
te La première paire de mules eft plus rapprochée
du conduélcur que la fécondé -, la féconde
plus que la troisième, •& ainfi de fuite.
Chaque paire de mules marche de front, &
ainfi quatre paires de mules décrivent huit cercles
concentriques , en partant de la circonférence
au conducteur, ou excentriques en partant du
conducteur à la circonférence. »
« Ces pauvres animaux vont toujours en tournant,
i l efl vrai fur une circonférence d’un allez
large diamètre, & cette marche circulaire les
auroit bientôt étourdis, fi on n’avoit la précau-^
tien de leur boucher les .yeux avec, des lunettes
faites exprès, ou avec du linge -, c’eft
ainfi qu’ils trottent* du foleil levant au foleil
couchant, excepté pendant les heures du repas.
»
u La première paire de mules, en trottant,
commence à coucher les premières gerbes de
l’angle -, la fécondé , les gerbes fuivantes, &
ainfi de fuite. Le conducteur , en lâchant la
corde ou en la refferrant, les conduit où il
veut, mais toujours circulairemeiiî, de manière
que lorfque toutes les gerbes font aplaties, les
animaux palfent & repailem fucceflivement fur
toutes les parties. r>
« Pour battre le bled avec les animaux , il faut
choifir un beau jour & bien chaud ■ la balle
laifié mieux échapper le grain. »
Les mules ne font pas les feuls animaux qu’on
emploie. On fe fert auffi des chevaux, des ju-.
mens, des ânes & des, boeufs même.
Le Battage fe fait toujours en plein air ; ce qui
a de grands inconvéniens, à caufe des pluies &
des orages, qui durent plus ou moins de temsV
On fe hâte, dans ce cas, de recouvrir de bâles &
d’épis le froment battu ; mais il peut s’échauffer &
s’altérer..
. Dans beaucoup de pays méridionaux , foit
qu’on y batte les grains en les fàilant fouler,
foit qu’on les batte au fléau, on les nétoie autrement
que dans les pays du nord. Le procédé efl
bien au fond le même ; mais il en diffère en ce
.qu’on fe fert d’un infiniment qui réunit l’aéhon
du vent ou le vannage & le criblage. Cet infiniment
eft connu fous le nom de tarare, efpèce
de crible. V e y * i Crib le. J’ai vu des fermiers
en Picardie, dans l’Ifle-de-France & dans l’Or-
léanois, faire auffi ufage de ce crible , qui éft
très-commode & permet de nétoÿer des grains
par toute forte de tems.
M. l’Abbé Rozier annon^qu’il en coûte 19-Mv..
15 fols pour battre de cette manière quarante
feptiers de froment, qui , d’après les poids qu il
indique, en forment 16 de Paris. Il s’eft afturé
par des expériences, qu’il y a deux fols & quel—-
que deniers d’économie par cent livres, à faire
battre au fléau. Or, quarante feptiers font quatre
raille livres, ce qui porte l’économie à un peu
plus de quatre francs, & fait voir que le prixdu
Battage au fléau dans les pays dont M. l’Abbé I
Rozier veut parler, fe rapproche beaucoup de
celui des environs de Paris, où l’on donne feize
francs à celui, qui rend année commune feize I
feptiers de froment battu. 11 faut à un ouvrier de I
force moyenne dix jours pour battre cette quan- I
tité de grain. On fait que les gerbes en contiennent I
plus ou moins félon les années. Voye\ le mot
Abondance, j ' -
• Cette manière de battre le grain étoit en ufage
dans f Attique', fuivant la deferiptien abrégée ,
mais fuffifante, qu’en donne M. l’abbé Barthélemi
dans le voyage du jeune Anacharfis , d’après I
Théocrite , Homère & Héûode. Voye^ le Voyage I
du jeune Anacliarfis, pages 184 & 185, du 3.® I
volume , édition in-4."
