
beaucoup de ces animaux en contrebande ; On
no peut en déterminer la quantité. Je n’ai eu
l’intention qu® de préfenter un apperçu.
S’il étoit permis de raifonner d’après cet apperçu
, je dirois que puifque Paris' conlomme
en une année foixante - & -quinze mille boeufs,
quinze mille vaches,& cent mille veaux, le nombre
de fes habitant étant , de fix cens quinze
mille , c’eft-à-dire, formant environ la quarantième
partie du Royaume, il faudoit trois millions
vingt-deux mille boeufs, fix cens mille vaches
& quatre millions de veaux,. pour les vingt-fix
millions d’habitans de la France, en fuppofant
que les Provinces fufient en état d’en confom-
mer autant.que la Capitale, fi chaque homme
étoit en état de fe procurer de ces viandes. Qu’il
feroit heureux ce moment, où l’amélioration des
terres & l’induftrie agricole procureront ces avantages
! Mais fi c’efl une chimère de l’efpêrer,'
c ’-eft au moins un fentiment bien doux, qui le
fait deûrer. ( M. V Abbé T e s s i e r . )
BÊTES a L aine.
Sous ce terme générique je comprends le bélier
, la brebis, l’agneau mâle & femelle, le mouton
& la moutonne. Les Auteurs, qui ont écrit
fur ces animaux, en ont traité ou à l’article Mouton
, ou à l’article Brebis g parce qu’on élève bien
plus de mâles coupée & de femelles, que de
mâles entiers. Oa voit très-rarement des troupeaux
"de béliers • fi l’on en voit quelquefois, ce
n’eft que dans les fermes, dans les grands établif-
femens de Bêtes à laine, où les troupeaux de
brebis étant conüdérables, il faut pour les couvrir
beaucoup de béliers, qu’on mène paître fé~
parément. Ordinairement il y a dans chaque troupeau
quelques béliers feulement. La brebis & le
mouton n’étant que des efpèces, j’ai préféré de
choifir une dénomination plus étendue pour
embraffer tout ce qui appartient à la même famille.
Les Bêtes à laine tiennent une place confidé-
rable dans l’économie domeftique. Elles font une
partie effenrieile de la Maifon Ruftique. Ces animaux
foibles, doux, timides, fans défenfe,& d’une
conflitution délicate, ont befoin -le la proteélion
d® l’homme & de fes foins attentifs-, pour vivre
& pour fe multiplier. L’utilité dont ils font,
dédommage amplement du fecours habituel qu’on
eft obligé de leur donner.
Je partagerai en trois articles tout ce que je
dois dire fur les Bêtes à laine. Dans le premier,
je traiterai, pour ainfi dire, le phyfique des individus.
Dans le fécond, j’expoferai la manière de
les améliorer , de les élever & foïgner. Le troi—
fième fera cônfacrë aux détails des produits &
au parti qu’on en tire.
M. Daubenton , de l’Académie des Sciences,
& Garde du Cabinet du Jardin du Roi, après une
fuite nombreufe d’expériences, d’obfefvations$
de recherches fur les Bêtes à laine, a compofé
un ouvrage, intitulé : Inflrudionpour les bergers $
pour les- proprietaires de troupeaux. Je ne crois
pas qu’on puiffe rien trouver de mieux fait, de
plus à portée des gens les moins inftruits & par
conféquent de plus utile. On ne fauroit trop engager
les amateurs de 1 économie rurale à fuivre
les confeils donnés danscet excellent ouvrage.J’a«.
rai tant de chofes à y prendre , qu’au lieu de le
citer à chaque fois, j’indiquerai, par des guillemets
, ce qui fera puifé dans une auffi bonne
fource.
A r t i c l e P r e m i e r .
Des Bêtes à laine confidérées par rapport au phyfi.
que des individus.
Dans cet article, il fera queflion des différentes
efpèces ou variétés de Bêtes à laine, de leur
taille, grofleur & poids, de leur âge, & de leu?
laine.
Efpèces & variétés des Bêtes à laine.
