xième partie du premier volume. ( M. l ’A b b é
Tessier. )
CARDON de Tours. C y n a ra ca rd u n cu lu s f p i -
n o jijjim a . V o y e [ A r t i c h a u t , Cardon de Tours.
n.° 2, V. C. (M. Thovin.')
CARDON d’Efpagne. Nom vulgaire & généralement
adopté du C yna ra c a r d u n cu lu s . L. V. B.
Plante potagère du genre des A r t i c h a u t s .
V o y e \ ce.mot. ( Af. Re ynie r ).
CARDONETTE o u CHARDONETTE. Synonyme
de Cardon , ufité dans quelques Provinces.
( A f . Re ynie r ).
CARDURE fauvage. Nom vulgaire que l’on
donne dans quelques Provinces au C h a r d o n
à Foullon. D ip f a c u s fu l lo n u m . V o { e \ C a R D È R E .
n.° i. Var. B. (Af. Dauphinot. )
CAREMAGES. Nom que l’on donne en
Bourgogne, aux grains que l’on féme au Prin-
tems, parce que le Carême fe trouve dans cette
(aifon. ( M. l 'A b b é Tessier. )
C A R E N D E . C e l l u n d e s n om s q u e l ’ o n
d o n n e a u x C h a r a n f o n s , in l'e é te s d e f t r u è le u r s d e s
g r a in s . ( M. Thovin. )
CARENE. Les Botaniftes ont impofé ce nom
au pétale inférieur des fleurs papillonacées ,
fur je ne fais quelle reflemblance qu’ils lui ont
trouvé avec l’avant d’un vaifleau. Cette partie
comprend ordinairement lès parties fexuelles &
l ’ovaire , fur-tout avant la fécondation. Elle
varie pour fa forme, & fes différences fervent
beaucoup à la confection des genres. (AL R e y nier.
) CARI E.
C’eft une maladie des ftomens, qui mérite la
plus grande attention de la part des Cultivateurs,
parce quelle peut faire un tort confidérable à
leurs récoltes , & par conféquent au Public , qui
profite, ou perd, félon que les récoltes font
plus ou moins abondantes'& pures. Ces motifs
m’ont déterminé à étudier cette maladie & à
publier, en 1783 , les recherches & expériences
que j’avois faites »..elles font partie d’un ouvrage
intitulé : Traité des Maladies des Grains. Depuis
cette époque, je n’ai ceffé de m’en occuper tous
les ans, en repérant des expériences déjà faites,
& en en finiflanr de nouvelles, autant pour mon
inftruètion, que pour éclairer les Cultivateurs
dont j’érois environné. J’ai été affçz heureux
pour que mes foins fuffent de quelque utilité,
non-feulement g plufieu: s fermiers de la Beauce,
mais encore à un grand nombre d’autres, répandus
dans diyerfes parties de la France. On ne
fera donc pas étonné que je donne à cet article
un grand développement. Onze ans de recherches
fuiviesfans interruption , & d’expériences variées
de toutes les manières & en différens cantons,
m’ont procuré beaucoup de faits qui m’ont paru
capables de jeter un grand jour fur cette
matière.
Avant la Differtation de M. Tillet de l’Acaw
démie des Siences, fur la caufe qui corrompt
& noircit les grains de bled, imprimée à Bordeaux,
en 1755 , on conTondoit les maladies des
grains & on ies prenoit les unes pour les autres.
