
feulement un peu plus de gfofleùr, & la coquille
paroir plus lifte & moins épaifle ; leur
couleur eft allez ordinairement verdâtre à l’ex-.
térieur : il s’en trouve d’un blanc terne, le
jaune eft gros & affez foncé -, cuits à la coque,
le blanc ne devient pas laiteux, il’ acquiert
une conftftance de coîle, a une couleur d’un
blanc pâle, & un goût un peu fauvageon,
mais bouillis, ou en omelette, ils '-font fort
délicats. En Picardie , les payfannes recherchent
avec empreflement ces oeufs pour faire leurs
gâteaux. Comme il s’établit parmi elles une forte
d’émulation pour faire briller dans les grandes
folemnités, leur talent en fait de pâriflerie, il
n’eft pas rare , aux approches de la fête patronale,
de voir les ménagères courir à trois ou quatre
lieuespour fe procurer des oeufs de Cane qu’elles
emploient de préférence, parce qu’ils donnent
un meilleur goût , une plus belle couleur, &
n’exigent point autant de beurre ; à la
véritéfi au lieu de levure elles ne fe fervoient
que de levain de pâte ordinaire, leurs gâteaux
i'eroient plus délicats & ne fécheroient pas aufli
promptement $ j’ai aufli remarqué que quelques
jaunes d’oeufs de Cane ajoutés aux omelettes,,
les rendoient plus délicates, s’il ne valoit mieux
les,réferver pour la oouvaifon, & les confommer
fous forme de Canards.
Couvaijon des Canes.
La Cane n’eft pas naturellement dîfpofée à
couver, c’eft pour l’y inviter que vers la fin
de la ponte on laifle ordinairement deux autres
oeufs dans chaque nid , ayant foin d’enlever
tous les matins les plus anciens afin qu’ils ne
foient pas gâtés ; on lui en donne depuis huit
jufqu’à douze, félon qu’elle eft plus en état de
les embrafler, en prenant garde fur-tout de les
afperger d’eau froide, comme quelques Auteurs
le confeillent affez mal-à-propos 3 car cette précaution
eft au moins fuperflue , fi elle n’eft pas
auifible • pour bien faire, il faut autant que l’on
"peut, que ce foit toujours fes propres oeufs, ou
du moins qu’ils dominent dans le nombre, car
elle ne couve les oeufs d’une autre Cane qu’avec
peine , & par complaifance pour les liens \ le
feul teins où la Cane demande quelques foins,
c’eft lorfqu’elle couve , alors, comme elle ne
peut aller, chercher fa pâture, il faut avoir
l’attention de la mettre devant elle, mais aufli
quelle qu’en foit la quantité , elle s’en contente ;
on a même remarqué que trop bien nourrie
elle couve mal ; la couvaifcn dure un mois,
& les premières couvées font ordinairement les
meilleures, parce que les chaleurs de l’Eté contribuent
beaucoup à leur développement -, le
froid empêche toujours les dernières couvées
de fe fortifier.
On reproche à la Cane de laifler refroidir fes
oeufs quand elle les couve -, cependant, |f, ^
Réaumur ditavoireu une Cane de l’efpèce la plié
commune, qui paroifioit encore plus inquiète de
ce refroidifîement auquel les oeufs alloieat être
expofés pendant quelle prendroit de la nourriture
, que les pouks ne paroifloient l’être
pour les leurs -, par rapport à un 'pareil teins
elle ne quittoit ion nid qu’une fois par jour*
vers les huit à neuf heures du matin, & avant
de les abandonner, elle les couvroit d’une ceuche
de paille quelle tiroit du corps du nid pour les
mettre à l’abri des impreffions de l’air; cette
couche épaifle de plus d’un pouce, cachcitfi
bien les oeufs, qu’il étoit impomble de s’imaginer
qu’ils s’y trouvoient.
