
fur les anciennes ruines dans les États du Pape.
R o x c o n i ) Auteur Italien , qui a écrit fur la culture
Italienne en général, nous donne les renlèi-
gnemens fuivanrs, pour avoir des Câpres précoces.
« Si l’on veut, dit-il, fe procurer des Câpres
au commencement de Février ou de Mars,
il faut femer la graine de cet arbufte dans des
pots féparés qui doivent être remplis d’une bonne
terre grsffe mêlée de fable greffier : on aura
loin de garantir les jeunes pieds contre les four-
mies qui les recherchent beaucoup. Lorfque les
plantes feront parvenues à une certaine hauteur,
on caftera les pots par en bas, pour pouvoir
les implanter dans les trous des murs, ou dans
des endroits expofés au midi, & abrités contre
les vents du Nord : quand cet arbriffeâu commencera
à pouffer, ôff lui enlèvera les anciennes
branches le plus près de terre qu’il eftpof-
fible. V o y e i la C o ltiv a ^ io n e l ta l ia n a . T om . / , p a g .
J 99> è à i t ie n d e V e n i f e , 1771, r/z- 8°.—Nous avons
allégué ce paffage, moins parce que nous approuvons
la méthode du Cultivateur Italien , que
pour faire voir le peu de foins que Bon porte
à un objet dont le produit pourroit devenir très-
utile pour lTralie.
D’après les renfeignemens que nous avons
cherché'à nous procurer fur la culture du Câprier
, nous favons que ce, n’eft qu’en Provence,
& félon M. l’A b b é Rofier, dans une
partie du bas Languedoc , que cet àrBufte eft
en culture réglée. La feule efpèce de Câprier
que'l’on y cultive, eft celle que les Botaniftes
conooiffent fous le nom du Câprier ordinaire y
( C a p p a r is f p in o j 'a , L in n . ) & quoiqu’en Provence
on diftingüe plufieurs variétés du Câprier
ordinaire , par rapport au nombre & à la figure
des feuilles, dont il y en a qui font ovales',
■ oblongues, obtufés & plus ou moins poiiéhîëes vers
le bout, il paroît pourtant, que ces caractères,
fouis ne fumfent pas pour établir des efpèces1
bien marquées. Le nombre très-variable dans les ’
éramines de la fleur du Câprier , que M. Beratild
a obfervé, & qui, dans lès uns, fè troüvoient au-
delà de cent, tandis que d’autres n’en avoient que
foixante, paruît'plus remarquable , car lés boutons
de ces fleurs qui ont le plus d’étamines ,
font généralement plus arrondies, plus fermes,
plus péfants, & d’un prix plus élevé que Tes
autres. Tons les Câpriers cultivés en Provence
ont des épines j. mais il paroît qu’on s’occupe
dans ce moment à y introduire des efpèces étran-i
gères fans épines, fur-tout celle que Tournefort
a trouvé for le bord de la caverne d’Anriparos,
& que Gafpar Bauhin avoit déjà fait connoître
fous le nom de C a p p a r is n on JpinpJa f r u S u majo
r e . Comme les épines dures &'très-piquantes
du Câprier, dont la cueillette des boutons eft
très-pénible, il feroit à délirer qu’on parvint à
introduire des efpèces non épineufes , celaabré-
- gçroit ce travail de beaucoup.
En-Provence, les plantations les plus confiné,
râbles fe trouvent aux environs de Toulon J
la Valette, Olioulles, Salliers, & dans une partie
du terroire d’Hières ; mais depuis Cuers jufqu’j
Antibes, cette culture eft entièrement abandon«
née, & il y a une multitude de villages où on
ne trouveroit pas un dè ce? arbuftes'; les particuliers
s’y contentent d’élever autant de Câpriers I
qu’il leur en faut pour l’ufage domeftique. Dansl
le territoite de Marfeilie, le Câprier eft égale-1
ment cultivé, de même qu’à Roquevaire,
dans plufieurs endroits voi'lins', principalement!
à Cujcs. Ce n’eft cependant que dans ce der-|
nier village que cette culture eft fuivie , ainfi I
qu’elle l’eft dans les environs de Toulon. Dans
le relie de la Provence, on ne voit que très-
rarement. des Câpriers. Dans les endroits mèmè
où là culture du Câprier eft le plus répandue,!
cetàrbuftè n’oecupe pas des terrèins d’une étendue!
