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alors la groffeur du petit doigt, & deux ou trois
pieds de hauteur. Avant de le planter, on rogne
fon pivot, s’il excède la motte y fans cela , il
fe courberait, &*feroit périr l’arbre.'
Dans les endroits où la .terre n’a pas affez de
corps, pour pouvoir s’enlever ainfi avec l’arbre,
on élève les graines dans de petits mannequins,
remplis de terre & glus profonds que larges y
puis on tranfporte ces mannequins, dans les
trous de la Cacaoyère., ayant foin de rogner le
pivot s’il paroît au-déhors. L ’ufage de -ces mannequins,
(ou courcouroux) d’ailleurs affez commode,
a néanmoins quelques inconvéniensy comme
ils ne contiennent qu’une^petite quantité de terre,
la chaleur la pénètre & la defféche, ce qui fait
que la graine ne fe développe pas fitôt, ni fi
bien qu en pleine terre. On pourroit les tenir
plongés dans d’autre terre, mais ils périroient
promptement, & deviendraient inutiles. Une
autre incommodité des Courcouroux eft que fi
l’on tarde un peu à les tranfporter, les racines
en forcent , & alors cet excédent ,eft privé
de nourriture, & demeurant expofé à la chaleur
de l’air, efi bientôt defféché.
• Les graines de Cacao ne peuvent bien
réuflir que dans les terreins abfolumeEt neufs,
parce qu'ils fourniffent beaucoup moins d’herbes y
.& que la violence & la durée du feu qui a
confumé les arbres, a en môme-fems diflipé ou
détruit les fourmis, criquets, hannetons & autres
infeéïes, qui du moins y viennent très-rare-,
ment la première année. Pour planter la graine,
©n choifit un tems de pluie, ou .actuelle ou
prochaine: on cueille des coffes mûres, & (on
tire la graine auffi-tôt pour la mettre en terre.
Cette opération fe fait à la fin de Juin, ou à
la fin de Décembre. On met deux ou trois
amandes à quelques pouces les uçes des autres,
autour de chaque piquet, à deux ou quatre
pouces de profondenr.y ce qui fe fait aifément
avec le piquet même, quand la terre efi nouvellement
labourée, finon l’on remue légèrement
la terre avec une efpèce de houlette. On
coule chaque amande dans fon trou, le gros
bout en bas, & on la couvre d’un peu de
terre. Comme il en manque toujours plus ou
moins, les furnuméraires de celles qui ont bien
levé enfembie dans un même bouquet, peuvent
fervir à regarnir les places vuides, ou être
plantées ailleurs. r>
On ne fait guère le choix des plants* qui doivent
refter en place, que lorfqu’ils ont dix-huit
pouces .ou deux pieds de haut. Ceux que l’on
retranche, doivent être levés avec dextérité,,
pour n’effenfer ni leurs racines, ni celles des
arbres, dont on les fépare, & même ne déranger
aucunes de celles-ci, parce que le Cacaoyer efi
extrêmement délicat. On les replante aulfi-tôt,
avec la précaution de ne laiffer aucunes racines
4ans une pofidon qui les oblige à fe courber.
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Il efi plus avantageux de mettre tous les q^a
jours de nouvelles graines à la place de celll
qui ont péri, & pour fuppléer aux pieds LJ
guiffans, que de regarnir avec du plant. » p
La diftanee qu’il convient de laiffer H
chaque arbre, n’efi pas encore déterminée.L’el
périence n’a pas fuffifamment appris s’il va|
■ mieux les efpacer à douze ou quinze pied*
ou feulement à cinq, huit ou neuf, fur-tol
quand on plante dans les endroits montueij
comme le penfe le plus grand nombre. Cel
qui les mettent près les uns des autres, obfefl
vent que le Cacaoyer ( ainfi que les CaffeyersJ
tenus de cçtte manière dans nos lfles, dônneri
beaucoup plus de fruits, que l’on n’en recueil
dans la terre ferme, où ces arbres plus éloiql
emploient une grande partie de leur fève ài
fortifier eux-mêmes* en forte qu’ils ri’ont (r
ceux des lfles que l’avantage de la hauteur & 1
la groffeur. On ajoute que', .dans la fuppoiitil
où certain nombre d’arbres efpacés à douf
pieds , donneroit plus de fruit qu’un pareil noii
bre efpacé à hu it, la différence du produit!
