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en pleine terre. Comme elles font plus élevées
que la première, elles pourroient répandre quel-
qu’agrément; mais elles ne peuvent être claffées
au nombre des plhntes décoratrices. La dernière
efpèce, n.° 41, n’a pas encore été cultivée.; il
en probable quelle exigeroit les mêmes.précau-:
lions que celle de Ragufen.° 34.
La Centaurée, n.° 45, n’eft connue que par
la notice de Shaw, à la fuite de fon Voyage. La
racine de cette plante, dit - il, eft douce , bonne
à manger, & porte chez les Arabes le nom de
Tojf\ mais il ne dit point s’ils cultivent cette
plante ou s’ils la recueillent dans la campagne,
ft elle forme une nourriture habituelle ou un
Timple fecours dans les tems de difette. Il feroit
intéreflant d’avoir des détails plus circonftanciés
fur cette plante, la feule de ce genre dont on
puiffe tirer quelqu’utilité:
Les Centaurées, n.°3 46,47,48 , 49, 50,51,
<1, q5 , ^4, 5<;& 56, font des plantes vivaces
dont les tiges de quelques efpèces font prefque
frutefeentes. Elles forment des touffes affez fournies,
dont les ramifications portent des fleurs
folitaires, affez groffes, rouges, purpurines ou
faunes, fui van t les efpèces. Les efpèces 48,49 &
ç 1} font déjà cultivées dans plulieurs jardins d’ornement
, & y produifent itn très - beleffet.
Culture. Les Centaurées dont je viens de donner
la notice font des plantes agreftes ot de cli-v
mats à peu - près analogues au nôtre ; elles fup-
nortent fans peine nos Hiyers, &, dans les froids
les plus rigoureux, une légère couverture de.
paille ou de feuilles fuffit aux plus délicates;/On
les multiplie ordinairement de graines qu’on feme
en Mars ; elles veulent une terre légère, même
un peu fablonneufe ; cependant elles peuvent :
réuflir dans la terre forte, quoiqu’elles y devien- I
nent moins vigoureufes. Les graines femées en Mars
lèvent dès le mois d’Avril, & prennent un.ac- .
croiffement affez rapide, niais on peut lés laiffer
jufqu’au mois d’Août fans leè tranfplànter,’ lorf-
qu elles font affez eipacées pour ne pas fe nuire
mutuellement. Lorfqu’on les. a femées un peu
drues , on doit les tranfplanter en- pépinières
dès quelle* ont quelques feuilles, & les laiffer
danscet état jufqu’au moment où elles annoncent
qu elles font prêtes à fleurir, ce qui arrive ordinairement
dès la fécond© année. Un trop grand
foleil nuit aux Centaurées qui lèvent : il eff bon
de choifir pour les femis une place; qui en foir
garantie une partie du jour ; cette précau -
tion n’eft pas indifférente pour la plu part
des Centaurées qui, dans tout leur état
fauvage, croiffent au milieu d’autres plantes
qui les couvrent dès les premiers tems de leur
exiftence. Il eft encore eflentiel, pour obtenir
de bonne graine , de garantir les iêtes,des pluies .
d’Automne, lorfqu’elles commencent avant la
maturité; cette précautiorruont j’ai déjà dit les
iaifons eft indifpenfable peur quelques-unes de
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| CêS êfpèêeS dont la floraifon eft très- tardive.
On peut auffi multiplier les Centaurées d’éclats
de racine, Iorfqu’il s’y forme des ramifications
, ce qui n’eft pas commun. Quelques éf-
pèces enfin dont les tiges font frutefcentes reprennent
très — aifément de boutures, & ce moyen
le plus firnple & le plus prompt de multiplier
ces plantes eft généralement adopté. Ces boutures
reprennent fans peine, & ne demandent que
de 1 humidité & de.l’ombre pour réuffir.
UJjge. Plufieurs de ces Centaurées font déjà
employées à la décoration des jardins. Les touffes
de feuillage qu’elles forment, fur - tout celle
de Portugal, n.° 49, l’âpre, n.° 50, celle à feuilles
de chicorée, n.° 53 , leur affurent une place
diftinguée dans le milieu des plane - bandes des
parterres, & même fur le bord des bofquets.