Le Battage par les pieds des anintaux a plufieurs I
inconvéniens fuivans : premièrement les épis, I
fur-tout dans les Etés pluvieux , ne fe trouvent I
jamais battus parfaitement, en lorte qu’on eft I
obligé quelquefois de les repaffer foqs le fléau* I
2.0 La paille eft tellement hachée , qu’elle au- I
roit de la peine à fe conl’erver long-tems & ne I
pourroit fendr à d’autres ulages qu’à la nourri ture I
des animaux. 3.0 Elle ne fauroit être propre ; & I
le grain eft, comme elle , fali d’urine & d’excré- I
mens. Çes- inconvéniens ont fait abandonner I
cette efpèce de Battage par quelques perfonnes, I
même dans les lieux où il eft en ufage /de I
tout tems. Néanmoins on peut dire que c’eft
la manière de battre la plus expéditive & par con- I
féquent la plus avantageufe dans un pays où l’on I
auroit befoin d’accélérer ce genre de travail. Elle I
: épargne des bras d’hommes *, ce qui peut être en- I
core une confidération quant ils font rares , ou I
diftiibués entre différentes occupations également I
; prefféês; enfin ne pourroit-il pas fe faire que lès I
I tiges des fromens cultivés dans les pays chauds, I
étant fortes & dures, elles euffent befoin d’être I
brifées, comme en Amérique on brife la canne I
: à lucre avant de la donner aux befliaux. Dans ce I
cas, ce foulage feroit en inême-tems une opéra- I
tiori néceffaire pour la paille. Ce n’eft donc I
qu’aux cultivateurs des pays Méridionaux qu’il I
appartient de prononcer fu r l’avantage de Tune
ou de l’autre méthode. Encore eft-il bon d’obfer- I
ver que ce qui convient à ceux d’un canton de la I
même province , ne convient pas à ceux d’un au-1 I
tre , s’ils fe trouvent dans des circonftancès diffé-
rentes.Ce qu’on peut aflûrer feulement, c’eft que I
le Battage par les pieds dés animaux ne peut I
. être adopté par les cultivateurs des pays du Nord I
de la France , parce que les grains adhèrént trop I
dans leurs bâles & qu’on a befoin de conferver la I
paille entière.
Battage h la lierje.
Cette méthode eft d’ufage dans le Levant & en I
Turquie,fuivant M . l ’Abbé Rozier ( Cours com- I
pTet d'Agriculture ) dont j’en emprunte la def-
crip tiori.
« On bat le bled avec une efpèce de herfe ,
longue de dix à douze pieds, fur huit à $ix de large.
Sur la partie antérieure eft fixée une boucle
de fer pour attacher la corde qui doit ferv# à la
traîner. Les bois du côté de la^herfe, ont quatre
pouces d’épaifleur, ainfi que les traverfes placées
à la diftance de huit ou dix pouces l’une de f autre.
Dans ces traverfes, ainfi que dans leur encadrement,
font fixées des pierres dures & tranchantes
& fort près les unes des autres. On attèle enfuite
un ou deux chevaux, ou des boeufs,& un homme
afiîs fur la herfe conduit les animaux qui la tirent,
& la promènent fur les gerbes couchées fur le fol
de faire, préparé de la même manière que celui
de nos aires. Si l’homme, monté fur fa herfe *
trouve qu’elle n’eft pas. affez lourde, il met à côté
de Jui quelques greffes , pierres, & la machine
coupe & brife les épis, & en détache le grain. On
dit cette méthode très-expéditive & comparable
par fes effets au travail de dix Batteurs. »
Daps eette dernière, méthode, on fait faire à la
herfe, armée de. cailloux , ce que font les pieds
des animaux dans la précédente. Les tiges y doivent
être, pour ainfi dire,broyées. Pour la blâmer
ou [’approuver , il faudrait en connoître mieux
les détails, & fàvoir fi elle remplit parfaitement
le but qu’on fe propofe. J ’obferverai encore que
les bleds de ces. pays ont la paille dure & forte •
le Battage au fléau ne fuffiroit pas pour [’attendrir,
affez. Les pailles des fromens des pays chauds
font phis favoureufes que celles des pays frpids.
On ne fauroit défapprouver un ufage, qui les dif-
poferoit à être mangées plus facilement par les
animaux.