.conlidérable ^ les foins qu’il exige, & qui font
journaliers aù teins de Jà récolte, ne permettent!
pas dé l’élever loin dés habitations, & dans des!
pofleflions éparfes. Il eft rare qu’on deftine uni-j
quement un champ à cette culture, ordinaire-!
ment on place les Câpriers, fur le bords des!
chemins , dans des terreins pierreux, & dans leti
vuides que laiflent les vergers d’oliviers.
La culture du Câprier ne peut être bien utile,
autant que celui qui s’en occupera, aura des!
femmes ou enfans à fa difpofition pour cueillir
les boutons. Si la quantité des Câpres n’eft pasj
affez confidérable pour occuper une femme d’une j
manière continue, & fi les Câpriers ne font!
pas fous les yeux du propriétaire, la plu-l
part des boutons fc développent trop , & onl
n’àura ni la quantité ni la qualité des ‘Câpres
qu’on auroit pu obtenir. Cette récolte exige aulfii
de l’adrefle, de l’aétivité & un peu d!inteUigencé:J
il faut cueillir les* Câpres fans fe bleffcr, & enl
ne leur laiffant qu’une très-petite partie du pé-1
doncule : il faut favoir diftinguer celles qui ontl
plus de prix , & éviter à-la-fois de les laiffer
trop ou trop peu développer : enfin il faut les]
cueillir leftement, &Texereice féal donne cettel
aptitude.
Voici ce que nous apprend M. l’Abbé Roziçfl
touchant la culture du Câprier: on peut, dit-il/
multiplier les Câpriers par graines ou par bou-j
tures ; fur-Ie-champ que l’on deftine à cette]
culture, on tracé des lignés droites au cordoaq,
& dans ces lignes efpacées au moins de neural
douze pieds , on plante les boutures à la rDêinej
diftance , & bien alignées, dans les trous dont j
la terre a été défoncée fur un pied' de profondeur
au moins, & fur trois de largeur. Le trqiï
comblé , le Câprier poùfle fes tigesqui don-l
nent quelques fleurs pendant la première annefti
fuivane la force de, la bouture. Au mois de Pfî
cembre, il faut couper ces tiges à trois où qu,*l
tre pouces au-déflus de terre ; alors on relèvc|
■ telle des cotés fur ces chicots, afin de les recoii-
Irrer, de trois-ou quatre travers de doigts., &
■ cela fuffit pour les garantir des impreffion» du
Broid. Aufli- tôr que la gelée n’eft plus à craindre,
■ es Câpriers font découverts, & la terre égali—
■ fée avec celle du champ -, c’eft le moment de
■ donner le premier labour avec la charrue, en
■ traçant des .filions droits. Du moment que les
■ bourgeons font fur le point de fe développer,
■ on donne le fécond labour en fens contraire
■ céfl-à-dire qu on croife les filions. C’eft en quoi
■ fc réduit foute leur culture , préférable, à tous
■ égards, a la fuivante. Dans tousles murs de fbu-
■ enement, on ménage des ventoufes pour l’if—
Hue des eaux fupérieu’res qui pénétrant dans
■ la terre, afin qu elles ne fàflent point ébou—
■ fer le mur. Ceft dans ces ventoufes que
■ on place les boutures d,e Câprier •, on le cou—
■ redun peu de terre, & les racines vont s’é-
■ ndre dans la maffe de terre placée derrière le
fcur. Il rëfulte de-là, deux inconyéniens effen-
■ iels, i,° Que.le coller dés racines grofliflant cha-
■ ue année par l’infertion de no-uvjelles branches
pu tronc, par les bourrelés continuelles qui sÿ
Morment, bouche d’autant l’ouverture des ven-
■ onfes , & retient derrière le mur une plus grande
■ uantité d’eau, z.0 Cette couche de bourrelés
■ ugmentant chaque année , fait la fon&ion du
■ evier contre tous les parvis*des murs qui l’en-
■ ronnent. Comme ce levier agir pcrpétuelle-
1M & avec une force extrême ,, il foulèyé
& fait fouvenr lézarder des
■ oifes entières fur une ligne horizontale. Le Ca-
Iner caufe moins de mal aux murs de : terrafles,
■ onnniits en pierres fèches, parce que ces-pierres
■ pm moins liées les unes aux autres, & il r suffit
■ ueux. La chaleur , la pluie, les bienfaits de l’air
■ e latmofphére , pénèrreut plus facilement juf-
^l,aux racines de la.plante.