Elles ont encore un avantage, c’eft de prolonger
leur floraifon dans une faifon très-avancée, 8c
de contribuer avec les efpèces purement automnales,
à la décoration des jardins aux approches
de l’Hiver. La Centaurée d’Italie, n.° 48 , dont
les fleurs ont une couleur incertaine , répand
delà variété dans .les maffifs , & produit un
effet affez agréable pour la multiplier dans les
jardins. On pourroit auffi multiplier ces plantes
dans les liepx agreftes des jardins payfagiftes, fur
les, mafures, les rochers, &c. Plufieurs de ces
efpèces, telle que la Centaurée laciniée , font
naturelles à ces pofitions. M. Dambourhey a tiré
de cette dernière efpèce, au moment de fa floraifon
, une couleur jaune qu’un plus long bouillon
a changée en olive folide ; cette plante étant
■ commune clans nos campagnes , pourroit être
employée avec avantage.
Les Centaurées, n.05 57, 58, 59, 60,61,
■ 61 , 63 , .64j 65 8c 6 6 , font toutes dès plantes
' annuelles dont la tige eft rameufe , affez touffue ;
; elles portent leurs fleurs à l’extrémité des ramifications
dans les trois premières efpèces & dans
, celle n.° 64; dans les autres efpèces, les fleurs
■ terminent, également chaque ramification.; mais
elles deviennent enfuite axillaires, à l’infèrrion,
par le développement des branches ; ce caraélère
très-marqué dans la chauffetrape, n.® ôov'eft
moins manqué dans lesmois premières efpèces.
Le calice de toutes ces Centaurées porte, à fex-
. trémité de chaque écaille, une épine compofée
; ou rameufe.
- Culture. Les efpèces agreftes, originaires| de
pays analogues de notre Climat, & qui ne craignent
pas les .froids cle l’Automne, peuvent être
femées de bonne heure an Printems,dans une terre
meuble, même un peu fablonneufe, leur racine pi-
. vorante ne fe-dévcloppe pas dans les-terres/fortes,
& la plante n’y prend aucun accroiffement. Les
jeunes-piants peuvent être laiffésen place dans les
-jardins de Botanique, mais.dans ceux -d’ornement ?
il faut lès tranfplanter iorfqu’ils ont quelques
feuilles, avec laprécaution de laiffer un peu de
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terre autour des racines en les arrachant. La
graine mûrit fans peine vers l’Automne , & peut
être confervée dans les têtes ou calices. La Centaurée
fudôrifique, nommée vulgairement le
chardon bénit~ n.° 57, eft cultivée dans tous
les jardins d’Herboriftes ; on la feme dès le mois
de Mai s,dans dçs plartes bandes côtières,bien abritées
, & l’on a foin, s’il revient des froids après que
les jeunes plantes font levées de lescouvrir avec
-de la litière pendant l’Eté ; ces plantes n’exigent
aucuns foins, excepté d’être tenues propres par
des farclages fréquens. Lorfque les pluies d’Au-
tomne'commencent avant la maturité des graines,
il eft eflentiel de cueillir les fommités, & de les
fufpendre au fec ; les graines achèvent de s’aoûter
de cette manière, au lieu qu’elles le feroient
pourries fur le pied. J’ai déjà recommandé cette
précaution pour d’autres Centaurées.
Les Centaurées,d’un climat plus chaud que
le nôtre, comme celles indiquées fous les n.ÜS 58,
59> 64,65 & 66 , doivent être femées fous
chaffis, & y prendre un certain accroiffement ; on
les tranfplante en pleine terre lorfque l’air eft
un peu réchauffé ; de cetfe manière, elles ont
le tems de fleurir & de mûrir leurs graines
avant la fin de la faifon.
■ Ufage. Les deux Centaurées, n.os 57 & 60,
font reçues en Pharmacie comme fudorifiques
& fébrifuges ; la fécondé, pàfle pour un lpéci-
fique contre la pierre; coinme'elle eft très-
commune près des chemins, on ne la cultive pas
dans les jardins ; la première étant d’un autre
climat, doit y être confervée.
Comme ornement, ce$ plantes offrent, peu
de reffources; leurs.avantages font' les mêmes
qu’à beaucoup de Centaurées vivaces, & elles
ont de moins quelles la durée. La Centaurée
étoilée ou chauffetrape eft la plus belle de toutes,
lprfqu’elie croît dans une terre un peu fûbilan-
ciel le quoique meuble : fon feuillage fe développe;
alors, & contra (le fingulièrement avec les tiges &
les calices hériffésd’épines blanches qui couvrent
les fommités. Quelques pieds de cetre plante em-
belliroient les fites agreftes des jardins payfagiftes ;
mais ils feroient déplacés dans les parterres. Les
autres^ efpèces font cultivées dans les jardins de
Botanique.
