
trop étendue, peut occafionner la mort de
toute l’épaifTeur de ce bois dénudé, & ainfi tuer
toute la portion de la branche qui eft au-deffus
du Bourrelet lupérieur de la plaie, avant la
matutité du fruit que porte cette branche. Enfin,
de quelque g'rofleur que foit la branche,
dans le cas où l’on voudroit la çonferver pendant
une ou plufieurs années, indéfiniment après
l’année qui fuir immédiatement le tems de l’opération
, cette trop grande dénudation s'y oppo-
feroit immanquablement, en mettant les deux
lèvres de la plaie dans l’impoffibilité de fe réunir,
d’où réfulteroit la mort certaine de cette branche
, dans fefpace de deux ou trois ans, comme
je l’ai déjà dit.
Septièmement. Dans le cas où l’on n’a opéré
qu’un petit nombre de telles plaies, il convient
d’entourer chaque plaie d’un papier, ou
de quelqu’autre abri, contre les rayons deffé-'
chans du foleiî, dont l’aétion paroît de nature
à porter ôbftacle au cours d’une partie de la
fève montante, failant route entre les fibres
du bois mis à nud par cette plaie. Mais fi l’on
a opéré un grand nombre de ces plaies, on peut
négliger la pratique de cet abri, comme trop
longue & trop tninutieufe en ce dernier cas :
&, d’après mon expérience, il n’en réfulte aucun
notable inconvénient.
Huitièmement. On conçoit que, pour pratiquer
ce moyen de précocité en grand , für
la Vigne, de la manière que j’ai expliquée plus
haut, .il faut néceffairemént un mode d’opérer
& des outils qui y foient propres , c’eft-à-dire
qui loient tels, que les gens les plus greffiers
& les. moins adroits puifienr faire avec une
promptitude & une facilité fuffifantes, cette petite
opération, de manière à atteindre le but pro-
pofé -, & la puiflent faire non-feulement lorfque
l’écorce fe détache aifément du bois,,mais même
pendant tout le tems propre à la taille, lors duquel
l’écorce efl très-adhérente au bois. Je me
luis occupé de pourvoir à cette néceffité. L’expérience
m’a d’abord convaincu que l’ufage de la
ferpette ou du greffoir ne convient pas à la pratique
de ce moyen en grand fur la vigne. i.° Parce
qu’en fe fervantde ces infiruraens pour faire fur
l’écerce les deux coupes annulaires par lelquelles
on conçoit qu’il faut commencer chaque opération
, if eft très-difficile de ne pas appuyer le
tranchant trop fortement, & de ne pas couper
ainfi le bois très-mince de chaque ployé lur
laquelle on opère, ce qui la détruiroit au lieu
d’avancer la maturité de fon raifin. z>° Parce
qu’après avoir fait ces deux coupes annulaires,
fi l’on opère pendant le tems où l’écorce efl adhérente
au bois, c efl une opération incommode,
longue, minutieüfe & difficile que de faire, avec
ces outils, l’enlèvement d?un anneau d’écorce entier,
fans enlever en même-fems une trop grande
<èpaifleur du bois-; & fi l’on opère lorfque l’écorce
B-o u
l’écorce dé tout le bois compris-entre les
quitte aifément le bois, le même inconvéni J
fubfifle encore en partie à l’égard de la Vio J
vu que fon écorce eft foüventen tout tenisaM
rente au bo's par quelques points de la c j
férence. Apres avoir fait,plufieurs tentatives!
utiles, j’ai enfin trouvé un outil qui me paro|
tel qu’on n’en peut inventer un plus fimpl^]
en même-tems plus propre pour faire c o n j
dément, promptement, facilement, & bien,ce»
petite opération. Cet outil n’eftautre chofequ’j
lime pifmatique, à trois angles, la même que 1^
menuifiers & les feieurs de bois emploient ordinal
rement pour aiguifer les de.nts de leurs feies J
qui fe trouve par-tout fous-le nom de trois-cari
Pour procéder à cette opération de la
annulaire, avec cet inflrunienr, oh maintient pe| Eni Ce foin, la niettroit à tous momens hors
dant toute l’opération la branche d’une main J
on tient l’inflrument avec l’autre. Si l’on elldrof
tier, on faifit la branche de la main gauche!
