
d'une redevance, qui efl un des revenus des
terres , par exemple, de celle de Poyanne.
Dans l'intérieur du Royaume , il y a des cantons,
ou la majeure parue de là iubfülance des
Bêtes à laine confifle dans ce quelles trouvent
aux champs. On leur conferve lentement, pour
l'Hiver, un peu de feuillages defféchés, ou un
peu de foin -, tel eft l’ufage, en Limoulin & en
Sologne.
En général, on nourrit, en France, les troupeaux',
à la bergerie, pendant l'Hiver. Le relie
de l’année,'ils.font nourris dans les pâturages,
foit naturels, foit^artificiels.
Les Bergeries doivent être garnies de râteliers,
dont les uns font Amples, & s’attachent aux
murs, & les autres doubles, & en forme. de
berceaux ; ces derniers fe nomment doubliers.
On les place au milieu.
Ils font faits de barreaux de bois, de deux
pieds de longueur, d’un pquçe de diamètre ,
éloignés les uns des autres de deux pouces &
demi, pour une petite race, & un peu plus,
fi la race ell grande, & a le mufeau gros.
Il faut auffi des auges, pour certaini alimens,
qu’on ne peut mettre dans les râteliers., & pour
recevoir les graines & te,parties de bon fourrage,
qui tombeioient fur le fumier. On les fait
de voliges-, on. leur donne fix pouces de profondeur,
un pied de largeur en haut, & fix pouces
au fond.
La bonté des pâturages naturels dépend de la
fituation & de la qualité du terrera. Les meilleurs
fe trouvent fur celui qui eft fec, léger,
élevé &-en pente. L ’époque où les plantes Font
le plus nourriffantes eft. lorfqtf elles, font prêtes
à fleurir, ou lorfqu elles! commencent a fleurir.
Plus jeunesVelles font trop aqueufes, plus avancées,
elles font trop dures.
Un mouton ; de taille médiocre, mange, par
jour, huit livrés ’d'herbes fj#ches, qui, fanées
& féchées, fe réduifent à dèux livres de foin.
Cette observation èlt due à une-expérience de
M. Danbemon. Une herbe, qui ne- ferait pastres.-
aqueitfe, n’éprouver oit pas fans doute une telle diminution.
Les herbes fraîches côntenanthcaucoup
<Feau , les moutons, cjuisennourriffent ne boivent
pas.
Quand les Bères à laine n e . trouvent rien à
manger dans la campagne , ou quand elles.ny
trouvent pas allez d’alim'ens, ou que le mauvais
tems ne permet pas de les faire fortir, il elt
néceffaire de t e nourrir,, en, totalité, ou en
partie, à la bergerie. Les râteliers alors fe garmffent
de fourrages, & les auges d’è fiibftances aa on
ne peut mettre dans, des rateliefs., Selon le cli--
mat & les reffourices du pays, on commence,
& on ceflb la nourriture û la bergerie , ou
plus tôt ou plus tard.. C’eft le matin & le foir (
qu’on donne à manger aux Bêtes à\ laine. Au
milieu du jour, on les mène aux champs,
ne fût-ce que pqur leur faire . prendre l’air ’
& pour entretenir ,un exercise qu’on leur croit
falutaire. Si l’on eft forcé cfe lès, tenir toute la
journée à la bergerie, on profitera du milieu
du jour, pour leur donner des feuilles de plantes,
ou des racines, qui contiennent de l’eau.
Les fourrages entièrement fecs^ ne conviennent
guère aux Bêtes à laine. Il faudroit qu’ils
fulTent entremêlés, au moins de tems en feins r
d’herbes fraîches, telles que le éotëat, & autres
efpèces de choux, qüi gèlent difficilement, oü1
de racines, telles que ceilles de carottes, de
panais, de chervi, de falfifi, de raves, de navets
, de topinamboux, de ppmmesi-de-terre, &c..
M.Daubenton aeftirnéqu’ou pouvoit donner, par
repas, à un mouton, indépendamment ,du.fourrage
fec , une livre & dejime de chou environ
trois livres de carotte^ une livre & demiç
de navets, de topinamboux , dé' pommes-de-
terres, &c.
