
de quelques autres tumeurs naturelles analogues,
édifiantes fur ces boutures , au moment de
leur plantation, foit à la bafe des feuilles, foit
à la bafe de l’infertion des bourgeons, que
fortent les racines que ces boutures produifent.
Ces obfervations leur fuggérèrent l’idée d’effaver
■ fi ce Bourrelet fupérieur des plaies annulaires
produiroit aufli des racines, dans le cas où l’on
planteroit, en terre & en faifon convenables à la
plantation des boutures ordinaires, labranche fur
laquelle il eft produit, après avoir féparé cette
branche de fon arbre, par une coupe faite
immédiatement au-deflous de ce Bourrelet. Ils
préfumerent que des effais, à cet égard, pour-
roient produire' quelque utilité : car, ont - ils
dit, fi la nature doit néceffairement produire
un Bourrelet à la bafe de chaque bouture d’un
grand nombre d’efpèces de plantes, avant qu elle ■
puiffe s’enraciner , il y a donc lieu de conjecturer,
qu’il fera très-utile à la perfection de
cette belle pratique de l’Agriculture, de forcer
la nature à faire le travail néceffaire à la
production de ce Bourrelet, fur chaque branche
deftinée à fervir de bouture, avant que cette
branche foit féparée de fa plante puifqu’on
parviendroit ainfi à diminuer très-confidéra-
blement la durée de cet état de léthargie,
dans lequel chaque bouture fe trouve , depuis
le moment de cette féparation, jufqu à
celui de fon enracinement, & pendant lequel
état, la féchereffe, ou l’humidité pourriffante
travaillent fi énergiquement, & fouvent réuf-
liffent à tuer les boutures -, & qu’il n’étoit pas improbable
, que par le moyen de cette diminution,
on pourrok appliquer cette pratique commode,
des boutures à quantité de plantes, à l’égard
defquelles on n’avoit pu l’employer utilement
jufqu’alors, parce que leurs branches étoient
organiféès de manière à fe deffécher, ou à
pourrir infailliblement, par l’effet de la trop
longue durée ordinaire de cet état de léthargie.
Ils ont encore imaginé qu’on pouvoit
fuppofer , fans abfurdité, que quantité d’efpèces
de plantes ne fe multiplioient fi difficilement,
-ou point, par la voie des marcottes, que parce
que leur organifation ne permettoit pas à leur
fève descendante 'de s’accumuler, en aucun
point de la longueur de leurs branches, à
un degré fuffifant pour produire des racines,
tant que le chemin de cette feve , ^ vers les
racines, étoit libre par quelque point de la
circonférence de ces branches *, & qu il y 3voit
lieu de conjeéhirer que l’opération de la plaie
annulaire réufliroit fûrement à produire cette
accumulation néceffaire. Ces Cultivateurs, Phy-
ficicns furent encore encouragés à tenter des
expériences à cet égard , en voyant plufieurs
de ces Bourrelets fupérièurs des plaies annulaires,
hérifiès de protubérances mammelonnées,
que l’analogie leur fit conjecturer être des
germes de racines y. conjecture d’autant mi««
fondée, qu’en difféquant ces Bourrelets anrS
laires, par une fe&ion longitudinale, dirJ
en même-tems, fuivant leur diamètre,
vant leur axe, ils ont vu, dans iépaslTeurè
ces Bourrelets, des faifeeaux de fibres ligneiî,
fes, qui s’écartoient de l’axe de la branche ei
fe dirigeant, plus ou moins obliquement,^
l’horizon fuppofé perpendiculaire à cet axe
& dont plufieurs fe propageoient jufqu’au fom-
met de ces protubérances.
