pas la négliger on devroitau moins fe |
contenter de tenir les Bêtes quelques heures feule- 1
ment dans un endroit chaud, dans le cas où, au moment
de les tondre, le teins feroit d’une température
fraîche. Autant qu’il eft poflible, il
faut choifir un beau teins & un tems chaud;
alors , on n’a befoin d’aucune préparation
; la tranfpiration ordinaire fuffit. De nouveaux
renfeignemens venus d’Efpagne, femblent
certifier que les grands propriétaires de troupeaux
ont abandonné l’idée de les faire fuer
avant la tonte & que cette manoeuvre n’eft plus
employée que. par de petits propriétaires, Il eft
à defirerquecet utile changement ait lieu par-tout.
Le lavage à dos, ou fur pied, eft une pratique
<jui précède aufti la tonte. Elle eft moîssùlitée
que celle qui tend à faire fuer ; cependant elle
eft adoptée, dans l’Auxerrois, dans l’Auxois &
dans différons cantons de 'la Bourgogne , de la
Franche-Comté, de la Picardie, du Santerre,
de la Normandie, du Perche, du Vexin-Nor-
mandj d elà Champagne, de la Brie, de l’Ifle-
de-France & même en Gafcogne. Les uns lavent
leurs Bêtes à laine phifieurs fois' ; d’autres ne ;
les -lavent qu’une fois immédiatement avant de ;
les faire tondre , en prenant des précautions
pour que, tes toifons ne fe faliffent pas.
L ’utilité de cette pratique, que confeille aufti
M. Daubenton , eft facile à fentir. On purifie les
toifons des ordures, qu’elles contiennent fans
faire perdre à -la laine fon nerf & fon corps.
Le vendeur & l’acheteur connoiffent la fnar-
chandife, qu’ils vendent & q.u’ils achètent &
me peuvent être trompés..
M. Carlier craignant que le .lavage à dos
©u fur pied n’ait quelques dangers dans cer-
-tains pays, où il peut caufer aux Bêtes à laine
des morfondùrês funeftes, croit avec raifon que
dans les endroits , où. on ne l’a pas pratiqué
encore , il eft prudent de ne faire l’effai qùé
fur un petit nombre de Bêtes. Lorfque les
animaux font bien vigoureux, lî pour l’opération
on ehoiftt un beau tems, qui puiflé; les
-faire fécher promptement, je penfe qu’on n’a
rien à redouter & qu’au contraire le lavage eft
un préférvarif de la maladie du fang ; mais j’en
diffuaderois les propriétaires de troupeaux, foi-
blés 8l dîfpofés à la pourriture. A plus forte
raifon ne doit - on pas laver à dos les Bê.tes malades.
Celles qui parquent long-tems & qui font
toujours dehors, loin d’être incommodées par le
lavage ,. ne s’en trouvent- que mieux.
L’eatv, qui feroit tout-à-la-fois douce, favon-
neùfe & propre., fe trouveroit la meilléùre
pour lé lavage à dos. On profite d’une rivière„
d’un ruiffeau, d’un étang , fourni par des Sources,
dé la chute d’une fontaine affez eonfidé-
«ablé. S i l’on n’a que de l’eau de puits ou >de d -
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terne, ou de petites fontaines, on en rempli
des baquets en la laiffant à l’air quelques jours
auparavant. Lorfqu’on fe fert d’une eau cou,1
r an te »ou ftagnante, on y fait entrer la Bête à
laine ; un ouvrier dans l’eau jufqu’aux genoux
la tient., ta couvre d’eau & avec tes mains*
frotte la toifon , pour, l’en pénétrer & la bien
nétoyerylorfqu’il peut l’y plonger aprèsl’avoir
té r toutes les ordures.qu’il a détachées ,,fe difper.
fent. Sion étoit à portée d’une chute d’eau de1
trois ou quatre pieds, de hauteur, on la rece.
vroit dans un cuvier, où l ’on plongerait cha»
que Bête à laine ; deux hommes, les brasre»
tronffés la laveraient mfeux que de toute antre
manière. Dans les pays- où l’eau eft rare, j
l’on en avoit cependant affez pour laver «
dos, on fe contenterait de verfer" avec un pot
de l’eau fur les toifons, ej^les preffant de la main.
