
«,î4 B E T
de conflmffiop d’étable ou de vacherie, au mot
Jierme. , . , Dès que le Printems arrive & que les près
commencent à fe couvrir .de verdure , on tait
fortir des étables la .jeuneffe appellée Vaffive;
on la mène, dans des parages de la, meilleure qualité,
qu'on ne fauche jamais & qui. font autour
des domaines, pour fervir de pâture journalière
aux boeufs de travail aux animaux malades ;
on l'y mène, afin de l’égayer, de lui faire refoirer
l’air & (le la rafraîchir par 1 herbe tendre.
Cette première fortie fe fait vers les derniers
ioursdeMarsQU .au commencement d’a v r i l , dan»
les domaines de la parue inférieure des vallons.
Peu de jours après,;toutes les bêtes de la va
cherie vont dans les prairies , après avoir langui
Jong-temsdatss des étables, dont elles ne fortoient
que deux fois par jour pour aller à 1 abreuvoir.
T)ans des premiers momens , elles témoignent,
par leurs mugiflèmens &.par la légèreté de leur,
courfe , toute la-joie, tout le plamr queues
reffentent de refpirer un air nouveau, de.pai-
ire de l’herbe fraîche. On continue cependant
à leur donner pour-la nuit un mélange: de paille
ÿt de; foin , jufquà la montée , c.efi-a-tlire,
iufati’au.'moment où elles vont,,à la montagne.
S’il n’y a plus d e ’ fourrage, ce qui. arrive quand
l’hiyeiirti . été-long , elles font, réduites à la pâture
«les prairies’ V-cette difette diminue leur lait. .
Vers le huit.ou.le dix de Mai, les vacheries
iiaffes & le mieux expofées vont à la montagne;
ü le rapport d’un vacher , .qu’on y . a envoyé auparavant,
annonce que l’herbe a allez pouffé,
t e s vaches, lorfque la douceur de. la lapon les
v invite, marquent une grande impatience.de faire
le voyage. La for-tie des étables dans les vacheries
jour, pour fe faire traire. Ce parc efl fermé de claies
à jou r , qu’on change de place de tems en teins,
afin que la vacherie couche fucceffivement fut
tout le terrain qu’on veut engratfler. Dcsvachcrs
intelligens ont des claies tiflties de baguettes beau,
coup plus hautes que celles des claics.à jour, c cil
un abri, qui adoucit la violence des ouragans,
garantit des pluies froides du .commencement
de l a . faifon & foulage beaucoup les -animant.
Il n’efl point d’ orage de grêle ,’ q u i, frappant
for une vacherie , ne fupprime le lait pour
deux jours. 11 y a des propriétaires qui ont fait
cônftriiire des murs, pour mettre , leurs vaches
, un peu plus à couvert. Les veaux ,, dans une!
loge , où ils habitent, font toujours protégés coti-l
tre les «mires de l’air' & les incurfions des |
loups. Les. vaches ne fortent de leur parc pouf,
aller en pâture „ qu’ après que la rolée S les '
brouillards font diffipés. On emploie la ma-l
tinée à les .traire: & à faire. tefter les veaux,
Les vachers attentifs & intelligens ne leur biffent
hautes,Le fait dans le même|ordre , mais
tin peu plus tard. 11 y en a aux pieds des montagnes
de Sailers & du Mont-d O r , .qui ne for-
le n t , pour aller dans les prés que vers la fin
.de Mai '& qui ne vont fur les .montagnes.que
dans- le mois de Juin. Le fommet du Cantal
•n’eft garni -d’herbe qu'a cette époque ; les vacheries
ne peuvent y aller plutôt ; mais celles-ci
ne »manquent jamais de fourrage julqua la
” ' tUnee vacherie étant compofée. de différente
.forte d’animaux , lorfqu’elle prend fon elfor ,
tout s’achemine vers la montagne , vaches, tau
féaux , vaffive, chevaux étalons, poulains truies
pleines & cochons à engraiffer. Il ne refie dans
4e domaine, que ; les. boeufs de labour , & les
lumens pleines ou qu’on veut faire couvrir.
; ‘Cette famille arrive 'dans fes nouveaux pâ
t ir a g e s ,. y reçoit le logement, qu’e l l e p i t r e
■ plus de tout l’Eté. Sa marche efl. régulière: &
tousLes mouvemensfont, pour ainfi dire,comptes.