Battage au tonnxau ou h la ta,hle. |
On établir dans faire à peu de diftance de la
muraille ,.un,tonneau ou ime table,,qu’on affu-
iétit. Le batteur, défie chaque gerbe fune après
laiure-j prend autant de...tiges que- lès- deux
niai ns peuvent en embrafler, &préfcntapt les épis
du côté du tonneau,ou d éjà table, ^frappe à
grands coups,; po,ur en faire jaillir tout le grain ,
..TO: le,répand dans l’aire & en plus grande quantité
entre le tonneau ou la table & la muraille. Si
la paille eft deftihée à fervir pour des liens ou pour
fes autres ulages., dont j’ai parlé , on ne .choifit
que la plus belle & la plus longuie,. Quand les . épis
ont été frappés de tous les côtés fur le tonneau
pu lur .la table , le batteur prend la moitié des
!ges dans chaque main, les tenan t du côté des
P1S > en 1®S fecouant fortement, il fépare les ■ tû
ges coincés, des grandes-, elles tombent d.ans faire
pour y être battues au fléau. On réunit les granr
; es tiges , poignées à poignées pour en faire ,d,es
ger es, qu on lie tout-autour en ajoutant un lien
q 1 part d’un point du lien circulaire & fe rend
1 à un autre, paffant par la bafe des tiges ; en cet
1 état, on les conferve pour f ufage.
Ce moyen eft quelquefois employé pour obtenir
du froment de feinence pur. Dans ce cas, dès que
les épis font égrainés par le tonneau ou par la table,
on jette dans faire les grandes & petites tiges,
qu’on bat enfemble au fléau. On a foin de ramaff
1er à part le grain tombé auprès, du tonneau ; ordinairement
il eft presque pur. On lui fait
fùbir plus ou moins de criblages ou après l’avoir
vanné -, ou après l ’avoir jeté au vent. Celui , qui
réfulte du Battage au fléau , a befoin de plus de
précautions, parce qu’il eft mêlé de grains cariés
& de toutes les raauvaifes graines qui étaient dans
les gerbes.
Battage aux baguettes.
Dans.le champ même où on a récolté, foit de
la navette, foit de la moutarde, foir toute autre
graine menue:, on place de grandes & fortes
toiles; on y apporte les tiges des plantes, au moment
du jour le plus clmid ; avec des baguettes,
on frappe fur les enveloppes qui contiennent la
graine,.pour la faire fbrtir. Les tiges enfuite font
emporrées à part, ou pour être brûlées, ou pour
être converties en fumier. Il y a des cultivateurs
qui nétaient la graine fur-le-champ, en la paffant
d abord a un, crible, qui la laifle-échapper toute
& ne retienne que les enveloppés, dont on fe
débarrafle; ils la ramafient poiïrla mettre dans un
crible plus fin que le poudrier dont il a été quef-
rion plus haut. D’aiuresculrivateurs,contens d’avoir
battu les .plantes fur place, tr&nfponer la
graine > pour la rtétoyer, ou dans faire d’une
grange ou dans un grenier.
O n demande lequel eft le plus avantageux
de battre les grains auffi-tôt qu’ils font récoltés ou
de différer leBattagejufqu’en hiver. C ’eft comme fi
on demandoit pourquoi dansjes provinces Méridionales
de France, on bat immédiatement après
lamoiflon, & pourquoi dans les provinces Septentrionales,
on réfervè la plus grande partie des
grains pour les battre en hiver ou pendant tout
le cours de l’année ; ca r , degrés le relevé de ma
correfpondance, j e y ois cette différence bien marquée.
Dans les pays, Méridionaux, prefque per-
fonce ne retarde le Battage de fon grain ; dans les
pays .Septentrionaux , les glaneufes & les particuliers
qui ont befoin, ceux qui craignent que
leur récolte, peu confidérable., ne foit dévorée
par les rats & les fouris, & les fermiers qui veulent
rfe procurer des feinences ou vendre pour
fatisfaire à leurs engagement, font les feuls, qui
fe pieffent de battre ; les autres ne commencent
qu’après la Touffaints, & continuenr quelquefois
jufqu à la Saint-Jean ; il y en a même qui con-
fervent plufieurs années des meules fans les faire
battre. Si j’interrpge les habicans du Midi du
Royaume, les uns répondront qu’on bat pi omp