Les Ecrivains, qui n’étoient pas obfervateurs &
ceux qui l’étoiènt, ne s’entendoient pas fur les
noms qu’ils donnoient à chacune * l’un décrivoic
la C a r ie , qu’il appelloit Cha rb o n *, l’autre ex»
polbit les fymptômes & les lignes du Charbon
qu’il appelloit C a r ie . Ce qui augmentait la con-
fufion, c étaient les diverfes dénominations
adoptées par les Cultivateurs. Celle de N id le
eft encore le plus généralement reçue *, on s’en
fert pour défigner ou le Charbon ou la Carie,
la Rouille même, ou Es trois maladies enfemble,
fans les difiinguer. Enfin , l’Académie de Bor»
deaux propofa pour fujet d’un prix, de trouver
la caufe qui corrompt les grains de bled dans
leurs épis & qui les noircit, & les moyens de
prévenir «es accidens. M. Tillet, doué d’un jugement
fain , & animé du defir de faire un
travail d’une grande utilité, & capable de cette
exactitude, je dirai même de ce fçrupule, fi
néceffaire dans les Sciences qui intéreffent U
vie ou la fortune des hommes , M. Tillet fe
livra à la recherche de la caufe d s maladies que
l’Académie de Bordeaux defiroit connoître ; il
débrouilla tout, & fixa à chacune le nom qu’il
crut le plus convenable, en forte qu’il «’eft plus
poUible de les confondre maintenant. Il appellà
C a r i e , celle dont il s’agit, par une analogie entre
fes effets & ceux de la Carie des os. Le pris
fut accordé à,fon Mémoire, rempli de faits &
de preuves. Ses. réfui ta ts, fur-tout, méritèrent
l’accucil le plus favorable, puifqu’ils préfen-
toient des moyens de détruire , ou plutôt de
prévenir la Carie des fromens, Mais le travail
de M. Tillet était encore fufceptiblé d’être perfectionné,
comme on le verra bien-tôt. La Carie
des fromens n’avoit point été examinée fous tous
les rapports. Je donnois fur une maladie du
feigle les plus grands détails, qui m’autorifoient
à faire les mêmes recherches fur les autres fléaux
des grains , dont l’influence pouvoit déranger la
fan té des hommes & celle des beftiaux. J’avois
donc des titres fuffifans pour m’occuper aufli ;
de la Carie des fromens. Au refie, c’eft atta her
quelques fleurs de plus à la couronne méritée
par M. Tillet, puifque fi j’ai ajouté aux con-
noifiànces qu’il a répandues_, c’eft à lui qu’on
en eft redevable , fon ouvrage ayant fervi de (
bafe à cette partie de mes recherches.
Pour mettre quelque ordre dans un article,
auquel j’ai dû donner- de l’étendue , j’ai cfl*!
devoir le divifer en deux parties. Dans la pr«‘
niière , je cpnfidererai la Carie phyfiquement, &
indépendamment de fes effets , c’en - à - dire ,
j’expoferai d’abord la nomenclature de cette graine;
je la décrirai; je Cuivrai fes progrès depuis*«
mot»«1*'
juomèftt où elle fe forme , jufqu’à ce (JlFeîIe ait
acquis fa maturité', je rendrai compte de ce
quelle ^préfente quand on l’analyfe chimiquement,'
j expoferaî fes caufesfit fa manière d’agir.
La Carie, dans la deuxième partie, fera corifi-
dérée par rapport à fes effets ; on y verra fi les
hommes ont à en craindre quelque chofe , fi
les animaux, auxquels on en donne, en font
incommodés, le' tort qu’elle fait aux Cultivateurs
, enfin les moyens d’en préferyer les
fromens.
N om s d onnés h la C a r ie .
Depuis le travail de M. Tillet, & les écrits
des Agriculteurs modernes, on a déjà adopté,
dans diverfes contrées de la France, la dénomination
de C a r ie . Les autres s’en tiennent encore
à celles qui leur font plus familières. La
Carie eft appellée N i e l l e dans la majeure partie
| du Royaume. En Dauphiné, on la connoît fous
! le nom de C a r b o a c le • aux environs de Brignole,
en Provence, fous celui de C h a r b o u ille 1 en
: Breffe, dans le Lyonriois, foiis celui de C h am -
I hucle | aux environs de Montargis , en Gâtinois, 1
I fous celui de C h a r b o n , mot ufité dans beaucoup
; d’autres pays ; près Mirecourt, en Lorraine, fous *
ceux de M o u ch e r o n & de. bled M o u c h e t é ; ce dernier
mot eft aufli ufité dans beaucoup de pays :
dans la Combraiile ou voifinage de l’Auvergne ,
i fous ceux de M o la g e & de N o i r ; ce dernier mot
eft encore ufité dans beaucoup de pays ; en
Bourbons bis, fous celui de M a c h u r é \ en Vivarais, j
près Annonay , fous celui de M o u c h e tu r e ; aux ;
environs de Lille en Flandres, fous ceux de i
Broudure ou B r o u fu r e * près d’Arjac, en Languedoc
, fous celui.de Charbontj.el\ en Limousin ,
(près Saint-Yrieix , Fous celui de P o u r r i tu r e ; en
; Alface,. aux environs dé Soulz , fous celui de
But{-, dans l’Anjou, fous ceux de F o u d r e , b le d
poudré j en Beauce , fous celui de B o j f e ; dans
jle Yexin François, fous celui de C lo q u e ; aux
environs d e Saint-Jean-d’Àngély, en Saintonge,
i fous celui de R u b le ,* dans le pays d’Àunis, fous
celui de N u b l i ; dans beaucoup d’autres endroi ts,
jous celui de g ra in s b o u t é s , ou grains qui ont
le B ou t ; auprès de Breteüil en Picardie, fous
I celui de F a u x r - B l e d ou C lo c h e ; à Vefoul en
Franche-Comté, fous1 celui de G r a s . Il y a fans
doute un grand nombre de noms qui ne font
pas parvenus à ma connoiffanee. Cette grande
diverfité exigeant un nom fixe & invariable,
jai adopté celui de M. Tillet : la deferiprion
levante doit écarter toute Confufîon.