L ’avoine, l’orgé, le fon de froment, profitent
encore davantage nux Bêtes à. laine. Une
petite poignée, par jo u r , à çhaqueBète, fuffitpour
la préferver des mauvais effets de la . nourri-
\ ture lèche en Hiver.
[ On peut encore leur donner du chene.vi ;
de la graine-de genêt, des glands, de la bourre
de foin, qui contient les graines nourriflantes
de beaucoup de plantes, & des tourtaux, ou
efpèces de pains faits avec. le marc de chenevi,
de colza, de navette, de noix-, de lin. ;
Les féveroles, les pois, les lupins, fe maïs;
les v efees,.le s j lentilles , les harricots , fi oji
en récoltoit plus que les • hommes n’èn - côik
fomment, conviendroient bien auffi à ces animaux
, pourvu qu’on leur en donnât avec
modération, parce que ces graines les échauf-
• feraient.
La graine de genêt , lès' glands 8c les lupins:
.‘ ont befôin de tremper dans eau. auparavant,
pour perdre leur amertume'; ‘on a dit, qiieles
glands, fî on en donnoit plus d’une.fois par jour,
aux Bêbes à laine, leur occafiônnéroient du dévoie
ment; c’eft certainement une erreur; ces fru its^
d’une nature aftringente, pradùirôient l’eiid
contraire, & pourroiént donner lieu à des M j
preffions fâcheufes. Je connôis des Riverains
dé forêt, qui ordonnent fagement à leurs Bergers,
de n’èn laiffer manger que très-peu â lelirs
Bêtes à laine..
On met le' plus ordinairement dans jes
teliers des Bêtes à laine des gerbées, laites «j
grains avec leurs tiges., foit qu’on les- (lonn,
telles qu’on les a r é co lté e s fo it qii’oniles ai
imparfaitement battu*, pour Jès priver Pu
I partie de leurs grains. Les bonnes gerbées font
icelles d’avoine , parce que la paille en eftten-
I dre • on en donne auffi de froment, qui font
i jes plus nourriffantes ; de feigle , d’orge, ou de
|,«rrains mêlés, qu’on appelle brele'e ; de vefee ,
R o is , lentilles, harricots recueillis avant la ma-
I turité. On appelle confeigle un mélange de frôlaient
& deleigle ; màutorne ou.'‘moncùrne un
I mélangé de pois' & de vefee ; dragée , un mê-
lîange d’avoine, de vefee d’Eté, & de pois, ou
| un mélange d’avoine■ , de pois, de vefee , de
Ilentilles”, ’ de lupin^, de fenugrec , qui fervent
■ pour les. troupeaux;.
I Les figés de toiires ces planrès., les bâtes des
I graminées & les coffes des légumineufes, Jorf-
Iquelles. font dépouillées totalement de leurs
1 graines ; les tiges dy. lin même, après qn^on
IT’a teillé, font aufli données aux Bêtes à laine ;
I celles des., plan tes légumineufes font connues fous
Iles noms de c/iaillats, pefuts, & c , . Mais il faut
|convenir que lé lin fec ne les nourrit prefque,
■ pas. La difettCi feule; d’autres, alimens peut déterminer
à, en-, -faire, ufage. •
I Afin de. fixer â-peu-près la quantité qu’on
■ doit1 donner, de çes. fubftance$ , M. Dauhenton 1
leftime que , pour ùfi mouton.de taille médiocre,
il faut par” jour deux livres-&-demie de paille
Id’avoine, dont iL réjette celle qu’il ne trouve
■ pas bonne ;’ ce qu’il dit de la paille d’avoine,
Ion peut le dire de!celle du froment, du
| feigle , & dès chailjats. Les paillés du froment &
Iles chailiats,’quelque-foin qu'on ait pris pour
Iles battre, contiennent toujours quelques'grains
ladhérens dansles b'âles & dans les gbuffes ; mais
len cet état iis' ne fuffiroient pas pour fubftan ter
Iles Bêtes a laine. Ou il n e 'fau t pas-battre à
Inet, ou donner en même-tems d’autres ali-
■ mens. On doit rejeter les gerbées ,- la paille &
Iles bâles d?orge , à caufe odes’ longues barbes,
■ qui peuvent s’arrêter dans la gorge, ou l’oefo-
»hage des animaux, ou s’introduire dans leur
■ lame. Les-fermiers attentifs exigent de leurs ber-_
Igers qu ils falfent fortir les Bêtes à laine des
Bergeries,. chaque fois qu’ils les affouragent ;
■ car au mpment où on étend le fourrage, dans les
> il tombe des débris (fe bâles, de paille
g de barbes, qui çntreroient dans les toifons
Ey .jes gâterojent. Les Bêtes à laine prennent
facilement l’habitude de fortir dans ce moment ;
K 11 T trouve un. fécond avantage , c’eft qu’en
I e rependant dans ta cour elles foulent les
■ ptmers.