peut pas être d’un tiers y que cependant I
•mettra un tiers de plus d’arbres dans un mêaJ
terrein, avec une méthode qu’avec l’autre!
eft confiant que ces arbres plantés près à pri
couvrent plutôt le terrein; & qu’efpacés à tl
pieds, chacun d’eux peut faire une ombre!
plus de trente pieds de circonférence, entra
ou quatre ans; les herbes ceffant donc d
croître , le travail fe réduit à Ôter les guysl
détruire les infeéles. Au moyen de quoi, la
multiplier les bras, on peut replanter aille!
une auffi grande quantité d’arbres, & augmeni
par progreflion, dans peu d’années, lenoma
de les Cacaoyères. Plus les arbres font éloigj
les uns des autres, plus on efi long-tems à lj
clcr- ,& nétoyer le terrein. Cela va quelque«
au double d’année; ainfi, en plantant prèj
près, on peut avoir vingt-quatre mille pij
d’arbres rapportans y au lieu que d’autres, at
les mêmes*forces, & dans un .terrein égaletni
bon, n’en auront que huit mille y ces arbres |
ne tardent pas à fe toucher, & à s’entrelacer |
leurs branches, femblent être plus en étajjl
fe foutenir mutuellement pour réfifier au iej
Leur abri réciproque fait encore que la PI
en détruit moins de fleurs, & qu’ils rapport
plutôt. Enfin, dans le cas où quelqûcs-ji
viennent à périr, le vuide efi moins lenfl
Au contraire, lo’rfqü’-iis font à douze ouqafl
pieds de difianee , un eu deux arbres <
riffent, forment un grand vuidè., que les
voifines ne rempliront prefque jamais,
laiffe pendant plufieurs années beaucoup ba I
arbres expofés à toute l ’aèlion du vent. » J
Les Cultivateurs qui .efpacent c° . J j
ment leurs arbres, difent que les fruits J
viennent plus gros; & que les branc j
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L e5 s’entrenuifent, de forte qu’il en périt
ïucoup, lorfque le vent les agitant avec force,
£. fc heurtent, fe froifle.nt ou fe brifenten fe
■ On a dit que l’ardeur du foieil nuit aux
Cacaoyers. C’cft fur-tout dans les terres argil-
Ifes & dans celles où le fable domine y mais
l a vu, ci-devant, qu’une Cacaoyère ne peut
L bien réuflir, à caufe de la qualité même
b fol, dans un terrein argilleux. Pour ce qui
n de s terres féches & légères, le jeune plant
llbiiffre beaucoup du foieil, fi on ne met à
1$ côtés, deux rangées de manioc, à un pied
| d.iiii des Cacaoyers : ce que l’on fait,
en même-tems que l’on plante le Cacao,
lit un mois ou fix femaines plutôt. Cette der-
îère méthode fait que lé Cacao fe trouvé
bnté en levant, & que les mauvaifes herbes
’ont pas le temps de prendre le deflus: l’autre
ktique oblige à farder fréquemment jufqu’à
Iqudemanihoc foit allez, fort pour les étouffer,
lu bout de douze ou quinze mois, lôrfqu’on
lit la récolte du manioc , on en replante d’au-
re fur une rangée feulement au milieu de chaque
|lée-, & on garnit le rafle du terrein en melons
[eau, nielons ordinaires, concombres, giromons,
marnes, patates, choux caraïbes; toutes plantes
lii, couvrant la furface , empêchent la produc- ’
pn des herbes, & f-.urniffent en même-tems de
pot nourrir les Nègres. Il efi à propos de
etourner ces plantes, lorfqu’elles s’approchent
} Cacaoyers, à qui elles feraient un tort irré-
îarable. Au relie, Miller obferve, ( fixièmecol.
