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pépinière. Ce dernier parti eft préférable, parce
que , fuivant Rumphius, les panachures de cette
plante font d’autant plus belles quelle eft tranf-
plantée plus fouvent. Ces boutures font ordinairement
aflez enracinées lors de 1 Hiver fuivant
pour être tranfplantées alors avec fuccès,
en place à demeure. C’eft l’Hiver de chaque climat,
c’eft- à - dire, la faifon du plus grand repos
de la sève, qui eft le tems le plus favorable à la
tranfplantation des jeunes plants, obtenus de
ces boutures. Ce tems du moindre mouvement
de la sève, dans, les pays méridionaux , eft en
Juin, Juillet & Août; & dans les climats fep-
tentrionaux, c’eft en Décembre, Janvier & Février.
Les autres foins &. attentions néceflaires^
à la culture de ces arbriffeaux, tant à l’égard*
des pépinières qu’à l’égard de la tranfplantation,
&c., font les mêmes que ceux que j’ai expofés
convenir à la culture des efpèces de carambo-
lier, n.os i , 2, & 3. Voye\ le mot Caram-
bolier , article Culture dans les Indes. Cette
efpèce de Carmantine n’exige qu’un foin de plus:
c’eft relativement à cette immenfe quantité de
chenilles noires, par lefquelles j’ai dit qu’elle eft
fujette à être attaquée pendant les tems chauds
& pluvieux, & qui dévorent fouvent fes feuilles
jufqu’au point de l’en dépouiller totalement, &
de la faire périr : Suivant Rumphius, le meilleur
moyen de la défendre contre les ravages de ces
ennemis, c’eft de couper les extrémités des rameaux
chargées de ces chenilles, au moment que
ces infe&es, étant tous éclos, font encore per
tits, n’ont pas encore fait beaucoup de dégâts,
n’occupent encore que ces extrémités des rameaux,
& ne fe font point encore répandus
fur le refte de l’étendue de ces arbriffeaux. Auffi-
tôt après avoir retranché ces extrémités des rameaux
chargées de chenilles, on écrafe fur-le-
champ ces infeétes. Les arbriffeaux pouffent
enfuite de nouveaux bourgeons. Camelli rapporte
qu’ayant planté une bouture de cetteplante,
faite avec un rameau dont toutes les feuilles
étoient totalement blanches , il n’a pu réuflir
à faire enraciner cette bouture, mais qu’elle a
péri.
On cultive la Carmantine faliciforme, n.° 7,
en plulieurs endroits de l’Inde, à caufe des vertus
qu’on lui attribue. D’après les obfervations
de Rumphius & de Rhéede, rapportées plus haut,
il paroît qu’on peut la cultiver avec fuccès, en
toutes fortes de têrreins & d’ex poli lions; mais
que, lorfqu’on defire la voir fleurir, il faut la
placer en terrein fablonneux & fec , à l’expo—
fttion la plus chaude poffible, & dans les quartiers
ou cantons les plus fecs. On ne peut multiplier
cette efpèce par la voie des femis, puifque,
fuivant Rumphius, elle ne produit pas plus de
femences fertiles , que l’efpèçe , n.° 6. Mais,
fuivant le même, toutes les parties de la plante
pofsèdenr éminemment ia faculté réproduclive ;
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car, outre qu’on a vu quelle fe propage (Telle5
même fort abondamment, Rumphius affure que
le moindre de fes rameaux planté en terre, ou
même la moindre particule de fes rameaux jettée
fur terre, y végète & forme promptement
une nouvelle plante. On peut donc la multiplier
très-facilement , & aufii abondamment qu on
le defire , i.° par boutures, i.° par fes rejettons
ou drageons enracinés, que fes racines, remuantes
au—loin fous terre , produifent en quantité,
de diftance endiflance, & 3.0 par les fragmens enracinés
de fes longues & nombreufes tiges rem*
pantes & radicantes. Les boutures & les plantes
qu’on en obtient, fe plantent & fe cultivent de
la même manière , & avec les mêmes foins que
celles de ï’efpèce, n.° 6. Les rejetions enracinés,
& les fragmens de tiges enracinés, lorfqu’ils font
fuffifamment pourvus de racines, au moment
qu’on les fépare de la plante à laquelle ils appartiennent,