. • --—— .W1VMIVV J/UU1 1 11/ M.I Udlis
. rtains pays ; on appelle ainfi des branches d’ar-
K "e, 5 Satnies de leurs feuilles, qu’on coupe
; 3 : ^ ve ^ A°ùt & qu’on fait fécher à'
’bnvi Te P,our. les conferver. Gelles d’aune, de
> de charme, de frêne , d’or-
ïie r« f a a ifîei!5 Allier , forbier , des peu-
E , ’ cytifes, des faules, de 1’ acacia, du
hêtre, du jo-marin haché , des chênes, des érables
, font les meilleures. On doit cependant
craindre à l’égard de celles de frêne, qu’il n’y
ait deffus des cantharides ; les Bêtes à laine feroient
expofées à des inflammations des reins & de
la veffie. Elles manger-1 auffi avec plaifir des
feuilles de tous les arbres fruitiers des jardins'ot
des vergers , dont on peut faire fecher & conferver
en fagots les émondtires, ayant foin qu’elles
ne moiffffent pas. On ne fait pas fécher les
branches, des arbres verts, parce que lés feuilles
tomberoient ; mais on les coupe en Hiver, à
mefure qu’on en a befoin; on doit feulement les
mettre tremper dans l’eau pendant vingt-quatre
heures. Les branches du, génevrier, fe s feuilles
trop piquantes dans l’arrière-faifon , ne peu—
^eût fe manger qu’après être ramollies. La taille
de 1 olivier, qui fe fait tous les deux ans, fournit
une bonne nourriture aux Bêtes à laine dans
une faiferi, où les herbes font encore peu
abondantes ; elles dévorent les olives, qui en
Automne tombent fous les arbres. Elles aiment
beaucoup le .marron d’inde & même fon enveloppe
piquante. Les feuilles de vigne font en-'
cote une bonne reffource. Voye^ au mot Bête
a cornes la manière de les nourrir.
Pour bien entretenir les Bêtes à laine à la
bergerie, il eft avantageux de leur donner des
herbes fanées des prés naturels ou artificiels.
Les bons prés font les prés hauts ou les prés
bas, qui ne font pas inondés; les herbes en
font fines & tendres. Ceux qui bordent la
mer & dans lefquels fe dépofe du fel font très—
Recherchés du bétail ; à choies égales , il préférera
les foins coupés avant la maturité des
plantes , & récoltés fans être mouillés ; dans
ce cas, ils ne s échauffent & ne i'e pourriffeiit
pas dans le fenil. Le foin altéré pourroit caufer
des majadies, fur-tout des maladies de poitrine.
Les prés artificiels font formés avec le fro-
mental, la coquiole, le ray-grafs, &c. de la
famille des graminées, la luzerne , le trèfle , le
fainfoin, la pinprenelle, &c_. Le fainfoin veut
être mêlé avec un peu de paille ; deux livres
de chacune de çes plantes defféchées fuffit, par
jour , pour un mouton. Il n’y a pas jufqu’à Fé—
corce des peupliers, des fapins, & d’autres arbres
léchée & brifée, qu’on ne donne aux Bêtes
à laine. Ces derniers -aliinens ne font pas fubf-
tantiels , mais on ne les emploie que dans la
grande néceflïté, quand on ne peut abfolumenc
s’en procurer d’autres.
Dans l’impoflibilité où je fuis de faire connaître
la manière dont on nourrit les i Bêtes à
laine toute l’année dans chaque Province de
France, je me'bornerai àexpofer celle d’unçan-
ton très-détendu, voifin de Fille dé France-, que
j’ai été à portée d’étudier. Ce canton étant un desr
moins favorables à j ’éducation des Bêtes à laine '