IDes particuliers plus prudens ménagent des
jipèces de niches dans leurs murs. Si elles font
ietites,,,elles ont. dès-lors tous les inconvéniens
|oüt jai parlé: fi elles font trop, grandes, la
■ remière pluie un peu forte imbibe & pénètre
■ terre du flefi'us • elle s’écroule, & finit par
fe entraînée ainfi que celle qui avoifine la
■ Gbe. 11 vaudro.it beaucoup mieux c.ou.vririles
f ll«de foutenement par des efpaliers^, ou du
Jr0ins Planter les Câpriers dans le bas où ils
■ ûllveroient le même abri.
1 a plantation d’un Câprier dans un mur eft
* C?rc ri(jiçule par un autre endroit. Comme
■ lrailclîes font flexibles, longues,.les feuilles
»ailes, elles plient par le poids,^ &;s,’inclinent
|L re ten"cv 11 réfulte de-là que ces branches ^
TiTà re 011 trente, fuiyant la . force
■ r j 8e du tronc , font ammoncelées les, aines
Int ev.autres »A les feules branches fupérieures
■ chargées de boutons à fleurs ; les, intérieures.
au contraire , beaucoup plus courtes-&. plus maigres
ne.donnent que des fleurs chétives. Le feul
moyen de tirer tout le parti poffihle des Câpriers
ainfi plantés , eft de palifi’ader ces branches.
Des clous, une. fois plantés dans le mur, fervi-
roient pour toujours, puifque chaque année ,.
les branches fe defsèchent & périftent. De la
paille, du jonc fuffiroient pour attacher les
jeunes pouffes fans les endommager. Cet efpa-
lier, d’un nouveau genre, offriroit à l’oeil une
verdure circulaire dont le tronc feroit le centre,
de manière qu’en plaçant les trous en quinconce,
tout le mur fe trouveroit garni. Le curieux qui
defireroit peu l’utile , c’eft-à-dire , la récolte du
bouton, pourroit laiffer épanouir les fleurs, mais
avoir grand foin de les faire couper dès qu’elles
commencent à paffer ; car le cornichon ou,fruit,
abforbe la sève, & on auroit peu de fleurs.
Pour récolter les Câpres,,on ne doit pas attendre
répanouiffement de la -fleur, mais choifir
les boutons lorfqu’ils auront la grofleur des pois :
plus le bouton eft-tendre , plus il eft délicat, &
plus il eft recherché. La baie qui fucçède à la
fleur lui eft fùpérieure à tous égards, mais elle
détruit la récolte. Lorfqu’on laiûè une fleur fuivre
la loi naturelle, il eft rare que la branche qui la
fupporte donne plus d’un, deux ou trois fruits, h
C o u r s c om p le t d ’ A g r i c u l t u r e , tom e I I , a r t. C â p
r ie r .,
Quoique la Méthode propofée par M. l’Abbé
Rofier peut,donner une idée fuffiîante de là manière
dont cette culture dqit êtfe-fuivie, il paroît
pourtant que, dans certaines,parties de la Provence
on a adopté des procédé^ aifl'érens : nous nous
; fervons pour la rédaélion de cet article de deux
Mémoires fur la culture du Câprier; l’un de
M. le Préfident de.la Tour-d’Aigues, inféré dans
les Mémoires de la Société Royale d’Agriculture
trimeftre d’hiver 1787 ; l’autre de M. Berauld de
l’Oratoire , qui fe trouve dans le tome premier des
Mémoires pour fervir à l’Hiftoire Naturelle, pu-
bliée par M. Bernard, de la Provence , & qui avoit
obtenu le prix à l’Académie de Marfeilie.
M: de la Tour-d’Aigues s’exprime ainfi. u Dans
la culture en grand, ou dans les plantations en
rafe campagne , on planta les Câpriers en quinconce,
à environ dix pieds de diftance les uns des
autres-, & comme ils multiplient beaucoup, &
que la motte grofiit continuellement par des
oeilletons qui s’appliquent toujours aux rejettcns
précédons, l’on s’en procure les plantes en déchargeant
les mères.
: Les plantations/éufG,fTent toujours, la plante ne
craignant pas la féchereffe& la chaleur ; mais elle
redoute un froid trop fort, & fur-tout l'ombre,
J’en ai vu périr des pieds très-avancés, par la
plantation d’un Mûrier de, la Chine, (M otus
p a p y r if e r a ) , qui ‘leur interceptoit le foieii.
La- culture du Câprier eft fimple, un labour.au
Printems leur fuffit ; en Automne, pour les abriter,