D e s c r ip t io n d e s 'g r a in s C a r ié s .
Ils ont la forme un peu ohîongue , inégalement
arrondie, & généralement femblable à
celle des grains de l’efpèce de froment à épis
ancs fans barbes, tige creufe * un grain Carié
A g r ic u ltu r e . T om e I I .
a depuis une ligne & demie jufqtPà troîs lignes
de longueur , fur un diamètre d’environ une
ligne. A une des extrémités on voit deux, filets
réunis, qui | font faillans ; à l’autre extrémité,
le* fibres de l’écorce fe rapprochent & expriment
la place d® l’infertion dans la bâïe , mais il n’y
a point.de germe. Sur une des parties de la fur-
face, moins arrondie que l’autre, paroît un fil-
ion peu profond, qui fe porte d’un bout à
l’autre. La couleur du grain Carié eft d’un gris-
brun. On découvre à la loupe qu’il eft ridé
comme la peau du Lycopédon mûr • fon écorce
aride & fèche renferme une poudre noire fine '
graffe au toucher, fans faveur, mais d’une’ odeur
très-infeéle , que M. Tillet compare au poiflon
pourri. Si on l’examine au miçrofcope t après"
plusieurs heures d’infufion dans l’eau , elle n’offre
qu’un amas confidérable de globules, à demi-
tranfparens , très-diftinéls, & prefles les un»'
contre les autres. La groffeür d e ces globules .
raefurés à un bon micromètre, varie d’un cent*
quarantième à un deux cents quatre—vingtième
de ligne-, ceux du fromenr, de l’efpèce citée
varient d un foixante-&-dixième à un cinq cent
foixantième de ligne ; ce qui indique que ce
froment a des globules plus gros , & de beau-
i coup plus petits que ceux de la Carie. Les
grains de Carie font très-légers à leur maturité.
■ Un litron qui contiendroit vingt onces de froment,
feroit rempli par huit onces & deux gros
de grains Cariés. Sur quatre onces de ceux-ci V
il ÿ a trois onces & dçu.x gros de poudre, &
fix gros d’écorce.
A q u e lle ép o q u e s ’ a p p e r ço it -o n d e P e x i f t e n c e d e
la C a r ie , & q u e ls en f o n t l e s p rogr ès ?
Jufqu’ici il falloir avoir des yeux très-exercés
pour reconnoître un épi Carié, feulement un
peu avant qu’il parût ou fût forti du fourreau.
M. Girot, Commi.ffaîre à Terrier, dans le pays
Chartrain, m a fait parvenir un Mémoire fur
la Carie , dans lequel fe trouve une obfervation
que j ai vérifiée. Il croît avec raifon qu’on peut,
dès^ le moment ou le froment lève, difiinguer
les pieds qui doivent donner de la Carie. Ils
font d’un vert foncé , Comme celui de la feuille
du Chêne, & les tiges ternes; les feuilles des
pieds fains font d’un verd pré, & les tkes
blanches. À l’approche du terme ou l’épi doit
fe montrer, les tiges & les feuilles des pieds
Cariés font minces &. d’un vert plus fombre que
celles qui appartiennent à des épis fains. Qu’oi\
ouvre un fourreau renfermant un épi Carié ‘
qu’on développe les bâles de cet épi, on y verra»
un petit corps de couleur verte, qui paroît être
l’embryon renflé & furmonté de deux ftiginates
nues & non aigrctéés ; les trois anthères flafques
& fans pouflière, s’élèvent un peu au-deifus. -
Si' l’on preffe fous les doigts ce petit corps, if
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