En Efpagne, en France & en Angleterre, oi,
ne tond prefque par-tout les Bêtes à laine qu’une
fois par an. p a is , dans quelques endroits dit
Piém<5n t , on tond jufqu’à trois fois, favoir.en
Mai, en Juillet & en Novembre y dans d’autres
cantons- d’Italie, on tond deux fois ; la première
en Mars, & la fécondé en Août. On croit
que cette coutume s’eft perpétuée dans quelqiter
parties de la Bourgogne.& de là FrancherComti
Aucun Atfreur d’économie rurale ne confeil-
lerà de tondre deux fois par an dans nos climats..
Que fo r , retarde où que l’on accélère Ig
deux tontes, l’une d’elles fe. trouvera toujours
trop voifine des tems froids , ce qui fera dangereux
pour les animaux ; la laine coupée avant
que la nouvelle la pouffe n?àura pas acquis &
maturité- C’eft une pratique qu’i l faut rejeter.
Ordinairement ce font les bergers eux-mêmes,
qui tondent leurs troupeaux. Ils - les tondent
feuls,fi le nombre des bêtes n’eft pas confidéra-
ble. Mais lorfqu’il i ’eft, ils ont recours aux bergers.
voifins, qui les aident & auxquels ils aident
à leur tour.. L ’ufage, >de beaucoup de pays eJI
d’employer des tondeurs de profeifion. Us le®
envoyés chez les propriétaires de troupeaux pif
l’acheteur, li les laines font vendues d’avance-,
ou appelîés & payés par les. propriétaires,
n e vendent leurs laines qu’après .la tonte. W
bon tondeur doit couper la laine le plus p|j|
de la peau fans laiffer de filions, & fans ble*
f animal. On eftime que quand il éft rompn
métier,, il peut, tondre quarante à cinquat
bêtes par jou r .'J ’en ai vu d’affez habiles p
tondre même jufqu’àfoixante-&-dix bêtes.- HI
en a peu. de cette habileté. Les Efpagnols reg _
dent comme bon tondeur celui qui tond , F
jour, douze bêtes -, ce qui n’annonce pas | | i
coup- d’habileté, ou lès bêtes Eipagnoles- ■
vent être bien plus difficiles à tondre quej
Françoifes. De largestcifeaux, appellés/orc«
l’inftrument dont fe fervent les tondeur i.
le nwnien^.avec adreffç, Il faudroit einp°/
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Ifop de temps, fi on fe fervoit de cifeaax de
Lndeur ordinaire. . . . ,
' La place du bâtiment, dans lequel on tond,
■ oit être feche, unie & bien qétoyée. Ordinai-
lèment on fe fert des aires de*granges, qui font
■ jides, à l’époque de la tonte /ou dont on fuf-
Jend le travail. Il feroit mieux de les couvrir
|'u n drap, qui recevroit les ordures & les dé—
Iris de laines -, on les fèpareroit facilement. En
lifpagne, la tonte fe fait dans une grande pièce
«ouverte , bien éclairée, affez haute , mais avec
C eu de portés & n’ayant d’air que ce qu’il en
faut pour que les hommes & les animaux n’en
Souffrent pas. Le motif de cette difpofitioneft
^’empêcher que le bétail ne fe réfroidiffe à me-
jfûre qu’on le dépouille de fa laine. Le fol de la
pièce eft garni de pavés bu de cailloux, un peu
feartés les uns des autres. Les excirémens & l ï i -
aine tombent entre les pierres, & la laine peut
fe rainaffer bien conditionnée. Avant de com-
Jiencer la tonte, on balaye bien le fol, on le
■ êalaye encore tous les foirs, & on ramaffe les
,'jaines mouillées ou falés, qui fe mettent avec
les dernières qualités. On place ces laines dans
ùn endroitfuffifament'aéré, pour quelles perdent
leur plus grande humidité.
■ L’ouvrier travaille de bout & en s’inclinant.
Aj>rès avoir lié les deux ou les quatre jambes
de l’animal, afin qu’en fe débattant, il ne fe
jfeffe pas bleffer, il le pofe fur le dos, coupe
d’abord la laine du -ventre & celle des flancs de
Jgoche en proche jufqu’au milieu du dos, de
keroupe & dés flancs -, après quoi il le retourne
en fens contraire &. recommence l’opération du
.fiôté oppbfé , jufqu’à ce qu’il foit parvenu une
|îconde fois au milieu du dos. Il fait en forte
que toute la toifon le tienne, comme fi c ’étoit
^ne peau entière. Un aide alors en raffemble
jputes les parties repliant cn-dedans la laine du,
Jï entre & des cuiffes, qu’il affujetit par un lien.