Il s’en faut, à la vérité , que toutes les Canes
de la même efpèce donnent des preuves d’une
aufli grande prévoyance pour la confervation
de la chaleur de leurs oeufs, que celle dont il
s’agit; il arrive fou vent qu’elles les briffent refroidir
, d’ailleurs elles ne peuvent en couver
que huit à dix, & conduifeqt leurs petits trop
vite à l’eau, où il en périt beaucoup fi le tenu
eft froid. Toutes ces raifons déterminent ordinairement
les fermières à faire couver les
oeufs de Cane par des poules ou par des poules
d’Inde plus douces & plus aflidues que les Canes.
Ces mères empruntées affeélionnent très-bien
leurs petits, dont la furveillance exige une certaine
attention , parce que ne pouvant être
accompagnés dans les endroits aquatiques, peur
lefquels ils montrent dès en naifîanr la plus
grande propenfion, ils fuivent la poule fur
rerre, & s’endurciflcnt un peu auparavant de
s’expofer à l’eau fans^ aucun guide.
Les Chinois font fort induflrieux pour élever
les Canards : beaucoup ne vivent abfolument
que de leur commerce ; les uns achètent les
oeufs & les vendent, les autres les font éclore
dans des fourneaux, & trafiquent .leurs couvées;
il y en a enfin qui s’appliquent uniquement à
élever les peîits. Quelques Anglois , à l'imitation
de ces peuples, fe- font aufli attachés à perfectionner
cette éducation : leur méthode con-
fifte-à entretenir un petit nombre de vieilles
Canes, &à donner à couver les oeufs à une poule
pendant huit à dix jours feulement, après quoi
ils les enterrent dans du fumier de cheval,
ayant foin de les retourner fans-deffus-deffous,
de douze en douze heures, jufqu’à’ ce quils
foient éclos ; on ne peut douter que s’il étoit
pofiible de réunir aflez d’oeufs de Cane pour en
former une couvée complerte , l’art de fair®i
éclore artificiellement les poulets, applap
aux Canards feroit fuivi d’une réuflite plus cQnn
plettê, vu que ces derniers oifeaux font moin5
difficiles à c lever que les poulets ; il fular0IH
de les tenir enfermés une douzaine de Krtirj
dans cet endroit appellé la pouffïnière, don1
j’aurai -occâfion de parler dan? la.fuite, & 0 I
'il feudroit leur laifler quelques baquets d’eau
pour barboter ; au bout de ce tems, ou pourrait
les mettre en liberté & ils viendroicat à merveille;
pourvu qu’ils euffent dans l’enclos où on
les lâcherait, une mare , un petit rùiffeau. Lorf-
qu’on peut fe procurer des oeufs de Canes fau-
vages, il eft facile de les faire éclore en les
confiant à une Cane domeftique, ou mieux à
une poule ; on trouve les nids dans les joncs,
dans les bruyères qui avoifinent les pièces
d’eau fréquentées par ces oifeaux. Rien enfuite
n eft plus facile a apprivoifer que les petits qui en
proviennent, ils s’accoutument à la domefticité
au milieu des autres Canetons privés, dès qu’on
à eu foin de leur couper la partie extérieure
3 une des deux ailes ; fans cette précaution, ils ;
5envoleraient avec les Canards fauvages, qui
Ajournent habituellement dans certains cantons,
>u qui y paflent par troupes à une époque fixe
le Tannée.
On dit & on répète que la Cane refufe de
:ouver fes oeufs , lorfqu’ellc a été elle-même
iouvée par une mère d’emprunt, mais c’eft
in préjugé i Tinftinél delà Nature triomphe de
out. Jamais je n’ai apperçu aucune répugnance
à I incubation des Canes , quoique couvées ori-
jnairemen t par de s gâllines ou par des poules
Inde. Dès que Tes petits font éclos , ils fe
rainent machinalement à la première mare voi-
omne : M. Bambourney , Savant eftimable, croit
voir remarqué que jufques à ce qu’ils foient
■ peu-près croifés, une couvée ne fe mêle
a$ ni fur 1 eau , ni fur la terre , chacune s’i-
<le, mais fans fe battre ni paraître fe haïr.
Des Canetons.
