
foins ne peuvent être exigés que dir Berger d'un I
troupeau, qui ne foit pas trop nombreux. Car, dans
de grands troupeaux , on ne peut prendre
ces précautions.
C ’eft quand les brebis reviennent des champs
mouillées , qu’elles font le plus Sujettes a mé-
connoître leurs agneaux. Ces petits animaux fe
jetant fous les toifons, fe couvrent d’eau , qui
éteint les émanations par lefquelles les mères les
diftinguoient. Si le Berger n’y fait pas attention
il y en a beaucoup qui allaitent d’autres agneaux
que les leurs, plufieurs agneaux tettent deux
mères & dans ce défordre, les plus foibles ne
tettent pas.
Lorfqu’une brebis a le pis engorgé & douloureux,
elle ne veut pas fe laiffer tetter, à caufe
de la douleur quelle éprouve. Le Berger vigilant,
ou la trait pour diminuer l’abondance devait &
la fenfibîlké, ou applique quelques topiques ,
propres à produire un relâchement..Pendant ce
te ms, il fait boire du lait à l’agneau & le donne
à fa mère, quand elle efl foulagée.^
On doit encore regarder fi les brebis, qui font
prêtes à mettre bas, n’ont pas de la laine autour
des mamelons; l’agneau en tettant en avalerait;
elle s’amafleroit en pelotons dans celui de fes
efiomacs, qu’on appelle la caillette & pourrait
l'incommoder ou le faire mourir ; le Berger
doit ôter cette laine. Quelquefois il eu obligé
de comprimer les mamelons, c ell-à-dire, lesbouts
du pis, afin de les déboucher en faifant fortir
un peu de lait.
Lorfqu étant aux champs, il s’apperçoit que
plufieürs brebis font prêtes à agneler, il fe rapproche
de la ferme ou de la métairie, & fait
rentrer fon troupeau à la bergerie plutôt qu’à
l ’ordinaire ; les brebis y agnelent plus commodément.
Si quelqu’une n’a pas le tems de gagner
la maifon, le Berger aura l’attention d’arrêter
la marche des autres, jufqu a ce qu’elle ait agnelé
& fe foit remife. Cette attention efl fur-tout né-
ceflàire pour les jeunes bêtes qui donnent leur
premier agneau; par-là, on efl à portée de les
îecourir, fi elles en ontbefoin & on les empêche
d’être inquiètes ; l’envie de fuivreles autres les
troubleroit & les engagerait à quitter leur agneau
avant qu’il fût en état de marcher. Dans les,
tems rigoureux, le Berger emporte dans une
poche à la ferme, les agneaux qui naiffentaux
champs.S’ils'ont fouffert du froid, ïl les réchauffe
en les mettant dans'dû foin, ou en les enveloppant
de linges chauds, & en leur faifant avaler
une cuillerée de vin, ou d’autre liqueur fpiri-
tueufe.
On remarque qu’il y a des brebis, qui ne
prennent aucun intérêt àleurs agneaux. Soit défaut
de caraélère, foit effet de la domefliçité, foit
toute autre caufe, elles les abandonneroient, fi
on ne parvenoit pas à leur faire prendre de l ’attachement
pour eux. ZI faut chaque fois quelles
arrivent des champs, les leur préfenter, & mêiné
leur lever lajambede derrière, afin que les agneaux I
n’en foient pas rebutés & foient plus à portée des I
mamelles; ce qui réuffit encore mieux , c’eft I
de laiffer enfemble à la . bergerie un jour ou I
deux,- la mere & le petit. Les Bergers prétendent I
que les mauvaifes mères - font celles'qui ont!
reçu le mâle fans defirs & comme malgré elles. I
Si une brebis ne lèche pas fon agneau , il faut I
répandre fur lui un peu de.fel en poudre, pour |
l ’engager à le lécher par l’appât du fel. La failen I
étant humide & froide, on peut même effuyer I
l’agneau avec du foin ou un linge.