K v au t beaucoup mieux féparer de la toifon,
Ja ktine du ventre & celle des cuiffes, que de
}es plier avec le refle de la toifon. Car.Ja laine
de ces parties pleines d’ordures gâte la laine du
OEbrps, qui eft la plus belle. Au lieu de lier, les
,||mkes * Daubenton veut qu’on couche l’a-
^imal fur une table percée de .plufieurs trous
î f ^es homs. On pafte dans ces trous un cor-
T11. ?U1 ^xe ^ .jambes .de devant,dans un en-
t p u , & celles de derrière dans un autre.
■ I B tond un bélier cornu , on attache
R lllD^ e lès cornes. Il croît que, parce moyen,
a te eft mcins génée, & le tondeur plus à
i 116,’ | | S l ü Peul~êtrç aïfis. Il me femhle.ce-
S J a*^ î u i n' tondeur affis auprès d’une table
îip PjS -5ufiî maître de fes moùvemens & qu’il
IR ndro.u P^s un aufti grand nombre de Bêtes.
î?urs> ï fe fatigue en tondant de ;
j ï ^ ^ rômpu, & il acquiert de
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Une des grandes attentions eft de laiffer toujours
libre &. dégagée la tête des Bêtes à laine,
car ces animaux l'ont faciles' à fuffoquer.
Le berger foigneux examine fes bêtes après la
tonte. S’il apperçoit quelque figne de gale , ou
quelquebleffure, il les panfe. M. Daubenton pro-
pofe, pour les^dèux cas, un onguent compofé
de fuif & deftence de thérébentine. On évite
pendant quelques jours de les mener au grand
• foleil, & de les expofer aux pluies froides, qui
leur font contraires. On propofe de frotter le
corps de chaque animal immédiatement après la
tonte, ou avec la main féche, ou avec du vieux
oin t, ou avec un mélange de vin & d’huile
commune., ou avec du fel ou du vin mêlé- de
lie d’huile , ou enfin avec un mélange d’huile,
de vin blanc, & de cire. Si l’animal eft foible,
les friéHons avec la main & même avec lé vin
pur conviennent; il n’en faut faire avec les huileux
que dans le cas où il y auroit des bleffu-
res. On donne une nourriture un peu plus
fubftàntielle, & c’eft-là un des plus fûrs remèdes
pour fortifier.
Non contens d’avoir marqué leurs Bêtes
à laine fur le nez avec un fer chaud,
les Efpagnols profitent du moment, qui fuit
la tonte pour les marquer encore d’une autre manière.
On fait fondre de la poix ou de la ré-'
fine de pin ; on leur en applique fur le côté,
au-deffus des côtes ou vers la queue , par le
moyen d’un fer , qui ait la marque qu’on veut
leur donner. Cette fécondé marque me paroît
inutile & fait néceflairement perdre de la laine.
C’eft encore à cette époque que les Mayoraux,
ou Pafteurs Efpagnols, examinent les bêtes pour
voir/ pelles qui manquent de dents & qu’on
deftine aux boucheries ; on conferve celles qui
font faines.
Les Efpagnols, au moment où ils tondent les
Bêtes vivantes, tondent aufti les peaux des bêtes
mortes. Si la laine en eft longue, on la coupe
avec destifeaux; fi elle eft courte, on mouille
la peau , on la pofe fur une tablé, & on en
tire toute la laine, à la manière des Corroyeurs.
On met cette laine dans la dernière claffe. Les
bergers Efpagnols ne perdent aucune des peaux
des Bêtes qui meurent. Il paroît qu’ils les rapportent
toutes aux endroits de la tonte. Cette
économie eft mai entendue & dangereufe , parce
qu’elle peut communiquer des maladies .aux
hommes & aux bêtes. Les bergers Efpagnols,
qui ont gardé quelque tems le troupeau du Roi à
Rambouillet, en avoient tellement l’habitude,
que ce troupeau étant attaqué de la clavelée",
ns gardoient lés peaux des Bêtes mortes, capables
d’étendre & de communiquer la contagion;
j’eus bien de la peine à leur perfuader d’entec-r
rer les corps avec les-peaux.