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comme ces fruits font encore plus délicats que
difficiles à recueillir, on en fait communément
au Mexique des tartes que Thiéry a trouvées
délicieufes. Les fruits* de tous les Caéliers mé-
loniformes ont, dit Miller, une faveur acide
douce, qui doit être fort agréable dans les pays
chauds. Les épines longues de deux pouces,
blanches comme l’ivoire, larges & recourbe es a
la pointe, du Caélier rouge, N.0 <> , fervent ordinairement
de cure-dents aux habitans du Me. ,
xique, qui les font communément garnir en or
ou en argent pour cet ufage. Les Indiens de
l’Amérique-méridionale mangent communément
le fruit du Caélier à côtes ondées ^ N .° iS.
Ils coupent les tiges & branches de cette elpèce
par tronçons d’une certaine longueur , & les
faiffent expofës à l’air libre jufqu’à çe que les
pluies & les autres injures de 1 air en aient détruit
& confumé toute la fubftance féculente &
cellulaire, & qu'il n'en relie plus que la lu b t
tance fibreufe qui eft d’un tiflii.fort lâche. Alors
ils s’en fervent comme des torches pour pren-
dre lè poiffon. pendant la nuit. Car, lorfqu après
les avoir allumés, ils les ont attachés a la pouppe
de leurs barques, les poilfons & fur-tout les
mulets fe raffemblent & fautent autour de ces
feux: ce qui donne aux pêcheurs la facilité d en
prendre un grand nombre ^avec des inftrumens
faits exprès pour cette pêche. Les fruits du
Caélier Frangés, N.° 14, font des plus recherchés,
avec raifon, à caufe de leur laveur^acide
très-agréable. Les fruits du Caélier, N.
obfervé au Mexique par Thiéry, font très-bons à manger lorfqu’ils s’ouvrent d eux-mêmes , &
que leur pulpe cramoifie çn découle, Mais on
ne peut les cueillir fur l’arbre, à caufe des horribles
épines qui en défendent l accès. Et pomme
ils font très-adhérents à l’arbré , on ne peut pas
les en détacher, comme je dirai plus bas quon
détache les. fruits de l’efpèçe, N.° $2.;, on eft
donc réduit à puifer la pulpe de ce huit, dans
fon intérieur, au moment qu’iL s ouvre, en
fe fervant d’une cueillere emmanchée au . bout
d’une gaule. C’eft la nourriture de ceux qui
font, comme je le dirai plus bas, ail Mexique,
le métier de chercher les fruits de lelpèce ,
jq.® 32, qu’ils nomment vulgairement des Ptr
tahiahas. Comme ils ne peuvent rapporter m
conferver cette pulpe jufqu’à la maifon, ils la
mangent pendant la journée, & .ils épargnent
d’autant les Pitahiahas qu’ils vendent. Le truit
du Caélier Trigone, N". 17, 1 $ de ceux
les plus recherchés par les Indiens, & qui 1er.
vent le plus communément à leur nourriture
ordinaire. On fait que les fleurs du Caélier à
grande fleur, N.® 20, auffi délicieufes par leur
odeur qu’admirables pour leur beauté unique^,
décorent magnifiquement, pendant la mut, .7
rempliffent de leur parfum les lieux où elles naif-
fenf & les ferres d’Europe-, fon fruit eft auffi un des
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meilleurs & des plus recherchés en Amériqu^l
Aucunes fleurs n’ornent les lieux où elles naïf J
fent & les ferres d’Europe, d'une manièreplJ
brillante & plus agréable, pendant le jour, quJ
celles du Caélier Queue de Souris, N.8 11. qM
vanteroit beaucoup la beauté de la fleur d l
Caélier triangulaire, N._° 23, fi la faveur déliJ
eieufe de fes fruits ne faifoit pas oublier fa fleur; I
aucun fruit n’efl plus recherché que celui-ci
dans l’Amérique méridionale, fi ce n’efl celui I
de l’efpèce, N.° 32 ,. cWap'rès. Defportes défignl
par une phrafe latine fynonyme de ce CaéHeM
triangulaire, N.° 23, un Caélier qui eft aufftl
tiges triangulaires & remuantes, qu’il nomme e ï
françois Liane h vers, & qu’il dit être très-commuiJ
dans les bois de Saint-Domingue, où il grimpej
au-deffus des plus grands arbres. Il découlel]
dit-il, de fes tigés, lorfquon les coupe, un fui
blanchâtre, qui pris intérieurement, à la dofèl
d’une demi - cuillerée, eft un des plus excellenl
& des plus aflurés vermifuges. On emploie ail
même ufage, & avec le même fuccès, la dé|
coâion ou l’eau diftii'lée de la même plante. Lel
fruit du Caélier méloniforme, N.° 24, efl
encore un- de çeux qu’on mange avec beaul
coup de plaifir ù caufe de fon agréable acidité;!