Ils font trente & un jours à éclore, foit
ron laifle à la Cane le foin de couver fes oeufs,
quon les ait confiés à la poule ou à la
» ! » ! V p eft poflible d’en élever beau-
;l'P ® * peu de frais, parce qu’ils vont cher-
er une partie de leur nourriture prefqu’au i
nir de la coquille. A peine font -ils nés que
ane ^ niène à l’eau , où ils barbottent &
pgent d abord ; mais il faut infenfiblement
| accoutumer à revenir à la maifon pour pré-
KÏha .acc^ePfs pourraient leur arriver.
I ; 011 avoir pour les Canetons les mêmes
5iae pour les pouflins & les dindonneaux,
m'r\[ 3PeuvenE paffer de mère aufti-tôt qu’ils
• . .j ^eur meilleure nourriture dans les
Ie,rs j°urs eft du pain ■ émietté, imbibé de
> eau, d’un peu de vin onde cidre; quel-
c l0lll's après on leur prépare une pâte faite
tésU Panc^e feuilles d’ortie , tendre ,
fcnVrl 1 r 65 bien menues & d’un tiers de
de blé de turquie , de farrazih ou d’ojge ;
jt., l^te ,les dé rebut préalablement
J,(cs qufis ont acquis un peu de force, on
leur jette beaucoup.d’herbes potagères, crues
& hachées, mêlées avec un peu de fort détrempé
dans 1 eau ; lorge, le gland, les pommes
de terre cuites, de petits poiffons quand on
en trouve, conviennent également à ces oifeaux
qui le jettent fur les différentes fubfiances çu’ils
rencontrent, & montrent, dès leur plus tendre
cniance, une voracité qu’ils confervent toute
leur vie.
Les Canards font fi vivaces qu’un oeuf caffé
par curiofité ou par accident deux ou trois jours
avant le terme de la couvaifon , peut encore
donner un Caneton, fi on le recouvre adroitement
avec une autre coquille; j'ai vu faire
îoiiyent ces raccommodages avec fuccès.
Pour fortifier les petits avant d’aller à l’eau
il faut les tenir enfermés fous une mile ou
auge à poulet pendant huit à dix jours, & avoir
loin u y tenir un peu d’eau, ce qui eft facile
! quand ils ont eu pour couver la poule ou la
poule d Inde ; alors ils s’endurciffent fur terre
en leur biffant la liberté, un penchant naturel
les entraîne bien-tôt vers l'eau, ils s'y plongent
les poules ne pouvant les fuivre , témoignent
par des cris & des gémilfemens qu’ils ne comprennent
point leur inquiétude & leur alarme
lur la famille adoptive ; état que Sï. Roht a
h bien rendu dans fon poème de l'Agriculture ■
on doit prendre encore quelques, précautions
avant de laifler aller les Canetons avec les vieux
Canards, dans la crainte que ceux-ci ne les mal-
traitent, & leur donner à.manger comme aux
autres volailles , toujours dans le même endroit
& aux mêmes heures, afin qu’ils s’y trouvent
Régulièrement & ne s’écartent point ; il eft nécef-
laire au Ut de les accoutumer i revenir le foir
de les tenir enfermés fous les torts qui leur fom
deiunés, & de placer ces toits, autant que le local
le perinet, a portée de la mare ou delà foffe de
la baffe-cour.
Nourriture des Canards.
On peut les abandonner une partie de l’an-
née à eux-mêmes ; ils fe nourri(Tent des grains
répandus dans la baffe-cour: avec cés oifeaux
ü ny a rien de perdu :, les criblures & balayures
de greniers les herbages, les racines ' les fruits
tout leur, eft propre , pourvu que ce qu’on leur
donne foit un peu humide ; il arrivé même que
quand ils font a portée de l’eau, ils v trempent
leur alimcnt pour les humcêier, aufli aiment-ils la
pomme de terre cuite & lesautres racines potagères-
ç’eft à caofe. de cet attrait pour l’humidité
qu ils fe planent dans les prairies & dans les
pâturages qu’il fercit facilcraenrpeïlihie de couvrir
de plantes, que les Canaids fecherchem &
aiment le plus : mais il paroit que tout ce qui
approche du charnage eft fort de leur goût &
concourt fingulièrement à accélérer leur croit