Selon M. de Buffon, il n’y a qu’une feule ef-
pèce de Bêtes à laine en Europe. La différence,
qui fe trouve entre les Flandrines, les Bérichon-
nes, les Roufiillonoifes, les Angloifes, les Holland
oifes , les Efpagnoles , &c. n’eft qu’une différence
de variété & non d’efpèce. 11 regarde
comme efpèces diftinéles les moutons à large
queue d’Afrique, la Vigogne & le Lama d’Amérique.
On lit, dansl’ancieüne Encyclopédie, queLin-
næus a réduit toutes les Bêtes à laine à trois
efpèces principales.
La brebis domeftique & celle qui a une très-
grande queue, font comprifes dans la première
efpèce. La fécondé eft celle de Streplicheros, de
Crète ou de Candie, qui a les cornes droites &
entourées par une gouttière en fpirale. Bellon.
dit qu’il y en a de grands troupeaux fur le
Mont-Ida.
La troifième efpèce comprend la brebis de
Guinée & d’Angola. Elle eft plus grande que la
|nôtre. Le derrière de.fa tête eft plus faillant; fes
oreilles font pendantes & les cornes petites &
'recourbées en bas jufqu’aux yeux. Cette brebis
a une crinière, qui defcêud plus bas que le
cou , elle a , fur le refte du corps, des poils
courts, comme ceux du bouc, au l i e u de laine,
& un fanon fous fa gorge, comme le boeuf.
M. Çarlier, dont on a un Traité complet &
As-eftimé des Bêtes à laine, diftingue beaucoup
d’autres fortes de Bêtes à laine, fur la foi des voyageurs
& des Auteurs. En voici l’énumération.
i.* L e mouton du Bréûl, qu’il dit ferablable
v à ceux d’Europe, mais grand comme des chc-
I vaux, à courte queue & à longues cornes,
j 2.* Le Lama d’Amérique y il y e n a de deux
{ fortes l’une appellée Pacos couverte de bonne
■ »laine & l’autre appellée Mormoro couverte de
Epoil. Celle-ci eft employée aux travaux d’Agri-
I culture ; elle porte des fardeaux & fert de montuxe.
S 2.° La Vigogne, dont la laine éft très-douce;
Son en diftingue aufli de deux fortes; l’une eft
I domeftique & l’autre fauvage.
I 4/ Le mouton d’Arabie â groffe queue, pe-
Ifante, dit-on, depuis dix jufqu’à vingt livres &
| au-delà. M. Vaillant, dans fon voyage en Afrique,
|afTure que fon poids n’eft que de quatre à cinq
J livres & qu’on l’a beaucoup exagéré. Ceux qui
^ prétendent qu’il eft très-confidérablo ajoutent
■ que, pour empêcher qu’il ne gêne l’animal & ne
iiu i ôte la facilité de faire un exercice néceffaire
l à la vie , on y attache des machines pe-
Ifantes, pofées fur des rouleaux, qui les foutien-
Inent & favorifent la marche du mouton. On
• n’aura pas de peine à regarder cette affertion
I comme une fable. On trouve le mouton à groffe
queue, mais d’une grofleur médiocre en Afie,
fen Afrique, en Tartarie & en Sibérie même,
i 5.0 Le mouton de Perfe, dont la laine efl de
: la plus grande fmeffe. On ne le tond pas, fui-
|vant Tavernier , dont M. Carlier en emprunte
lia defeription. La toifon entière s’enlève d’elle-
§même & laiffe la bête nue ; ce qui mériteroit d’être
Iconfirmé. Je fuis porté à croire feulement que la
■ nouvelle laine pouffant l’ancienne, cette efpèce de
Imouton s’en dépouille comme on voit quelques
pnoutons de France , lorfqu’on retarde la tonte.
I le s chèvres d’Angora y font plus fujetîes, un
genévrier attentif, pourroit fans employer de
icifeaux, recueillir tout le poil de ces derniers
»animaux.
xlandnne, tranfportée des Indes en Hollande
«dans le Texel, & de-là en Flandre, &c.
7-° Le mouton d’Afrique à poil ras. C’eft le
giême que 1 animal défigné par Linnæus fous le
«nom de brebis de Guinée & d’Angola.