Les expériences qu’ils ont tentées, à cet égard
en conféquence de ces réflexions, ont eu ||
plus heureux fuccès. Ils firent des plaies annu
laires fur des branches de plufieurs arbres 8
autres plantes fruticantes, que ju fq u ’alors ot
n’avoit pu multiplier par .la voie des bouta
res. Il le produifit toujours un Bourrelet j
la lèvre fupérieure de telles plaies. Ces braa
ches furent enfuite plantées avec ces Bourrelets,
confervés intaéls à. leur bafe, en tem
& faifon convenables à la plantation des boutures
ordinaires, & ces Bourrelets s’enracinera]
très~aifément. Ils firent auffi de pareilles plaie
annulaires fur des branches de plufieurs arbre
& plantes fruticantes, non multipliables pa
la voie des marcottes, &, fans l’éparer ce
branches des arbres ou plantes auxquels elle
appartenoienf, ils entourèrent enfuite l’endroi
de chaque plaie, par une quantité fuffifanti
de terre affez légère, & entretenue dans uni
humidité fuffifante. Par ce procédé, ils euren
la fatisfa&ion de voir qu’il fortit toujours ut
Bourrelet de la lèvre fupérieure de telle plaie
& que ce Bourrelet pouffa dans la terre, don
il étoit environné, des racines luffifantesà 1;
réuffite de ces nouvelles fortes de marcotte!
Cette découverte de ces moyens très—précieu;
de multiplier, par la voie des boutures, oi
celle des-"marçortes, un grand nombre d
plantes non multipliables auparavant par ce
voies, eft maintenant paffée dans la pratique
Et depuis ce tems, on ne connoît pas de plant
fruticante, ayant une écorce, proprement dite, qu
ne puifl'e fe multiplier par une de ces deti
voies , par ces moyens. Voye[ les article
Bouture & Marcotte.
Je viens de dire , plante fruticante, ^
une écorce, proprement dite ; car il convient
dire, à cet égard, en paffant qu’il y a |
plantes, comme, par exemple, toute lafeM
des Liliacées, & , dans cette famille, les alw
ges fruticantes, dont les tiges & branches nos
pas d’écorce, proprement dite, & n’ont
enveloppe qu’une épiderme. La
dante de ces plantes marche au long de i
cun des trouffeaux de fibres diffémines
toute l’épaiffeur des tiges & branches, ,i
n’y a pas de moyen d’arrêter le cours
fève defeendante dans ces tiges & hra11 à
- arrêter, en même-tems, le cours de la
v montante, & ainfi fans tuer tout ce qui
W e.J WÊÊ a,,
«oit -defl'us du point d’arrêt.
tCes moyens précieux de multiplication ne
K]t pas les feules pratiques utiles que l’examen
les phénomènes de la production des Bourre-
Ls de la plaie annulaire, & autres Bourrelets
les plus analogues, & des autres phénomènes
qui accompagnent cette production , ou
L font une fuite, air fuggéré , ou fait dé-
Kuvrir, aux Agriculteurs Philofophes, ces Vrais
Bienfaiteurs de l'humanité.
■ On trouve , dans les Mémoires de l’Académie
Efes Sciences, année 1738, un Mémoire de
luffon, dans lequel on voit que ce Philofophe,
lyant de puiffans motifs, pour faire, de la forcé
les bois, l’objet de fes recherches, lifoit, dans
■ itruve, qu’avant d’abattre les arbres; il faut les-
pmer, par le pied, jufques dans le coeur, &
jjes laiffer ainfi fëcher fur pied; après quoi ils
Sbnt bien meilleurs pour le fervice, auquel on
■ eut même les employer tout de fuite. Je pré-
fen.’.o que l’enlèvement d’une ceinture d’écorce
Soit faire autant de bien à Ces arbres, à cet
pard, qu’en peut faire ce cernement, confeillé
pr Vitruve. Le même Buffon lifoit encore,
en même-tems, dans le Traité des forêts d’E-
lelin, quelle DoCleur Plot affure, dans fon
Kiftoire Naturelle, qu’autour de Staffort, en
ingleterre, on écorce les arbres, fur pied ,
lans le tems de la fève, qu’on les lame fé—
»1er, fur pied, jufqu’à l’Hiver fuivant, &
[qu’on les coupe alors ; qu’ils ne laiffent pas
de vivre fans écorce : que 3 par cette pratique
, l’aubier devient plus dur, & qu’on s’en
|«rt comme du coeur. Il lifoit en outre, dans
les Mémoires de l’Académie des Sciences, le
pit d’un maronnier d’Inde, du jardin des Tui-
Ijnes, qui a vécu une année entière fans écorce.