Le Caélier en raquette, N.9 25, eft un excel-P
lent émollient. En Afrique, on regarde fes art
ticulations, jeunes cuites fur les charbons, comme!
un remèdè fingulièrement utile contre les in-1
flaminations, mêmé contre Je point de côté J
& dans la petite vérole. Son fruit eft un alimenj
très-ufiré, il eft diurétique, & rend, dit-on!
{’urine de ceux qui en mangent, rouge comml
du fang, quoi qu’il ne leur faflfe aucun mal. LA
Caélier en raquettes, à longues épines, N.° i j ï
C., eft employé, particulièrement dans U“6®!
Saint-Euftache, pour faire des clôtures & dei
fortes de fortifications. On fait avec la pulpl
pourpre de fon fruit, des gêfées, desliqueuJ
des fyrops.' On s’en fert pour colorer les co*
fitures & les liquçurs. Suivant fhiftoire du Mei
xique, les fruits des Caéliers à articulations«
forme de raquettes, rafraî chilien t, appaiient9
foif, font bons dans les ardeurs d’entraiüei
dans les fièvres, dans les maladies
en eft de même des fruits de tous les
& principalement de ceux qui font acides. Ur
Caéliers en forme de raquette, produisit
gomme qui appaifent l’ardeur d’urine & ce ■
des reins. Les Naturels du Mexique fe le rvj
des jeunes articulations de ces Cacliers, P f
pour oindre le moyeu de leurs roues, J
empêcher de trop s’échauffer, & de Pre.n,|
feu lorfqu’ellcs roulent à l’ardeur, du loiem «
Caélier à feuilles de Scolopendre, *
utile par fon fruit mangeable, & ParrIan;ri
agréablement «dorante. Les fruits du U h
fruits feuillés, N.° 3©, tiennent lieu, m m
mérique méridionale, Grofeillier ob. 1
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k s’emploient aux mêmes ufages. J ’ai déjà dit
Xii’il n’y a pas de fruits plus excellens dans le
■ Mexique: que ceux du Caélier des tables, N.° 32 -,
|ce frùit fait les délices des habîtans de ce pays.
|i] y a une quantité d’indiens qui ne font
B’autre métier que d’aller chercher ces fruits
Hans les lieux incultes, où ils abendenr, pour
l ss vendre dans les villes. Pour le cueillir, ils
[adaptent au fommet d’une perche, un petit pa-
liier à quatre anfes ceintrées ; ils engagent le
Bruit dans cés anfes; & lorfqu’il eft mûr, le
toindre attouchement le fait tomber dans le
Bond du panier. Il n’y a pas d’autre moyen
«avoir ce fruit, car les épines qui arment les
Arbres de cette efpèce, font que ni homme, ni
■ quadrupède, ni reptile, ne peut y monter. Les
Fruits de cette efpèce ont encore un autre
[mérite confidérable de plus que ceux des autres
Eadiers; c’eft que leur furface n’eft pas armée,
comme celle de ces derniers, de cés foies poignantes,
qiû, non-feulement, dëfolertt quand on
[les touche, mais encore enflamment le gofler,
Itfont enfler horriblement la langue & les lèvres,
lorfqu’on mange ces fu i t s , avant de les
|voir pelés exactement. On retire encore plu-
jeurs autres utilités de cette efpèce précieufe :
«Indien met au pot les jeunes pouffes de ces
près lorfqu’elles n’ont encore qu’un demi-
lied de longueur, & que leurs épines font
Incore trop molle.s pour pouvoir piquer: il fait
Rs ragoûts avec leurs fleurs avant qu’elles foient
ilofes: il broie les graines de ces fruits pour en
ire une forte de pain & une forte de bouillie,
nne conncît le Caélier fplendide, N.° 39, que
lar le rapport de Thiéry, qui n’a point vu fon fruit,
liais tout indique qu’on doit ajouter foi aux
Dndierïs qui lui ont aflüré que- ce fruit eft dé-
■ cieux. Car, outre l’épithète de Cafiille, qui a
lté donnée à cette efpèce de Caélier par les
w>agn°ls, qui ne furnomment ainfî que ce
lu ils regardent comme excellent dans chaque
■ enre, il faut croire que ce fruit efl bien ex-
I l,ts, puifque ce n’efl que pour fe le procurer,