•_ Les -vaches errent prefque tout Je. jour dans
-la montagne , & elles paffentjes,nuits dans un parc
•où elles fe rendent auffi à certaines heures du
prendre que ce qu’il leur faut de lait, dont!
ils connoiflent la qualité par la nature des herbes!
que mangent lesvaches. Souvent, raute.de cette
obfervation, on leur donne des indigenions lai-l
teufes. , i i
Les vaches en paiflant s’avancent lentement
vers L’abreuvoir, où elles arrivent à dix ou onze
Heures - elles continuent de pîutye Sc reviennent
au parc à une heure après midi. Lorlqu elles y
font raflemblëes toutes, on les trait de nouveau
-, elles retournent en pâture dans une autre
partie de la montagne , & à l’abreuvoir,!
comme le matin & rentrent au parc avant la!
nuit. A leur retour, on lés attache à des' piquets,
afin, qu elles ne,fe nuifenrpas,;-quelques vachers
préfèrent de ne pas les attacher , pour qivel«
puiffentfedéfendre contre les loups,allez hardi:
quelquefois pour aller les attaquer dans leurs parc,
La vaffive fort auffi de fa loge pour aller
paître aux heures indiquées. Elle a fon quartier
feparé-, on ne lui abandonne que le plus ma^
gre pâturage/ " } n r J
La marche de tous ces animaux efl h exaej
tement méfurée, qu’il n’y a point d heure Alla:
journée, où un vacher ne puifie fixer w
quelle partie de . la montagne fa vachene pâture
, fans la voir. Cette habitude efi tyès-écon
mique & bien entèndue. Par ç.e moyen, chaq®-
portion de pacage relie intaéle pendant ung'
quatre heures & n’eft point foulée, en forte J*
Lherbe a le tems de repoùffer. M. de Bnie
fait à cette occàfio'ii une remarque îrès-judicieur
c’eft que ce mouvement lent & unirosme J
très-favorable à la féerétion du lait. Les vaca j
ont obfervé'que fi leurs vaches-fe fatiguent,
pour aller à un abreuvoir éloigné, ou peutJ
autre 'caufe, leur lait diminue fienfibienieR ’
Le froid • & la neige viennent enfin les ci
YCtfla fin de Septembre. Leur première împrean
bflfi fenfihlel ce§ animaux, qui viennent d’ëprôu-
ver une faifori fou vent très-chaude, que' leur lait en
bft dimintié dé moitié. Dès que les-gelées blanches
arrivent, on fe hâte de les faire defeendre
flans la plaine pour y confommer jès dernières
Serbes. Tout eft rentré dans les domaines à la
Touflâints; '
La plupart des vaches ont pris le taureau
pendant le cours de l’E ré; elles font devenues
pleines. C’eft une des principales caufes dé la
diminution de leur lait. Elles n’en ont prefque
plus quand elles font enfermées dans fétable,
lu mois de • Novembre^
« Pour foigner les befiiaux dans la montagne,
& pour tout le travail de la laiterie1, on emploie
deux hommes pour vingt vaches, trois
Jour trente, cinq pour cinquante, 8c fix pour
fiuatre-vingt ou cent vaches. Ceux quicondüifent
le travail de la laiterie s’appellent Buroniers ,
parce que Buron eft le nom de l’endroit où
l’on faitles fromages. J’en parlerai au mot Chalet
qui eft plus connu depuis les fréquens voyages
èn Suifle & les Ecrits de Jean-Jacques Roufféàu.
I La manière dont..en Suifle on conduit les vaches,
pendant l’Eté, a beaucoup d’analogie avec
êelle dont on lès conduit en. Auvergne. C’eft
fans douce à-peu-près la même dans tous les
pays de montagnes qui fe dëgarnifîent de neige
en Eté, & où. cës animaux font une des principales
fources de richefle. En examinant moi-
même fur les lieux ce qui fe'paffe dans celles
de Lorraine & de Franche-Comté, j’ai vu que
«économie ne différait prefque pas de l’économie
de la Suifle. Un Mémoire de M. Jean-Jacques
Dick, pafteur de l’églife de Bolligue, qui a remporté
un prix propofé par la Société économique
de Berne, en 17 70,donne des détails curieux
& intéreffans fur les alpes de l’Emmenthal, du
bailliage de Thun, de l’Oberland, qui comprend
lès bailliages d’Eenterfun, d’Intetlachen Scd’O-
çérsbali, duFrutigthrl, duSimmenthal, du pays
®e 9 eftenai, du pays de Vaud, & fur-tout dés
h^lliàges d’A iglè, de Yevai 8c de Bonmont, tous
âppartenafis au canton de Berne, confidérés
relativement au parti qu’on tire des vaches en
H ^té- J’en extrairai ce qui concerne le foin
« la nourriture de ces animaux.