J ’ai cru devoir raffemhler ici toutes les -atten-* I
tions que doit avoir un Berger, lors de l’agne- I
lement, quoique j’en aie rapporté quelques-uns I
au mot agneau. 11 fera plus commode de les
trouver réunies. D’ailleurs je fuis entré ic i dans plus I
de détails ; ce qui arrivera toujours pour les mots, I
qui feront faits après les autres. Plus je m’inf- I
truirai, plus je ferai en état de communiquer à I
mes leéleurs les connoiffanees que j’acquerrai. I
Toutes les précautions, que je viens dindi-l
quer, exigent des foins vigilans & des connoif-1
fances. Un des grands mérites d’un Berger, c’efl I
d’amener à bien le plus d’agneaux poflibles. J’en I
ai connu, qui fur n é brebis, avoient jufqu à
ilz.agneaux en bon état.
Soins du Berger a la bergerie.
Dans les pays, où l’on nourrit les bêtes a l
laine en hiver à la bergerie, le Berger les approvi-1
fionne du fourrage, qu’on lui permet de donner, I
foit de feuillages fecs, foit de foin, foit de vefees, I
ou de pois fanés, foit de pailles de froment ou I
• de feigle imparfaitement battus. Lé fermier doit I
régler lui-même la quantité de nourriture; car
fouvent les bergers , pour rendre leur troupeau I
plusbeau, en donneraient une trop grande quan- l
tité; le troupeau ne profiterait pas à fon maître I
en proportion de ce qu’il lui coûterait, & on I
rifqueroit de le faire périr. Lorfque la nourri-1
ture efl sèche, & que le tems n’eft pas pluvieux, I
fi les bêtes à laine ne paiflent pasdvherbes fraîches I
& humides aux champs, on leur tiendra à la I
bergerie de l’eau^pTopre dans des baquets ; pour I
peu qu’il s’y introduisît de l’ordure, les animaux I
ni boiraient pas ; les ordures ôtées, elles bdi-
raient une quantité d’eau proportionnée à leur!
altération. Il faut éviter les grandes boiffons a I
, des animaux toujours difpofés à l’hydropifie : on I
a vu dès brebis avorter par cette caufe.
Précautions quand on a châtré ù tondu.
Communément ce font les bergers qui châtrent I
les agneaux mâles. Ils doivent prendre déspryI
cautions pour n’en pa> perdre. Ils tondent aulu I
fènr troupeau, & même lavent le? laines, dans
- quelques pays. Beaucoup de fermiers confient
i ces opérations à des châtreurs, à des tondeurs &
■ à des' laveurs.de profeflion, qui tous lès. ans
' reviennent, au tems marqué , où on emploie
f le u r talent. Voye\Castration & Bêtes a laine.
■ Les .Bergers .éviteront de laiffer mouiller
■ leurs troupeaux récemment tondus, parce qu’ils
■ en fouffriroient beaucoup; une partie même y
Riiccomberoit.
I Le Berger doit couper les cornes de fes béliers
■ ’&. les-brider, s’il en efl befoin, & couper la
I queue de fes agneaux. On coupe chaque année ,
la u mois de Mars, lès cornes des béliers, qui fe
ihlefferoient les uns les autres en fe battant, arra-
| cheroient la laine des brebis, en approchant trop
■ près d’elles, ou s’embarrafferoient dans les hrouf-
■ ^laiEës. Voyei à l ’article bête à laine 5 la manière
içle' couper les cornes des béliers. Lorfqu’on n’en
Sa pas un affez grand nombre pour en faire un
■ troupeau féparé, on les empêche de faillir trop
Itôt les brebis, en leur attachant un linge, qui
ipend au-deffous du nombril, entre le nombril,
S& la.verge, moyennant une corde, qui fe noue
■ fur le dos; ce qu’on appelle brider. En France,
mon ne coupe que le bout de la queue des agneaux.
■ Les Espagnols la coupent à environ 3 pouces
;4e l’anus.. Voye[ Agnea-u. .
Attentions pendant le parcage.