I l’article Cacao, ) qu’il en coûte beaucoup
iur établir une plantation de manihoc:
ill y a des Cultivateurs qui ménagent des
Eoles dans la Cacaoyère, pour arrofer le pied
i jeune plant, durant la faifon de fécherefle,
jiqu’à ce que fon pivot foit parvenu à une
fondeur ou il trouve une humidité hâ-
Le vent eft bien plus dangereux pour les
icaoyers, que le foieil. On a déjà parlé des
ns que 1 on forme foigneufement autour du
irein avec des arbres. II efi'encore à piopos
P‘anter d’autres parmi les Cacaoyers. Les
us commodes & les plus convenables, font
| ananiers & les Bdcoviers, arbres d’ailleurs
•s-utiles, 1Tlais trop négligés. Ils font à-peu-près
Bu 3| n?‘ureur c'lrs Cacaoyers, & acquièrent
“ftc leur perfeèbop en douze ou quinze mois.,
. rone a environ quinze ou dix-huit pouces
• Circonférence, & n’efi compofé que des
| S| es premières feuilles, qui fe couvrent les
comme les écailles d’un poiffon.
I e, esj fini forment un affez gros bouquet
fie Cfirie C'e ^arbre, ont cinq ou fix pieds de
f Une Mr»eur proportionnée. Ces arbres
h -M uantfié de rejets, qui atteignent bien-
? a & la groffeur des arbres mêmes,
i C u ltu r e .,T om e I I .
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& qui tous enfembie font une mafle de quinze?
à vingt pieds de tour. Enfin ils font très-aqueux,
& tiennent toujours la terre fraîche & humide ;
ce qui convient parfaitement au Cacaoyer. Il
efi vrai que ces arbres ne rapportent qu’une
letue fois, & qu’ils périffent dès <|ue le fruit
efi coupé; mais on peut dire qu’ils ne meurent
point , les rejets les remplaçant toujours avec
avantage, & donnant du fruit au bout de huit
mois. D’ailleurs, en coupant ces arbres après
la récolte du fruit, leur tronc, ainfi que leurs
feuilles, produifént un excellent fumier, dont
les Cacaoyèrs ont befoin. Tout cela dédommage
amplement des frais de la Cacaoyère.
On peut donc environner les quarrés de
Cacaoyères par une ou deux rangées de ces
arbres, plantées à cinq ou fix pieds l’une de
1 autre, & en fôrrner d’autres rangées dans la
pièce, à certaines difiances réglées/fuivant que
le terrein eft plus ou moins expofé au vent.
D’habiles Cultivateurs font autant de rangs de
Bananiers que de Cacaoyers, fur-tout lorfque
ceux-ci font jeunes & occupent peu d’efpacc :
èn mettra, par exemple, une rangée de bananiers
efpacés à vingt-quatre pieds, entre deux
rangées de Cacaoyers" plantés à dix pieds les
uns des autres. Il efi à~ propos de planter les
bananiers deux ou trois mois avant de femer le
Cacao. A mefure que les Cacaoyers fe couvrent
les uns les autres en grandiffant, on détruit les
bananiers qui leur nuifent; & enfin on ne laiffe
que la ceinture, avec quelques rangs dans U
pièce.
Il y a des endroits où l’on inet du mays, du
manioc & des cotoniers, parmi les Cacaoyers .
pour abriter ceux-ci du vent. Mais ces plants
font allez long-temps à acquérir une certaine
hauteur, qui n’efi jamais fort confidérable. Le
mays & le manioc qu’il faut cueillir au bout-
de quelques -mois, laiffent alors les Cacaoyers
fans abri. A Pégard du cotoniér, ce n’efi qu'un
arbnfleau peu garni de branches & de feuilles*
encore ces feuilles font-elles petites : il ne peut
donc pas être d’un grand fecours pour les Cacaoyers,
qui cependant s’en accommodent beaucoup
mieux que de cei tains arbres dont le voi-
finage leur fait tort.
Le manioc fert à prévenir le mal que les
Cacaoyers recevroient des fourmis. Elles pré-
fèrent cette plante aux feuilles de Cacaoyer.
La graine ou amande du cacao efi ordinairement
de fept à douze jours en terre avant
de lever. Ses progrès varient beaucoup félon
les terrains.
A mefurè que-le jeune arbre -grandit le
bouton qui avoir contaminent terminé la tige
fé partage en fluftcuis branches-, dont' le nombre
eft communément de cinq :'c eft ce qu’on appelle
la couronne de l’arbie S’il y a moins de cinq
branches, on croit devoir l’étêter, pour donnée
LH