K Naturalifie*,' réfléchiffant, en même-tems,
pr le fait de ce Bourrelet, ckdeffus men-
ponné, obfervé, fur un Acacia, par Parent,
■ fur les phénomènes analogues alors con-
pus, jugea que ces faits connus dévoient faire
Pgar(ler les affertions de Vitruve, & du Doc-
Pur Plot, comme affez probables, pour le
■ terminer à effayer de s’affurer, par des expé-
iwnees, de ce qui pouvoit réiulter de la pra-
Ktie des procédés indiqués j)ar ces auteurs. Il
K n a puifque la plaie annulaire, ou
P orcement peut arrêter toute la fève defeen-
K fte ° un arhre, fans le tuer aufli-tôt, &
[ eme en le laiffant vivre pendant au moins
B* an après ; puifque le bois & l’aubier du
B .c de «s arbres peuvent continuer de vivre,
B y 1(lUe dépouillés d’écorce, & de végéter ainfi,
Ejj ^Uer ce tronc augmente de groffeur, c’eft-
*ans qu’il fe forme, fur ce tronc, au-
E- "0UveUe couche ligneufe, ou corticale,
m w te couches ne peuvent être produites,
I Apiculture* Tome JI.
ùniquemew, que par la fève defeendante t
dont l’écorcement arrête le cours ; il penfa,
dis-je, que ces faits avérés étoient tels qu’on pouvoit
raifonnablement en conjeéiurer qu’il n’étoit
pas impoffible que_ cet -écorcement occafion-
nât, dans ce bois & cet aubier, une accumulation
de fucs, capable dé les améliorer
& de les fortifier. En conféquence , le trois
Mai, mil fept' cent trente-trois, il fît ôter à
un nombre de chênes, dedifférens âges, & de
différentes groffeurs, toute l’écorce de leur tronc,
depuis la terre jufqu’à la naiffance des branches
, &, en même-tems, il fit une plaie annulaire
vers la bafe du tronc d’un pareil nombre
d’autres chênes,. pareils à ceux écorcés,
en enlevant à chacun une ceinture d’écorce
de trois pouces de largeur, à trois, pieds au-
dèifus de terre. Voici, en abrégé, les principaux
réfultats qu’il a obtenus de ces opérations. Il
né manqua pas de fortir un Bourrelet d’entre
le bois & l’écorce de la lèvre fupérieure de
chaque plaie, tant des arbres dont cette plaie avoir
dénudé-le bois de'tout le tronc, que de ceux
dont elle n’avoit dénudé' ce;:bôis que fur une
hauteur de trois pouces.-II né vit jamais paroître
aucune produélion à la lèvre inférieure d’aucune
de ces plaies. ' Ce Bourrelet de la lèvre fupérieure
s’étendit d’un pouce de haut en bas : ‘
pendant le premier Eté. Les jeunes'arbresfo:«
mèrent des Bourrelets plus étendus quê lés vieux.
L’écorcement de tout le tronc fit périr les arbres,
les plus jeunes, dès la première année. Il
laifla vivre les autres plus long-tems, à proportion
de leur force, de forte que les plus
vigoureux vécurent le plus long-tems, & ne périrent
qu’à la fin de la quatrième année. La
plaie annulaire, auffi, ne laiiTa vivre aucun des
arbres fur qui elle fut pratiquée, au-delà de
la quatrième année. Depuis la fin de la première
année, les Bourrelets ne s’étendirent plus ;
ils fe gonflèrent feulement un peu. Enfin il
eut la fatisfaéKon de vpir que la folidité, la
force, la pefanteur & la dureté du bois & de
l’aubier des arbres écorcés furent augmentés très-
confidérablement. Leur aubier fut. non-feulement
changé totalement en bois parfait ; changement
qui n’a lieu, fans cet écorcement, qu’en
dbuze ou quinze ans, dans le cours ordinaire de
la nature ; mais cet aubier fe trouva être devenu
beaucoup plus fort que le coeur du meilleur
bois ordinaire, & d’un cinquième plus pe-
fant que l’aubier ordinaire. La partie la plus
extérieure de cet aubier amélioré étoit devenue
plus forte que l’intéfieure ; pendant que c’efl
le contraire dans l’aubier ordinaire, qui efl conf-
tamment, d’autant plus léger & plus foible,
qu’il eft plus près de la circonférence de l'arbre*.
Voyc{, dans le Mémoire même de Buffon, le
détail très-intéreffant des expériences, par lefquel-
les il prouve très-incOnteflablement la vérité dé
Tt