peuvent être tranfplantés fur-le-
champ en place à demeure, comme les plantes
provenues de boutures > & doivent être traités
de la même manière : lorfque, au moment de
cette féparation , on ne trouve pas qug^es re-
jettons &. fragmens de tiges foient fufmdlhment
pourvu* de racines y on les plante & on les
foigne comme s’ils étoient des boutures ; & 1 on
en obtient aifément ainfi de nouvelles plantes,
foit qu’on fafle cette plantation pendant le tems
du moindre mouvement de la sève ou de 1 Hiver
, foit qu’on la fafle au commencement du
renouvellement de la grande activité de la sève
ou du Printems' de chaque Pays. Cette efpèce
fe cultive, d’ailleurs, de la même manière que
celles, n.° 6, en y ajoutant les attentions buvantes
; on ne laiflera croître, des rejettons pro»
duits par fes racines, que ceux feulement dont
on aura befoin pour la multiplier, & on arrachera
tous les autres, à mefure qu’on les verra
paroître; parce que leur accroiflettient nuit à
fa végétation de la plante qui les produit, &
dérobe la nourriture aux plantes qu’ils avoifinent:
on ne laiflera fes tiges toucher la terre, ramper
fur fa furface , & s’y enraciner, qu’autant qu’on
le jugera utile pour obtenir le nombre de fra|-
mens enracinés de ces tiges, dont on croira avoir
befoin pour la multiplier : on ne lui laiflera que
celles de fes tiges qui fe foutiennent le mieux ,
on retranchera toutes fes autres tiges rempantes.
& l’on foutiendra, avec des échalas ou autres
appuis, les autres tiges qu’on jugera à propos do
lui laifler, de manière à les empêcher de s enraciner
-, parce que la multiplicité de ces enraci-
nemens des tiges nuit, comme la multiplicité des
rejettons, à la végétation des autres tiges de «
plante à laquelle elles appartiennent, ainfi qu a
la végétation des plantes voifines, & effritent M
terre inutilement. . R
L’efpèce, n.° 33, & fur-tout fa variété, fi.
fe cultivent d^ns l’Inde, àcaufc de leur ulagc
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dans l’art de la Teinture. On peut mùltiplier
ces herbes vivaces, très-aifémenr & très-abondamment
j par les jeunes plants que fourniflent,
en grande quantité, leurs nombreufes & longues
tiges rempantes & radicantes. Il faut -aufli
avoir foin de ne laifler les tiges de chaque plante
ramper fur la terre, & s’y enraciner, qu’autant
qu’il eft néceflàire pour la multiplier. Ce foin
eft aufli utile aux plantes de cette efpèce, & par
la même raifon, qu’aux plantes de l’efpèce, n.° 7.
Culture dans U climat de Paris.
La Carmantine en arbre, n.® 1., fe multiplie
©rdinairement, dans ce climat, par boutures &
par marcottes. Ces boutures & ces marcottes
s’enracinent facilement. La terre la plus convenable
à fa culture eft, fuivant Miller, une
terre légère & fubflantieufe, telle que feroit,
par exemple, un mélange exaél de deux parties
de bônne terre à froment, point argilleufe &
bien meuble, avec deux parties de terreau de
vieille couche bien confommé, ou avec une
partie feulement de ce terreau & une partie de
terreau de bruyère, le tout palfé au crible. La
faifon la plus favorable à la .multiplication de
cette efpèce par boutures, eft pendant les mois
de Juin & de Juillet. On fait ces Boutures avec
des branches de l’avant-dernière fève & d’une
belle venue, qu’on coupe par fragments d’environ
huit pouces de longueur. On taille proprement,
en bec de flûte, la hafe de chacun de ces
fragmens. On plante ces fragments ou ces boutures
ainfi faites & préparées, dans despots remplis
avec la terre indiquée. On en plante plufieurs
dans chaque pot. On enterre fur-le-ehamp ces
pots, julqu’à leur bord, dans le terreau d’une
couche de chaleur modérée. On les met à l’abri
des rayons du foleil & du grand air par des pail-
laflons. Il eft utile de les couvrir avec des cio- i
ches ou avec un chaflis de vitrage. On arrofe