Les Centaurées, n.°* 6 7 Ô8 , 69 , .70, 71,72,
73 &. 74 , ne font connues que des Botaniftes,
& n’exiftent ^que dans leurs' herbiers, excepté '
celle n.° Ô9, qui eft cultivée au jardin des plantes.
C’eft une affez: belle plante qu’on peur comparer
aux Centaurées n.03 10 & 1 r, pour la forme &
la culture ; fes fleurs font affez groffes, & de couleur
jaune. . y
, Culture. La Centaurée, n.° 69 , exige la même
culture que la Centaurée à feuilles de paftel
n.° 11; ainfi, je renvoie à ce paragraphe. Les autres
»’ayant pas été cultivées, nous' n’en pouvons
Wen dire de particulier ; on doit préfumer qu’elles
réuffiroient également dans [notre climat; mais
il feroit prudent de les cultiver d’abord dans
l’orangerie, pours’afiùrerleurconfervation. Lorf-
• qu’elles feroient un peu multipliées, on pourroit
en hafarder quelques pieds en pleine terre
pour les acclimater.
La Centaurée de Salamanque, n.° 75 } çft
une des belles plantes de ce genre; fes tiges s’élèvent
à la hauteur de. trois & quatre pieds ;
elles portent plufieurs rameaux aJongés qui font
terminés par des fleurs folitaires, portées comme
les ambrettes Centaurées, n.c3 5 & 6 , par de
longs pédoncules. Ces fleurs leur reffemblent
auffi par leur groffeur, par leur forme & par
leurs couleurs; elles font violettes ou blanches-
la plante fleurit très - long - teins , & jufque
dans une faifon fort avancée.
Culture. Cette Centaurée doit être femée au
mois de Mars , fous diaitis; au mois de Mai, en
doit mettre les jeunes plants en pépinières, à la
difiance de quatre à fix pouces les uns dés autres
ayant Toin de ne pas endommager les racines
8c même de laiffer quelques parcelles de terre
adhérentes aux chevelus, Fendant l’Eté,’on doit
les débarraffer des mau'vaifes herbes. En Automne
, on lève ces plantes pour les met ne
à demeure dans la place-qu’elles doivent occuper.
Elles fleuriffent l’année fuivante, & continuent
pendant plufieurs années. "
Ufage. Cetre plan te qui n’a été cultivée jufqu’à
préfent que dans les jardins de Botanique, devroit
occuper une place parmi les efpèces décoratrices;
fa fleur eft auffi belle que celle de l’ambrer
te, &la tige qui la porre a un très-grand âvan- -
. rage fur celle de cette plante; ajoutez enfin qu’elle ! eff vivace,. & n’a point cette odeur de fourmis
qui déplaît à beaucoup de perfonnes dans l’ambré
t te. La Centaurée dé Salamanque produiroi«
un très-bel effet dans la ligne du milieu des
giandes plâtre-bandes, & , en général, dans tous
les maffifs de plantes élevées ; l’ambretre au contraire
me figure que parmi les plantes baffes, &
fur la ligne extérieure des maffifs.
La Centaurée cyanoïde, n.° 77 , eft annuelle '
& porte pareillement fes fleurs fur de longs’pé-
doncuies ; mais elle refl'émble plus au bluerau’à
l’ambretre pour la forme; fa culture eff la même
que celle de cette dernière plante , détaillée au
- commencement de cet article.
Vf âge. On pourroit employer cetfe plante à
la décoration des jardins ; mais fa refitmbiance
avec le bluet dont les nuances font plus variées
la fera néceffaireir.enr négliger. La Centaurée
élégante d’Allicni, n.° 78 , n’a pas encore été
cultivée, mais elle offrirait autant d’avantages.-
Là Centaurée à feuilles de vulnéraire , n. 79,
a pareillement beaucoup d'analogie avec le biner,
8c pourroit fervir à la décoration des jardins d’ornement
, quoique reléguée jufqu’à préfent dan«
les jardins de-Botanique, . Sa tige fe ramifié