que l’on place proche & au-deflous de Tendron
lur lequel on veut opérer. Cette main doit êtrj
là pendant tout le tems de l’opération. Si pi
plaçoit cette main au-deflus d u p o in t fur tel
quel on opère, on feroit en rifqtie de brifer 1
branche, dans ce même point, pendant'Topa
ration. Les deux coupes annulaires par lefquellel
il Fant c o m m e n c e r , doivent être.faites aveclautr
main, en fe fervant d’un des angles de la limef
. comme on fe fert ordinairement du tranchai
de la ferpette, & en appuyant modérément. Ces
deux coupes fe font fort aifément ainti, & fan1
aucun rifque d’entamer involontairement le boil
J’ai dit ci-deffus de quelle étendue doit être
la diflance d’entre ces deux coupes. Enfuitepod
enlever l’anneau d’écorce compris entre ces .deux
coupes , même lorfqu’il adhère le plus au boil
qu’il couvre , on pôle la lime tranfverfakmen
à la branche en plaçant un de- fes angles dan|
la plus baffe des deux coupes, puis on_enlève
l ’é c o r c e , en raclant avec cet angle depuis çettç
coupe inférieure -jufqu’à la coupe 1 ' .. fl
Mais pour y réuflir, fans que T infiniment foij
emporté par l’effort de la main au-delà de a
coupe fupérieure , il faut racler la moitié oî
l’anneau, qui eft du côté de l’opérateur ,■
pouffant, de bas en haut, avec le' pouce
de la main gauche qui ne cefle de maintenil
la branche , la Mime que l’on dent de lautr^
main : & pour racler la moitié de 1 anneau
d’écorce r qui eft du côté oppofé, fi Topérareni
ne peut fe.tranfporter de ce côté, il doit fanw
la branche entre le pouce de fa main droite fl
l’angle du trois-cart qu’il tient avec les quati
.doigts de la même main , puis en appu)'anb
) deux fensoppofés, ce pouce & cet angle, contre c-
) deux côtés oppofés de la branche, il fera tnoii
la lime , toujours maintenue tranfverlàktn^
depuis la coupe inférieure .jufqu’à la coupe mm
rieure. En procédant ainfi, on parvient très- .
ment, très-commodément, $. très-prompte®211^
lY^Jpêsannulaires-J’ai déjà ditqu’il vaut mieux
fl'nroer un peu de l’épaiffeur de ce bois, ce qui
K n t Tans inconvénient, que de rifquer de
ftrlnouer fon but en laiffant fur ce bois la moin-
sarcelle de cette partie intérieure de l’écorce
fon nomme le liber. On conçoit, fans qu’on
i." que, pour réuflir plus aifément àen-
I r ainfi cet anneau d’écorce en raclant, la lime
lit être mue dans deux direélions fimültanées,
■ oir fuivant la longueur de fon axe & fuivant
(elle de fon diamètre ; l.° qu’il faut laver la
Je de tems en tems, pour fa débarraffer de la
idule muqueufe qui s’accumule autour d’elle
îaifant ouen réitérant cette opération , & qui,
Irvice. . I
lAuifi-tÔt après chaque opération , il ne faut
K manquer d’accoler chaque branche opérée,
|q de la mettre à l’abri de tout mouvement
L ia romprait très-aifément à l’endroit de l’opé-
ition. On juge bien que, pour cette pratique,
Jfeut laifler les échajats plantés contre les ceps
Indant l’hiver, & même qu’il convient de les
»planter folidement chaque année après la ven-
Inge avant que les gelées aient endurci la terre.
TLe même trois-cart peut être employé alerte
jpération fur les arbres comme fur la yigne :
! il efl toujours préférable à tout autre inftru-
ient fur les petites branches d’arbre. quand
Icorce y eft adhérente : fur les groffes branches
ai Técorce adhère, on emploie la ferpette pour
1er le plus gros de l’écorce, puis l’angle -du
■ bis-cart, pour achever de dénuder parfaite-
lent le bois. Mais quand l’écorce n’adhère pas
■ bois, on peut auffi fe fervir fur les petites
grandies d’arbres du greffoir feulement, & fur
liirs groffes bra’nches de la ferpette feulement.