». Pendant l’Eté & pendant l’Automne, les Bergers
/font parquer leurs troupeaux dans une partie
|de la France. L ’intention du maître , efl de pro-
Icurerà fes champs un engrais fuffifant. Le Berger,
■ qui dirige le parcage, s’y conforme. Pour certifier
fie fuccès.de fon opération, il faut, qu’à qualité
/égale, du fol, la végétation dans les champs parqués
fok uniforme, & que les grains ne verfent
ïpn aucun endroit. Il efl donc indifpenfable que
le berger connoifle les habitudes des bêtes à
laine, la manière, de les faire fienter où il veut,
la nature du terrein fur lequel efl aflls fon parc ,
•|es heures de le changer dé place, l’étendue,
qu il doit avoir relativement au nombre de fes
|nimaux. V oyei Bêtes a laine.
Conduite aux champs. '
R L a bonne conduite des troupeaux aux champs
pendant le jour, fuppofe dans le Berger la con-
Çoiftance des herbes toujours nuifibles & de celles
Ipg ne Ie font que prifes en trop grande qnan-
fté, °u par la fécherefle, ou par l’humidité. Il
lan a quelles heures il convient qu’il forte &
il rentre, félon les faifons & le tems; il évite
0 taire courir les brebis pleines, ou de leur
^irc fauter des foffés, afin qu’elles n’avortent
B ? ’ 11 JBodère l’ardeur de fes chiens, & fe fait
B p re Sucement par fon troupeau, quand il
veut en réridre la marche lente; il efl en garde
contre les loups , fur-tout lorfqu’iL• approche des
bois-, il empêche que, les - terres cultivées, ne
foient mangées & ne réferve aucune jachères-,
pour certains momens ; car cette réferve nuit aux
propriétaires de ces jachères, parce que la terre
s altère, fl on y laifle croître des plantes inutiles.
Le bon berger s’écarte du troupeau le moins
poflible ; fon troupeau en efl mieux, parce que
les chiens, plus près du berger, ne fe permettent
de maltraiter aucune bête. 11 prend beaucoup
de précautions contre les loups. Voyer^ au mot
bêtes à.laine, ennemis dés bêtes à laine.
Prévoyance. contre les maladies.
Je voudrais qu’un Berger fût inflruir de toutes
les maladies des troupeaux & plutôt encore qu’il
eût l’art de les prévenir que de les guérir. Il
peut fe garantir long-tems de. la clavelée^ en
n’approchant pas dès troupeaux du v oifinage,
s’ils lui font fufpeéls, en défendant à fes chiens
de courir fur aucune bête étrangère, en ne lail-
fant d antres chiens que les liens roder autour
de fon troupeau, en préférant, s’il voyage, les
grands chemins aux lieux écartés, en-ne permettant
de toucher fes bêtes a aucune des perfonnes
qu’il foupçonneroit avoireu communication avec
des animaux infeélés. Aufli-tôt qu’il en voit une
malade, il ’efl obligé d’avertir fon maître. La
pourriture & la maladie du fang, quoique non—
contagieufes, doivent être évitées avec beaucoup
de foin: très-fouvent elles font dues à la négligence
du Berger, qui mène fon troupeau, ou dans
des pâturages humides; ou dans des lieux où
crament des plantes aromatiques. La gale le propage,
non pas d’un troupeau à l’autre, mais de bête
a bête dans un troupeau, & diminue le produit delà
laine, fi le berger n’a foin de panfer tous les
jours avec l’onguent les animaux qui en font
atteints. L inflruélion de M. Daubenton pour les
Bergers peut être un excellent guide & fuppléer
aux écoles de bergerie1, qu’il faudrait peut-être
établir dans les campagnes en France, comme
il y en a en Suède. Je crois qu’il ferait auflî
avantageux de ne confier un grand troupeau,
qu’à un Berger, qui aurait conduit un petit trou-
peau, ou une divifion fous un berger éclairé &
capable de l’inftruire. .
Apprivoifemerit dé quelques bêtes.
Les Bergers Efpagnols font faire à leurs troupeaux
tous les mouvemens qu’ils veulent fans
employer de chiens, qui ne fervent que la nuit
à les~dëfendre contre les ours & les loups. Us
attachent des fonnettes au cou de quelques béliers
ou moutons. Par un fixement de la langue, ils
les font aller ou s arrêter à volonté; ces animaux
guident les autres. Les Bergers François ne feraient