11« i £S fai.r ■f,° r^r As leurs étables du milieu à
îann de Mai, félon que l’Eté eft-plus bu moins
l î f i l l f ^ que lès Alpes font printanières ou
Juives. On appelle printanières les montagnes
I* es, & tardives, les hautes montagnes; Il y a
® pays où l’on n’a que des montagnes bafîèà -,1
pures ou I on en a de bafles 8c de hautes ;
^on n’en a que de hautes. L ’Em- *
dâns 1 afe | f -ans 4| premier cas,- 8c LObèrland
<Hi d 6 r COt^-* k-es tr°upeaux des propriétaires
^2niïnunês, qui ont toutes leurs mon-
y biffent depuis le c^ifiniêri-
JUlquA la fin de là faifori»- Gçux qui en
ont de hautes 8c de baffes:, metténf d’abord lès
vaches dans les bafles, & enfuite dans les hautes t
lorfqu’après le rapport Y ifiteurs, elles.font
en valeur, c’eft-à-dire, coiivertcs dé'bonne herbe*
Enfin on fait paître les parties .baffes des hautes
montagnes les premières, 8c’ par degré les parties
élevées, fi on ne poffède que de hautes montagnes.
Par la même raifon que des montagne*
bafles les vaches vont aux hautes montagnes
ou des parties bafles de celles-ci aux paitieslea
plus élevées, elles redefeendent vers la fin de la
laifon, foit dans les montagnes bafles, foit dans
les parties bafles des hautes, pour y brouter ce.
qui s’y trouve d’herbe, 8c rentrer enfuite dans
leurs quartiers d’Hiver.
La difette de fourrage fec a fouvent forcé de1
faire fortir les beftîaux de leurs étables avant que
l’herbe eût acquis, dans tes montagnes bafles même
affez de force. La même caufe a déterminé ceux
qui n’ont que de hautes montagnes, à y mener
leurs vaches trop tôt, l’herbé commençant à peine
à verdir. Le bétail affamé l’eut bientôt dévorée;
le froid continuant, on n’eut d’autres reffources:
que de nourrir les vaches avec leur propre lait
8c quelques graines. On fe voit réduit à cette
extrémité, s’il furvient de la neige au milieu
de la faifon dans les montagnès où l’on eft fans
provifions.
Quelques jours après l’arrivée à la montagne,
quand les bêtes font fuffifamment repofées du
voyage, on mefure leur lait. On attend quelquefois
jufqu’à quinze jours pour faire cette opération.
Deux circonftances la rendent néceflaire:
Ou les pâturages de la montagne appartiennent
à des particuliers, qui, n’ayant pas affez de vaches
pour confommer toute Lherbe 8c faire.une
quantité fuffifante de fromages, en louent aux
payfans des environs, moyennant un p rix , qui
dépend de la quantité de lait qu’elles peuvenfi
fournir : ou ces pâturages appartiennent à. un©
Communauté, dont les membres ont le droit d’y
envoyer une ou plufieurs vaches. Comme on fait
parT expérience combien on retire de fromages,
de beurre , de ferai d’une quantité déterminée '
de lait, après le mefurage , tout eft réglé 3 8c chaque
propriétaire reçoit en Automne ce qui lui
revient. Ce font les propriétaires eux - mêmes-
qui mëfurent le lait ; ils fe transportent lîir la
montagne, 8c traient leurs vaches le matin 8c le
foir une fois feulement. Alors on pèfe ce lait,
8c ils s’en retournent.
Une vache feloue àpropo rion delaquaiititéde
lait qu’elle donne. Poiu le tems de la montagne,
c’eft' depuis 24 jufqu’â 48 liv, Par exemple, une
vache qui donnerait 10 à 11 liv. de lait, fe louerait
24 liv., 8c celle qui en donnerait le double, fe
kuer it 48 liv. On la lou davantâgê quand ôn
la mè^ paître dans d<s monta nés clangéréufes, •
prree qu’on à à coarir le r if ue de la perdra
deris-uri- précipice.