|Kcuvièmement on peut ajouter à tour ce que
Ji dit ci-deffus relativement à la largeur qu’il
forment de donner à la plaie annulaire, qu’il
i peut-être préférable de n’enlèver, dans tous
î| cas, fur quelqu’efpèce que ce foit d’arbre
■ déplanté frudicante , & fur tout tronc, tige,
■ branche, quelle que l’oit leur groffeur, qu’un
Bneau d’écorce très - étroit, qui n’aur.oit, par
IMple, qu’une ou deux, ou au plus.trois
■ Des de largeur, & de couvrir aiiffi-tôr, par
■ ifieurs circonvolutions de gros fil de chanvre
■ bonne, qualité , ciré ou non , toute la furface
jfebois.dénudé par cette plaie. 11 femble que,
Facette dernière manière de procéder, fort
|Fp'e> on produirait les effets defirés, auffi ef-
F'Cement que.tonte autre manière, & qu’on
Bl'rv°iro!t en même-tems à tout. La plaie feroit
■ baufli petite que poffible : on n’auroit pas
^nioins à craindre "qu’elle fe cicatrifé, a-vant
i®anuité de fruit : le bois dépouillé ’'par la
» erGit parfaitement à l’abri des rayons defr
* ans du foleil : le cours de la fève defeendantc
feroit arrêté, par cette manière , auffi, &
peut-être encore plus efficacement que par les
autres manières ci-deffus expofées ; puifque l’ac-
croifièment du Bourrelet fupérieûr feroit arrêté,
au moins pendant,un tems, dans fon progrès
en cîefcendant : enfin , fi après la récolte, on
étoit Mans l’intention de çonferver la branche
opérée , on ôteroit le fil, auffi-tôt après cette récolte
, & il rélulteroit de la petiteffe de la-plaie que
la cicatrices’opérerait, avec la plus grande facilité.,
& fou vent dès la même année, dans Je cas lur-tout
ou il s’agiroit d’un fruit de Printems ou d’Été; &
que la branche continuer.oit-de vivre comme fi elle
n’eût pas fouffert cette opération. S’il arrivoit
qu’au moment de la maturité du fruit .provenu
au-deffius d’une plaie ainfi faite &. traitée, les
deux lèvres de la pJaiefûffent réunies par quelque
point , en ce cas il faudrait laifler le fi.l, de
crainte de rompre cette union en I’ôtant, & néanmoins
Ton pourroit être certain que la cicatrice
s’achever oit dans tout le pourtour de la plaie. Un
autre avantage de cette manière de procéder ,
c’efl qu’en l’adoptant on peut, fans faire la plaie
plus large, ni laite aucune autre plaie, retarder
autant quon defire , le moment du rétablifle-
ment du cours de la fève defeendanre par la
réunion des deux lèvres de la plaie : pour cela,
il fuffit d’augmenter l’épaiffeur de la couche de
fil dont on recouvre la portion diubois dépouiL
lée de fon écorce par la plaie. Je n’ai pas, juf-
qu à ..prélent, adopté cette manière de procéder,
parce que j’ai craint que Tobftacle qu’on met
pendant un teins plus ou moins long, par cette
pratique., au progrès du Bourrelet fupérieur en
deficendant, ne rendît les boutures, que je -yonJois
obtenir en même-tems, d’autant moins bien dif-
pofées à s’enraciner ; mais une plus mûre réflexion
me fait regarder cette crainte comme
très-mal fondée, & il me paraît évident que les
productions latérales du Bourrelet fupérieur de
telle plaie le di-fpofent très-bien à s’enraciner.
Cependant cette dernière manière de procéder
, que j’eftime devoir être préférable de beaucoup
à toute autre fur toute branche qu’on veut
çonferver pendant les années fubféquentes, ne
me paroît pas devoir être adoptée pour la pra*
tique de.ce moyen de précocité.en grand fur
la vigne, parce que, comme iors.de cette pratique
en grand, on n’a aucun motif pour çon-
ferver lés branches opérées après' leur première
récolte, le tems qu’il fatic de plus pour couvrir
chaque plaie avec du fil feroit un tems précieux
entièrement perdu.^
Les expériences multipliées que j’ai faites dans
le cours de la préfente, année 17^0, relativement
à ce nouveau moyen de précocité, m’ons
donné occafion d’examiner, avec attention , la
nature .de ces -Bourrelets des plaies annulaires*
& de faire plufieurs obfervstions nouvellesloit»