K-’ n#^ j .mouton jarreux Je Ruflie. lia du jarre,
ic elt-a-dire , un poil long au lieu de laine. Cet
«animal eft fauvage.
mu u u ve a (
r . t» v iv T r î cornes en Gothiandie, àfix corne;
.y a en Iftande. Suivant ce que
Aillant dans fon voyage d’Afrique
T le talent de multiplier les corne«
■ ?DloipnIVbêteS à c?rnes- si les moyens qu’ils em-
IflwelesCnïït^ jta-nSi ne peut-on pas foupçonner
rlnar un *and01s 2 es ïftandois & autres peuples,
«frritinîieH^ particillier I parviennent aufti à
» 1 0 0 't Cornes de leurs bêtes à laine ?
I ’ e .ffiouton fauvage de prefque toutes les
contrées du monde. II y en a en Ruffie, en Crète
& en Cor fe.
I I .0 LeS montagnards d’Iflande, qui vivent
prefque toujours au milieu des neiges. Iis tombent
quelquefois dans des trous pleins de neige.
Alors ils te ferrent pour la faire fondre, eft
s’échauffant. Les propriétaires qui s’en appercoi-
vent, par une épaitfe fumée, vont à leur fecourS.
I i.° La petite race de Schetiang, grolfe comme
un petitcltten. C’eft une race bocagére dégénérée.
13. ° Une race amphibie, 'comme il y a des
vaches & des taureaux amphibies. M. Carlier,
en indiquant cette race, fe fonde fur les témoignages
de Pline & de Gefner.
14. ° Enfin lés races d’Europe, telles que celles
des moutons Efpagnols, Anglois, François, &c.
Parmi ces efpèces, adoptées par M. Carlier,
il y en a qu’on pourroit réunir ou fuppritner;
par exemple, la 8.' & la i c . e , ou font la même’
chofe, ou font les races primitives de quelques
autres efpèces. La i l . " & la U . ' paroiffent fe
rapporter à quelques-unes des races d’Europe.
L ’exiftence de la 13 .' eft fort incertaine.
Suivant le Diélionnaife Economique, édition •
de 176'., u II y a, dans le pays de Bréineh &. de
Lunebourg, une forte de bête à laine, dont la
laine i fa racine efl garnie d’un duvet affez fin.
Cette laine eft connue par lès Commerçans fous
le nom de laintd’Jutric/ie.Laplus longue eftem-
ployéeàfâiredes litières desplus beaux drapsnoirs,
& le duvet entre dansf les athapeaux communs. »
On fait entrer la laine d’Efpagne dans la
compofttion des chapeaux. La liberté de la châtie
rendant dorénavant les peaux de lièvres & de
lapins très-rares en France, les Chapeliers ne
pourront fournir dés chapeaux qu’en employant
beaucoup de laine. Qiielquesmoutons de la grande
race en Angleterre ont aufli deux fortes de
laine ; la laine longue pour peigner , qui eft ta
plus abondante, & une laine fine & douce en
petite quantité. On la mêle avec la laine d’Efpagne
dans la chaîne dès draps..
En combinant MM. de Buffon, Linnæus &
M. Carlier, j’admettrois neuf efpèces dé bêtes à
laine ; favoir, le mouton du fflk.nl j haut comme
un cheval; le Lama, de la grandeur d'un âne-
la vigogne, reflëmblante au chameau; le mouton
d’Arabie à large queue ; le mouton de Perfe, en
fuppofant qu# fa toifon s’enlève toute entière
car fans cela il doit être placé dans l’efpèee dé
ceux d’Europe ; le mouton de Crète, â cornes
entourées d’une gouttière en fpirale; le mouton à
poil ras d’Afrique, le mouton à quatre & à
fix cornes, dans le cas où cette multiplication
de cornes ne feroit pas un effet de l’art
& le mouton d’Europe , auquel je rapportera»
le mouton des Indes qui y efi naturalifé. Je n'ai
rien d affez pofitif fur le mouton, qui fournit la
laine dite laine d*Autriche, pour /avoir _û c’eft