ces boutures afîiduement & légèrement tous les
jours, jufqu’à ce que leur végétation annonce
qu’elles ont pouffé des racines. Lorfqu’elles font
enracinées, on diminue les arrofemens, l’on ôte
les abris par degrés, & on les accoutume, peu-
à-peu, au plein air, auquel on pourra, enfuite,
les laifler expofées jufqu’à ce qu’il foit tems de
les tranfplanter, ou jufqu’à la fin de l’Eté fi on
pe les tranfplante pas avant l’Hiver. Quand on
juge que les plantes provenues de ces boutures
font fuffifamment pourvues de racines pour pouvoir
être tranfplantées avec fuccès, u faut les
féparer les unes des autres : car, fi alors on les
laiffoit plus long-temps, plufieurs enfemble dans
même pot, ces jeunes plantes'fe déroberoient
réciproquement la nourriture néceflàire & s’étio-
teroient. Alors donc, fi la faifon n’eft pas trop
avancée, on choifira un temps brumeux pour
1« féparer & les tranfplanter, chacune à part,
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dans un pot rempli avec la terre indiquée. En
les féparant pour les tranfplanter, on leur con-
fervera le plus de racines qu’il fera poffible, on
leur confervera à chacune une motte, fi cela fe
peut, & on laiflera leurs racines expofées à l’air
le moins long-temps que l’on pourra. Aulfi-tôt
après cette tranfplantation, on donnera à ces plantes
un premier arrofement copieux pour appliquer
la terre contre leurs racines ; puis, on
enterrera fur-le-champ les pots dans le terreau,
; d’une couche tiède, afin que les plantes puif-
! fent reprendre promptement, & fe fortifier fuffifamment
avant l’Hiver. On les abritera du foleil,
& on les arrofera afliduement & légèrement,
jufqu à ce que la végétation des plantes annonce
qu’elles ont pouffé de nouvelles racines. Alors
on les arrofera moins fouvent, & on ôtera,
peu-à-peu, les abris pour accoutumer les plantes
au plein air par degrés. Je viens de dire que
cette tranfplantation doit avoir lieu aufli-tôr que
les plantes font fuffifamment pourvues de racines
pour cela, dans le cas où la faifon .n’eft pas alors
trop avancée; mais, dans le cas contraire , c’eft-à-
dire, fi alors la fin du mois d’Aoûr étoit paffée,
il vaudroit mieux laifler ces plantes enfemble,
jufqu’au Printems fuivant, dans les mêmes pots
où ont été plantées les boutures qui les ont
produites, que de les tranfplanter plus tard en
Automne: car, en ce dernier cas, elles n’au-
roient pÿs le temps, avant l’Hiver, de fe remettre
de ia langueur qui fuit toujours une tranfplantation
, de bien reprendre & de fe fortifier fuffifamment
pour réfifter à la rigueur de cette
faifon. Lorfqn’après cette tranfplantation, cette
plante, après avoir bien repris, aura été accoutumée
au plein air, on l'y laiflera pendant
tout l’Eté, pourvu qu’elle foit placée dans une
expofition chaude & abritée.
A cet âge, & à tout âge, cette efpèce demande
les foins fuivans : pendant les grandes chaleurs,
on doit lui donner des arrofemens copieux
qui lui iont alors très-avantageux : mais il faut
diminuer confidérablement les arrofemens pendant
les quinze derniers jours du mois de Septembre
, afin de l’endurcir & de la difpofer ainfi à
réfifter d’autant mieux à l’Hiver prochain : vèr*
la fin de Septembre, on. rentrera cette plante
dans une bonne orangerie où elle paflera l’Hiver,
& où il faudra la traiter comme les orangers,
avec cette différence, qu’elle doit être arrofée
plus fouvent, quoique légèrement, aufli, à chaque
fois : quoique cette plante foit originaire des
climats les plus chauds de la zone-tor/ide, elle
eft cependant aflez dure pour pafler ainfi l’Hiver
dans le climat de Paris, fans le fecours d’aucune
chaleur artificielle : il eft très-à-propos de
la placer proche des fenêtres de l’orangerie, afin
de la préferver de la moififîùre : les plantes
cette efpèce doivent refler dans l’orangerie, jàf-
qu’à la fin de Mai : fi on les en fprtoit plutôt.