lue Indien cultive cette efpèce, nonebfiant fa
■ onchalance naturelle, pendant que la nariire
■ donne fi abondamment-fans culture, les friïits
^ 1 efpèce, N.0 '2,1. Enfin les fruits de toutes
rSelpèces de Caéliers-, fe mangent dans l’Amé-
Pï\,méridiûnaie- .y font tous précieux &
Ireablcs, plus ou moins par leur qualité, prefque
Bqours acidulé, toujours rafraîchi flan te. Plu—
BUrs efpèces fe mangent avec délices par l’in-
|pn> q«i paroifiont infipide à l’Européen de
* urope tempérée. Mais il en efl de cel a comme
I Melon d’eau, par. exemple, qui efl favourë
ijjC/khees par les habitans de l’Europe Mé-
»0' 5 ailxfll1ofs ils efl très-falutaire, & qui
ïtri tr, inftpide à ceux de l’Europe Sep-
Rro'f011^6’ ,UX(Itfe,s l’habitude de cet aliment
Pernicieuse. L ’indiffé rence extrême qu’on
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à, ainfi que j’ai dit, dans nos Colonies pour la
culture de toutes les plantes qui n’entrent point
dans le commerce, a fait qu’on ne poffède jufe.
qu’à préfent, à Saint-Domingue, par exemple,
que les efpèces de fruits les moins eflimabies
de ce genre. Les Indiens de tout le Mexique
mettent les bpurgeons des fleurs & des articulations
de toutes les efpèces de Caéliers dans
leurs marmites, quand ils n’ont encore qu’un
pouce ou deux de hauteur. Thiéry a vu vendre
fur le marché de Guaxaca, de jeunes bourgeons,
d’une efpèce de Caélier à articulations applatics,
longs de fix ou huit pouces, & larges de deux
ou trois; on cuit ces bourgeons dans l’eau, &
on les mange à la manière des afperges avec
une fauce blanche au beurre, ou au vinaigre &
à l’huile, ou avec les fan ces faites avec le
piment (Capji:um. Lin. ) & la Tomate ( 5b-
laniim Lycoperficon. Lin. ). On a vu, ci-deflus,
quev les Caéliers N.os 34 & '37, ont cette propriété,
d’une utilité très-précieufe, que la cochenille
filveftre habite fur eux naturellement.
On a encore vu qu’on peut élever cette cochenille
très-avantageufement fur les Caéliers,
N.os 35 & 36, que ce dernier Caélier, N-° 36,
peut nourrir une petite quantité de cochenilles
finesj que c’eft fur le Caélier Nopal, N.® 38,
feulement qu’on élève au Mexique la cochenille
fine & la cochenille filveftre.; enfin qu’on
peut élever ces deux cochenilles fur le Caélier
fplendide, N.° 39, au moins, avec autant d’avantage
que fur le Caélier Nopal. On fait que
ces cochenilles, font la fubftance la plus pré-
eieufe qui foit employée dans l’art de la teinture,
& qu’elles fourniffent une teinture ronge
fi vive, libelle, fi éclatante, & en même-terns-
fi folide, que nous n’avons aucun lieu de regretter
la pourpre des Anciens. Aucune fubftance
n’eft d’fin ufage plus fréquent dans l’art
de la teinture. On en fait les fupérbes teintures
écarlate & cramoifie, & une infinité d’autres,
très- belles nuances de rouge, dont l’induftrie
françoife a enrichi cet art. Cette, fubftance teint
la laine en écarlate par le moyen du mélange
de la difiblntion d’éiain dans f acide muriatique,
qui avive fingulièrement cette couleur. On n’avoir
pu donner cette belle couleur à la foie
avant Manquer. Ce célèbre Chimifte a trouvé
le moyen de la fixer fur cette dernière, en l’im-
pfégant de difïoJution d’étain avant de la plonger
dans le bain de cochenille, comme on le fait
pour la laine. Suivant Hellot, la cochenille filveftre
fournit une teinture meilleure & plus
folide, mais moins éclatante que la cochenille
fine; fournit beaucoup moins de matière colorante;
doit être-employée principalement dans
les cramoifis, les demi-cramoifis, & ..les demi-
écarlâttès ; peut être employée dans les écar-
lartes, pourvu que -ce foit avec de grandes précautions;
niais le mieux eft, pour cette dernière